jeudi 16 novembre 2017

Christine - chapitre 5

Mes deux premières heures de cours de vacances à Ste-Marie ne s’étaient pas si mal passées que ça, si l’on excepte bien sûr la mise au point de la directrice, d’entrée, à 8h.
Le groupe d’élèves que nous formions n’avait pas cru bon répondre au « bonjour » que Sœur Marie-Joseph nous adressait et son rappel à l’ordre s’était soldé par une punition générale de cent lignes à copier. Une incivilité collective que la directrice avait tenu à sanctionner pour marquer le coup.
À titre personnel je n’en fus pas fière, mais diluées et partagées en trente élèves, ces lignes me parurent insignifiantes ; seul mon amour-propre en avait été écorné. La suite, à la récréation me rappela combien les écarts de conduite n’avaient pas leur place à Ste-Marie.
Même lors des cours de vacances, où la discipline y était assouplie, il ne fallait surtout pas franchir la ligne. Ma nouvelle camarade Magali, elle, l’avait franchie et elle devait le regretter amèrement. Pour avoir simplement voulu consulter ses messages sur son smartphone, elle avait été corrigée d’une fessée par la Préfète de discipline, Sœur Marie-Joseph.


La mésaventure de Magali m’avait rappelé une chose que j’avais eu tendance à prendre à la légère, la méthode d’éducation de Ste-Marie. Je n’étais quand même pas ignorante de cela. Ma fille Diane était déjà élève dans cet établissement et je savais que les châtiments corporels pouvaient être employés, en tout cas étaient prévus au règlement.
Diane était une élève exemplaire et elle était rarement prise en défaut quant à sa conduite. Elle avait déjà été fessée pour quelques rares mauvais résultats. Etant sa tutrice, j’avais appris cela grâce à son carnet de correspondance qu’il m’avait alors fallu viser. La règle tacite dans ces cas-là était le doublement de la peine à la maison par les parents, c’est du moins l’engagement qu’avec son père nous avions pris vis-à-vis de la directrice lors de son inscription.
De manière générale, je n’ai jamais été portée sur l’administration de la fessée en ce qui concerne l’éducation de mes enfants. Mais force est de reconnaître que chaque fois que cela s’est produit avec Diane, cela a porté ses fruits. Et puis, lorsqu’on scolarise sa fille dans ce genre d’établissement, on en accepte le fonctionnement.
J’ajoute que les fessées que j’ai pu donner à Diane n’avaient pas autant de force que celles données à Ste-Marie. Je m’attachai surtout à lui faire prendre en compte la vexation plus que l’aspect purement physique du geste.
Mais j’avais oublié tout cela. Inconsciemment je pensais que ce triste sort n’était réservé qu’aux élèves les plus jeunes de Ste-Marie. Pourtant Diane n’y avait été inscrite qu’à partir de la classe de seconde et elle allait rentrer en terminale en septembre prochain, tout comme moi.
Avec cette fessée donnée à Magali, une élève de 20 ans, autant dire que personne de notre groupe n’était à l’abri. Je me disais quelque part que peut-être moi, en raison de mon âge, de mon statut un peu particulier, pouvait être dispensée de ce genre de sanction ultime. J’étais une femme mariée, une maman et certaines des professeures étaient plus jeunes que moi.

Je songeais à tout cela lorsque la cloche sonna le rassemblement. Je regagnais le couloir donnant à la salle de classe n°9. Sans tarder, une Sœur m’apostropha :
– Christine ?
– Oui ma Sœur répondis-je.
– Je suis Sœur Thérèse, votre professeure de lettres, poursuivit-elle.
– Bonjour ma Sœur.
– Entrez et prenez place s’il-vous- plaît.
Sœur Thérèse me sembla plus stricte que Sœur Marie-Véronique, ma professeure de sciences. En tout cas elle était moins pédagogue.
– Alors c’est donc vous qui reprenez vos études et avez la prétention d’obtenir votre baccalauréat en juin prochain, me dit-elle sèchement.
– Oui, ma Sœur.
– C’est un énorme challenge… Et vous avez fait le bon choix en vous inscrivant ici.
– Merci ma Sœur.
– Et puis à Ste-Marie, nous saurons vous faire réussir.
Sœur Thérèse venait de prononcer cette dernière phrase sur un ton sentencieux, presque glacial. Elle semblait sûre de son fait. Sans plus de transition, elle continua :
– Bon, prenez une feuille de copie… Quoi de mieux qu’une bonne dictée pour évaluer votre niveau en orthographe. Au fond de moi je me suis dit :
« Quand même, je sais écrire sans faire de fautes ! »
Mais je me suis vite ravisée. Il m’a souvent été donné de croiser des personnes de tous âges bien fâchées avec l’orthographe. Sœur Thérèse ne connaissait pas mon niveau et souhaitait s’en faire une idée précise. Du reste cette dictée ne présenta point d’écueil insurmontable pour moi, il ne fut question que d’accords et de mots peu difficiles. Néanmoins et par étourderie je buttais par deux fois, deux pluriels laissés au passage... Je fis heureusement moins de cinq fautes, limite admissible pour un bon niveau terminale selon ma professeure de lettres.

On frappa à la porte et Sœur Marie-Hortense apparut, un sac à la main. Spontanément je me levai et je remarquais que Sœur Thérèse en faisait autant.
– Asseyez-vous ! Excusez-moi Sœur Thérèse, dit la Préfète de discipline à sa collègue.
– Je vous en prie Sœur Marie-Hortense, lui répondit la professeure de lettres.
– Je dois interrompre votre cours… Après ce qui s’est passé à la récréation, je veux bien marquer les esprits en ce premier jour de rentrée de cours de vacances… Surtout avec les nouveaux… Je viens procéder à un petit contrôle surprise…
– Faites donc, Sœur Marie-Hortense ! répondit la professeure de lettres.
Sœur Marie-Hortense donna l’explication de sa présence impromptue dans ma classe. Elle désirait savoir si des élèves, malgré son injonction lors de la récréation, possédaient toujours des objets interdits. Pour cela elle avait prévu une fouille en règle. Elle farfouilla d’abord dans ma trousse puis s’adressa à moi :
– Donnez-moi votre cartable s’il vous plaît.
– Voilà ma Sœur…
J’étais sereine et tranquille, je savais qu’elle n’y trouverait rien de répréhensible. Mais quand même, c’est un peu de moi et de mon intimité qu’elle voulait violer. Sans trop de soin elle déversa tout le contenu de mon cartable sur le bureau.
S’y trouvèrent étendus pêle-mêle : des feuilles de copie vierges, ma carte de correspondance, la feuille où j’avais copié mes lignes, un cahier, mon emploi du temps, le règlement de Ste-Marie, une bouteille d’eau. Deux autres objets attirèrent son attention et aiguisèrent sa curiosité.
– Qu’est-ce donc, Christine ? me questionna-t-elle.
– Une trousse de toilette et un nécessaire de beauté, ma Sœur.
Sans me demander la permission, la Préfète de discipline saisit la trousse la plus grosse et l’ouvrit. Il s’agissait de mon nécessaire de beauté. Elle en sortit son contenu : un miroir, une pince à épiler, une lime à ongle, un mascara, une boîte de poudre à joues, un tube de rouge à lèvres, un autre de beurre de cacao, des lingettes démaquillantes ainsi qu’une boîte contenant de petits comprimés.
– C’est quoi ça ? demanda-t-elle en brandissant ce qui lui semblait être des médicaments.
– Ma Sœur, il s’agit de cachets de Paracétamol…
– Et le reste, vous croyez que vous avez besoin de tout ça pour suivre vos cours ?
Je ne voulais surtout pas froisser la susceptibilité de la Sœur Préfète de discipline et encore moins la contredire. C’est vrai que je n’avais pas besoin de faire suivre avec moi en cours tous ces auxiliaires de beauté. Mais c’était pour moi, femme coquette, une habitude et un réflexe que d’avoir à portée de mains de quoi me refaire une mine présentable. D’un coup d’un seul, seuls le Paracétamol et les lingettes me semblaient comme indispensables. Ce n’était même pas de l’avis de Sœur Marie-Hortense qui continua :
– Tout cela est bien superflu, Christine. Je vous le confisque.
J’allais répondre mon mécontentement mais je me rappelai ce que m’avait valu de tenir tête à la doctoresse. Je ne voulais surtout pas tenter le Diable, même s’il avait l’apparence de Sœur Marie-Hortense en cet instant-là ! Je me ravisai donc.
Elle poursuivit sa fouille en ouvrant ma trousse de toilette. Il en tomba quelques feuilles de papier toilette, des mouchoirs en papier, deux tampons hygiéniques, deux protège-slips ainsi que des lingettes intimes.
– Christine, pour toutes ces contingences d’hygiène, vous pouvez vous rendre à l’infirmerie, dit sèchement la Préfète de discipline. Quant à la trousse de beauté, vous savez parfaitement ce que j’en pense…
– Oui ma Sœur…
Je sentais Sœur Marie-Hortense prête à sortir de ses gongs, pourtant elle se maîtrisait admirablement, une belle leçon de sa part.
– C’est bien parce que ce sont les cours de vacances, pesta-telle. Pourtant je dois marquer le coup.
– Oui ma Sœur…
Prudemment je répondais de manière neutre mais polie ne sachant trop à quelle sauce Sœur Marie-Hortense allait me manger.
– Christine, pour la peine vous viendrez samedi en retenue.
– Oui ma Sœur.
Je sus par la suite que ce jour-là j’avais échappé à une sanction bien plus grave en raison de la fidélité que je portais à mon mari. Je m’explique : Sœur Marie-Hortense avait trouvé sur d’autres élèves des préservatifs, je n’en avais pas. Elle avait également trouvé des téléphones malgré le conseil indulgent qu’elle avait donné suite à la punition de Magali. Voilà pourquoi elle avait voulu établir des nuances dans ses décisions.

Je pensais pouvoir m’en sortir relativement bien. Après tout, il ne me faudrait revenir à Ste-Marie qu’un jour supplémentaire. Cela ne ferait pas de mal à ma remise à niveau après tout. J’allais reprendre ma place mais la Préfète de discipline m’apostropha :
– Non non Christine, restez là s’il vous plaît.
« Que pouvait-elle encore bien me vouloir ? » pensais-je.
– La fouille n’est pas encore terminée.
Innocemment je me demandais ce qu’elle pouvait encore bien vouloir fouiller. Tout mon cartable venait d’y passer et, autant Sœur Marie-Hortense que Sœur Thérèse, en connaissaient son contenu. Mais bien vite je compris que, de matérielle, la fouille allait devenir corporelle.
– Levez les bras s’il vous plaît, intima la Préfète de discipline.
Je m’exécutais aussitôt, plaçant consciencieusement mes bras à l’horizontale. De ses mains agiles, Sœur Marie-Hortense commença alors une palpation en règle. Ma chemise safari comportait un nombre conséquent de poches et aucune ne fut épargnée ni oubliée.
Heureusement pour moi elles ne contenaient aucun objet illicite, simplement mon porte-monnaie dans une et mes papiers dans une autre. Sœur Marie-Hortense continua sa fouille en s’attaquant à ma jupe saharienne. Là aussi les poches y étaient nombreuses et elles furent visitées, en vain car elles ne contenaient strictement rien.
Je pensais que c’en était terminé de la présence de la Préfète de discipline durant mon cours de lettres, là encore je me trompais. Sœur Marie-Hortense souhaitait une inspection complète. À l’adresse de Sœur Thérèse, mais surtout pour que je l’entende aussi :
– Vous n’imaginez pas ce qu’on peut dissimuler dessous, j’y ai trouvé de tout… téléphones, paquets de cigarettes…
Je ne comprenais pas trop où elle voulait en venir. Mais bien vite je saisis ses intentions. D’un geste précis la religieuse défit un à un les boutons de ma chemise. Elle n’eut alors qu’à la tirer par le col et je me retrouvais torse nu.
– Tournez sur vous-même s’il vous plaît m’ordonna-t-elle.
– Oui ma Sœur.
Lentement j’obéissais aux ordres de Sœur Marie-Hortense. Au moins elle pourrait constater que je ne cachais rien dans mon soutien-gorge, d’autant qu’elle venait de me palper l’instant d’avant. Mais la religieuse ne voulait pas en rester là. Elle estimait sans doute sa fouille incomplète. Tout comme elle venait de le faire avec ma chemise, elle déboutonna ma jupe. J’eus bien un mouvement de recul mais ses mains me tenaient fermement au niveau de la ceinture. Elle haussa juste le ton :
– Christine, s’il vous plaît !
– Excusez-moi ma Sœur.
Cela suffit à m’immobiliser à nouveau. Ma jupe glissa le long de mes cuisses puis de mes jambes. Je n’eus qu’à lever mes pieds, l’un après l’autre, pour m’en débarrasser totalement. Sœur Marie-Hortense m’y aida en me tenant d’une main. On se trouve toujours maladroite lorsqu’on est déshabillée, je ne savais plus quoi faire de mes bras. Comme par coïncidence, c’est la religieuse qui donna réponse à mes interrogations posturales :
– Les mains sur la tête, Christine !
– Oui ma Sœur.
Très lentement mes bras se levèrent et je posai les mains sur ma tête. Je me sentais comme une bête de foire face à un maquignon. Sœur Marie-Hortense poursuivit à l’intention de sa collègue :
– Sœur Thérèse, que pensez-vous des sous-vêtements de Christine ?
– Sœur Marie-Hortense, même pour l’été et les cours de vacances, ils me paraissent atteindre la limite de l’acceptable.
– Effectivement Sœur Thérèse. Si l’étoffe en est opaque et qu’ils couvrent bien… je note cependant la présence de dentelle sur les bords… je pourrais verbaliser…
D’un coup d’un seul, je rougis. Moi qui avais bien pris soin ce matin d’enfiler des dessous que je prenais pour sages et conformes au règlement, voilà que je me serais trompée ? Je pensais qu’un peu de fantaisie ajouterait une note de féminité à mes dessous. Et puis des dessous, par définition, c’est pour les porter dessous, hors de la vue des autres.
C’était pourtant bien ce paradoxe qui faisait force de loi à Ste-Marie : si personne ne pouvait les voir, alors pourquoi en abuser ; et par de-là cette double inutilité devenait obligation.
Je sentis mes jambes flageoler, presque se dérober sous mon poids. Je me mis à avoir la chair de poule. Nul doute que cet état-là se voyait. C’est Sœur Marie-Hortense qui m’en fit la remarque.
– Qu’avez-vous Christine ? Vous ne vous sentez pas bien ?
Cet état de fébrilité soudaine s’était également porté sur mes cordes vocales. Impossible de sortir deux mots cohérents :
– Heu… C’est que… Heu… ma Sœur... Heu… Je n’ai pas l’habitude.
– Allons Christine, de quoi avez-vous peur ? me questionna la Préfète de discipline.
J’étais paralysée, plus aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche.
– Mais Christine, je ne vous fait aucun reproche, continua Sœur Marie-Hortense. Seulement une petite remarque…
Sœur Marie-Hortense était très forte pour souffler le chaud et le froid. Elle n’avait pas son pareil pour emmener ses interlocuteurs à culpabiliser même lorsqu’il n’y avait strictement rien à craindre, ou si peu. De cette manière-là elle pouvait facilement faire avouer des fautes qu’elle ne soupçonnait même pas. Avec moi son petit stratagème avait parfaitement fonctionné. Il s’était soldé par un résultat stérile car je n’avais rien à me reprocher ni commis la moindre faute, tout au plus une légère erreur d’appréciation. Tout cela m’avait fort logiquement déstabilisée.
Pour Sœur Marie-Hortense c’était aussi une habile façon de tester mon caractère. Elle savait à présent comment je me comportais lorsque j’étais suspectée à tort d’une faute non commise. Je me hasardais :
– C’est que, ma Sœur… je m’aperçois que ces dentelles sont peut-être un peu superflues…
– Ainsi donc Christine, vous en reconnaissez l’inutilité ? poursuivit Sœur Marie-Hortense.
– Oui ma Sœur.
– C’est bien Christine de faire votre autocritique alors que je ne vous en demandais pas autant.
Sœur Marie-Hortense se tourna vers Sœur Thérèse et d’un sourire complice continua :
– Quelle est votre opinion Sœur Thérèse ?
– Sœur Marie-Hortense, il me semble que Christine nous donne la solution puisqu’elle l’admet elle-même… ses sous-vêtements, bien que limite acceptables, ne sont pas recommandés…
Je ne comprenais pas trop où voulaient en venir les deux religieuses. Mais lorsque je vis la Préfète de discipline saisir le sac avec lequel elle était venue, l’ouvrir et en sortir des sous-vêtements de coton blanc très « vintage », je manquai défaillir.
Les deux Sœurs avaient l’intention de me faire porter les dessous de rigueur en vigueur durant l’année scolaire alors que nous étions en période de cours de vacances. Il me semblait que depuis le début de la matinée j’avais avalé assez de couleuvres. Aussi, je pensais que ne pas me laisser faire et défendre mon opinion sur le sujet serait la meilleure des solutions.
Sœur Marie-Hortense et Sœur Thérèse comprendraient que j’étais une femme de caractère et je forcerais leur respect. Il était grand temps que je me reprenne après ces instants de déstabilisation. Je me risquai donc :
– Non mes Sœurs… même si la présence de cette dentelle est superflue, pas recommandée, mes sous-vêtements n’en sont pas négligés pour autant… Vous jouez avec les mots et le règlement… Je ne mettrai pas cette culotte de « grand’mère » qui n’est pas obligatoire aujourd’hui… Je me suis inscrite ici pour étudier, pas pour me justifier sur autre chose que mon niveau scolaire…
Je m’étais emballée, je venais de vider mon sac. Et comme souvent dans pareil cas, les mots dépassent les pensées.
– Christine, répondit calmement Sœur Marie-Hortense, qui vous parle aujourd’hui de porter d’autres sous-vêtements que les vôtres ?
La Préfète de discipline m’avait tendu un piège et j’étais tombée dans le panneau. Je n’avais pas compris que durant son petit stratagème mon évaluation se poursuivait.
– Par contre rien ne vous autorise à devenir insolente, asséna-t-elle sur un ton beaucoup plus sec. Vos 36 ans ne sont pas un blanc-seing à toutes les audaces, Christine. Puisque vous m’y obligez, je vais sanctionner comme il se doit ce lourd écart de conduite.
Je blêmis d’un coup.
– Non ma Sœur, je ne voulais pas… Je n’ai pas fait exprès…
– Et en plus vous n’assumez pas, Christine ! Vous vous conduisez telle une gamine prise sur le fait… Presque, vous nieriez l’évidence…
Sœur Marie-Hortense prenant une nouvelle fois ma professeure de lettres à témoin :
– Sœur Thérèse, que feriez-vous pour ramener cette jeune fille à de meilleures dispositions quant à son humeur ?
– La question se pose à peine Sœur Marie-Hortense… une fessée !
J’étais en train de basculer dans l’horreur.
Alors que ce matin encore en me levant j’étais toute joyeuse de partir du bon pied et pleine de bonnes résolutions, me voilà dans une salle de classe prête à être corrigée par deux religieuses.
Pourtant je m’étais appliquée à me vêtir de manière conforme au règlement et, à peu de choses près, j’étais dans le vrai.
Je savais qu’il fallait montrer de moi une apparence sans aspérité.
Mais j’avais perdu patience et j’avais fait acte de rébellion.
J’essayais vainement de me raccrocher à quelque chose.
Je pensais à mon mari et à mes enfants qui devaient, à l’heure qu’il était, se préparer à aller à la plage et j’eus une montée de larmes.
– Nos conclusions se rejoignent Sœur Thérèse, répondit la Préfète de discipline. Cette jeune fille insolente va recevoir une fessée déculottée que je terminerai à la règle… pour mieux lui faire comprendre que, sous aucun prétexte, on ne doit manquer de respect à une personne qui détient l’autorité à Ste-Marie.
J’étais pétrifiée. Je me tenais toujours debout, seulement vêtue de ma culotte et de mon soutien-gorge avec les mains sur la tête. Sœur Marie-Hortense crocheta l’élastique de ma culotte et d’un geste vif me la baissa à mi-cuisses. Je présentais aux religieuses un pubis épilé et des fesses blanches. C’est à peine si leurs regards s’attardèrent sur mon intimité ou mon postérieur. Sœur Marie-Hortense s’assit
– Approchez Christine !
Sitôt à sa portée, elle me saisit et me bascula en travers de ses genoux. D’une main experte elle évalua la fermeté de mes fesses ainsi que celle de mes cuisses et, sans la moindre pause, entama sa punition. Les claques commencèrent à pleuvoir en coups précis centrés sur mes deux fesses.
Ayant précédemment été témoin de la fessée de Magali, je m’étais dit qu’il suffisait simplement de faire un effort pour pas se donner en spectacle en de ridicules ruades. Du haut de mes 36 ans, je devais pouvoir me concentrer et rester stoïque face aux religieuses et ne pas leur donner ce plaisir que de me rendre grotesque.
Mais c’était sans compter sur la morsure immédiate de la fessée, morsure autant morale que physique. Déjà le contact de la main à cette vitesse, ça fait mal ; l’impact étant amplifié par la contraction des muscles. Et puis, se retrouver, à mon âge, être fessée comme une petite fille, ça détruit le peu de volonté restante.
– Aïe ! Aïe ! Non ! Aïe ! Non !
Dès le début, je couinais au rythme des claques. J’essayais bien d’interposer une main afin d’amoindrir la puissance des coups. Mais à chaque fois Sœur Marie-Hortense la repoussait :
– Christine, ôtez cette main ! Voulez-vous que je double le nombre de claques…
Je ne m’en aperçus pas tout de suite, mes jambes battaient une sarabande folle. Quel tableau je devais donner de ma personne ! Heureusement et contrairement à Magali cela se passait pour moi en comité très réduit et non en public. Seules Sœur Marie-Hortense et Sœur Thérèse assistaient à l’application de ma punition.
Elles ne semblaient en tirer aucun plaisir particulier. Leur attitude était neutre, simplement en rapport avec la peine infligée. Ces deux religieuses ne faisaient que leur travail et j’allais rapidement comprendre que c’était la norme à Ste-Marie. Et cette norme était valable pour les deux parties en présence et antagonistes. Les élèves aussi affichaient une certaine indifférence face aux punitions. Cela faisait partie du quotidien, de la routine.

En attendant, c’est moi qui étais en très mauvaise posture sur les genoux de la Préfète de discipline. Après ses premières claques déjà appuyées, Sœur Marie-Hortense accéléra la cadence. La puissance ressentie s’en trouva décuplée. Mes gémissements du début, que je souhaitais étouffés, se transformèrent bien vite en sanglots. Il n’était plus trop question pour moi de préserver ma dignité.
Toute mon énergie était employée à la gestion de la douleur. Ma respiration avait du mal à suivre, tant elle était gênée et perturbée par la puissance de mes cris de détresse, par le hoquet de mes sanglots et par la déglutition de ma salive produite en abondance.
Sœur Marie-Hortense s’arrêta, je crus à la fin de ma punition. Malheureusement la Préfète de discipline marquait une pause afin de saisir la règle que lui présentait Sœur Thérèse.
L’avalanche reprit. La morsure de la règle était plus précise. Les derniers coups s’abattirent sur mes cuisses. Je pleurais maintenant à chaudes larmes, implorant vainement quelque salut :
– J’ai mal… Aïe… Aïe… J’ai trop mal… Je ne l’ai pas fait exprès… Je ne voulais pas…
Sœur Marie-Hortense me saisit par le menton et me dit :
– Eh bien Christine, vous êtes émotive ! Séchez-moi donc ces larmes… En plus vous avez bavé… Allez vous mettre au coin, là-bas, face au mur ! Les mains sur la tête !
Les quelques mètres me séparant du coin me parurent bien longs. Entravée par ma culotte toujours bloquée à mi-cuisses, je me dandinais. Je fis enfin face au mur. Mon corps était toujours secoué de spasmes.
Durant des minutes qui me semblèrent une éternité j’observais difficilement cette immobilité obligatoire. Les fesses me chauffaient et il m’était extrêmement pénible d’en faire abstraction.
Sœur Marie-Hortense, avant de repartir, donna ses indications à ma professeure de lettres :
– Sœur Thérèse, je confie cette jeune fille à vos bons soins. Lorsque vous le jugerez utile, vous pourrez reprendre votre cours avec elle.


Ce n’est qu’au bout d’un long quart d’heure que je pus regagner ma place. Je dus faire des efforts pour m’asseoir tant les fesses me cuisaient encore. Comme si de rien n’était ma professeure reprit son cours. Pour elle, mon insolence venait d’être sanctionnée donc absoute, on passait à autre chose. Pour moi, la journée était loin d’être terminée.

Pour suivre le fil de ce récit

Lire ou relire le premier épisode : introduction
et l'épisode précédent : chapitre 4
La suite, c'est le chapitre 6

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3 commentaires:

  1. Toujours aussi plaisant à lire !
    Vivement la suite avec le retour à la maison qui risque d’être cuisant

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  2. Merci pour vos encouragements, cela fait toujours plaisir.
    La suite et les épisodes à venir ne devraient pas vous décevoir.
    Jeancla

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  3. Une des plus belles séries...a quand la suite ?

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