Et ça a enfin été les vacances d’été. Que je n’ai pas abordées, il faut bien le dire, dans les meilleures conditions. J’avais en effet une épée de Damoclès constamment suspendue au-dessus de la tête : la fessée que maman m’avait promise et dont je devais moi-même choisir la date. Ce qu’il aurait fallu, j’en étais bien consciente, c’était m’en débarrasser au plus vite. Qu’on n’en parle plus. Mais j’en étais incapable. Je reportais. Je n’arrêtais pas de reporter et je savais bien, tout au fond de moi, que je ne pourrais prendre la décision qui s’imposait qu’au tout dernier moment. Quand je ne pourrais plus faire autrement.
À cela s’ajoutait la perspective d’une rentrée des classes
particulièrement éprouvante. La directrice avait en effet estimé que la fin de
l’année scolaire ne lui permettait pas d’organiser un conseil de discipline
dans les meilleures conditions et avait décidé de le reporter au mois de
septembre.
« Ce qui te donnera tout le temps de réfléchir aux
conséquences de tes actes. Et des propos que tu tiens. »
Je passais le plus clair de mon temps avec Théo. On
discutait. On s’embrassait. On se faisait l’amour. Les marques de la fouettée
qu’il avait reçue mettaient un temps fou à s’estomper. Je les suivais du bout
du doigt. Je les dessinais et redessinais. Sans jamais me lasser. J’y posais
mes lèvres. Je les suivais du bout de la langue.
‒ Théo…
‒ Oui, quoi ?
‒ On se dit tout, hein ? Même quand c’est pas
facile.
‒ Tu sais bien que oui.
‒ J’ai trop aimé ça de te voir puni. Pour plein de
raisons. Parce que c’était toi, parce qu’elles tapaient fort, parce que je
voyais bien que ça leur plaisait de te le faire, parce que tu criais et que tu
cherchais à échapper aux cinglées sans pouvoir y arriver.
‒ On en a déjà parlé de tout ça. Moi aussi, quand c’est
sur toi que ça tombe, ça me met dans tous mes états.
‒ Oui, mais là, il était encore bien pire que les
autres fois le plaisir que j’éprouvais à te voir fouetté. Mille fois pire. Et
tu sais pourquoi ? Parce que c’était de ma faute. Parce que c’était à
cause de moi qu’on te fouettait. À cause de ce que j’avais dit à Sœur
Marie-Zénaïde.
Il a pris un air sévère.
‒ Ça, c’est moche. C’est vraiment moche.
‒ Théo…
Avant de me serrer tendrement dans ses bras. De me sourire.
‒ N’empêche que maintenant tu me dois une compensation…
‒ Oui. Vas-y ! Dis !
‒ Ben d’abord, tu vas te débrouiller pour que la fessée
que ta mère doit te donner, ce soit devant moi qu’elle le fasse.
‒ Oh, ben ça, oui. Oui. Si je me débrouille bien, ça
devrait pas poser de problème.
‒ Et ensuite fais-moi confiance que je vais t’en faire
avoir une autre de fessée. Et que celle-là, c’est à moi que tu la devras.
Chacun son tour, hein !
J’ai pris un petit air contrit.
‒ T’as raison. Je mérite. Ce sera quand ? Ce sera
qui ?
‒ Tu verras bien…
J’ai niché ma tête dans son cou.
‒ Comment on se comprend tous les deux, hein !
C’est de la folie. »
On se voyait souvent. Presque tous les jours. Mais il était
hors de question qu’on puisse passer une nuit ensemble. À supposer que la mère
de Théo n’y ait vu aucun inconvénient, ce qui restait encore à démontrer,
jamais, au grand jamais, la mienne n’aurait accepté que j’aille dormir chez
lui. Du coup, le soir, dans mon lit, je me retrouvais toute seule avec mes
fantasmes. Ils me ramenaient presque toujours à la prison. À l’infirmerie de la
prison. Où le docteur Pierre B. commençait par m’examiner, par me tâter un peu
partout en me disant que je ferais beaucoup mieux d’admettre, une bonne fois
pour toutes, que j’étais une sale petite vicieuse. Je protestais. Je me
scandalisais. « Mais non ! Mais pas du tout ! » « Bien
sûr que si ! » Et ses attouchements se faisaient de plus en plus
précis. De plus en plus ciblés. Je fermais les yeux. Je résistais. J’essayais.
Mais il savait y faire. Si bien. Et je finissais par me tendre vers lui, par
m’ouvrir, par l’accueillir ravie, par jouir dans ses bras et par le remercier,
reconnaissante, du plaisir qu’il me donnait. Je le convoquais de plus en plus
souvent. Presque tous les soirs. Et c’était de plus en plus intense. De plus en
plus tumultueux. Je ne me bridais pas trop, pas vraiment, parce qu’Iourievna,
de son côté, dans l’autre lit, là-bas, se livrait à la même activité et qu’elle
était en général beaucoup plus expansive que moi. Toujours ça avait été comme
ça.
C’est un matin, pendant qu’on se préparait, toutes les deux,
dans la salle de bains, qu’elle a constaté.
« En tout cas, toi, t’en es en ce moment, le soir, de
la comédie ! Théo assure pas de ce côté-là ?
‒ Oh, si, si ! Et pas qu’un peu !
‒ Oui, ça le fait, ça souvent ! Quand la machine
est lancée, il y a plus moyen de l’arrêter. On en veut toujours plus. Encore et
encore. De n’importe quelle façon que ce soit. J’en sais quelque chose…
Elle était manifestement persuadée que c’était en pensant à
Théo que je me caressais. Du rab en quelque sorte. Je ne l’ai pas détrompée.
Elle a fini de se coiffer.
‒ Il me faudrait aussi un mec, moi, mais bon… Quand ça
veut pas le faire, ça le fait pas. Non, et puis j’ai été bien trop souvent
échaudée. Oh, mais comme ça, c’est pas mal non plus, hein ! C’est toi qui
diriges tout. Comme tu veux. Tu choisis. Et moi, en ce moment, c’est après les
profs de Sainte-Croix que j’en ai. Les hommes surtout. Je te leur fais mettre
de ces volées, le cul à l’air. Je peux te dire qu’ils sont pas fiers. Surtout
que ce que j’imagine, c’est que c’est nous, les élèves filles, qui leur tannons
le derrière. Et on fait pas semblant, alors là ! Ils nous supplient
d’arrêter. Ils nous promettent tout ce qu’on veut. Mais nous, pas question. Ah,
non, alors ! On prend trop notre pied.
Elle s’est faite rêveuse.
‒ Si seulement ça pouvait être en vrai… »
Une après-midi, Elena nous est tombée dessus, tout excitée.
« Vous savez pas ce qu’il m’est arrivé, les
filles ? Je vous le donne en mille. Hier soir, pendant que je prenais le
frais à ma fenêtre dans le noir, j’ai aperçu deux silhouettes en train
d’essayer de forcer la porte de nos voisins. J’ai aussitôt appelé mon père. Qui
a téléphoné aux gendarmes. Ils les ont pris sur le fait. Et embarqués. C’est un
couple. Alexandru B. et Andreea A., ils s’appellent. Vers quarante-cinq ans ils
ont, quelque chose comme ça, et déjà tout un tas de forfaits à leur actif. Ça a
pas boité du coup : le juge a décidé qu’ils recevraient soixante coups de
fouet chacun. Et prison, en prime, pour le mari. Le temps qu’on statue sur son
cas. Demain elle aura lieu la punition. À trois heures. Dans la cour de la
gendarmerie. Et je suis invitée à y assister. Ben oui, vu que c’est grâce à moi
qu’ils ont été arrêtés. Une façon de me remercier en quelque sorte.
Iourievna a poussé un profond soupir.
‒ Qu’est-ce t’as du pot ! Comment j’aimerais voir
ça, moi ! Surtout vu l’âge qu’ils ont.
‒ Vous avez qu’à venir, si vous voulez ! Il y en
aura d’autres des invités. On fera pas gaffe à vous. Et puis, au pire, si on
vous demande quelque chose, je dirai que vous étiez avec moi hier soir, que
c’est ensemble qu’on les a surpris. »
On s’est discrètement glissées au milieu de tout un tas de
monde. De gens qu’on connaissait. Et d’autres pas du tout. On a dit bonjour aux
parents d’Elena. Sur la droite, tout près de l’estrade, il y avait tout un
groupe qui riait et qui parlait fort. Dont deux gendarmes qu’avaient l’air
mignons comme tout. On s’est approchées. Ils étaient en train d’expliquer que
le commandant avait choisi quatre cadettes pour châtier les coupables.
« Ce qui va rendre le spectacle bien plus excitant
encore…
‒ Oh, oui, parce que les connaissant, elles vont en
tremper leurs petites culottes.
Une femme en uniforme qu’avait l’air d’être une cheffe les a
rappelées à l’ordre.
‒ Allons, messieurs ! Allons !
Une autre, plus jeune, l’assistante de la doctoresse,
revenait de l’infirmerie où elle avait assisté à toute la phase préparatoire.
‒ En tout cas, c’est à des pas bien courageux qu’elles
vont avoir affaire, là ! Parce que rien que l’épilation, ça les a fait
brailler comme des cochons qu’on égorge. Alors…
Il y en a qui ont voulu qu’elle donne des détails, mais
quelqu’un a crié.
‒ Les voilà !
Tous les regards se sont tournés vers la porte et ça a
aussitôt été un immense éclat de rire.
‒ Oh, ce kiki !
‒ Parlez pas des absents…
Iourievna m’a poussée du coude.
‒ Tu crois qu’il arrive à faire quelque chose avec
ça ?
Elena pensait que oui.
‒ À pisser.
Et on a rigolé de plus belle.
Fallait reconnaître que c’était impressionnant. Parce que
des toutes petites on avait déjà eu l’occasion d’en voir, oui, mais alors à ce
point-là !
Les cadettes l’ont fait avancer au milieu de tout le monde
qui le regardait en bas avec curiosité, surtout les femmes. Qui se moquaient de
lui sans se gêner.
‒ Il y a pas quelqu’un qu’aurait une loupe ?
‒ Un type avec un clito. C’est la première fois que je
vois un truc pareil, moi !
La femme, elle, elle résistait tout ce qu’elle savait. Elle
hurlait qu’on la lâche, qu’elle irait pas, qu’elle voulait pas qu’on la voie
toute nue, mais les cadettes l’ont obligée malgré ses hurlements. À grands
coups de claques sur les fesses. En la tirant. En la poussant.
‒ Tu vas t’amener, oui ?
On les a fait mettre tous les deux à genoux au milieu de la
cour, mains menottées dans le dos, et on les y a laissés un bon moment, que
tout le monde ait le temps de bien les regarder.
C’est par Alexandru B. qu’elles ont commencé. Elles l’ont
attaché à la poutre de punition, bras et jambes écartés, les poignets liés à la
traverse et les chevilles à des anneaux fixés au sol. La doctoresse Cindy B. et
l’avocate, Virginie B. se sont l’une et l’autre approchées pour vérifier que
tout était conforme au règlement.
‒ Tu parles ! Bon prétexte pour se rincer l’œil,
oui !
Une gradée a tendu les fouets aux deux cadettes qui se sont
mises en position, chacune d’un côté, et qui l’ont cinglé à qui mieux mieux. Un
peu partout ça tombait. Sur les fesses. Sur les cuisses. Sur le dos. Elles
prenaient un malin plaisir à viser les endroits les plus sensibles pour le
faire crier et gigoter au maximum. Du coup, il ballottait dans tous les sens
son petit machin, ce qui faisait rigoler tout un tas de monde. Il y avait plein
de femmes gendarmes qu’avaient les yeux qui brillaient. Parmi les invitées
aussi.
Iourievna m’a donné un coup de coude.
‒ Regarde !
‒ Quoi ?
‒ La mère d’Elena.
Elle était toute rouge et il y avait une tache en train de
se former sur son pantalon.
‒ Quelle idée de se mettre en blanc aussi !
Sur l’estrade Alexandru B. a éjaculé.
Tout le monde a applaudi.
Et il y en avait, mais il y en avait !
‒ Comme quoi, hein !
Tout autour, il y a des mains qui se sont discrètement
glissées dans les culottes.
Quand la cheffe des cadettes leur a annoncé qu’il ne restait
plus que dix coups, elles se sont complètement déchaînées. Elles ont cinglé à
tout-va, en ciblant l’intérieur des cuisses, lui arrachant des hurlements
épouvantés.
Juste derrière moi une jeune femme que je ne connaissais pas
a doucement joui.
Quand elles ont détaché Alexandru B., il s’est écroulé.
Elles l’ont relevé et fait s’agenouiller tout tremblant, en nage, face à nous.
Et puis deux autres cadettes ont tout aussitôt pris le
relais et entrepris d’aller attacher Andreea A. à la poutre de punition.
Terrorisée, hurlant, elle a cherché à s’enfuir et il a fallu que d’autres
gendarmes, des hommes cette fois, interviennent pour lui faire entendre raison.
Elle s’est tellement débattue, une vraie furie, qu’elle a fini par réussir à
leur échapper et qu’elle s’est mise à cavaler dans la cour, au hasard, comme
une dératée. Quand elle est passée à notre hauteur, Elena a tendu la jambe et
elle s’est étalée de tout son long. Elle lui a lancé un regard noir.
‒ Toi, je t’aurai…
Ah, elle s’était pas fait une amie, là !
Les gendarmes l’ont relevée, maîtrisée et sont allés
l’attacher solidement, malgré ses protestations indignées et ses ruades, à la
poutre de punition, bras et jambes largement écartés, comme l’avait été son
compagnon. Les deux cadettes n’ont pas perdu de temps. Elles se sont aussitôt
employées à la fouetter. Avec infiniment de détermination et d’énergie. Ça a
fait, tout de suite, de longues estafilades horizontales sur ses fesses, sur
ses cuisses et sur son dos. Elle hurlait. Chaque fois que le fouet lui claquait
sur la peau, elle hurlait. Ce qui motivait un peu plus encore les deux
exécutrices qui y prenaient manifestement beaucoup de plaisir. Elles n’étaient
pas les seules.
Iourievna m’a fait signe.
‒ Regarde Virginie B., l’avocate.
Toute rouge, échevelée, jambes largement écartées, elle ne
perdait pas une miette du spectacle.
‒ C’est qu’elle ose pas devant tout le monde. Parce que
sinon elle s’offrirait une petite gratouille…
Il y avait plein de gendarmes qui étaient tout gonflés dans
leurs pantalons. Iourievna n’arrêtait pas de se retourner et de chercher, du
regard, tout autour d’elle.
‒ Il y en a peut-être qui vont finir par se la sortir…
Et par se la faire couler.
Des femmes, juste derrière nous, commentaient tout fort.
‒ Comment ça lui fait ballotter les mamelles ! À
force de s’agiter…
‒ Elles devraient lui taper aussi un peu devant…
Ce qu’elles ont fait. Comme si elles avaient entendu. Et
Andreea A. a hurlé de plus belle.
Elena a constaté.
‒ En attendant elle mouille… Et pas qu’un peu !
C’était vrai. Ça lui dégoulinait le long des cuisses.
Encore une dizaine de coups et la doctoresse Cindy B. a dit
que c’était bon. Le compte y était.
Il y en a qui ont protesté.
‒ Oh, non ! Pas déjà !
Mais on l’a détachée gémissante, toute tremblante, hagarde.
La doctoresse et l’avocate ont dû venir la soutenir. Elles l’ont emmenée. Quand
elle est passée à notre hauteur, Andreea A. a levé les yeux sur Elena et l’a
fusillée du regard. Avant de détourner la tête.
‒ Oh, celle-là, méfie-toi ! Parce que si un jour
elle peut t’en faire une !
Et Iourievna ? On la connait
Il y a un début à cette série
et l'épisode précédent : chapitre 37 - acte 4
Bonjour François,
RépondreSupprimerLà, on trouve un personnage qui va devenir plus ou moins récurent dans les prochains épisodes, Andreea, une voleuse qui s'est fait dénoncer par Elena, lors d'un cambriolage dans une maison du quartier.
Andreea et son copain vont en prendre pour leur grade. Les deux seront fessés devant tout un parterre de personnes à la gendarmerie de la ville. Vous pensez bien que les gens ne bouderont pas leur plaisir d'assister à ce spectacle.
Elena qui ne tenait surement pas à voir Andreea se soustraire à sa punition, a joué les justicières et l'a fait tomber. Du coup, il va y avoir un sacré contentieux entre elles...
Episode bien écrit et plaisant à lire. Tout l'atmosphère que j'adore !
Amitiés.
Elena.
Bonjour Elena. Et bonjour à tous.
SupprimerEffectivement Elena a joué gros. Et elle risque de s'en repentir. Mais, en attendant, les spectateurs ne boudent pas leur plaisir. Paradoxal alors qu'elles-mêmes se trouvent fréquemment soumises au même régime? Pas tant que cela si on y réfléchit bien.
Amicalement.
François