« Dommage,
oui, qu’à votre âge il n’y ait que ça, une bonne fessée, que vous compreniez.
Mais bon…
Aux
filles aussi, la mésaventure d’Augustin avait servi de leçon. Elles prenaient
les épreuves beaucoup plus à cœur. Celles d’entre elles, du moins, qui en
avaient, les capacités physiques. Parce que d’autres, surtout s’agissant des
courses d’endurance, manquaient de souffle et d’entraînement et se traînaient
lamentablement. Jessica T. se montrait sans pitié à leur égard.
‒ Si
vous n’aviez pas tiré au flanc pendant des années et des années, vous n’en
seriez pas là. Alors je vais vous faire rattraper le temps perdu, moi, vous
allez voir !
Et
elle cinglait généreusement, au passage, les cuisses et les mollets des
retardataires qui poussaient, chaque fois, des cris stridents. Iourievna et
Léa, qui terminaient systématiquement bonnes dernières, protestaient avec
véhémence.
‒ C’est
pas juste. On fait ce qu’on peut.
Mais
la coach n’en croyait pas un mot.
‒ C’est
commode, ça, comme excuse. Non, la vérité, c’est que vous ne voulez pas vous
donner la peine de repousser vos limites. Que vous manquez de motivation. Oh,
mais je vais vous en donner, moi, de la motivation, je vais vous en
donner ! »
Et,
un lundi matin, alors qu’elles venaient de se traîner, une fois de plus, toutes
les deux lamentablement sur la piste, l’ordre a claqué.
« Déculottez-vous !
Elles
se sont figées de stupéfaction.
Et
Iourievna s’est scandalisée.
‒ Mais
on n’a rien fait !
‒ Justement :
c’est bien pour ça !
Quant
à Léa, elle a aussitôt cherché à se réfugier derrière son statut de déléguée de
classe. Sans succès.
‒ Raison
de plus ! C’est à toi de montrer l’exemple. Alors allez ! Vous vous
déculottez. Toutes les deux. Et que ça saute !
Elles
ne se sont pas résignées pour autant. Elles ont continué à protester et à
ergoter. Tant et si bien que Jessica T. a dû leur administrer, à l’une comme à
l’autre, une bonne rasade de cinglées sur les cuisses pour les décider à
baisser enfin short et culotte. Et une autre encore pour obtenir qu’elles
retirent leurs mains de devant leurs fentes. Pour la plus grande joie des
garçons qui ne boudaient pas leur plaisir et qui se repaissaient autant que
faire se pouvait de leurs nudités si généreusement exposées.
Elles,
elles pleuraient et reniflaient, rouges de confusion.
C’était
sur Léa surtout que se concentraient les regards. C’était à son adresse que
fusaient essentiellement réflexions et moqueries.
‒ Ah,
elle croyait y échapper, celle-là ! Elle croyait qu’on saurait pas comment
elle est faite. Eh ben, c’est raté.
‒ Depuis
le temps qu’elle prend son pied à nous balader à poil dans les couloirs et à
regarder l’infirmière nous tripoter, un peu à notre tour de la reluquer.
Et
Augustin a clamé, aussi fort qu’il le pouvait.
‒ Tout
bien considéré, elle est pas si bien foutue que ça, finalement, notre
déléguée !
Clément
a confirmé.
‒ Oui,
c’est bof. Pas comme Iourievna. Elle, au moins, elle fait bander. Et pas qu’un
peu !
Les
filles n’étaient pas en reste.
‒ Ça
lui fait pas de mal. Quand on voit comment elle nous prend toutes de haut…
‒ Et
comment elle nous enfonce systématiquement, nous, les filles, en conseil de
classe.
‒ Une
vraie garce, oui !
‒ Qu’ils
en profitent, les garçons ! Qu’ils en profitent ! C’est pas moi qui
vais la plaindre.
La
coach les a fait se tenir, des deux mains, à la rambarde métallique qui borde
la piste, a exigé qu’elles se penchent en avant, jambes écartées.
Les
garçons ont encore commenté.
‒ Délicieux
aperçus…
‒ Et
alors je te dis pas quand ça va se mettre à se dandiner sous les cinglées.
Ce
qui a été le cas. Elles se sont contorsionnées, ont battu des jambes, remué
tant et plus du derrière, ne laissant rien ignorer de leurs replis les plus
secrets. Et elles ont crié. Qu’est-ce qu’elles ont pu crier ! Surtout Léa.
Qui a fini par se laisser tomber de tout son poids en suppliant Jessica T.
d’arrêter.
‒ Tu
es pitoyable !
Et
elle l’a fait promptement se relever de quelques cinglées bien senties sur le
dos.
Encore
quelques coups sur les fesses.
‒ Là !
Ce sera tout pour aujourd’hui. »
Elle
les a laissées quelques instants au repos. Et puis elle a voulu les aligner au
départ du cent mètres.
« Hein ?
Mais on a bien trop mal. On pourra jamais.
‒ Bien
sûr que si !
Et
elle a voulu qu’en prime elles retirent leurs tee-shirts et leurs
soutiens-gorge trempés de sueur.
‒ Que
vous ne preniez pas froid. Et puis comme ça, vous serez moins lourdes. Vous
courrez plus vite.
Avec
un petit sourire ironique.
Par
peur d’une nouvelle correction qui, superposée à la première, aurait été
particulièrement éprouvante, elles ont obéi et libéré leurs seins dont les
pointes se sont instantanément dressées.
Clément
était ravi.
‒ Oh,
mais c’est qu’on est gâtés aujourd’hui. On a droit à toute la panoplie.
Augustin
aussi.
‒ Et
comment ça va brinquebaler, tout ça !
Effectivement !
Comme elles avaient à cœur de ne pas mécontenter davantage la coach, elles se
sont données à fond sur la piste et leurs seins se sont agités dans tous les
sens sous les encouragements des garçons qui crevaient d’envie de les voir
ballotter davantage encore.
‒ Plus
vite ! Plus vite ! »
Elles
ont terminé épuisées, dans les dernières, mais la coach ne leur en a pas tenu rigueur :
il était clair, cette fois, qu’elles avaient fait tout ce qu’elles pouvaient.
Les
quatre semaines qui nous séparaient du nouveau tournoi inter établissements ont
été particulièrement bien remplies. On se sentait, les uns et les autres, tout
particulièrement motivés. De plus en plus. Et bien décidés, cette fois, à
relever le défi.
« Ils
vont voir ce qu’ils vont voir ! On va leur montrer de quel bois on se
chauffe à Sainte-Croix.
La
coach était ravie de cette métamorphose. Elle s’est aussitôt engouffrée dans la
brèche et nous a établi une feuille de route extrêmement précise. Chaque élève
a eu à choisir une discipline dans laquelle il s’entraînerait tout
particulièrement avec, pour objectif, une place sur le podium lors du fameux
concours. J’ai opté pour le trois mille mètres femmes, Augustin pour le trois
mille mètres hommes. Quant à Iourievna et Léa, après avoir un peu hésité, elles
se sont finalement décidées l’une pour le cent mètre et l’autre pour le deux
cents mètres, épreuves pour lesquelles elles se sont, au bout du compte,
révélées particulièrement douées. Ce qui a amené Jessica T. à leur faire
remarquer qu’il n’y avait rien de tel qu’une bonne fessée pour faire éclater au
grand jour les talents cachés. Elles en ont l’une et l’autre convenu. Avec un
petit sourire confus.
Puisqu’elle
donnait de si bons résultats, cette méthode, Jessica T. s’est empressée de la
généraliser. Retards à l’entraînement, baisse des performances, manque de
motivation évident valaient systématiquement, et sur le champ, une fessée
déculottée à leurs auteurs. Une fessée qu’ils acceptaient sans rechigner. Ils
savaient qu’ils l’avaient méritée et que c’était le groupe tout entier qu’ils
mettaient en danger par leur attitude. Nombreux sont celles et ceux qui y ont
alors eu droit. La coach était bien décidée à ne rien laisser passer. À
personne.
‒ Si
on veut gagner, il faut s’en donner les moyens. »
On
le voulait. On allait le remporter, ce concours.
Le
jour fatidique est enfin arrivé. Et on s’est rendus là-bas remontés comme des
pendules. On a abordé chaque épreuve comme si notre vie en dépendait. On
s’encourageait les uns les autres. On s’époumonait à qui mieux mieux. On
scandait « Sainte-Croix ! Sainte-Croix ! » Et les résultats
flatteurs succédaient aux résultats flatteurs. Iourievna et Léa se sont
respectivement classées, en finale, aux quatrièmes et cinquièmes places. Pour
ma part, j’ai obtenu, sur trois mille, la médaille d’argent. Sans parler des
autres qui s’étaient montrés, pour la plupart, plus qu’à la hauteur.
C’est
Jessica T. qui nous annoncé, le sourire aux lèvres, que Sainte-Croix terminait
deuxième. On s’est applaudis à tout rompre.
« On
a assuré… Pour assurer, on a assuré.
‒ Et,
la prochaine fois, on finit premiers.
La
coach nous a laissé quartier libre.
‒ Que
vous puissiez fêter ça ! Mais une heure pas plus ! Dans une heure
tout le monde au car. C’est bien compris ? »
C’était
compris, oui.
Et
on a filé toutes les trois de notre côté, Iourievna, Léa et moi. On a marché le
long du fleuve en refaisant encore et encore nos courses respectives. Qu’on
aurait pu gagner. Je m’en voulais, mais je m’en voulais !
« Si
j’avais pas attaqué si tôt aussi…
Iourievna
aussi s’en voulait.
‒ J’ai
raté mon départ. Pas de beaucoup. Même pas une seconde. Mais ça suffit. Ça pardonne
pas.
Léa,
ce qu’elle se reprochait, elle, c’était de ne pas s’être suffisamment
entraînée.
‒ Elle
a raison, la Jessica. Si j’avais pas glandé pendant toutes ces années, j’aurais
un sacré niveau.
On
s’est assises sur un banc. Des garçons sont venus nous parler. Nous draguer.
Trop rigolos. Ça croit être original, un type, quand ça drague, mais ils s’y
prennent tous pareil en fait. On s’est bien amusées à les laisser faire et
puis, quand on en a eu assez, on leur a dit qu’on était lesbiennes.
‒ Irrémédiablement,
définitivement lesbiennes.
Ils
sont partis en maugréant. On a éclaté de rire. Et parlé de Mylène, du coup.
Qu’avait tenté sa chance avec chacune de nous trois.
‒ Et
puis alors, elle se décourage pas, hein ! Elle revient sans arrêt à la
charge.
Léa
a suggéré.
‒ On
devrait essayer. Peut-être qu’on aimerait ça.
Elle
faisait ce qu’elle voulait. On n’avait rien contre, mais nous, ça nous tentait
pas vraiment.
Iourievna
s’est dressée d’un bond.
‒ Wouah !
L’heure ! Le car !
On
a couru à perdre haleine jusque sur la place.
Il
était parti.
‒ Ils
auraient quand même pu nous attendre…
‒ C’est
peut-être ce qu’ils ont fait. Seulement…
Seulement
on avait près de deux heures de retard.
‒ Tant
que ça !
Tant
que ça, oui. On s’était pas rendu compte.
Et
on pouvait même pas appeler. Nos portables étaient restés dans le car. On avait
eu interdiction de les emporter au stade.
Bon,
ben alors on faisait quoi ?
‒ Du
stop ?
‒ Sûrement
pas, non !
Elle
avait pas du tout envie qu’on la retrouve découpée en morceaux dans un fourré,
Iourievna.
On
a croisé une fille à qui Léa a expliqué la situation. Qui a très gentiment
accepté de nous prêter son Smartphone.
‒ Allô,
maman ?
‒ Olga !
Mais enfin qu’est-ce qu’il se passe ? On se fait un sang d’encre,
nous !
L’école
les avait prévenus qu’on avait disparu.
J’ai
essayé de lui expliquer tant bien que mal, vu qu’elle me coupait sans arrêt la
parole, qu’on avait pas vu passer l’heure et que…
‒ Vous
êtes complètement inconscientes. Des irresponsables. Non, mais quand est-ce que
vous vous mettrez un peu de plomb dans la cervelle ?
Et
j’ai eu droit, dix minutes durant, à un flot ininterrompu de reproches. Qui
s’est terminé par un péremptoire
‒ Papa
vient vous chercher. Vous bougez pas d’où vous êtes.
Iourievna
a soupiré.
‒ Oh,
ben alors, ça va ronfler… »
Trois
quarts d’heure plus tard, il était là.
Il
n’a pas desserré les dents jusqu’à la maison. Au passage, il a déposé Léa chez
elle. Il a rentré la voiture au garage.
« Vous
montez dans votre chambre. Et vous vous mettez en tenue.
En
tenue. On savait ce que ça signifiait. On a obéi. On est montées. Sans souffler
mot. Ce n’était vraiment pas le moment de l’indisposer un peu plus encore
contre nous.
Là-haut,
Iourievna a soupiré.
‒ Je
sens que ça va pas faire semblant.
‒ Ah,
ça ! Il y a toutes les chances, oui.
On
s’est déshabillées. Le bas. Tout le bas. Et puis on s’est regardées. On
enlevait le reste ? On savait pas. Des fois il fallait. Et des fois
c’était pas la peine. Ça dépendait. Alors, dans le doute, on a aussi retiré le
haut. Ce serait faire preuve de bonne volonté. Il fallait mettre tous les
atouts de notre côté. Peut-être que nous vaudrait une fessée moins
sévère ? On s’est même mises, pour faire bonne mesure, de nous-mêmes en
position. Agenouillées au bord du lit d’Iourievna. Et penchées en avant.
On
a attendu, la boule au ventre. Dix minutes. En bas ça parlait. Quinze. Le
silence. Vingt. Un pas dans l’escalier. Le sien. Un autre, juste derrière.
Celui de maman. Je me suis raidie. Mon cœur s’est mis à battre la chamade.
Iourievna m’a pris la main. L’a serrée de toutes ses forces.
La
porte s’est ouverte. Papa s’est placé à notre droite et maman à notre gauche.
Il y a eu quelques secondes d’interminable attente. Et puis c’est tombé. Au
martinet. Lui, il nous cinglait le dos et elle, les fesses. En même temps. Et
en alternance. Une fois Iourievna, une fois moi. Sans un mot. Avec une
régularité de métronome. Ça cuisait. Ça brûlait. Ça mordait. Ça faisait mal.
Mon Dieu, que ça faisait mal ! Je me suis mordu la lèvre pour ne pas crier.
Je n’ai pas pu tenir. Je l’ai fait quand même. Un long hurlement auquel
Iourievna a répondu comme en écho. On a pleuré. On a supplié. On a planté nos
ongles dans le couvre-lit. Et on a promis. Qu’on recommencerait pas. Jamais. On
le jurait. Mais que ça s’arrête ! Que ça s’arrête ! Ça ne s’est pas
arrêté. Pas tout de suite. Encore une dizaine de coups. Très appuyés. Bien
sentis. C’est maman qui a mis fin la première. Et puis lui. Presque aussitôt.
‒ Nous
refaites jamais une peur pareille. Jamais. Vous entendez ? Jamais.
Et
ils sont partis.
On
est restées un long moment, prostrées. À sangloter. Épaule contre épaule. Et
puis on s’est relevées. On s’est enduit mutuellement le dos et les fesses de
crème adoucissante. On a soupiré.
‒ La
journée avait si bien commencé…
‒ Et
s’est si mal terminée.
‒ On
est bien connes aussi… C’était quand même pas bien compliqué de surveiller
l’heure.
‒ Surtout
qu’on l’avait juste en face. Au-dessus de l’entrée de la mairie.
Je
me suis jetée à plat ventre sur mon lit.
‒ J’ai
un brasier dans le derrière. Non, mais comment ça me brûle !
‒ Ah,
ben ça, t’es pas la seule. »
J’ai
senti, dans un demi-sommeil, que quelqu’un s’approchait de mon lit. Se
penchait. Me caressait les cheveux. Maman. Je lui ai pris la main, l’ai portée
à mes lèvres.
« Maman,
je…
‒ Mais
oui, ma chérie, je sais… Je sais. Chut ! Tais-toi ! Tout est oublié.
Dors ! »
Et Iourievna ? On la connait
Je veux ! Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté, voici le premier épisode de la série : le chapitre 1
Il y a un début à cette série
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 10 acte 2
Et la suite ?
François l'a écrite, c'est le chapitre 11
N'hésitez pas pour les commentaires
Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François ?
Amis de la poésie et du coaching claques aux fesses... Bonjour.
RépondreSupprimerCoach Jessica T. trouve dommage que ses élèves ne marchent qu'à la fessée. Certainement pas le lecteur, ni les petits voyeurs qui se régalent à observer l'entre cuisses des demoiselles en positon fessée jambes écartées sur le bord de la piste d'entraînement.
Tour de piste, fesses rouges, poitrine au vent, allégée du soutien gorge pour courir plus vite. Coach Jessica pense à tout pour améliorer les performances. La méthode est efficace. Médaille de la deuxième place acquise sur le verso flamboyant des participants.
Toujours bien observée les relations humaines, souvent conflictuelles, dans cette petite communauté étudiante et familiale, placée sous le régime de la fessée. Descriptions vivantes, sans tabou, pour une lecture aisée, grâce aussi à un langage nourri d'expressions directes et actualisées.
Cordialement
Ramina
Bonjour Ramina et François,
RépondreSupprimerToujours des remarques qui tombent à point nommé et beaucoup de finesse et d'humour dans la perception des textes.
Amitiés.
Elena.
Bonjour Elena et Ramina. Et bonjour tout le monde.
SupprimerAu risque de me répéter, je ne peux que mettre l'accent sur la richesse du texte originel qui permet de se déployer dans toutes sortes de directions. Du coup, le plaisir éprouvé à séjourner avec ces personnages, à les envisager sous un autre angle, à leur en adjoindre d'autres est particulièrement intense.
Amicalement.
François
Ca y est, je rougis ( des joues ) par ce compliment !
RépondreSupprimerMerci mille fois François...
Amitiés
Elena.