samedi 4 février 2017

Chambre chez l'habitante - chapitre 2

… Si l'on veut remonter à l'origine, il faut repartir de la réponse que je fis, un mois plus tôt, à une offre d'emploi. Ce n'est pas que le poste dont il était question représentait le boulot de mes rêves, mais après trois ans de chômage, je voyais le bout de mes économies arriver et avec elles la grande incertitude des chômeurs de longue durée contraints à vivre avec les minimas sociaux.
Le poste d'employé de bureau, chargé des petites tâches quotidiennes, n'offrait pas de perspective visible, et ce n'est pas le salaire, à peine au-dessus du SMIC qui m'attirait. C'était une porte de sortie provisoire qui me permettrait de faire durer ma situation qui, bien que représentant une sérieuse chute de pouvoir d'achat, me laisserait la tête hors de l'eau en attendant de trouver mieux. Le plus compliqué, c'était sa localisation. L'entreprise, une PME familiale, était située dans une toute  petite ville du centre ouest de la France, là où ni le train ni l'autoroute ne facilitaient les déplacements.
Je fus presque étonné d'être convoqué à un entretien. Je fus reçu par Madame Raveneau, la propriétaire et directrice, qui me parut une forte femme assez autoritaire comme j'ai pu le constater par la suite. Elle me fit comprendre qu'elle aimait qu'on filât doux sous sa ferme tutelle. Il faut croire que je lui fis bonne impression ou qu'elle n'avait pas eu le choix parmi les candidats, une semaine plus tard, par téléphone, elle m'informa que je commençais le lundi suivant et que j'étais attendu à 8h30, heure du début de ma première journée de travail.
Sans me laisser le temps de confirmer mon accord, elle m'informa de tous les détails de mon installation. Considérant qu'il n'était pas sérieux de me loger à l'hôtel, mes moyens ne me le permettant pas et le temps de déplacement pour rejoindre la grande ville où se situait l'établissement hôtelier le plus proches lui semblant inconsidéré, elle m'expliqua qu'elle m'avait réservé une chambre chez l'habitant, ou plutôt chez l'habitante. Celle-ci, Madame Tolbois, était une veuve de sa connaissance, âgée d'une cinquantaine d'année qui, bien que n'en ayant financièrement pas besoin, voulait bien me rendre service en m'offrant le gite et le couvert dans sa grande maison bourgeoise en plein centre-ville, à quinze minutes à pied de mon travail, contre une somme que je trouvais effectivement modique et correspondant, dit-elle, à mes moyens financiers. J'étais prié de m'y présenter le dimanche soir en fin d'après-midi et d'être au travail à l'heure dite lundi matin, muni des papiers nécessaires à la constitution de mon dossier.
J'eus un bref agacement envers cette personne qui prétendait régenter aussi fortement ma vie sans me demander mon avis, mais finalement, je trouvais plus facile de ne pas avoir à faire les efforts nécessaires pour régler mon installation dans cette bourgade totalement inconnue et un peu perdue au milieu de nulle part. Je liquidais ce qui restait de ma vie dans la métropole où j'avais passé les cinquante premières années de ma vie. Sans rien laisser derrière moi : peu d'amis avec qui j'étais persuadé de perdre rapidement contact, pas de logement, une famille que je ne voyais que très rarement. C'est ainsi que je me présentais vers 18h le dimanche suivant devant la porte de la maison de Madame Tolbois, une bâtisse imposante construite, sans doute, au milieu du XXème siècle entourée d'un jardin qui n'avait rien de ridicule.
Madame Tolbois vint m'ouvrir. Le contraste était saisissant avec la petite bonne femme que je m'étais imaginé. Elle était grande, sans doute un peu plus que moi et bien charpentée. Bien qu'elle fît sa cinquantaine, elle donnait l'impression d'une santé à toute épreuve et d'une aisance physique peu commune à cet âge. J'appris rapidement par l'obligeance de mes collègues qu'il s'agissait d'une espèce de gloire locale. En son temps, elle avait été athlète de haut niveau, pratiquant le volley-ball à un niveau international. Elle en avait gardé les habitudes d'entretien de sa condition physique comme je pus, malheureusement pour moi, le constater moins d'une semaine plus tard.
Elle prit en main mon installation. Je fus conduit à ma chambre située au premier étage. Elle m'indiqua là où mes vêtements devaient être rangés à l'exception de mes affaires de toilette qui trouveraient leur place dans la salle de bain qui m'était réservée. Ses idées semblaient bien arrêtées sans qu'il y eût place à la discussion. D'ailleurs, il n'y en eu pas.
"Daniel, car c'est bien Daniel votre prénom ?"
"Euh, oui Madame"
"Je vous appellerais par votre prénom. Daniel, je vous attends dans dix minutes dans le séjour afin que je vous explique les règles de la maison."
Elle me laissa là, au milieu de ma chambre, un peu étourdi par le tourbillon qu'avaient représenté les premières minutes chez ma logeuse.

Un petit quart d'heure plus tard, je me présentais dans le séjour. Madame Tolbois m'y attendait. Elle me fit asseoir dans un fauteuil tandis qu'elle prenait place sur le canapé.
"Daniel, je vous ai ouvert ma maison pour rendre service à Marie-Thérèse, votre patronne. J'entends donc que vous observiez quelques règles simples comme la ponctualité aux heures de repas, une discrétion en particulier lorsque vous rentrez tard. Vous maintiendrez votre chambre et votre salle de bain propres et correctement rangées. Je tiens à ce qu'à l'extérieur votre comportement n'attire pas de reproches sur ma maison. Ici, vous êtes dans une petite ville où tout le monde se connait, tout se sait. Vous ne tarderez pas à être identifié comme garçon de bureau de la société Raveneau et comme mon locataire."
"Evidemment," pensais-je, "cela va me changer de la métropole d'où je venais"
"Fumez-vous ?"
Je la rassurai sur ce point.
"Il est strictement interdit de fumer dans ma maison ainsi que d'y introduire de l'alcool. Vous aurez du vin à table, en quantité raisonnable, cela suffira. Par ailleurs, je ne tiens pas à ce que vous introduisiez des visiteurs dans ma maison, sauf cas exceptionnel dont vous m'avertirez au préalable."
"Avec cela," me dis-je, "le catalogue doit être complet"
"Je comprendrai fort bien," ajouta-t-elle, " si après avoir pris vos dispositions vous souhaitiez, dans un délai que vous déterminerez, prendre votre liberté en vous installant dans vos murs. Je n'y verrai pas d'inconvénient bien que cela ne soit pas simple dans une petite ville comme la nôtre. Vous vous en rendrez compte assez vite. En attendant, je vous demanderai de prendre en compte scrupuleusement les usages de ma demeure. A défaut, je me verrai dans l'obligation de vous demander de quitter les lieux sans délai. Je serai ferme sur ce point."
Avec Madame Raveneau, j'avais tiré un lot qui comprenait deux maîtresses femmes qui semblaient décidées à faire passer sous leurs fourches caudines le nouvel arrivant que j'étais. Considérant qu'il ne s'agissait que d'une situation très provisoire, je lui assurais que je trouvais ses exigences fort raisonnables.
"Dernière chose, vous me verserez votre loyer chaque semaine pour la suivante. Ainsi, nous ne serons mutuellement engagées que pour un temps très court. Cependant, je ne tolérerai pas de retard"
Ainsi congédié, je pus regagner ma chambre. Ma cohabitation avec Madame Tolbois entra dans sa première semaine.

Nous n'étions pas au bout de la première semaine que j'eus le droit aux premières observations sur mon peu de rigueur à suivre les règles "comme je m'y étais engagé".
Dès le deuxième jour, j'arrivais avec plus de cinq minutes de retard au petit déjeuner auquel j'étais convoqué à 7h tapantes. D'un froncement de sourcil, Madame Tolbois me signifia son mécontentement. Je fis celui qui n'avait rien remarqué. Lorsque le mercredi soir je me pointais avec un quart d'heure de retard pour le dîner, ma logeuse me le reprocha explicitement en m'expliquant qu'elle attendait plus de rigueur de ma part.
Arrivé pile à l'heure aux repas du matin et du soir de jeudi, Madame Tolbois me convoqua dans le séjour une fois le dîner achevé.
"Vous avez laissé la salle de bain dans un état déplorable ce matin. Bien pire que les autres jours. J'entends que cela ne se reproduise pas"
Effectivement, levé un peu tard pour assurer la ponctualité demandée au petit déjeuner, j'avais sciemment passé outre au rangement et au nettoyage que je pratiquais habituellement.
"Votre chambre n'est pas correctement rangée. Ce matin, une culotte usagée, d'ailleurs d'une propreté douteuse, traînait sous votre lit. Et hier, ce sont des papiers, roulés en boule, que vous aviez jetés à côté de la poubelle. Et je ne parle pas de la chaussette oubliée dans la salle de bain."
Elle marqua une pause me dévisageant les sourcils froncés comme pour me signifier la gravité de ses reproches. Je ne savais trop quelle attitude adopter, pris au dépourvu par ces réprimandes qui m'étaient adressées comme on gronde un enfant. Je n'osais répondre pour mettre en avant son immixtion dans mon intimité. Je prenais trop au sérieux ses menaces d'expulsion et je ne voyais pas de solution de replis, sauf à prendre le risque de perdre mon travail.
"Je vous ai également demandé de ranger soigneusement vos vêtements dans l'armoire. Cela n'est toujours pas fait, au bout de quatre jours ! Je vais être obligée de sévir !"
Décontenancé, je bredouillais quelques excuses et promesses et je pus regagner la tranquillité de ma chambre. L'intrusion de Madame Tolbois dans ma vie privée se précisait. Elle contrôlait non seulement le rangement de mes affaires, mais également mes sous-vêtements, et tout cela seulement quatre jours après mon arrivée. Les choses ne pouvaient pas en rester là. Il fallait que je trouve un autre hébergement. Je décidais de me mettre en quête dès le lendemain. En attendant, je me promis d'être plus rigoureux afin de ne plus me faire sermonner comme un petit garçon.
Dès le lendemain, je fus vite déçu quant à la possibilité de trouver un autre logement. Ce qui était disponible n'était pas dans mes moyens. Mes collègues que j'interrogeais sur le sujet furent unanimes. Le coup de fil au notaire qui faisait office d'agent immobilier me confirma leurs propos.
C'est un peu déprimé que je rentrais chez Madame Tolbois pour le dîner. L'atmosphère était lourde. Apparemment, j'étais sous surveillance, en probation en attendant le prochain manquement aux règles domestiques. Nous étions vendredi soir. C'était hier.
Dès que je le pus, je m'échappais pour prendre de la liberté vis-à-vis du contrôle de mes faits et gestes que je sentais se resserrer autour de moi. Désœuvré, je rentrais dans le premier bar que je trouvais à deux pâtés de maison de la demeure de Madame Tolbois, pas même cinq minutes après être monté dans ma voiture. Dès le deuxième verre, j'avais retrouvé de mon allant et assez vite, je sympathisais avec un groupe de personnes qui s'apprêtaient à passer la soirée en boite de nuit. Bien évidemment je les accompagnais d'autant plus qu'ils me proposèrent de m'y conduire et de me déposer au retour.
Encore quelques verres fortement alcoolisés de plus et je ne contrôlais plus mon comportement. Mes compagnons de beuverie, bien qu'eux-mêmes passablement ivres, eurent toutes les peines du monde à me faire remonter dans leur véhicule pour me raccompagner là où notre périple avait commencé. C'est du moins ce que me raconta Madame Tolbois, quelques jours plus tard. L'histoire avait fait le tour de la ville.
Je ne sais trop comment je réussis à ramener ma voiture à bon port. Je n'en ai aucun souvenir. Toutes les lumières étaient éteintes chez Madame Tolbois. Cela n'avait rien d'étonnant compte tenu de l'heure avancée. Elle avait enclenché le verrou, comme elle le faisait chaque soir. Je fulminais contre elle tout en ouvrant la porte, énervé par les précautions qu'elle prenait et qui me retardaient. Je sentais monter une nausée et je me précipitais pour rejoindre mon lit. Trop vite sans doute ! Je heurtais de l'épaule le porte manteau, pourtant bien à sa place dans le vestibule. Ma tentative pour le rattraper fut un échec. En tombant, il entraîna les objets qui se trouvaient sur le guéridon à proximité. Tout cela s'affala sur le carrelage du couloir, rebondit à plusieurs reprises. Le boucan qui en résultait ne pouvait être ignoré.
J'étais encore tétanisé au milieu du désastre quand, au bout du couloir, je vis apparaître Madame Tolbois vêtue de sa robe de chambre.
"Que se passe-t-il ici ?"
Elle s'approcha et je sentis la nausée me reprendre de plus belle. Sans doute Madame Tolbois s'en aperçut-elle en même temps que moi. Me prenant par le bras elle me conduisit dans les toilettes et me faisant agenouiller devant la cuvette, j'arrivais juste à temps pour y rendre tout l'alcool ingurgité. Je tentais de me relever mais ma logeuse pesa de sa main sur ma nuque, puis elle m'asséna une claque sur le fond de mon pantalon.
"Tu restes là jusqu'à ce que je revienne"
Hébété, je ne bougeais pas. La pensée de la claque sur les fesses que je venais de recevoir avait du mal à faire son chemin dans mon cerveau embrumé. Madame Tolbois fit son retour, un verre à la main.
"Bois cela !" m'ordonna-t-elle.
Cela avait un goût amer et je voulu m'arrêter après la première gorgée.
"Tu bois tout !" elle accompagna son ordre d'une nouvelle fessée à laquelle je ne réagis pas plus qu'à la première.
A peine la dernière goutte de liquide avalé, j'en régurgitais la totalité dans les toilettes accompagnée de ce qui restait dans mon estomac.
"Debout !" Je reçus une nouvelle claque sur les fesses.
Me prenant par le bras, elle me conduisit vers la salle de bain où je reçus l'ordre de me rincer la bouche. Dans l'état dans lequel je me trouvais, l'attention rude et ferme que me prodiguait ma logeuse me donnait un sentiment de sécurité. Je n'avais qu'à suivre ses consignes. Je la laissais faire et je ne percevais pas les quelques claques reçues sur le fond de mon pantalon comme un inconvénient majeur. Mon mal de tête m'empêchait de réfléchir au changement dans nos relations que cela supposait.
Je me retrouvais rapidement dans ma chambre, toujours cornaqué de près par ma logeuse. Aussitôt, elle commença à défaire mon pantalon, puis à le baisser. Ma culotte suivit. Je ne protestais pas. Après m'avoir enlevé ma chemise, elle me fit asseoir sur le bord de mon lit et elle m'ôta mon pantalon, puis ma culotte.
"Debout," m'ordonna-t-elle de nouveau.
Comme, à son goût, je tardais à obéir, elle me mit debout et sur mes fesses nues, elle m'asséna une demi-douzaine de fessées.
"Aïe, aïe !" les claques sur mes fesses qui n'étaient plus protégées par mes vêtements étaient beaucoup plus douloureuses et malgré mon état semi-comateux, je ressentais les picotements désagréables qu'elles provoquaient. Je n'étais cependant pas assez lucide pour protester contre ce traitement qui n'était approprié ni à mon âge, ni à mon statut de locataire.
Sans transition, elle me passa mon pyjama et c'est d'une petite claque sur le haut de la cuisse qu'elle me signifia que je devais lever le pied pour y passer la jambe du pantalon. Quelques secondes plus tard, elle m'avait mis au lit, bordé et la lumière éteinte je sombrais dans un sommeil agité.

Je fus brusquement réveillé le lendemain matin par la lumière allumée dans ma chambre lorsque Madame Tolbois y pénétra. L'esprit encore empêtré dans les conséquences de mon ivresse de la veille, je ne remarquais pas qu'elle n'avait pas frappé avant d'entrer. Elle vint directement à mon lit et, tirant les couvertures, elle dit d'un ton où ne perçait aucune sympathie pour mon état précaire :
"Tu te lèves et tu viens déjeuner. Je t'attends. Tu as cinq minutes. Tu feras ta toilette après."
Bien que les souvenirs de la soirée fussent assez vagues, j'avais le sentiment d'avoir dérogé gravement au contrat de bon comportement comme je m'y étais engagé. Il me restait quelques images fugaces qui revenaient à ma mémoire. La plus persistante était sans doute celle de ma logeuse me déshabillant, puis me mettant au lit ce qui expliquait pourquoi j'étais en pyjama. A ce souvenir, j'éprouvais de la honte. Je m'étais comporté plus comme un adolescent laissant sa première sortie se finir en beuverie et obligeant les adultes qui l'entouraient à le prendre en charge, jusqu'à le mettre au lit. Je ne voyais pas quelles excuses acceptables j'allais bien pouvoir présenter à Madame Tolbois. A sa place, je mettrais en œuvre immédiatement la menace d'expulsion.
"Daniel, tu descends ou faut-il que je vienne te chercher ?"
Les cinq minutes qu'elle m'avait accordées, étaient largement dépassées. Elles m'avaient juste permis de retrouver un début de lucidité, suffisamment pour obéir à son ordre, mais pas assez pour savoir comment me comporter face à ma logeuse.

Le petit déjeuner était prêt comme d'habitude.
"Ecoutez, commençais-je, en ce qui concerne hier soir je voulais …"
"Nous verrons cela tout à l'heure, m'interrompit-elle. Tu prends ton petit déjeuner."
Le repas se déroula dans le silence le plus total. Seul le bruit des cuillères le disputait au son des couteaux tranchant le pain. L'incertitude quant à mon avenir et les difficultés résiduelles de mon estomac me bloquaient l'appétit. Je ne pus presque rien avaler.
"Je vois que tu n'as pas très faim. Cela n'est pas étonnant compte tenu de ton état d'hier soir."
Je remarquais alors seulement qu'elle était passé du "vous" au "tu", ce qui renforçait mon sentiment d'être un petit garçon qui avait fait une bêtise, face à un adulte.
"Bon, va faire ta toilette et t'habiller. Sais-tu encore le faire tout seul ou faut-il que je m'en charge comme hier soir ?"
Je rougis de honte. Elle mettait au grand jour mon comportement puéril de la veille. Elle évoquait également combien le déshabillage qu'elle avait dû prendre en charge lui avait donné accès à mon intimité. Je ne savais plus comment affronter cette situation. Je baissais la tête, renforçant le sentiment que je donnais d'être un petit garçon grondé par une grande personne et à qui on rappelait ses caprices de la veille.
"File te préparer ! Je t'attends dans le séjour dans une demi-heure. Nous réglerons alors la question de ton comportement d'hier soir."
Je me levais sans dire un mot. La boule qui s'était formée au creux de mon estomac avait pris une nouvelle consistance. En montant l'escalier j'avais, bien plus qu'en le descendant quelques instants auparavant, le sentiment que mon destin était scellé.

J'avais fait des efforts de présentation pour me rendre à la convocation de ma logeuse : rasage soigné, pantalon propre, chemise repassée. J'avais domestiqué les épis qui donnaient souvent un air négligé à ma coiffure. Malgré cela, je me sentais toujours dans une position inconfortable quand je me présentais à la porte du séjour. Madame Tolbois m'attendait.
"Viens ici !"
De son doigt pointé, elle désignait le sol quelques mètres devant le canapé où elle était assise.
"Qu'as-tu à dire à propos de ce qui s'est passé hier soir ?"
"Je vous prie de m'excuser … je n'allais pas bien, bredouillais-je, cela ne se reproduira plus … je ferai attention …"
Elle laissa s'installer un long moment de silence.
"Que crois-tu que je dois faire ? Croire tes faibles excuses et passer l'éponge ?"
"Oui … euh, non … je … je …"
C'était une engueulade en règle. Intérieurement je reconnaissais l'avoir méritée. Je n'arrivais pas à soutenir son regard qui me revoyait ma culpabilité évidente. La tête baissée, je contemplais le bout de mes chaussures. Des doigts de ma main droite, je triturais ceux de ma main gauche. Je me tenais comme je le faisais, jadis lorsque je me faisais gronder.
"Faisons d'abord le point des griefs à ton encontre. Tout d'abord, tu rentres totalement ivre à la maison, à tel point que tu pouvais à peine marcher. Est-ce exact ?"
"Oui Madame, arrivais-je à balbutier."
"Si j'ai bien compris ce qui s'est passé, c'est au volant de ta voiture que tu es rentré. Est-ce bien cela ?"
"Oui Madame, mais seulement depuis le bar qui est tout près, répondis-je faiblement."
"Crois-tu que cela t'exonère de ta responsabilité ?"
"…"
"Non seulement tu t'enivres, mais en plus tu te permets de conduire au risque d'avoir un accident, ce qui montre ton irresponsabilité, et plus grave encore d'y entraîner d'autres personnes. C'est inadmissible !"
Je restais coi. Je voyais venir l'inévitable conclusion et j'avais le sentiment que plaider ma cause, sans argument valable, ne ferait qu'aggraver la colère de Madame Tolbois.
"Enfin, au mépris de ce dont nous avions convenu, tu provoques un tintamarre en rentrant, réveillant toute la maisonnée et m'obligeant à de prendre en charge à quatre heure du matin jusqu'à te mettre en pyjama et te coucher. Trouves-tu cela normal ?"
"Non, Madame."
"Un bon point pour toi, tu reconnais tes bêtises et tes irresponsabilité. Toutefois, cela ne suffit pas pour les considérer comme quantité négligeable. D'après ce que nous avions convenu, la sanction est évidente : je dois te mettre dehors."
"Non, Madame, s'il vous plait, je ne saurai pas où aller."
"Dans cette hypothèse, tu n'auras pas seulement un problème de logement. Je crois pouvoir affirmer que Marie-Thérèse ne gardera pas dans son entreprise une personne aussi irresponsable. Il est fort probable qu'elle mettra fin à ton contrat de travail dès lundi matin, surtout quand je vais lui raconter ce qui s'est passé."
"Non, Madame, je vous en prie."
Je voyais s'ouvrir devant moi un avenir avec toutes les incertitudes que je redoutais. J'avais coupé les ponts avec ma précédente vie, plus de retour en arrière possible. Je ne pouvais pas compter ni sur des amis, ni sur ma famille. En un éclair je me vis aller grossir le flot des SDF.
"Non, non, comme tu y vas ! Crois-tu donc que ce que tu as fait hier doit rester impuni ?"
"Non, … oui, … je suis d'accord."
"Nous avançons. Nous sommes donc d'accord pour considérer que tu dois être puni pour ce que tu as fait hier soir. Est-ce bien cela ?"
"…"
"Est-ce bien cela ? Insista-t-elle."
"Oui Madame, répondis-je faiblement."
Je ne comprenais plus où elle voulait m'emmener.
"Nous avons déjà dit que je peux te mettre à la porte, …"
Elle laissa un silence s'installer.
"… quelle autre punition possible vois-tu ?"
" … je, … je … vous, … vous pourriez me donner un travail à faire."
"Effectivement, c'est une bonne idée, mais très insuffisant comme punition au regard de ce que tu as fait. Non, je pense qu'il faut quelque chose de plus spectaculaire. Que pourrions-nous trouver ?"
"Je … ferai la punition que vous déciderez, Madame."
"La punition dont j'aurai décidé. Voici un engagement que tu n'es pas sûr de tenir. Encore une fois. En fait, j'ai bien une idée de punition alternative à ton expulsion et c'est toi qui me l'a suggéré hier soir. En te mettant au lit, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un garçon désobéissant et non à un adulte. Un corps de grand garçon, mais un comportement d'enfant. C'est presque naturellement que je t'ai fessé pour souligner mes réprimandes, comme on le fait pour un enfant désobéissant."
Suggérerait-elle de m'administrer une fessée ? Dans le doute, je préférais le silence.
"Voici ce que je te propose. Soit tu choisis une punition d'adulte et je te mets dehors ce qui aura pour conséquence la perte de ton travail. Soit tu préfères une punition d'enfant et je te donne une fessée."
Je levais la tête et je lus, dans son regard, sa détermination.
"Afin que tout soit clair, il faut que tu saches que si je te mets dehors ce sera dès ce matin. Je te laisse une demi-heure pour faire tes bagages et tu t'en vas. Si tu préfères rester, ce sera une fessée déculottée, immédiate et je saurai te la donner suffisamment sévèrement pour que cela constitue une punition effective. Et enfin, si tu choisis la fessée, ce ne sera que la première d'une longue série. Celle d'aujourd'hui, ce sera pour t'être enivré, tu en auras une autre demain pour avoir conduit après avoir bu et celle-là je te promets que tu t'en souviendras. Enfin, il y en aura une troisième après-demain pour m'avoir réveillée en rentrant. Dorénavant, je te déculotterai et je te fesserai aussi souvent que je le jugerai nécessaire, à chaque fois que tu en auras besoin."
Je restais abasourdi par le choix qui m'était proposé : la rue ou la fessée.
"Alors, que choisis-tu ?"
Ma crainte ultime de ces trois dernières années était de me retrouver à la rue. Je crois que j'aurais fait n'importe quoi pour l'éviter.
"Daniel, si tu ne choisis pas, ce sera les deux : d'abord je te donne une fessée, puis je te mets à la porte. J'attends …"
Mon choix était fait. Je ne voulais pas partir.
"Bon, dit-elle, je vais choisir pour toi"
"Non, non, je veux rester"
"Alors que choisis-tu?"
"La … la …"
Je n'arrivais pas à prononcer le mot.
"Alors?"
"La fessée. Je choisis la fessée."
"Bien, c'est parfait. Je vais donc te donner une fessée. En attendant que je sois prête, mets-toi le nez contre le mur et les mains sur la tête."
J'obtempérais. Une fois la position prise je l'entendis faire ses préparatifs que je n'arrivais pas à décrypter. D'un côté j'étais soulagé de pouvoir rester, mais la boule qui nouait mon ventre n'avait pas disparu. Ce n'était plus la même raison qui en était à l'origine. Au piquet, les mains sur la tête, j'attendais de recevoir la fessée.
"Daniel, tourne-toi !"
Madame Tolbois était assise sur le canapé. Son visage montrait combien elle prenait au sérieux la tâche qui l'attendait. Sur la table basse, à portée de sa main, elle avait posé une règle plate, en bois. Tout était en place pour que commence ma punition.
"Viens-ici mon garçon !"


Et voilà comment après avoir reçu une fessée magistrale, je me trouvais au coin, la culotte baissée, exhibant mes fesses nues et attendant l'autorisation de Madame Tolbois pour retrouver une tenue décente.

Episode précédent : chapitre 1
Episode suivant : chapitre 3

1 commentaire:

  1. voilà le traitement qui m'a m 'a manqué et me manque toujours de mains féminines.

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