– Entrez ! s’exclama Sœur Marie-Joseph. Bonjour Mme
Farell, veuillez vous asseoir.
– Bonjour
ma Sœur.
– Alors
Mme Farell, vous venez inscrire votre fils ?
– Oui ma
Sœur. Tommy va sur ses 12 ans et il passe en classe de sixième.
– En
effet, Mme Farell me répondit la directrice de Ste-Marie ouvrant son dossier
scolaire. Je constate qu’il a d’excellentes notes et que son CM2 fut pour lui
une formalité.
– En
effet ma Sœur, Tommy est un petit garçon plein de vie et curieux de tout… Nos
années passées à l’étranger, où il est d’ailleurs né, y sont sans doute pour
beaucoup dans son caractère…Je suis persuadée qu’il va bien s’intégrer à
Ste-Marie.
Sœur
Marie-Joseph rajouta :
– Vous
penserez, Mme Farell à aller le faire examiner par le docteur Wagner…
Sœur
Marie-Joseph faisait allusion au seul médecin agréé par Ste-Marie, une
doctoresse tout aussi séculaire que l’établissement qui avait tout sa
confiance. Même son cabinet semblait comme figé dans le temps, logé dans un
immeuble cossu d’un quartier haussmannien. Je m’empressais de soulager la
directrice :
– Oui ma
Sœur, je me souviens très bien du docteur Wagner… J’y avais emmené ma fille
lors de son inscription.
– Exact
Mme Farell… Sans trahir le secret médical, le docteur Wagner s’était félicitée
d’une patiente bien au-dessus de la moyenne en la personne de votre fille… Une
hygiène irréprochable et surtout une tenue à jours des vaccins, même ceux non
obligatoires en métropole…
– Cela
tient du fait que nous venions de l’étranger ma Sœur, il en sera de même pour
Tommy…
– Mme
Farell, si je puis vous donner un conseil, pensez à y emmener ce jeune garçon
sans tarder… Le docteur Wagner sera avertie dès demain… N’attendez pas… Ce sont
bientôt les vacances qui se profilent et on a vite fait d’oublier…
– Oui ma
Sœur, vous pouvez compter sur moi.
Sœur
Marie-Joseph avait le don d’insister sur certains points ou détails, devinant
dans les pensées ou précédant un éventuel oubli.
Elle
coupa court à cette partie de l’entretien qui, pour elle, était un acquis. Mais
sans que je m’en rende vraiment compte, elle en porta la direction dans le sens
qu’elle avait décidé :
– Ainsi
donc votre fils Tommy va rejoindre Ste-Marie… et faire en quelque sorte la
liaison avec Diane pour qui ce devrait être la dernière année.
Sœur
Marie-Joseph faisait allusion à ma fille de 17 ans. J’avais été enceinte de
Diane à l’âge de 18 ans. J’étais tombée follement amoureuse de son papa et
cette grossesse non désirée à l’époque avait fortement perturbé ma vie dont
elle avait infléchi le parcours.
J’avais
dû interrompre mon année de terminale à peine commencée pour accoucher et me marier.
Mon mari, plus âgé que moi, avait pleinement assumé sa paternité.
Il avait
d’ailleurs acquis plus tôt que prévu un poste important dans l’entreprise
familiale que dirigeait son propre père et je l’avais suivi à l’étranger où il
devait s’occuper de l’implantation d’une nouvelle filiale.
Du statut
de lycéenne, j’étais passée sans même m’en rendre compte à celui de maman et de
femme au foyer. Moi qui me destinais à la recherche scientifique, je disais
adieu à tout plan de carrière et à tout espoir de futur Prix Nobel !
Heureusement
l’éducation de Diane et ma nouvelle vie à l’étranger allaient bien vite remplir
mes journées. La naissance de Tommy, cinq ans après, ne faisait qu’entretenir
ma vie qu’on pourrait qualifier de tranquille et bourgeoise.
Lever les
enfants le matin, les emmener à l’école, les récupérer le midi après leur avoir
préparé le repas, idem l’après-midi avec du shoping à la clé, sans parler des
diverses tâches ménagères.
J’avais
somme toute des journées bien remplies.
Il y a
deux ans nous sommes revenus en France, mon mari ayant repris la direction
générale du groupe familial. Diane allait rentrer en seconde et c’est tout
naturellement que nous l’avons inscrite à Ste-Marie. Non pas qu’elle fut une
élève difficile, mais il a toujours été de tradition chez les Farell d’être
scolarisés dans cet établissement d’excellence.
Mon mari
y avait lui-même effectué toute sa scolarité et il en gardait, à ses dires, des
souvenirs puissants qui avaient forgé son caractère. J’allais rapidement
comprendre la syntaxe imagée que mon mari avait employée au sujet de la mémoire
qui restait gravée en lui de son passage à Ste-Marie.
D’excellence,
cet établissement entretenait également une tradition quasi-séculaire quant à
ses méthodes employées. Ce qui y fonctionnait hier y fonctionne toujours aussi
aujourd’hui et de bien belle manière. C’est en inscrivant Diane que j’ai
compris les rouages si particuliers en œuvre à Ste-Marie.
D’abord,
le port d’une tenue règlementaire. Des vêtements aux sous-vêtements, tout était
normé : pantalons pour les garçons, jupes pour les filles, chemises ou
chemisiers, chaussettes ou socquettes et surtout, culotte de coton blanc.
Diane
n’avait pas été vraiment étonnée de cette réglementation vestimentaire. À
l’étranger, d’où nous venions, le port de l’uniforme était ancré dans les
moeurs, qui plus est avec blazer et écusson d’appartenance à l’école. Moi aussi
j’avais compris les bienfaits de cette habitude textile.
Diane y
allait pour travailler et non pour
participer à quelque défilé de mode ou fashionweek, d’une certaine
manière c’était quelque part rassurant pour la maman que j’étais ; ainsi
habillée j’étais certaine que ma fille n’irait pas batifoler en dehors des
cours, cette tenue par trop marquante la désignerait immanquablement et le
ferait remarquer.
Il y
avait aussi, et là c’était pour moi une étrange découverte, la discipline. Mais
cet usage, séculaire à Ste-Marie, était si bien expliqué que sa nécessité en
devenait une évidence.
Le degré
d’exigence y était d’un tel niveau qu’il fallait bien une méthode efficace pour
y parvenir. Ce système disciplinaire reposait sur toute une panoplie de
récompenses et surtout de punitions. En fait de punitions, les principales en
étaient les châtiments corporels. Et la punition ultime se résumait à la
fessée, ni plus, ni moins.
Cependant,
en rapport de la gravité ou de la fréquence de la faute commise, la fessée
pouvait être nuancée. Cette sévère sanction pouvait être appliquée à la main,
avec l’aide d’une règle mais toujours sur les fesses et les fesses mises à
l’air donc nues. Généralement cette cuisante réprimande était infligée sur le
champ donc en public.
Une
nouvelle correction donnée cérémoniellement pouvait suivre selon un jugement de
faute perçue comme excessive par l’équipe de direction de Ste-Marie. Cette
discipline pouvait paraître démesurée ou même d’un autre temps mais au moins,
elle donnait des résultats.
« La
fin justifie les moyens », telle aurait pu être la devise de
Ste-Marie au seul regard de ses méthodes
disciplinaires strictes.
J’expliquai
à Diane, quelque peu sceptique sur ce point précis, qu’il y avait une façon
très simple d’éviter toute forme de sanction, tout simplement respecter à la
lettre et scrupuleusement le règlement en vigueur à Ste-Marie.
Pour une
jeune adolescente sage et sérieuse comme elle, cela ne devrait pas être bien
difficile. Il lui suffirait de suivre les consignes de ses professeurs ou des
surveillantes.
En plus
de tout cela, un carnet de correspondance tenait informé les parents des
résultats scolaires de leurs enfants ainsi que de leur comportement et ce au
jour le jour. Personnellement j’avais trouvé cette habitude très rassurante,
pouvoir suivre quotidiennement les progrès de ma fille ainsi que sa conduite au
sein de son établissement scolaire me sécurisait.
En outre,
les parents devaient s’engager, à leur discrétion, à répliquer les sanctions
encourues afin qu’elles soient mieux imprégnées et perçues par leurs enfants. Chez
nous la fessée n’était pas légion mais je ne voulais pas mettre en doute l’efficacité
d’une telle méthode dont les preuves étaient plus que centenaires…
Du reste,
Diane depuis son inscription voilà deux années maintenant, n’y a fort
heureusement pour elle que peu goûté et toujours à juste titre.
Mais j’ai
toujours scrupuleusement suivi les prescriptions recommandées sur son carnet de
correspondance et ne me suis jamais dérobée lorsqu’il m’a fallu lui rougir les
fesses en réponse à la fessée qu’elle avait reçue le jour même à Ste-Marie,
sanction toujours justifiée, la question ne se posait même pas.
Je n’ai,
à ce jour, jamais à me plaindre des progrès induits par ces sanctions.
De fil en
aiguille nous en étions venues, Sœur Marie-Joseph et moi à deviser de mes
petits tracas familiaux et surtout de mon passé.
J’appréciais
sa courtoisie à mon encontre et surtout sa capacité à écouter les autres et à
les comprendre.
–
Voulez-vous un café Mme Farell, me demanda avec bienveillance Sœur
Marie-Joseph.
– Oh,
oui, avec plaisir ma Sœur.
– Ainsi
donc vous avez fait un choix lourd de conséquences à l’époque, cela vous
honore.
– Oui ma
Sœur, en fait de choix je n’en avais pas. Je n’ai jamais réfléchi. J’ai pris
les responsabilités qui s’imposaient à moi et le papa, mon futur mari, bien
aidé et soutenu par sa famille, a pris les siennes. Je n’ai pas eu à le
regretter…
Je
sentais bien que Sœur Marie-Joseph devinait le sentiment qui m’envahissait
depuis mon retour au pays.
Était-ce
le fait de me retrouver en France, la parenthèse étrangère terminée… je
m’ennuyais.
– En
fait, je me sens de plus en plus inutile ma Sœur. Diane est grande… Tommy
devient autonome…
– Allons,
allons Mme Farell coupa la directrice… tenez, buvez ce café…
– Merci
ma Sœur. J’avais bien pensé reprendre une activité… mais je n’ai même pas le
bac…
Il est
vrai que mon mari m’avait bien proposé de prendre la direction du tout nouveau
laboratoire qu’il venait de créer. Mais je ne voulais surtout pas être
parachutée à ce poste sans qualification aucune et n’être que la femme du
patron qui ne comprend rien au fonctionnement des choses.
Je m’en
épanchais à Sœur Marie-Joseph qui, mieux que quiconque, me comprenait et
surtout m’écoutait.
Ce
n’était pas le cas des connaissances de circonstances que je croisais ici et là
à l’occasion de cocktails et, malheureusement,
je ne voyais plus mes amies de jeunesse de qui j’aurais pu avoir de
francs conseils.
– Je me
suis bien inscrite aux cours dispensés par correspondance par le CNED ma Sœur,
mais je ne suis jamais parvenue à m’organiser… j’ai rapidement renoncé…
définitivement d’ailleurs…
– Ne dites
jamais définitivement Mme Farell insista la directrice… dans la vie il y a
toujours un espoir… une lueur… la volonté qui vous manque, il suffit parfois
d’un rien pour la raviver… voir votre vie sous un angle différent. Vous avez
tout pour être heureuse… des enfants que vous élevez parfaitement… et pourtant
quelque chose vous manque… essayons de trouver cela ensemble voulez-vous…
Sœur
Marie-Joseph était bonne psychologue et savait mieux que personne apaiser les
situations les plus désespérées.
Fort
heureusement je n’en étais pas au plus mal mais, tout au long de notre
conversation, elle avait peu à peu décelé en moi une faille et tentait de
trouver une solution, un réconfort.
– Mme
Farell dit-elle d’un ton à la fois doux mais solennel… j’ai là une idée qui
peut dissiper tous vos doutes existentiels et concilier votre vie et vos
espérances…
–
Oui ?
–
Pourquoi ne viendriez-vous pas préparer ce bac ici ? Ce diplôme semble
vous tenir à cœur.
– Mais ma
Sœur, j’ai 36 ans…
– Mme
Farell , nous acceptons en terminale et même parfois en première des élèves en
échec scolaire qui ont plus de 20 ans. Je suis prête à vous intégrer en
terminale C…
– C’est
vrai ?... vous ne plaisantez pas au moins…
– Mme
Farell me coupa-t-elle sèchement, sachez que je ne plaisante jamais. Ma
proposition est très sérieuse. Je vous offre la possibilité de préparer votre
bac à Ste-Marie, cependant et vous le comprendrez, sous certaines conditions…
Le coup
était rude et même dur à encaisser pour moi, et pourtant il s’agissait d’une
bonne nouvelle.
C’était
peut-être la toute première fois de ma vie qu’une telle opportunité se
présentait et je n’arrivais pas à y croire, je mettais même presque en doute
les paroles de la directrice.
Et
visiblement Sœur Marie-Joseph n’appréciait pas d’être contredite.
–
Excusez-moi ma Sœur, je n’arrive pas à réaliser… votre proposition est
tellement inattendue que j’en perds mes moyens…
– Je l’ai
bien compris chère Madame… je mets ça sur le compte de votre émotion. Bien, je
disais que certaines conditions seraient incontournables à votre scolarisation
en nos murs. Malgré votre âge, vous ne serez exonérée d’aucun cours ou d’aucune
tâche et vous n’aurez ni faveur ni passe-droit. Vous connaissez nos méthodes,
elles sont les mêmes pour toutes et tous. Mais au moins, ici à Ste-Marie, vous
travaillerez. Vous ne serez plus distraite par vos tâches ménagères et rien ne
viendra polluer le temps consacré à vos études. Et si tel n’était pas le cas,
nous saurions à tout moment vous le rappeler.
Il est
une constante lorsqu’on est prêt à accepter une proposition inespérée, c’est
qu’on n’en mesure jamais les effets. Du moins pour moi, j’ai toujours vu le bon
côté des choses lorsqu’il m’était bien présenté. Et en ce qui concernait cette
proposition, je dois avouer que Sœur Marie-Joseph savait y faire.
– Ma
Sœur, vous me comblez, je suis prête à commencer demain s’il le faut…
– Ne vous
emballez pas Madame, mais vous ne croyez pas si bien dire. Il vous faudra
certainement renoncer à vos projets de vacances. Afin d’évaluer votre niveau scolaire
et savoir où vous en êtes après quinze ans, vous devrez suivre nos cours de
vacances et donc commencer le 1er août. Durant cette période et
seulement cette période nous pourrons chacune de notre côté mettre un terme à
l’expérience. Vous, si vous souhaitez renoncer et mon équipe ou moi-même si
nous pensons votre bagage insuffisant. Mais devinant votre motivation et votre
abnégation, je suis sûre et certaine que Ste-Marie vous accompagnera jusqu’au
baccalauréat.
Concrètement,
la directrice me présenta ce que serait mon futur quotidien. Je perçus cela
comme une sorte de « plan commando », ce qui en fin de compte n’était
pas pour me déplaire. Sœur Marie-Joseph avait bien compris que j’avais besoin
d’être « boostée ».
Elle
s’attacha à me décrire, tel un entraîneur préparant son athlète pour les Jeux
Olympiques, un programme évolutif que je saisis comme idyllique. Tout d’abord
les cours de vacances, tout le mois d’août.
Je conçus
cela comme une formalité que la « bête de course » que j’allais
devenir avalerait sans embûches. Certes, il y avait bien ce renoncement, induit
de fait, aux vacances au bord de la mer ; mais, comme on dit, on n’a rien
sans rien.
On
enchaînerait ensuite avec les cours normaux de terminale. Des horaires fixes et
fixés à l’avance, tout ce qu’il me fallait pour réussir et oublier le fiasco
des cours par correspondance que je n’avais pas su appréhender par manque
d’organisation et de volonté.
Ces cours
pouvaient être renforcés si l’équipe pédagogique sentait en moi le moindre
fléchissement. Pouvaient également s’y rajouter les cours de vacances au moment
de celles de février et Pâques.
Enfin, et
Sœur Marie-Joseph la rendait incontournable et donc obligatoire, la préparation
au bac, sorte de session de révisions dirigées. Avec tout ça, je ne pouvais que
réussir.
C’était
pour moi comme un grand chamboulement dans ma tête, un véritable feu d’artifice
d’émotions :
– Ma
Sœur… je… oui…
Sœur
Marie-Joseph sut y mettre un terme et coupa court :
– Madame,
réfléchissez sereinement et soumettez l’idée à votre mari. Votre enthousiasme
saura le persuader. Je vous attends sous huit jours avec lui afin de
concrétiser votre inscription à Ste-Marie.
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Quasiment que du F/F, décevant...
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerLa ligne éditoriale du blog me semble explicite. Ce qui fait point commun, ce n'est pas le sexe des personnes qui reçoivent la fessée, de ceux (celles) qui la donnent.
Il y a donc, et il y aura donc de nombreux récits basés sur une relation F/F, autant que F/H.
Désolé que vous deviez zapper certains d'entre eux.
Au plaisir de vous lire,
JLG.