Nous nous sommes retrouvés à
trois, au début de l’après-midi devant la porte de Sœur Marie-Odette. Je
n’avais pas très bien compris pourquoi je devais aller dans celle classe. Je me
renseignais auprès des autres.
« Comment
t’appelles-tu ? Pourquoi es-tu là ? »
C’était une fille de sixième qui
me répondit en premier.
« Moi c’est Justine. Je fais
plein de fautes d’orthographe. Ma professeure de français m’a collé pour cela.
Sœur Marie-Odette elle est spécialiste. Ça va être ma fête. »
Certes, je n’étais pas un
champion en orthographe, mais on ne m’avait pas fait de remarque à ce sujet.
J’appris, par la même occasion, que Sœur Marie-Odette était la professeure des
classes post-baccalauréat. La réponse du troisième larron ne m’apporta pas plus
d’éclaircissement.
« Hum, j’ai répondu à un
professeur, alors je fais la ronde des fessées. J’en ai pour une semaine.
– Qu’est-ce que c’est que
« la ronde des fessées » ?
– Oh, c’est nous qui avons appelé
ça comme ça. C’est une punition qui est donnée quand un …
– Où vous croyez-vous ? »
Sœur Marie-Odette était arrivée
sans que nous l’entendissions.
« N’oubliez pas que si vous
êtes ici, c’est parce que vous êtes punis. Je veux donc vous voir le nez contre
le mur, les mains croisées sur le sommet de vos crânes. »
Sans discuter nous obéîmes.
« C’est ainsi que,
dorénavant, vous attendrez vos professeurs lorsque vous êtes collés. Et en
silence ! »
J’entendis la porte de la classe
s’ouvrir, puis le silence s’installer. Je commençais à me demander combien de
temps Sœur Marie-Odette comptait nous laisser alignés tous les trois dans le
couloir, quand j’entendis ses pas derrière nous.
« Nous avons décidé une
reprise en mains des colles du week-end. C’était presque devenu des
villégiatures. Je vous préviens que nous ne laisserons plus rien passer. Le
plus petit bavardage, la moindre désobéissance, ce sera la fessée. »
En fait de villégiature, j’avais
connu mieux. Je ne voyais pas bien ce qu’on m’avait laissé passer depuis le
début de la semaine. Evidemment, je gardais ces remarques pour moi.
« Entrez en
classe ! »
Chacun récupéra son cartable et
silencieusement, je suivis mes deux camarades dans la classe.
« Justine, vous vous mettez
là. Axel, à la première table dans la rangée d’à côté. Robin, vous posez juste
votre cartable à cette place et vous allez vous mettre au coin. Je viens
m’occuper de vous dans quelques instants. »
Chacun exécuta les ordres qui le
concernaient. En quelques minutes, Sœur Marie-Odette avait installé le
cadre : nous étions en punition.
« Justine, il me semble
qu’il vous a été donné des règles de grammaire à copier en punition des trop
nombreuses fautes que vous avez faites cette semaine dans les dictées.
– Oui, ma Sœur.
– Faites donc ce travail pendant
que je m’occupe de vos camarades. Je vous ai préparé une dictée que nous ferons
tout à l’heure. Je vous conseille de bien connaître les règles que vous allez
copier. A défaut vos fesses en subiront les conséquences. »
Justine s’installa et commença sa
punition.
« Axel, nous allons travailler
sur votre rapport d’étude. Comme vous n’avez pas le temps de vous en occuper en
semaine, à cause de votre travail scolaire, nous y consacrerons du temps
pendant les colles du week-end. Vous serez donc collé au moins jusqu’à ce que
le rapport soit achevé. Je m’occuperai de superviser sa rédaction. Vous
partagerez votre temps entre la classe de Sœur Marie Véronique et la mienne
tant qu’elle jugera que votre niveau est insuffisant en mathématique. »
J’accusais le coup. Tous les
week-ends jusqu’à la fin du rapport. Compte tenu du peu de temps que je pouvais
consacrer à sa rédaction, cela me prendra toutes les semaines jusqu’à
Noël !
« Montrez-moi où vous en
êtes. »
Je constatais très vite que Sœur
Marie-Odette savait de quoi il était question quand il s’agissait de rédiger un
rapport d’études. Elle était bien plus exigeante que la Professeure Girard. En
un rien de temps, elle passa en revue toute la méthodologie de mon travail.
« Voici par quoi vous
commencerez le travail de cet après-midi : vous retravaillerez l’analyse
de la commande qui vous a été passée. Cette partie est indigente dans votre
travail. Cela s’apparente à de la paresse. »
Etre accusé de paresse à St Marie
signifiait être à un cheveu de recevoir une punition. C’était donc une affaire
sérieuse.
« Vous commencerez par
identifier les informations qui vous manquent et vous me ferez une proposition
de plan d’action pour les recueillir. Je pense qu’en une demi-heure, vous
devriez pouvoir y arriver. »
Je repris mon travail là où Sœur
Marie-Odette voulait que j’étoffe mon analyse. Je ne voyais pas vraiment ce que
j’aurais pu y rajouter. La commande de Sœur Marie Joseph était décrite en une
demi-page. Je trouvais ma rédaction assez claire. Afin de marquer ma bonne
volonté, je cherchais deux ou trois points qui pourraient être améliorés.
Sœur Marie-Odette déplaça une
chaise pour la positionner au milieu de l’estrade. Elle s’y assit.
« Robin, venez me voir que
je m’occupe de vous. »
Robin était un élève de première.
Il semblait largement plus âgé que les dix-sept ans qu’ont les élèves qui sont
dans ces classes quand ils ont suivi un parcours sans accroc. Sœur Marie-Odette
lui désigna l’endroit où elle l’attendait. Il se plaça devant elle, nous
tournant le dos. Sans aucun commentaire, la religieuse lui défit son pantalon
qu’elle fit tomber sur les chevilles du garçon qui attendait devant elle. Puis,
elle descendit la culotte dévoilant des fesses qui avaient dû subir une sévère
correction le matin même. Elles en portaient les traces bien visibles.
« Il semble mon garçon que
vous ayez répondu à Sœur Catherine alors qu’elle vous grondait suite à un
bavardage. »
Robin fixait le sol devant ses
pieds. Il attendait la suite que le déculottage avait annoncée sans ambages.
Son attitude passive ne collait pas avec les standards de St Marie. Sœur
Marie-Odette le prit par le bras pour tourner légèrement ses fesses vers elle.
Elle claqua alors les rondeurs à sa disposition. Robin peinait à rester sur
place tant l’impact de la main de la religieuse se faisait sentir sur tout le
bas de son dos.
« Quand je pose une question
à un élève, j’attends une réponse claire et audible. Est-ce
compris ? »
– Aïe, … oui ma Sœur !
– Répondez à ma question.
– Oui ma Sœur, j’ai répondu. Je
ne le ferai plus je le jure. »
La fessée reprit de plus belle.
Sœur Marie-Odette la prolongea jusqu’à ce que les fesses de Robin prennent une
teinte rouge clair.
« Vous apprendrez qu’on ne
jure pas à St Marie, votre promesses suffira.
– Oui, ma Sœur, je le promets, je
ne le ferai plus.
– Ça mon garçon, je veux bien le croire.
Après une semaine de fessée au début de chaque cours, je pense que vous serez
plus respectueux de vos professeurs. Comment appelez-vous cela ? La ronde
des fessées, je crois. C’est une appellation assez charmante et bien imagée
pour correspondre à la situation. »
Il suffisait de regarder la
couleur de ses fesses pour imaginer que l’envie de se montrer insolent lui
passerait bien vite.
- Vous êtes avec nous depuis peu
de temps, je crois.
– Oui, ma Sœur, cela fait un mois
et demi.
– Où étiez-vous avant ?
– Au lycée Anatole France, ma
Sœur.
– Pourquoi en êtes-vous
parti ?
– J’ai été renvoyé, ma Sœur.
– Et pourquoi ?
– Parce que je ne travaillais pas
…
– Poursuivez, mon garçon, je
crois qu’il y a autre chose.
– Et pour avoir été insolent avec
mes professeurs.
– Ici, vous ne serez pas renvoyé.
Vous serez juste fessé plus souvent. Cela vous a déjà été expliqué, n’est-ce
pas ?
– Oui, ma Sœur.
– Quel âge avez-vous ?
– Vingt-et-un ans, ma
Sœur. »
Cela confirmait l’impression que
j’avais eue.
« Vous avez donc redoublé.
Combien de fois ?
– Quatre fois, ma Sœur.
– Quatre redoublements, insolence
répétée envers ses professeurs, vous avez besoin de grandir, jeune homme. Nous
finirons bien par y arriver. Malgré vos vingt-et-un ans, vous vous comportez
toujours comme un enfant. La fessée vous fera beaucoup de bien. Qui vous l’a
donnée ce matin ?
– C’est Sœur Marie Joseph, ma
Sœur.
– Qu’a-t-elle utilisé pour
laisser de si élégantes marques sur vos fesses ?
– Une baguette de bois, ma Sœur.
– Ah, je vois. Après vous avoir
déculotté et sans doute une première fessée, elle vous a envoyé cueillir une
tige du noisetier qui pousse dans la cour de notre lycée. C’est bien
cela ?
– Oui, ma Sœur.
– Je dois donc me montrer à la
hauteur. Ma main n’y suffira pas et ma règle est trop habituelle. Il faut
quelque chose qui sorte de l’ordinaire. »
Sœur Marie-Odette prit un petit
temps de réflexion.
« Donnez-moi votre ceinture,
je pense qu’elle fera l’affaire. »
Robin se baissa pour enlever sa
ceinture des passants de son pantalon. Il la tendit à Sœur Marie-Odette. Elle
entoura l’extrémité de la ceinture autour de son poignet, en en laissant
prendre une cinquantaine de centimètres. Elle écarta ses genoux et désigna le
sol entre ses pieds.
« Mettez-vous à genoux,
là. »
Sœur Marie-Odette n’était pas
charpentée comme pouvait l’être Sœur Gabrielle. Elle était d’une taille
moyenne, ce qui fait que la plupart des grands garçons la dépassaient d’une
bonne tête. Elle compensait cette différence de taille en mettant les punis à
genoux pour recevoir leur fessée.
Elle coucha Robin sur sa cuisse
gauche, puis elle le colla contre son flanc. Sœur Gabrielle avait utilisé
plusieurs fois cette position pour me fesser. J’avais eu le sentiment d’être
parfaitement immobilisé dans cette position tout en laissant mes fesses
disposées pour la punition.
Sœur Marie-Odette leva la
ceinture et d’un mouvement ample, elle l’appliqua sur la fesse gauche de Robin.
L’extrémité de la lanière de cuir finit sa course sur le haut de la cuisse de
Robin. Il poussa un cri qui resta à moitié dans sa gorge. Je vis tout son corps
se contracter pour encaisser la brûlure qui se répandait du bas de son dos
jusqu’au milieu de ses cuisses.
Sœur Marie-Odette recommença de
l’autre côté. Cette fois-ci, Robin cria sa douleur sans chercher à se retenir.
Il avait maintenant deux larges marques parallèles rouge sombre qui croisaient
les sillons fins légèrement violacés que Sœur Marie Joseph avait dessinés le
matin-même. Robin se mit à pleurer dès la troisième fois où Sœur Marie-Odette abattit
la ceinture sur ses fesses.
L’usage de cet instrument punitif
obligeait la religieuse à prendre de l’élan pour que la large courroie de cuir
tombe à plat sur les fesses. Elle détachait donc tous ses coups l’un de
l’autre, prenant son temps pour administrer la fouettée.
Les marques bien distinctes l’une
de l’autre au début ne tardèrent pas à se chevaucher, puis à se confondre. Si
les fesses prenaient une couleur uniforme cramoisie, le haut des cuisses était
parsemé de marques en V, de la forme de l’extrémité de la ceinture, là où elle
avait fini sa course. Les fins sillons du matin ne se voyaient presque plus.
Le haut du corps, tenu par Sœur
Marie-Odette, ne remuait presque pas. Seule la tête suivait le rythme de la
fessée. Le bas, par contre, était agité, mais sans mouvement excessif. Les
genoux restant plaqués au sol, ce n’est que les hanches et les pieds qui, en
bougeant, signifiaient la rigueur de la correction. Si les fesses de Robin ne
faisaient que se tortiller sur le genou de Sœur Marie-Odette, ses pieds
battaient l’air sans discontinuer.
C’était surtout les cris de Robin
qui indiquaient combien la punition atteignait une efficacité certaine. Il
fondit en sanglots presque dès les premiers coups de ceinture. Il les
interrompait, à chaque fois que la courroie de cuir marquait ses fesses d’une
nouvelle trace écarlate, par un cri qui montait dans les aigus pour s’abîmer
dans des hoquets avant que ne reprennent les sanglots.
Justine comme moi étions
fascinés. Nous avions arrêtés notre travail pour contempler la correction. Je
ne pouvais pas détacher mes yeux des fesses de Robin. J’étais d’un côté soulagé
de ne pas être à sa place et d’autre part compatissant pour ce jeune adulte qui
subissait une punition exemplaire. Toutefois, je n’allais pas jusqu’à remettre
en cause la légitimité de la punition. Les faits qu’il avait reconnus, étaient
un motif largement suffisant pour justifier une fessée magistrale.
« Retournez au
coin ! »
Sœur Marie-Odette avait redressé
le garçon sur ses genoux. Il se tenait là sans savoir vraiment ce qu’il devait
faire. Il semblait ne plus trop savoir ce qu’il devait faire.
« Debout ! ordonna Sœur
Marie-Odette. »
Elle l’aida à se mettre sur ses
pieds et le prenant par le bras, elle le reconduisit au coin. Elle plaça ses
mains dans son dos, relevant la chemise et la coinçant sous mes bras de Robin.
« Maintenant, on ne bouge
plus ! »
Bien qu’étant visiblement
désemparé, Robin tint la position. L’habitude était la plus forte, l’obéissance
bien ancrée dans le cerveau de chacun d’entre nous. Seul le bruit qu’il faisait
en pleurant sortait de la norme admise à St Marie. Sœur Marie-Odette ne tarda
pas à le recadrer.
« Robin, vous êtes trop
bruyant. Vous gênez vos camarades. Je vous donne trente secondes pour cesser
tout ce boucan ! »
On ne discutait pas un ordre
aussi direct à St Marie. Robin savait que Sœur Marie-Odette ferait preuve de
patience, mais que celle-ci avait des limites qu’il ne convenait pas de
dépasser. Il lui fallut guère plus du temps due la religieuse lui avait donné
pour reprendre le contrôle de ses pleurs. Aux tressaillements qui le prenaient
régulièrement, je savais qu’il pleurait encore et qu’il ne maîtrisait pas
encore ses sanglots. Tout cela se faisait en silence.
Sœur Marie-Odette se retourna
vers Justine et moi. Avec une synchronisation quasi parfaite, nous revînmes à
notre travail.
Le calme revint dans la classe et
avec lui une atmosphère studieuse. Robin se faisait oublier dans son coin,
Justine et moi travaillions d’arrache-pied à ce que Sœur Marie-Odette nous
avait assigné. Je tentais d’écrire des choses intelligentes, mais en réalité je
ne savais pas où j’allais. Ce la dut se voir.
« Axel, montrez-moi le
travail que vous avez fait. »
Je me levais, sachant que
j’allais à la catastrophe. Sœur Marie-Odette examina ce que j’avais produit.
« Vous croyez-vous en
vacances ? Pensez-vous que vous ferez ce que je vous ai demandé lorsque
vous aurez le temps ? »
Sœur Marie-Odette se leva et elle
prit mon oreille entre son pouce et son index. Elle n’eut pas à tirer bien fort
pour ramener ma tête à hauteur de son épaule. Une nouvelle impulsion sur mon
oreille et nous marchâmes vers la chaise qu’elle avait laissée au milieu de
l’estrade, prévoyant ses futures utilisations.
Elle prit à peine le temps de
s’asseoir avant de déboucler ma ceinture. J’avais l’impression d’être pris dans
un tourbillon qui amena mon pantalon sous mes genoux. Elle m’approcha entre ses
cuisses qu’elle referma sur mes jambes. Elle tira sèchement sur ma culotte vers
le bas et en deux impulsions, elle la descendit en bas de mes cuisses. Me
tenant par le poignet, elle me fit tomber à genoux. Elle se pencha alors pour
me ceinturer le buste de son bras gauche. Moitié en me portant, moitié en me
tirant, elle me rapprocha de sa cuisse sur laquelle elle me hissa, puis elle me
plaque contre son flanc.
« Si vous avez cru qu’il
pouvait y avoir des petits paresseux dans ma classe, je tiens à vous détromper
au plus vite et le plus clairement possible. »
C’était la deuxième fois que je
recevais la fessée de la main de Sœur Marie-Odette. Je comprenais mieux
maintenant ce qu’elle avait voulu dire hier soir. J’aurais, probablement,
désormais de nombreuses occasions d’être puni par elle. Comme la veille, sa
fessée fut sèche, vigoureuse, chauffant mes fesses dès les premières claques,
les amenant rapidement à un niveau de cuisson insupportable que je dus pourtant
endurer.
Je demandais pardon, je promis,
je suppliais, tant que la douleur m’en laissa la possibilité. Puis, je laissais
sortir mes larmes en les accompagnant des cris déclenchés par chacune des
claques. Cette fessée n’avait rien à voir, question sévérité, avec celle que
Robin avait il y a quelques instants à peine, mais elle suffisait pour m’ôter
toute envie de me retrouver une nouvelle fois à plat ventre sur le genou de
Sœur Marie-Odette.
Quand elle me jugea suffisamment
puni, elle mit fin à la correction.
« Allez donc faire un séjour
au coin pour réfléchir aux avantages qu’il y a à faire les efforts nécessaires
pour fournir le travail demandé. »
Sœur Marie-Odette me désignait un
des coins encore inoccupé. Sans demander mon reste je m’y positionnais et je
laissais à Justine et à la religieuse un panorama imprenable sur mes fesses.
Dans un premier temps, je
récupérais de la fessée. Il fallut plusieurs minutes pour que je reprisse une
respiration à peu près normale et que la douleur qui émanait de mes fesses me
laissât la possibilité de penser à autre chose qu’à réprimer mon envie de les
masser. Puis, comme à chaque fois la honte de me montrer à demi-nu me submergea.
Mon éducation, jusqu’à
maintenant, en avait fait un tabou et je passais outre uniquement parce que j’y
étais contraint et forcé. Dans ma petite enfance, il m’avait été inculqué que
les enfants, et encore moins les grandes personnes, ne se montraient pas en
public dans une tenue indécente. La pudeur était considérée comme une
obligation à laquelle on ne pouvait pas déroger.
Dès trois ou quatre ans, il
n’était plus admis que je me dénude devant qui que ce soit, si ce n’était en
présence de ma mère. Cela ne se passait que lorsque nous étions en tête-à-tête
et généralement derrière la porte fermée de ma chambre ou de la salle de bain.
Cela donnait un petit sentiment d’interdit à cette nudité, comme quelque chose
d’un peu honteux qu’il fallait cacher.
Cette intimité avait cessé quand
j’avais eu sept ans. Je me souviens parfaitement, quelques jours après mon
anniversaire, quand ma mère m’avait réprimandé alors que je m’apprêtais à me
déshabiller devant elle.
« Un peu de pudeur, Axel. Il
n’est pas bienséant que tu te montres nu en public, y compris devant
moi. »
J’en avais été fier et mortifié.
Fier parce que cela me faisait passer dans le camp des grands. A compter de ce
jour, par contre, les contacts physiques avec ma mère disparurent
presque entièrement. Je n’avais plus le droit de me réfugier sur ses genoux et
je fus sevré de câlins. J’en avais pris mon partie tout en regardant avec envie
ma petite sœur qui avait encore le droit aux caresses maternelles.
Il fallait des circonstances
exceptionnelles pour que cette règle intangible fusse provisoirement levée. Les
quelques fois où je fus malade en firent partie. Ma mère, faisant son devoir,
me déculottait pour prendre ma température. Je sentais sa main m’écarter les
fesses pour y placer le thermomètre. L’attouchement était réel, troublant, mais
furtif. Elle cachait alors mes fesses nues sous les couvertures qu’elle
rabattait sur moi. Ôter le thermomètre se faisait presque sans que je
m’aperçoive, sa main ne touchait pas mes fesses, bien qu’elle allât chercher
l’instrument planté entre mes fesses sans ôter les couvertures. Je devais alors
me reculotter moi-même, sans les découvrir.
Il n’y avait pas de châtiment
corporel à la maison. Je crois que ni mon frère, ni ma sœur ni moi nous n’ayons
jamais pris une gifle et encore moins une fessée. Nous déculotter pour nous
punir était au-delà de tout ce que ma mère pouvait envisager. L’interdit qui
pesait sur le corps dans notre famille s’étendait aux modalités de punition.
Mon père n’était pas concerné par
ces aspects domestiques. Il n’était que très peu présent à la maison et je ne
l’ai, en fait, que peu connu, sauf comme une figure distante avec qui j’avais
peu de relations. C’est ma mère se chargeait de maintenir un semblant d’ordre
et ses punitions consistaient à nous isoler dans notre chambre et à de longues
privations qui variaient en fonction de notre âge : de dessert ou de
télévision pour les plus petits, d’argent de poche ou de sortie pour les plus
grands.
Il était courant que nous soyons
ainsi punis durant une longue période. Une semaine pour les plus coutes, mais
cela pouvait aller à un mois et mon argent de poche m’a été supprimé, une fois,
jusqu’à la fin de l’année scolaire, ce qui fit plus de trois mois.
La longueur de ces punitions les
transformait en habitude. Elles finissaient sans que cela soit réellement acté
et parfois, plus personne ne savait à quelle date la privation devait
s’achever. Il n’y avait ni pardon, ni réconciliation ce qui nous maintenait
dans une atmosphère de punition perpétuelle.
St Marie avait inversé les
normes. L’attention qui était portée à notre habillement montrait qu’une tenue
décente était attendue des jeunes gens qui fréquentaient l’établissement. La
nudité n’était pas un tabou. Elle était réservée à certains moments pendant lequel
nous perdions notre statut de jeunes adultes : les moments de toilette et
de punition. Nous étions alors ramenés aux temps de notre enfance, époque à
laquelle la pudeur était censée ne pas avoir cours. Les Sœurs assuraient alors
un rôle maternel dont personne ne se plaignait vraiment.
La fessée, la punition par
excellence à St Marie et la mise au coin ou au piquet passaient par une
exposition des parties intimes que des adultes étaient censés dissimuler sous
leurs vêtements. Les religieuses nous indiquaient ainsi que nous n’étions pas
encore assez matures pour prendre notre autonomie.
Les problématiques habituelles
des adolescents étaient mises de côté par l’attitude de ces mères de
substitution qui nous traitaient comme des enfants dès qu’il s’agissait d’autre
chose que de niveau scolaire. Elles nous maintenaient dans une dépendance
affective et matérielle, celle des petits enfants, ce qui était censé nous
centrer sur notre travail. Elles en obtenaient ainsi d’excellents résultats.
Je n’aimais pas ni recevoir la
fessée ni les mises au coin qui les prolongeaient. Les Sœurs savaient
transformer ces moments en des temps humiliants, douloureux et pendant lesquels
nous perdions notre statut social d’adulte, tout ce qu’on déteste à ces
âges-là. Toutefois, j’admettais d’y être soumis parce qu’elles étaient à chaque
fois justifiées et qu’elles s’achevaient par un pardon qui laissait la faute
commise derrière nous.
Les moments de tendresse passés
sur les genoux des Sœurs pour clore une punition comblaient un manque qui
remontait à ma petite enfance. Etre pris dans les bras, câliné, caressé,
consolé compensait toutes les fessées reçues et légitimaient les prochaines à
venir. Je redevenais alors le petit enfant qui n’avait pas eu son compte de
contact avec le corps de sa mère.
Les Sœurs assumaient les deux faces du rôle d’une
mère : celle qui puni son garçon quand il l’a mérité et celle qui le
console dans ses bras. Elles atteignaient un équilibre et créaient autour de
nous une sécurité affective, propice aux études.Peter Pan est en villégiature, nous n'aurons pas de ses dessins pour le moment.
Pour suivre le fil de cette histoire :
Comprendre le contexte : l'introduction
Le premier épisode : chapitre 1
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