samedi 7 avril 2018

Axel, élève à St Marie - chapitre 38

Nous nous sommes retrouvés à trois, au début de l’après-midi devant la porte de Sœur Marie-Odette. Je n’avais pas très bien compris pourquoi je devais aller dans celle classe. Je me renseignais auprès des autres.
« Comment t’appelles-tu ? Pourquoi es-tu là ? »
C’était une fille de sixième qui me répondit en premier.
« Moi c’est Justine. Je fais plein de fautes d’orthographe. Ma professeure de français m’a collé pour cela. Sœur Marie-Odette elle est spécialiste. Ça va être ma fête. »
Certes, je n’étais pas un champion en orthographe, mais on ne m’avait pas fait de remarque à ce sujet. J’appris, par la même occasion, que Sœur Marie-Odette était la professeure des classes post-baccalauréat. La réponse du troisième larron ne m’apporta pas plus d’éclaircissement.
« Hum, j’ai répondu à un professeur, alors je fais la ronde des fessées. J’en ai pour une semaine.
– Qu’est-ce que c’est que « la ronde des fessées » ? 
– Oh, c’est nous qui avons appelé ça comme ça. C’est une punition qui est donnée quand un …
 – Où vous croyez-vous ? »
Sœur Marie-Odette était arrivée sans que nous l’entendissions.
« N’oubliez pas que si vous êtes ici, c’est parce que vous êtes punis. Je veux donc vous voir le nez contre le mur, les mains croisées sur le sommet de vos crânes. »

Sans discuter nous obéîmes.
« C’est ainsi que, dorénavant, vous attendrez vos professeurs lorsque vous êtes collés. Et en silence ! »
J’entendis la porte de la classe s’ouvrir, puis le silence s’installer. Je commençais à me demander combien de temps Sœur Marie-Odette comptait nous laisser alignés tous les trois dans le couloir, quand j’entendis ses pas derrière nous.
« Nous avons décidé une reprise en mains des colles du week-end. C’était presque devenu des villégiatures. Je vous préviens que nous ne laisserons plus rien passer. Le plus petit bavardage, la moindre désobéissance, ce sera la fessée. »
En fait de villégiature, j’avais connu mieux. Je ne voyais pas bien ce qu’on m’avait laissé passer depuis le début de la semaine. Evidemment, je gardais ces remarques pour moi.
« Entrez en classe ! »
Chacun récupéra son cartable et silencieusement, je suivis mes deux camarades dans la classe.
« Justine, vous vous mettez là. Axel, à la première table dans la rangée d’à côté. Robin, vous posez juste votre cartable à cette place et vous allez vous mettre au coin. Je viens m’occuper de vous dans quelques instants. »
Chacun exécuta les ordres qui le concernaient. En quelques minutes, Sœur Marie-Odette avait installé le cadre : nous étions en punition.
« Justine, il me semble qu’il vous a été donné des règles de grammaire à copier en punition des trop nombreuses fautes que vous avez faites cette semaine dans les dictées.
– Oui, ma Sœur.
– Faites donc ce travail pendant que je m’occupe de vos camarades. Je vous ai préparé une dictée que nous ferons tout à l’heure. Je vous conseille de bien connaître les règles que vous allez copier. A défaut vos fesses en subiront les conséquences. »
Justine s’installa et commença sa punition.
« Axel, nous allons travailler sur votre rapport d’étude. Comme vous n’avez pas le temps de vous en occuper en semaine, à cause de votre travail scolaire, nous y consacrerons du temps pendant les colles du week-end. Vous serez donc collé au moins jusqu’à ce que le rapport soit achevé. Je m’occuperai de superviser sa rédaction. Vous partagerez votre temps entre la classe de Sœur Marie Véronique et la mienne tant qu’elle jugera que votre niveau est insuffisant en mathématique. »
J’accusais le coup. Tous les week-ends jusqu’à la fin du rapport. Compte tenu du peu de temps que je pouvais consacrer à sa rédaction, cela me prendra toutes les semaines jusqu’à Noël !
« Montrez-moi où vous en êtes. »
Je constatais très vite que Sœur Marie-Odette savait de quoi il était question quand il s’agissait de rédiger un rapport d’études. Elle était bien plus exigeante que la Professeure Girard. En un rien de temps, elle passa en revue toute la méthodologie de mon travail.
« Voici par quoi vous commencerez le travail de cet après-midi : vous retravaillerez l’analyse de la commande qui vous a été passée. Cette partie est indigente dans votre travail. Cela s’apparente à de la paresse. »
Etre accusé de paresse à St Marie signifiait être à un cheveu de recevoir une punition. C’était donc une affaire sérieuse.
« Vous commencerez par identifier les informations qui vous manquent et vous me ferez une proposition de plan d’action pour les recueillir. Je pense qu’en une demi-heure, vous devriez pouvoir y arriver. »
Je repris mon travail là où Sœur Marie-Odette voulait que j’étoffe mon analyse. Je ne voyais pas vraiment ce que j’aurais pu y rajouter. La commande de Sœur Marie Joseph était décrite en une demi-page. Je trouvais ma rédaction assez claire. Afin de marquer ma bonne volonté, je cherchais deux ou trois points qui pourraient être améliorés.

Sœur Marie-Odette déplaça une chaise pour la positionner au milieu de l’estrade. Elle s’y assit.
« Robin, venez me voir que je m’occupe de vous. »
Robin était un élève de première. Il semblait largement plus âgé que les dix-sept ans qu’ont les élèves qui sont dans ces classes quand ils ont suivi un parcours sans accroc. Sœur Marie-Odette lui désigna l’endroit où elle l’attendait. Il se plaça devant elle, nous tournant le dos. Sans aucun commentaire, la religieuse lui défit son pantalon qu’elle fit tomber sur les chevilles du garçon qui attendait devant elle. Puis, elle descendit la culotte dévoilant des fesses qui avaient dû subir une sévère correction le matin même. Elles en portaient les traces bien visibles.
« Il semble mon garçon que vous ayez répondu à Sœur Catherine alors qu’elle vous grondait suite à un bavardage. »
Robin fixait le sol devant ses pieds. Il attendait la suite que le déculottage avait annoncée sans ambages. Son attitude passive ne collait pas avec les standards de St Marie. Sœur Marie-Odette le prit par le bras pour tourner légèrement ses fesses vers elle. Elle claqua alors les rondeurs à sa disposition. Robin peinait à rester sur place tant l’impact de la main de la religieuse se faisait sentir sur tout le bas de son dos.
« Quand je pose une question à un élève, j’attends une réponse claire et audible. Est-ce compris ? »
– Aïe, … oui ma Sœur !
– Répondez à ma question.
– Oui ma Sœur, j’ai répondu. Je ne le ferai plus je le jure. »
La fessée reprit de plus belle. Sœur Marie-Odette la prolongea jusqu’à ce que les fesses de Robin prennent une teinte rouge clair.
« Vous apprendrez qu’on ne jure pas à St Marie, votre promesses suffira.
– Oui, ma Sœur, je le promets, je ne le ferai plus.
– Ça mon garçon, je veux bien le croire. Après une semaine de fessée au début de chaque cours, je pense que vous serez plus respectueux de vos professeurs. Comment appelez-vous cela ? La ronde des fessées, je crois. C’est une appellation assez charmante et bien imagée pour correspondre à la situation. »
Il suffisait de regarder la couleur de ses fesses pour imaginer que l’envie de se montrer insolent lui passerait bien vite.
- Vous êtes avec nous depuis peu de temps, je crois.
– Oui, ma Sœur, cela fait un mois et demi.
– Où étiez-vous avant ?
– Au lycée Anatole France, ma Sœur.
– Pourquoi en êtes-vous parti ?
– J’ai été renvoyé, ma Sœur.
– Et pourquoi ?
– Parce que je ne travaillais pas …
– Poursuivez, mon garçon, je crois qu’il y a autre chose.
– Et pour avoir été insolent avec mes professeurs.
– Ici, vous ne serez pas renvoyé. Vous serez juste fessé plus souvent. Cela vous a déjà été expliqué, n’est-ce pas ?
– Oui, ma Sœur.
– Quel âge avez-vous ?
– Vingt-et-un ans, ma Sœur. »
Cela confirmait l’impression que j’avais eue.
« Vous avez donc redoublé. Combien de fois ?
– Quatre fois, ma Sœur.
– Quatre redoublements, insolence répétée envers ses professeurs, vous avez besoin de grandir, jeune homme. Nous finirons bien par y arriver. Malgré vos vingt-et-un ans, vous vous comportez toujours comme un enfant. La fessée vous fera beaucoup de bien. Qui vous l’a donnée ce matin ?
– C’est Sœur Marie Joseph, ma Sœur.
– Qu’a-t-elle utilisé pour laisser de si élégantes marques sur vos fesses ?
– Une baguette de bois, ma Sœur.
– Ah, je vois. Après vous avoir déculotté et sans doute une première fessée, elle vous a envoyé cueillir une tige du noisetier qui pousse dans la cour de notre lycée. C’est bien cela ?
– Oui, ma Sœur.
– Je dois donc me montrer à la hauteur. Ma main n’y suffira pas et ma règle est trop habituelle. Il faut quelque chose qui sorte de l’ordinaire. »
Sœur Marie-Odette prit un petit temps de réflexion.
« Donnez-moi votre ceinture, je pense qu’elle fera l’affaire. »
Robin se baissa pour enlever sa ceinture des passants de son pantalon. Il la tendit à Sœur Marie-Odette. Elle entoura l’extrémité de la ceinture autour de son poignet, en en laissant prendre une cinquantaine de centimètres. Elle écarta ses genoux et désigna le sol entre ses pieds.
« Mettez-vous à genoux, là. »
Sœur Marie-Odette n’était pas charpentée comme pouvait l’être Sœur Gabrielle. Elle était d’une taille moyenne, ce qui fait que la plupart des grands garçons la dépassaient d’une bonne tête. Elle compensait cette différence de taille en mettant les punis à genoux pour recevoir leur fessée.
Elle coucha Robin sur sa cuisse gauche, puis elle le colla contre son flanc. Sœur Gabrielle avait utilisé plusieurs fois cette position pour me fesser. J’avais eu le sentiment d’être parfaitement immobilisé dans cette position tout en laissant mes fesses disposées pour la punition.
Sœur Marie-Odette leva la ceinture et d’un mouvement ample, elle l’appliqua sur la fesse gauche de Robin. L’extrémité de la lanière de cuir finit sa course sur le haut de la cuisse de Robin. Il poussa un cri qui resta à moitié dans sa gorge. Je vis tout son corps se contracter pour encaisser la brûlure qui se répandait du bas de son dos jusqu’au milieu de ses cuisses.
Sœur Marie-Odette recommença de l’autre côté. Cette fois-ci, Robin cria sa douleur sans chercher à se retenir. Il avait maintenant deux larges marques parallèles rouge sombre qui croisaient les sillons fins légèrement violacés que Sœur Marie Joseph avait dessinés le matin-même. Robin se mit à pleurer dès la troisième fois où Sœur Marie-Odette abattit la ceinture sur ses fesses.
L’usage de cet instrument punitif obligeait la religieuse à prendre de l’élan pour que la large courroie de cuir tombe à plat sur les fesses. Elle détachait donc tous ses coups l’un de l’autre, prenant son temps pour administrer la fouettée.
Les marques bien distinctes l’une de l’autre au début ne tardèrent pas à se chevaucher, puis à se confondre. Si les fesses prenaient une couleur uniforme cramoisie, le haut des cuisses était parsemé de marques en V, de la forme de l’extrémité de la ceinture, là où elle avait fini sa course. Les fins sillons du matin ne se voyaient presque plus.
Le haut du corps, tenu par Sœur Marie-Odette, ne remuait presque pas. Seule la tête suivait le rythme de la fessée. Le bas, par contre, était agité, mais sans mouvement excessif. Les genoux restant plaqués au sol, ce n’est que les hanches et les pieds qui, en bougeant, signifiaient la rigueur de la correction. Si les fesses de Robin ne faisaient que se tortiller sur le genou de Sœur Marie-Odette, ses pieds battaient l’air sans discontinuer.
C’était surtout les cris de Robin qui indiquaient combien la punition atteignait une efficacité certaine. Il fondit en sanglots presque dès les premiers coups de ceinture. Il les interrompait, à chaque fois que la courroie de cuir marquait ses fesses d’une nouvelle trace écarlate, par un cri qui montait dans les aigus pour s’abîmer dans des hoquets avant que ne reprennent les sanglots.
Justine comme moi étions fascinés. Nous avions arrêtés notre travail pour contempler la correction. Je ne pouvais pas détacher mes yeux des fesses de Robin. J’étais d’un côté soulagé de ne pas être à sa place et d’autre part compatissant pour ce jeune adulte qui subissait une punition exemplaire. Toutefois, je n’allais pas jusqu’à remettre en cause la légitimité de la punition. Les faits qu’il avait reconnus, étaient un motif largement suffisant pour justifier une fessée magistrale.
« Retournez au coin ! »
Sœur Marie-Odette avait redressé le garçon sur ses genoux. Il se tenait là sans savoir vraiment ce qu’il devait faire. Il semblait ne plus trop savoir ce qu’il devait faire.
« Debout ! ordonna Sœur Marie-Odette. »
Elle l’aida à se mettre sur ses pieds et le prenant par le bras, elle le reconduisit au coin. Elle plaça ses mains dans son dos, relevant la chemise et la coinçant sous mes bras de Robin.
« Maintenant, on ne bouge plus ! »
Bien qu’étant visiblement désemparé, Robin tint la position. L’habitude était la plus forte, l’obéissance bien ancrée dans le cerveau de chacun d’entre nous. Seul le bruit qu’il faisait en pleurant sortait de la norme admise à St Marie. Sœur Marie-Odette ne tarda pas à le recadrer.
« Robin, vous êtes trop bruyant. Vous gênez vos camarades. Je vous donne trente secondes pour cesser tout ce boucan ! »
On ne discutait pas un ordre aussi direct à St Marie. Robin savait que Sœur Marie-Odette ferait preuve de patience, mais que celle-ci avait des limites qu’il ne convenait pas de dépasser. Il lui fallut guère plus du temps due la religieuse lui avait donné pour reprendre le contrôle de ses pleurs. Aux tressaillements qui le prenaient régulièrement, je savais qu’il pleurait encore et qu’il ne maîtrisait pas encore ses sanglots. Tout cela se faisait en silence.
Sœur Marie-Odette se retourna vers Justine et moi. Avec une synchronisation quasi parfaite, nous revînmes à notre travail.

Le calme revint dans la classe et avec lui une atmosphère studieuse. Robin se faisait oublier dans son coin, Justine et moi travaillions d’arrache-pied à ce que Sœur Marie-Odette nous avait assigné. Je tentais d’écrire des choses intelligentes, mais en réalité je ne savais pas où j’allais. Ce la dut se voir.
« Axel, montrez-moi le travail que vous avez fait. »
Je me levais, sachant que j’allais à la catastrophe. Sœur Marie-Odette examina ce que j’avais produit.
« Vous croyez-vous en vacances ? Pensez-vous que vous ferez ce que je vous ai demandé lorsque vous aurez le temps ? »
Sœur Marie-Odette se leva et elle prit mon oreille entre son pouce et son index. Elle n’eut pas à tirer bien fort pour ramener ma tête à hauteur de son épaule. Une nouvelle impulsion sur mon oreille et nous marchâmes vers la chaise qu’elle avait laissée au milieu de l’estrade, prévoyant ses futures utilisations.
Elle prit à peine le temps de s’asseoir avant de déboucler ma ceinture. J’avais l’impression d’être pris dans un tourbillon qui amena mon pantalon sous mes genoux. Elle m’approcha entre ses cuisses qu’elle referma sur mes jambes. Elle tira sèchement sur ma culotte vers le bas et en deux impulsions, elle la descendit en bas de mes cuisses. Me tenant par le poignet, elle me fit tomber à genoux. Elle se pencha alors pour me ceinturer le buste de son bras gauche. Moitié en me portant, moitié en me tirant, elle me rapprocha de sa cuisse sur laquelle elle me hissa, puis elle me plaque contre son flanc.
« Si vous avez cru qu’il pouvait y avoir des petits paresseux dans ma classe, je tiens à vous détromper au plus vite et le plus clairement possible. »
C’était la deuxième fois que je recevais la fessée de la main de Sœur Marie-Odette. Je comprenais mieux maintenant ce qu’elle avait voulu dire hier soir. J’aurais, probablement, désormais de nombreuses occasions d’être puni par elle. Comme la veille, sa fessée fut sèche, vigoureuse, chauffant mes fesses dès les premières claques, les amenant rapidement à un niveau de cuisson insupportable que je dus pourtant endurer.
Je demandais pardon, je promis, je suppliais, tant que la douleur m’en laissa la possibilité. Puis, je laissais sortir mes larmes en les accompagnant des cris déclenchés par chacune des claques. Cette fessée n’avait rien à voir, question sévérité, avec celle que Robin avait il y a quelques instants à peine, mais elle suffisait pour m’ôter toute envie de me retrouver une nouvelle fois à plat ventre sur le genou de Sœur Marie-Odette.
Quand elle me jugea suffisamment puni, elle mit fin à la correction.
« Allez donc faire un séjour au coin pour réfléchir aux avantages qu’il y a à faire les efforts nécessaires pour fournir le travail demandé. »
Sœur Marie-Odette me désignait un des coins encore inoccupé. Sans demander mon reste je m’y positionnais et je laissais à Justine et à la religieuse un panorama imprenable sur mes fesses.

Dans un premier temps, je récupérais de la fessée. Il fallut plusieurs minutes pour que je reprisse une respiration à peu près normale et que la douleur qui émanait de mes fesses me laissât la possibilité de penser à autre chose qu’à réprimer mon envie de les masser. Puis, comme à chaque fois la honte de me montrer à demi-nu me submergea.
Mon éducation, jusqu’à maintenant, en avait fait un tabou et je passais outre uniquement parce que j’y étais contraint et forcé. Dans ma petite enfance, il m’avait été inculqué que les enfants, et encore moins les grandes personnes, ne se montraient pas en public dans une tenue indécente. La pudeur était considérée comme une obligation à laquelle on ne pouvait pas déroger.
Dès trois ou quatre ans, il n’était plus admis que je me dénude devant qui que ce soit, si ce n’était en présence de ma mère. Cela ne se passait que lorsque nous étions en tête-à-tête et généralement derrière la porte fermée de ma chambre ou de la salle de bain. Cela donnait un petit sentiment d’interdit à cette nudité, comme quelque chose d’un peu honteux qu’il fallait cacher.
Cette intimité avait cessé quand j’avais eu sept ans. Je me souviens parfaitement, quelques jours après mon anniversaire, quand ma mère m’avait réprimandé alors que je m’apprêtais à me déshabiller devant elle.
« Un peu de pudeur, Axel. Il n’est pas bienséant que tu te montres nu en public, y compris devant moi. »
J’en avais été fier et mortifié. Fier parce que cela me faisait passer dans le camp des grands. A compter de ce jour, par contre, les contacts physiques avec ma mère disparurent presque entièrement. Je n’avais plus le droit de me réfugier sur ses genoux et je fus sevré de câlins. J’en avais pris mon partie tout en regardant avec envie ma petite sœur qui avait encore le droit aux caresses maternelles.
Il fallait des circonstances exceptionnelles pour que cette règle intangible fusse provisoirement levée. Les quelques fois où je fus malade en firent partie. Ma mère, faisant son devoir, me déculottait pour prendre ma température. Je sentais sa main m’écarter les fesses pour y placer le thermomètre. L’attouchement était réel, troublant, mais furtif. Elle cachait alors mes fesses nues sous les couvertures qu’elle rabattait sur moi. Ôter le thermomètre se faisait presque sans que je m’aperçoive, sa main ne touchait pas mes fesses, bien qu’elle allât chercher l’instrument planté entre mes fesses sans ôter les couvertures. Je devais alors me reculotter moi-même, sans les découvrir.
Il n’y avait pas de châtiment corporel à la maison. Je crois que ni mon frère, ni ma sœur ni moi nous n’ayons jamais pris une gifle et encore moins une fessée. Nous déculotter pour nous punir était au-delà de tout ce que ma mère pouvait envisager. L’interdit qui pesait sur le corps dans notre famille s’étendait aux modalités de punition.
Mon père n’était pas concerné par ces aspects domestiques. Il n’était que très peu présent à la maison et je ne l’ai, en fait, que peu connu, sauf comme une figure distante avec qui j’avais peu de relations. C’est ma mère se chargeait de maintenir un semblant d’ordre et ses punitions consistaient à nous isoler dans notre chambre et à de longues privations qui variaient en fonction de notre âge : de dessert ou de télévision pour les plus petits, d’argent de poche ou de sortie pour les plus grands.
Il était courant que nous soyons ainsi punis durant une longue période. Une semaine pour les plus coutes, mais cela pouvait aller à un mois et mon argent de poche m’a été supprimé, une fois, jusqu’à la fin de l’année scolaire, ce qui fit plus de trois mois.
La longueur de ces punitions les transformait en habitude. Elles finissaient sans que cela soit réellement acté et parfois, plus personne ne savait à quelle date la privation devait s’achever. Il n’y avait ni pardon, ni réconciliation ce qui nous maintenait dans une atmosphère de punition perpétuelle.
St Marie avait inversé les normes. L’attention qui était portée à notre habillement montrait qu’une tenue décente était attendue des jeunes gens qui fréquentaient l’établissement. La nudité n’était pas un tabou. Elle était réservée à certains moments pendant lequel nous perdions notre statut de jeunes adultes : les moments de toilette et de punition. Nous étions alors ramenés aux temps de notre enfance, époque à laquelle la pudeur était censée ne pas avoir cours. Les Sœurs assuraient alors un rôle maternel dont personne ne se plaignait vraiment.
La fessée, la punition par excellence à St Marie et la mise au coin ou au piquet passaient par une exposition des parties intimes que des adultes étaient censés dissimuler sous leurs vêtements. Les religieuses nous indiquaient ainsi que nous n’étions pas encore assez matures pour prendre notre autonomie.
Les problématiques habituelles des adolescents étaient mises de côté par l’attitude de ces mères de substitution qui nous traitaient comme des enfants dès qu’il s’agissait d’autre chose que de niveau scolaire. Elles nous maintenaient dans une dépendance affective et matérielle, celle des petits enfants, ce qui était censé nous centrer sur notre travail. Elles en obtenaient ainsi d’excellents résultats.
Je n’aimais pas ni recevoir la fessée ni les mises au coin qui les prolongeaient. Les Sœurs savaient transformer ces moments en des temps humiliants, douloureux et pendant lesquels nous perdions notre statut social d’adulte, tout ce qu’on déteste à ces âges-là. Toutefois, j’admettais d’y être soumis parce qu’elles étaient à chaque fois justifiées et qu’elles s’achevaient par un pardon qui laissait la faute commise derrière nous.
Les moments de tendresse passés sur les genoux des Sœurs pour clore une punition comblaient un manque qui remontait à ma petite enfance. Etre pris dans les bras, câliné, caressé, consolé compensait toutes les fessées reçues et légitimaient les prochaines à venir. Je redevenais alors le petit enfant qui n’avait pas eu son compte de contact avec le corps de sa mère.
Les Sœurs assumaient les deux faces du rôle d’une mère : celle qui puni son garçon quand il l’a mérité et celle qui le console dans ses bras. Elles atteignaient un équilibre et créaient autour de nous une sécurité affective, propice aux études.


Peter Pan est en villégiature, nous n'aurons pas de ses dessins pour le moment.

Pour suivre le fil de cette histoire :

Comprendre le contexte : l'introduction
Le premier épisode : chapitre 1


L'épisode précédent : chapitre 37
L'épisode suivant : chapitre 39

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