Si mes résultats en mathématiques
s’améliorèrent, ils ne furent jamais transcendants. Exceptionnellement
au-dessus de la moyenne, la plupart du temps juste en dessous et de temps en
temps très mauvais. Cela me valait autant de fessées et Sœur Marie Véronique ne
m’en épargna pas une.
Elle estimait qu’en travaillant,
je pouvais encore faire des progrès. J’étais donc collé chaque week-end pendant
lequel je passais mon temps entre la classe de Sœur Marie Véronique pour faire
des mathématiques et celle de Sœur Marie-Odette qui supervisait l’écriture du
rapport d’étude.
Etonnamment, ce n’était pas en
colle de mathématique que je recevais le plus souvent la fessée. Sœur Marie
Véronique me donnait une leçon à apprendre, puis elle me testait avec des
exercices d’application du cours que je venais d’apprendre. Utilisant la
méthode qu’elle m’avait apprise lors de la première colle, je m’en sortais avec
peu de fautes. C’était plus difficile sur l’exercice qu’elle me donnait en fin de
matinée. Il avait une portée plus générale et faisait appel également aux
leçons apprises lors des précédentes colles. Il n’était alors pas rare que je
fus fessé, pour avoir oublié ce que je savais si bien l’une des semaines antérieures.
Sœur Marie-Odette était très
exigeante. Elle sanctionnait toutes les erreurs et je me retrouvais à genoux
devant elle, la culotte baissée, souvent plusieurs fois, à chaque après-midi.
Mes tableaux d’analyse statistique en furent une cause récurrente. Entre les
fautes méthodologiques, les étourderies et les erreurs de calcul, ils me
valurent la plupart des fessées que Sœur Marie-Odette m’administrât.
J’avais un sentiment mitigé sur
ces week-ends de colle. Il y avait de nombreux moments difficiles : les
fessées obligatoires avant le coucher, celles provoquées par un travail
scolaire déficient ou par un comportement interdit, cela faisait de nombreuses
situations d’où je sortais les fesses endolories. Se rajoutait l’obligation de
se tenir au piquet, les mains sur la tête dès que nous avions un temps
d’attente. Ce n’était donc pas une partie de plaisir.
D’un autre côté, comme nous
étions peu nombreux, les sœurs avaient tendance à nous chouchouter un peu. Je
passais plus de temps sur les genoux ou dans les bras d’une des Sœurs pendant
le week-end que pendant toute la semaine. Bien que cela se déroulât souvent
suite à une fessée, j’appréciais particulièrement ces moments.
Je restais donc confiné à St
Marie entre les vacances d’automne et celles de Noël. Je songeais parfois à ce
que mes colocataires pouvaient penser de mon absence. Julie avait sans doute
quelques éléments pour comprendre. Elle savait que je suivais le rythme des
élèves et que j’étais soumis à la même discipline qu’eux. S’en était-elle
ouverte à Marc ? L’avait-elle mis au courant ?
J’eus de leur nouvelles de façon
indirecte. Sœur Gabrielle m’en entretint.
« Julie, ta colocataire, m’a
téléphoné. Elle s’inquiétait de ne pas te voir ces trois derniers week-ends. Je
lui ai expliqué que, comme ton travail n’était pas satisfaisant, tu étais
collé. Elle m’a fait passer un message pour toi. Elle te fait dire que tu dois
préparer tes fesses car elle te punira sévèrement quand tu rentreras à la
maison. »
Le régime que je subissais à St
Marie s’étendait maintenait à ma demeure. Pendant les dernières vacances, Julie
avait pris le pli de me punir, je n’imaginais pas un seul instant qu’elle
abandonnât cette habitude. Mon retour à la maison serait douloureux.
Il n’est pas tout à fait exact de
prétendre que je n’aie pas mis le pied en dehors de St Marie des mois de
novembre et décembre. J’avais des rendez-vous avec le professeure Girard. Ils
m’obligeaient à me rendre à son bureau.
Je ne savais pas comment cela
pouvait être compatible avec les horaires et les règles de St Marie. Je m’en
ouvris à Sœur Gabrielle qui m’expliqua que ce genre de situation était prévu.
Quand des internes devaient sortir en semaine, cela n’était possible que pour
des raisons dument identifiées. Il leur était remis un bon de sortie qu’ils
devaient faire signer par leur interlocuteur chez qui ils se rendaient. Je
devais donc faire la demande de ce sésame auprès de Sœur Marie Madeleine qui en
vérifierait le bien-fondé auprès de la directrice.
Je reçu cette autorisation sans
difficulté et, en milieu d’après-midi, je me retrouvais dans la rue, ce qui ne
m’était pas arrivé depuis plusieurs semaines. En tout premier lieu, j’eus un
sentiment de liberté. La surveillance étroite qui pesait sur moi en permanence,
venait de disparaître. Ce sentiment fut tempéré par le peu de temps dont je
disposais pour en jouir. Cette parenthèse serait de courte durée. J’avais juste
le temps nécessaire pour me rendre à mon rendez-vous avec la professeure
Girard. Peu importe, j’avais un moment où je pouvais me croire de nouveau un
adulte.
J’arrivais au bureau de ma
directrice de laboratoire cinq minutes avant l’heure et elle me fit entrer un
petit quart d’heure plus tard.
« Bonjour, Axel, entrez
donc. Asseyez-vous. »
Je vis l’étonnement dans ses yeux
quand elle fit attention à moi.
« Vous portez l’uniforme de
Sœur Thérèse !
– Oui, professeure, j’ai pensé
que c’était mieux. »
Il n’était, bien évidemment pas
question que je lui expose mon nouveau statut. Cela m’aurait amené devoir
parler de fessées que je recevais et je ne tenais pas à ce que cette
information fuite au-delà des murs de l’établissement.
« C’est plus facile pour
m’intégrer dans le groupe des élèves. »
Je lui sortis un argumentaire
parlant d’observation participante, d’immersion dans mon sujet d’études, ce
qu’elle sembla admettre sans trop de difficulté.
« Sœur Marie Joseph est-elle
d’accord ?
– Bien entendu, professeure, je
ne l’ai fait qu’avec son accord.
- Je dois avouer que ce costume
vous va bien. Il vous rajeunit. Si je ne vous connaissais pas, j’aurais pu
penser que vous aviez à peine dix-huit ans. Vous devez vous fondre dans la
masse des élèves sans problème. »
Si elle savait combien j’y étais
parfaitement intégré !
« Voyons ce que cela donne sur votre
travail. »
Nous passâmes au rapport d’étude.
La professeure Girard prit connaissance de mes écrits.
« C’est bon, fit-elle. Très
bon. Vous vous améliorez très nettement. C’est le meilleur travail que vous
avez fourni dans ce laboratoire. J’aime particulièrement la façon dont vous
avez exposé la commande qui nous a été passée. Cela objective clairement la
suite. »
J’étais d’accord avec elle. Le
niveau d’exigence de Sœur Marie-Odette se répercutait sur mon travail. Je
passais sous silence les fessées reçues pour arriver à ce résultat.
« Même ce tableau de
chiffres semble bon. Vous qui m’aviez habitué à vous tromper régulièrement dans
vos calculs ! Pas une erreur. Vous progressez, Axel, pas de doute.
Continuez comme cela et je vous confierai du travail plus important avec plus
de responsabilité. »
Je n’étais pas certain de souhaiter
« continuer comme cela. » J’avais en perspective la fin du trimestre,
date à laquelle je remettrai le rapport d’étude et qui verrai, ipso facto, la
fin de mon séjour à St Marie. Sans doute la qualité de mes productions s’en
ressentirait, mais il n’y aurait plus personne pour me déculotter à tout
bout-de-champ. C’est cela qui était important.
« Sauf Julie, pensais-je
dans un éclair de lucidité. »
Comment me sortir de son emprise
sur moi ?
« Prenons les problèmes l’un
après l’autre. Finissons-en d’abord avec St Marie, décrétais-je intérieurement.
Pour Julie, nous verrons plus tard. »
Quand je repris conscience de ce
qui m’entourait, la professeure Girard me regardait fixement.
« Dites-moi, Axel, êtes-vous
avec moi ? Je n’ai pas l’habitude que mes collaborateurs rêvassent pendant
que je travaille avec eux.
– Excusez-moi, professeure, je
songeais à ce que vous veniez de me dire.
– Vous aurez tout le temps de
réfléchir à la suite de votre carrière quand vous aurez rendu ce travail.
Reprenons ! »
Nous fîmes le tour de ce qui
restait à écrire pour finaliser le rapport et les suggestions que fit la
professeure Girard me semblèrent judicieuses, comme c’était le cas à chaque
fois. Il fut convenu d’un nouveau rendez-vous que ma cheffe de laboratoire fixa
quelques jours avant de rendre le dossier, afin de préparer l’intervention
devant le Conseil d’Administration.
« Axel, je vais vous confier
une lettre pour Sœur Marie Joseph afin de lui confirmer que nous rendrons bien
le rapport au jour dit. »
Elle rédigea la lettre sur son
ordinateur, elle la signa puis la mit dans une enveloppe qu’elle ne cacheta
pas. J’eus, une seconde, la tentation de lui demander de signer le bon de
sortie. Les questions qui s’en suivraient seraient bien trop gênantes. Je
résolus de n’en rien faire.
C’est une fois installé dans le
bus qui me ramenait à St Marie, que ma situation me parut inextricable :
mon bon de sortie n’était pas signé. Je ne pouvais pas rentrer ainsi, sans
risquer d’être puni. Il était, de plus, fort probable que, par téléphone, Sœur
Marie Joseph fasse une vérification de ma présence à l’entretien avec la
professeure Girard, ce qui dévoilerait toute l’affaire. Il n’y avait qu’une
autre solution.
J’étudiais le courrier qui
m’avait été confié. Avec un peu d’entraînement, je devrais être capable
d’imiter la signature. Lors de mon parcours scolaire, j’avais eu à recourir à
de tels expédients à plusieurs reprises. J’avais contrefait la signature de ma
mère pour me sortir, sans dommage, de situations délicates. Toutes ces tentatives
avaient été couronnées de succès.
Avais-je perdu la main ? Les
premiers essais produisirent un résultat peu crédible. Peu à peu, je pris le
coup de main et mon imitation devint suffisamment semblable pour résister à un
examen superficiel. Il fallait juste que la signature originale et la copie ne
soient pas examinées en même temps. Je pris mon souffle et d’une main ferme je
signais le bon de sortie.
Mon cœur battait la chamade quand
je remis le bon de sortie à Sœur Marie Hortense, la préfète de discipline qui
contrôlait les entrées à la porte de l’établissement. Je fus presqu’étonné
quand elle me laissa passer sans autre commentaire que de rejoindre mes
camarades en étude. J’étais encore tremblant quand je remis le courrier de la
professeure Girard à Sœur Marie Madeleine. Elle ne fit pourtant aucune
remarque.
Installé en étude, je n’arrivais
pas à croire que j’étais passé entre les mailles du filet. J’imaginais les
conséquences si ma contrefaçon était découverte. J’en tremblais d’avance. La
correction serait mémorable et sans doute durable. Je me voyais déjà passant au
piquet toutes les récréations de la semaine à venir, ce qui n’irait pas sans
que Sœur Marie Hortense utilise sa terrible lanière sur mes fesses. J’en avais
vu le résultat, je ne pouvais pas courir ce risque.
Je devais avouer ma faute à Sœur
Gabrielle. Il était certain qu’elle m’en punirait. Je me préparais à une fessée
magistrale, mais « faute avouée étant à moitié pardonnée », je
comptais que cela en resterait là. J’avais pris cette résolution quand Sœur
Marie-Renée qui surveillait l’étude remarqua mon peu d’assiduité à mon travail
scolaire.
« Avez-vous besoin d’une
fessée, Axel, pour vous mettre au travail ? »
Je me concentrais sur mes
devoirs. Il n’y aurait pas de deuxième avertissement. A ma prochaine
distraction, la fessée était certaine. Cependant, je me sentais plus serin. Je
m’en remettrai à Sœur Gabrielle, elle saurait comment me sortir du mauvais pas
dans lequel je m’étais fourré.
A quel moment aborder le sujet
avec Sœur Gabrielle ? Dès que je fus en sa présence, ma résolution
faiblit. Je vivais par anticipation la formidable fessée qu’elle ne manquerait
pas de m’administrer, ce qui serait parfaitement justifié. Le nœud dans mon
ventre grossissait plus nous nous approchions du moment où je ne pourrai plus
reculer. Je laissais passer le dîner. C’est quand elle viendrait vérifier mes
leçons qu’il faudra lui en parler.
Cela ne se déroula pas du tout
comme je l’avais imaginé. Dès le repas, je remarquais que Sœur Gabrielle était
de mauvaise humeur. Cela se voyait à des froncements de sourcils plus fréquents
qu’habituellement et à un visage fermé. Cela se percevait surtout. Comme
beaucoup de mes camarades, je ressentais l’humeur de notre maîtresse de dortoir
et, à distance, je savais quand elle plutôt joyeuse ou plutôt fâchée.
Ce soir, elle était en colère.
Tout l’indiquait. Cela n’arrivait pas souvent. C’était, en général, parce
qu’elle avait mise au courant d’une désobéissance d’un de ses garçons
particulièrement grave ou d’un comportement totalement inadmissible. Un
instant, il me traversa l’esprit que ma forfaiture avait été découverte.
L’attitude de Benoit, un des
élèves qui continuait à résider à l’internat de Sainte Marie alors qu’il
suivait des cours à l’université, me rassura. Lui qui était plutôt
habituellement d’humeur joyeuse, broyait du noir. Il mangeait sans s’intéresser
à ce qui se passait autour de lui. Il jetait régulièrement un regard suppliant
à Sœur Gabrielle qui semblait, à chaque fois, froncer des sourcils en retour.
Benoit était apparemment en cause dans la colère de Sœur Gabrielle.
Cela se confirma dès la sortie du
réfectoire. Nous nous mettions en rang deux par deux, alignés en silencieux
sous la vigilante surveillance de Sœur Gabrielle. C’est dans cet équipage que
nous nous rendions jusqu’au dortoir. Inutile de dire qu’il n’y avait aucun
débordement, pas même le moindre murmure.
« Benoit, viens-ici à côté
de moi ! »
Dès qu’il fut à sa portée, Sœur
Gabrielle lui administra une claque sur le fond du pantalon. Bien qu’elle fût
assénée avec force, elle ne fit probablement aucun mal à Benoit, mais elle
annonçait les suivantes. Il n’y aurait alors plus de pantalon ni de culotte
pour amortir les chocs.
Sœur Gabrielle le prit par
l’oreille et, courbé en deux, il suivit la religieuse qui le conduisit ainsi
jusqu’à son lit. Là, elle le déshabilla sans qu’un mot ne fût échangé. Il
n’avait que quelques années de moins que moi, mais, alors qu’il était entre les
mains de Sœur Gabrielle, nul ne lui aurait donné son âge réel. Il se comportait
comme un petit garçon qu’on apprêtait pour la fessée.
Sœur Gabrielle l’envoya faire sa
toilette du soir avec une bonne claque sur les fesses. Je faisais la mienne, à
quelques mètres de Benoit. Il était visiblement au bord des larmes. Sœur Gabrielle
le rejoignit avant qu’il ait fini. Elle s’empara du savon.
« Ouvre ta
bouche ! »
Benoit obéit sans protester. Sœur
Gabrielle savonna généreusement les gencives, les dents, la langue et le palais
de Benoit qui grimaçait mais ne protestait toujours pas. Sœur Gabrielle,
habituellement, nous grondait pendant qu’elle nous punissait. Cela nous
permettait d’être parfaitement au courant de ce qui nous valait le châtiment
que nous recevions. Là, pas un mot. Chacun des deux protagonistes, sans doute,
savait parfaitement ce qui provoquait cette punition.
Puis prenant le garçon par
l’oreille, elle le ramena à son lit où elle lui passa son pyjama. Elle laissa
la culotte à hauteur des genoux et une nouvelle claque sur les fesses l’envoya
au piquet. Benoit y prit sa place. Je ne savais toujours pas ce qui s’était
passé, mais cela semblait très sérieux au vu du sérieux que Sœur Gabrielle
mettait à faire savoir à Benoit que sa punition serait exceptionnelle.
Notre maîtresse de dortoir
reporta son attention sur nous, oubliant Benoit un instant. Nous cherchions
tous à passer sous le radar de la religieuse. Personne n’avait envie d’être le
prochain puni, de crainte de bénéficier un peu de la colère de Sœur Gabrielle.
En un temps record, nous fûmes tous assis sur notre chaise, absorbés par nos
leçons.
Benoit était le seul puni du
soir. Sœur Gabrielle avait tout le temps de s’occuper de lui. Elle disparut
dans le box dans lequel elle dormait au bout de notre dortoir et revint, munie
d’un instrument que je n’avais pas encore vu. Elle tenait à la main un court
manche en bois au bout duquel pendait une lanière. Cela ressemblait beaucoup à
ce que Sœur Marie Hortense utilisait pour fesser les punis en récréation. La
lanière qui pendait au bout du bras de Sœur Gabrielle était moins large que
celle qui avait les faveurs de Sœur Marie Hortense.
Il y eut quelques chuchotements à
l’apparition de l’instrument, mais ils ne durèrent pas.
Lorsque, sur l’ordre de Sœur
Gabrielle, Benoit se retourna pour venir subir sa punition, je vis son visage
s’écarquiller de frayeur.
« Non, ma Sœur, s’il vous plait, pas la
lanière. »
Benoit s’arrêta à mi-chemin,
désobéissant à la consigne qui lui avait été donnée. Marquer une hésitation
alors qu’une fessée était en préparation, était un comportement impensable à St
Marie. Sœur Gabrielle ne releva pas cette infraction pourtant flagrante.
« Je pense que tu l’as
amplement méritée. Je vais faire en sorte que tu ne recommences jamais ce genre
de comportement de toute ta vie. La prochaine fois que tu en seras tenté, tu te
souviendras de cette fessée. Viens-ici ! »
Benoit avait déjà largement tiré
sur la corde en n’obéissant pas à Sœur Gabrielle suite à une première
injonction, qui plus est alors qu’il s’agissait de le fesser. Dans d’autres
circonstances, Sœur Gabrielle aurait annoncé une deuxième fessée sur le champ.
L’usage prévu de la lanière suffirait, semble-t-il, à punir également cette
désobéissance. Le garçon baissa la tête d’accablement, mais il fit les quelques
pas qui le conduisirent devant la chaise sur laquelle s’était assise Sœur
Gabrielle.
La religieuse prit la direction
des opérations. Benoit la laissa faire. Il gémissait doucement et de temps un
temps, un sanglot interrompait sa litanie. Sœur Gabrielle mit Benoit à genoux
entre ses pieds. Elle le courba et le hissa sur sa cuisse puis, elle le plaqua
contre sa hanche. Elle referma ses genoux sur les cuisses du garçon. Je
reconnaissais la position qu’elle me faisait prendre quand elle voulait
m’immobiliser. C’était un signe annonciateur d’une correction magistrale.
Elle prit le poignet droit de
Benoit et le plaça au milieu du dos du garçon. Je n’en croyais pas mes yeux. La
préparation de cette fessée rompait avec un rituel que j’avais cru immuable.
Maintenir sa main à l’écart de la correction faisait partie des obligations
strictes qui nous étaient imposées. Pour ma part, je n’y arrivais qu’en faisant
le difficile effort de maîtriser mon bras alors qu’il était libre de toute
entrave. Par son geste, Sœur Gabrielle reconnaissait qu’il serait impossible à
Benoit de contenir ses gestes durant la fessée qu’elle préparait.
Sœur Gabrielle se pencha pour
ramasser l’instrument punitif qu’elle avait laissé tomber à son côté le temps
de positionner Benoit comme elle le souhaitait. Elle leva son bras au-dessus de
son épaule et elle fit prendre de la vitesse à son bras.
Le bruit que fit la lanière en
frappant les fesses de Benoit ne fut pas impressionnant. Ce fut un claquement
sec. La réaction de Benoit, elle, fut démonstrative. Il mobilisa toutes ses
forces pour s’échapper de l’emprise de la religieuse, mais ses mouvements
furent contenus sans difficulté par Sœur Gabrielle. Son hurlement traversa tout
le dortoir.
Sœur Gabrielle abattit la lanière
sur l’autre fesse avec autant d’énergie qu’elle en avait mise la première fois.
Benoit tenta une nouvelle ruade sans plus de succès. Il y avait maintenant deux
marques rectangulaires rouge sombre, bien visibles sur chacune de ses fesses.
Sœur Gabrielle en ajouta une autre, puis encore une.
Elle détachait ses coups l’un de l’autre
pendant une petite minute, puis, elle accéléra le rythme. Les fesses du garçon
qu’elle tenait sur ses genoux devinrent rapidement d’un rouge uniforme. Les
marques bien distinctes au début, se chevauchèrent rapidement. La force de
l’impact de la lanière se voyait à l’œil nu. Elle provoquait une petite vague
qui parcourait brièvement quelques centimètres de peau qui entouraient
l’endroit où elle avait dessiné une nouvelle marque plus sombre. Puis, ce
mouvement de peau s’amortissait. Il était alors remplacé par une nouvelle
ondulation qui prenait son origine là où la lanière avait frappé les fesses une
nouvelle fois.
Benoit, de sa main gauche, avait
pris appui sur le pied de la chaise. Malgré les efforts qu’il faisait, Sœur
Gabrielle n’avait aucun mal à le maintenir en place. Il balançait sa tête de
droite à gauche et de haut en bas au rythme de la fessée, soulignant chacun des
coups sur ses fesses par un mouvement plus compulsif. Ses pieds dansaient une
sarabande folle qui s’arrêtait à ses genoux qui étaient fermement tenus par
ceux de Sœur Gabrielle. Son bassin oscillait faiblement, laissant vaines les
tentatives pour éviter la terrible lanière que Sœur Gabrielle manipulait sans
interruption.
Benoit profitait du seul espace
de liberté qui lui restait : il criait de tout son saoul, autant que ses
poumons le lui permettaient. Puis, la fessée durant, les sanglots remplacèrent
progressivement les cris. Benoit se débattait beaucoup moins. A chaque contact
de la lanière avec ses fesses, tous ses muscles se contractaient, mais il ne
cherchait plus à s’enfuir.
Sœur Gabrielle profita du calme
relatif de Benoit. Elle maintenait un dialogue décousu avec lui. De là où
j’étais, je n’entendais pas distinctement ce que Sœur Gabrielle lui disait. Je
ne comprenais que quelques mots : « mensonge »,
« falsification », « tromperie »,
« malhonnêteté », « défiance » … autant de termes qui
semblaient parler de l’artifice que j’avais employé cet après-midi. Alors qu’elle
grondait Benoit, j’avais l’impression que Sœur Gabrielle parlait de ce que
j’avais fait.
Quand elle mit fin à la fessée,
Benoit avait cessé de se débattre depuis un petit moment. Il ne criait plus
vraiment. La lanière lui arrachait un gémissement un peu plus soutenu que le
mugissement continu qu’il produisait. Ses fesses étaient tellement rouges que
j’avais l’impression qu’elles luisaient.
Avec précaution, Sœur Gabrielle
reposa Benoit à genoux devant elle. Bien qu’elle ne le tienne plus, il resta
appuyé contre la jambe de la religieuse, sans tenter de se relever. Ce fut Sœur
Gabrielle qui dut en prendre l’initiative. Elle le releva graduellement, étape
par étape, laissant à Benoit le temps de récupérer et de s’habituer à sa
nouvelle position.
D’abord elle le redressa sur les
genoux, mais elle tenait fermement le buste de Benoit dans ses bras. Elle le
maintenait serré contre son ventre, le laissant pleurer dans sa robe. Puis elle
l’éloigna de sa poitrine. Benoit tenait presque seul en équilibre sur ses
genoux. Les cuisses de Sœur Gabrielle soutenaient encore les flancs du garçon.
Progressivement, elle écarta ce dernier soutien, laissant Benoit se tenir en
équilibre sans soutien, ce qu’il fit en vacillant un peu au début.
Sœur Gabrielle se mit debout.
Elle prit Benoit sous les aisselles et, le mit sur ses pieds. C’était elle qui
porta son poids dans un premier temps. Elle plaqua, contre son sein, le garçon
que ses jambes ne soutenaient pas encore. Finalement, elle put le laisser tenir
debout seul, soutenu par les bras pendant les premiers instants.
Benoit ne semblait pas vraiment
savoir où il était. Quand Sœur Gabrielle l’avait pris dans ses bras, il se
serrait contre elle en un geste instinctif de recherche de protection, mais le
reste du temps, il se laissait faire, un peu comme une marionnette avec son
manipulateur. Son gémissement avait diminué d’intensité depuis que la fessée
avait pris fin, mais ses larmes continuaient à couler sur ses joues.
Tout en le tenant par le bras,
Sœur Gabrielle conduisit Benoit vers le coin à côté de son lit. Elle l’y plaça
à genoux, l’installant étape par étape jusqu’à ce qu’elle eût jugé qu’il fût
correctement positionné. Enfin, elle prit les bras de Benoit et les croisa dans
le dos du garçon. Elle releva l’arrière de la veste de pyjama et la coinça sous
les mains, lui faisant prendre la position coutumière de tous les enfants mis
au coin à St Marie.
Sœur Gabrielle revint à la
routine des devoirs. Quand elle s’approcha de moi, je n’avais plus aucune envie
de lui avouer mon forfait. Je ne savais toujours pas exactement ce que Benoit
avait fait pour mériter une telle correction, mais je craignais qu’avoir
falsifié une signature, ne me vaille une punition analogue. Sœur Gabrielle
avait laissé sa lanière sur la chaise où elle avait fessé Benoit. Le terrible
instrument était donc toujours à portée de main.
J’avais un deuxième rendez-vous
avec la professeure Girard. Je contrefis une nouvelle fois sa signature, ce qui
ne fut pas plus relevé, par les autorités de St Marie, que la première fois.
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