jeudi 28 décembre 2017

Christine - chapitre 11

C’était déjà ma deuxième journée de cours de vacances à Ste-Marie que je venais d’entamer et il me semblait que cela faisait une éternité que j’avais fait ma rentrée tant les évènements s’étaient additionnés et bousculés depuis la veille.

Je n’avais pas encore commencé mon premier cours ce matin-là que je pensais avoir déjà fait ma journée. Nous avions été interceptées, ma camarade Magali et moi, par la Sœur portière sitôt entrées dans l’établissement. Logiquement en pénétrant à Ste-Marie on doit signaler sa présence à cette religieuse qui pointe les élèves à l’arrivée comme à la sortie des classes. Généralement la Sœur portière vise les cartes de correspondance et on peut laisser ses effets dans nos casiers respectifs.


Mais la Sœur portière, à la lecture de ma carte de correspondance, m’avait invitée à la suivre dans la pièce qui lui servait de loge. Ma belle-mère ayant noté sur ma carte de correspondance mes supposées faiblesses urinaires, la religieuse voulait s’assurer avec moi que tout irait bien. Elle avait contrôlé l’absence d’humidité sur ma culotte et avait établi un protocole de suivi pour la matinée.

Tout cela en présence de Magali qui avait fait des siennes. En effet, ma camarade avait fumé sur le trajet la menant à Ste-Marie et elle ne s’était pas vraiment souciée des suites que pouvait engendrer le tabac et surtout son odeur persistante. En plus ma camarade avait cru bon de masquer son haleine en mâchant un chewing-gum, chose totalement prohibée à Ste-Marie. En moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, Magali avait été réprimandée par la Sœur portière qui, en outre, l’avait symboliquement fessée pour insolence.

Evidemment cette affaire allait avoir des suites pour Magali qui les collectionnait depuis la veille, son premier jour à Ste-Marie. Et contrairement à moi qui n’avait été que sanctionnée en présence de ma professeure par la Préfète de discipline, donc en privé, Magali l’avait été en public dans la cour.

Je n’osais le dire à ma camarade mais son geste matinal aurait forcément pour conséquence une intervention de Sœur Marie-Hortense la Préfète de discipline. Le seul flou qui subsistait dans mon esprit à ce sujet était de savoir comment cela allait se caractériser.

Pour le moment avec Magali, nous avions rejoint nos autres camarades des cours de vacances. Après les bises d’usage nous avons profité du temps qu’il nous restait avant d’aller en cours pour continuer à faire mieux connaissance. Je fus surprise de constater que je n’étais pas une inconnue pour certains de mes camarades et en les observant mieux, je m’aperçus que certains de leurs visages m’étaient familiers.

Si la veille, prise par le tumulte de la rentrée j’avais été peu attentive, ce matin je reconnus quelques camarades de ma fille Diane. À commencer par Nicolas, le fameux puni de récréation de la veille, qui était en classe depuis deux ans avec ma fille et qui était même venu à la maison à l’occasion d’anniversaire. Laura également qui, sans être une amie intime de Diane, n’en était pas moins une de ses camarades de classe. Aux yeux de ces deux-là particulièrement mais aussi de Magali et des autres, j’allais devenir une sorte de référence. J’avais l’âge de leurs parents et pour ces adolescents j’étais comme un modèle. Je compris ce que sous-entendait, lors de mon inscription, Sœur Marie-Joseph la directrice de Ste-Marie lorsqu’elle m’avait dit que ce ne serait pas facile mais qu’en plus, du haut de mes 36 ans, je devrais redoubler de vigilance car le moindre écart ne serait pas accepté contrairement à une adolescente dont on pourrait comprendre la naïveté et la faiblesse.

Mes nouveaux camarades me respectaient en tant que telle mais également et surtout comme une maman et femme mûre, en quelque sorte une capitaine de groupe. Cela rajoutait pas mal de monde sur la liste de ceux que je ne devais pas décevoir, une pression terrible à bien y réfléchir.

Je n’eus pas trop le temps de penser à tout cela. La cloche sonnait déjà le rassemblement et j’allais me poster devant la porte de la salle de classe n° 9, celle qui m’était affectée durant toute la durée des cours de vacances. Ce matin j’avais deux fois deux heures de mathématiques. La professeure qui devait évaluer mon niveau était Mlle Mathilde. En plus d’être laïque à Ste-Marie, Mlle Mathilde était bien plus jeune que moi, dans les 25 ans, et était normalement affectée aux classes de collège. Mais pour les cours de vacances, toutes ces considérations s’effaçaient.

Mlle Mathilde semblait beaucoup moins rigide ou sévère que ses collègues religieuses. Déjà elle ne portait ni l’habit ni la cornette mais une tenue, certes classique, mais civile. Et c’était là une apparence trompeuse. Elle ne se laissa pas influencer par mon âge et s’attacha à me dispenser son cours avec sérieux et rigueur. Ces deux premières heures de mathématiques se déroulèrent sans encombre.

Il était déjà 10h et Mlle Mathilde me libéra de son cours pour la récréation. Je sortis dans la cour et allai directement à la loge de la Sœur portière, comme cette dernière me l’avait précisé le matin en arrivant.

– Ah, vous voici donc Christine, dit-elle. Vous n’avez pas eu d’envie pressante durant le cours ? Vous n’avez pas demandé à sortir ?

En fait, la Sœur portière posait des questions qui n’appelaient aucune réponse de ma part car elle semblait déjà au courant de tout.

– Avancez Christine s’il vous plaît !

L’ordre de la Sœur portière était sec et autoritaire. Je fis donc les quelques pas que me séparaient de la religieuse.

– Soulevez votre jupe ! continua-telle.

Prudemment j’obéissais à cette injonction. Je ne voulais surtout pas contredire ni braquer la Sœur portière. Je l’avais vue à l’œuvre en quelque sorte, en arrivant ce matin-là, avec Magali. La religieuse s’était presque acharnée sur ma camarade et lui avait infligé une sanction immédiate qui pouvait être reprise par la Préfète de discipline. C’est donc en témoin privilégiée de cette malheureuse expérience pour Magali que je ne voulais pas en provoquer une similaire pour moi.

Bêtement et machinalement je soulevais ma jupe en m’appliquant à bien dégager mon fessier.

« Je n’ai pas terminé ma deuxième journée de cours de vacances à Ste-Marie que me voilà déjà conditionnée »

Telle fut la pensée qui me traversa l’esprit alors que je n’avais rien commis de répréhensible et que la Sœur portière ne souhaitait pas me punir.

– Jeune fille ! Vous pensez déjà mériter une fessée pour que vous me présentiez votre derrière de la sorte ? Je veux seulement contrôler le devant de votre culotte.

D’un coup, je me suis sentie vraiment idiote. Heureusement j’étais seule avec la Sœur portière dans sa loge et aucun témoin n’avait vu la scène ni ne pourrait la rapporter. J’avais encore ce souci de préserver mon intégrité et ma pudeur de femme adulte en pensant que tout ce qui pourrait se passer en catimini sauverait les apparences, des apparences qui, il faut bien l’avouer, se détérioraient grandement depuis ma rentrée et partaient peu à peu en fumée.

Une deuxième fois, j’obéis à la Sœur portière sans mot dire et soulevais un peu plus le devant de ma jupe. La religieuse ne s’embarrassa pas de manières ni d’avertissement. Comme le matin elle glissa son index droit dans l’échancrure gauche de ma culotte et balaya verticalement mon sexe du pubis jusqu’au périnée. Par réflexe je me crispais.

– Ça va, c’est sec, dit la Sœur portière en retirant son index. Mais qu’avez-vous, ma grande ?

– Rien ma Sœur, c’est que je n’aime pas qu’on me touche là sans raison.

– Oseriez-vous prétendre que je m’amuse sur vous comme à «Touche-pipi » ? rétorqua sèchement la Sœur portière. Littéralement c’est bien le cas, je vous le concède, mais sachez jeune fille que je ne m’amuse point. Que cela vous soit agréable ou pas, je ne fais qu’accomplir un contrôle demandé par votre tutrice.

– Mais, ma Sœur, osai-je bien témérairement. À mon âge, je pense que je suis à même de savoir si j’ai tâché ma culotte… Je n’ai pas besoin pour cela que vous y passiez votre doigt…

– Christine ! Coupa la Sœur portière. Taisez-vous !

– Mais, ma Sœur…

– Il n’y a pas de mais, jeune fille ! Je vous avais demandé de vous taire. Vous vous retranchez derrière votre âge mais je constate que malgré cela vous vous comportez de manière puérile en me coupant la parole.

En entendant les mots de la Sœur portière, j’eus une montée de larmes aux yeux. Déjà le fait de m’être laissée glisser un doigt dans ma culotte m’avait bien ébranlée mais ce geste avait été en quelque sorte contrebalancé par ma négation verbale. Le sermon de la religieuse venait d’appuyer son geste en le rendant nécessaire et enfonçait le clou moralement. En plus, je me rendis immédiatement compte que je venais de franchir une limite que la Sœur portière n’allait pas manquer de porter à son avantage.

– Excusez-moi ma Sœur.

Seules ces paroles de repentance pouvaient encore me sauver.

– Christine, j’accepte vos excusez mais je les trouve bien tardives, annonça la Sœur portière. Il faut toujours réfléchir avant d’agir, c’est ce que nous nous efforçons de vous inculquer à Ste-Marie… Ne jamais agir de manière impulsive.

La Sœur portière venait en quelques mots de tout résumer. J’avais réagi avant même d’analyser la situation et de comprendre qu’à 36 ans il me fallait être posée et réfléchie. Tout ce que venait de me dire la religieuse était criant de vérité et plus encore par rapport à mes pensées du matin, mon rôle d’exemple ou de capitaine au sein des élèves de Ste-Marie.

– Je dois tout de même en référer à Sœur Marie-Hortense, continua la Sœur portière. Elle seule saura quelle suite donner à cela. Rassurez-vous, je lui notifierai vos excuses… puisse cela pondérer sa décision.

– Merci ma Sœur, balbutiai-je.

– Bien, maintenant suivez-moi !

– Oui ma Sœur, répondis-je.

J’étais dans les pas de la Sœur portière. Nous arrivâmes dans la cour et je pensai pouvoir regagner le cercle des autres élèves. Mais la religieuse qui m’escortait ne l’entendit pas de cette oreille.

– Christine, nous n’en avons pas terminé toutes les deux. N’oubliez pas que vous devez faire pipi !

La Sœur portière venait de prononcer ces deux phrases d’un ton glacial mais surtout sur un volume suffisant pour les faire partager à tout le groupe. Ainsi Magali, Nicolas, Laura et quelques autres élèves savaient que la religieuse avait un certain pouvoir sur ma vessie. Sans en comprendre la raison ils pouvaient légitimement deviner un souci à ce niveau que la Sœur désirait contrôler.

C’est la mine soudainement déconfite et les yeux baissés que je suivis la Sœur portière jusqu’aux WC au fond de la cour, matérialisés par un alignement de portes prolongé par des lavabos sous un auvent. Ces toilettes étaient d’un autre temps mais bien en accord avec l’ambiance empesée de Ste-Marie. La religieuse ouvrit la première porte et entra avec moi. En lieu et place d’une cuvette qu’on s’attendrait à trouver en ce début du XXIème siècle, il n’y avait qu’une vasque de WC à la turque.

La Sœur portière n’observa aucun moment de transition.

– Soulevez bien votre jupe ! Christine, et tenez-la bien.

Sitôt ce geste accompli, elle me prit l’élastique de la culotte de chaque côté et la baissa à mi-cuisses. Je ne pouvais réagir au risque de lâcher ma jupe et m’attirer à nouveau les foudres de la religieuse.

Timidement, je me risquai à demander à la Sœur portière :

– Vous pouvez regarder ailleurs, s’il vous plaît, ma Sœur…

– Jeune fille, me rétorqua la Sœur portière, nous sommes toutes faites pareil… Rassurez-vous, je ne vois qu’un simple abricot… Rien qui tendrait à penser que vous êtes différente…

La Sœur portière n’avait pas tout à fait tort dans ses arguments. Il ne m’avait pas été donné de me comparer à d’autres femmes ou filles mais une chose était sûre, anatomiquement j’étais fabriquée dans le même moule féminin.

Une seule chose cependant, c’était bien la première fois qu’il m’était demandé d’uriner en présence d’un témoin. Même l’assistante de la doctoresse qui m’avait aidée tantôt avait détourné son regard. La présence de la Sœur portière n’était pas pour me faciliter les choses. Je m’étais bien accroupie mais rien ne venait, j’étais complètement bloquée.

– Allez Christine, dit la Sœur portière, faites un petit effort.

Ce n’est qu’au bout de longues minutes que je fis quelques gouttes. La Sœur portière, visiblement satisfaite, m’essuya énergiquement et me remonta la culotte. Je n’avais plus qu’à laisser tomber ma jupe pour reprendre une attitude convenable et retrouver un semblant de dignité.

– Eh bien voilà, dit la Sœur portière, ce n’était pas si difficile.

Ce n’est qu’à cet instant-là que je pris conscience de mon état et de l’apparence que je présentais. Je m’étais tellement concentrée que je ne m’étais même pas rendu compte que mon visage était en larmes. Cela n’émut pas la Sœur portière plus que de raison.

– Vous pouvez rejoindre vos camarades dans la cour.

Sur ces paroles, la Sœur portière me libéra. Je fis quelques pas pour gagner le groupe des autres élèves. C’est Magali qui la première s’avança vers moi et me prit par les épaules. Personne ne dit mot, ne me posa de question ni ne fit quelque méchant sous-entendu mais il y a parfois des silences qui en disent plus que de longs discours.

Magali me rendit l’affection et le soutien que je lui avais témoigné la veille. Elle prit un mouchoir et tenta de me consoler. Elle s’appliqua à sécher mes larmes et je la remerciai. Heureusement la cloche sonnait la reprise des cours et je repartais vers la salle n° 9 où j’allais pouvoir retrouver un brin de sérénité. Au moins durant le cours, mon esprit serait absorbé par autre chose que par les attentions exagérées de la Sœur portière.

Je repartais pour deux heures supplémentaires de mathématiques avec Mlle mathilde. Tout se déroulait parfaitement bien jusqu’à ce que la Préfète de discipline, Sœur Marie-Hortense, ne fasse, tout comme la veille, irruption dans la salle de classe.

– Bonjour, dit simplement la Préfète de discipline.

– Bonjour ma Sœur, nous répondîmes en chœur Mlle Mathilde et moi.

– Vous pouvez vous asseoir, continua Sœur Marie-Hortense.

Contrairement à la veille avec Sœur Thérèse, la Préfète de discipline usa de beaucoup moins de considération avec Mlle Mathilde. Le fait qu’elle fût une laïque au sein d’une institution religieuse expliquait peut-être cela.

– Christine, je viens faire le point avec vous, précisa Sœur Marie-Hortense.

– Oui ma Sœur ? avançai-je poliment.

– Je constate que vous avez fait des efforts et surtout que vous avez suivi nos recommandations d’hier, continua-t-elle. C’est bien.

– Merci ma Sœur, lui répondis-je.

– Cependant, je souhaiterais éclaircir cette zone d’ombre que la Sœur portière vient de me rapporter… Qu’avez-vous à me dire à ce sujet ?

J’étais bien embarrassée, surtout en présence de Mlle Mathilde, d’expliquer le pourquoi du comment de mon algarade verbale avec la Sœur portière. Cela touchait à l’intime de ma personne et ma professeure de mathématiques étant plus jeune que moi, il me semblait pour le moins déplacé qu’elle ne sût toute l’affaire.

– C’est que… en fait… heu…

– Je vois, c’est très clair et limpide ! enchaîna aussitôt la Préfète de discipline. Vous n’avez rien à répondre de cohérent. Vous êtes toutes les mêmes… Prises en défaut, quel que soit vos âges, vous vous conduisez toutes comme des petites filles… N’est-ce pas Mlle Mathilde ?

Je rougis car Sœur Marie-Hortense venait de toucher un point sensible et elle avait raison. Au lieu de faire face et d’avouer une faute déjà commise et révélée, j’essayais d’escamoter la vérité en minaudant presque. La Préfète de discipline était déjà au courant et il était inutile de nier ou contourner la vérité. En femme responsable j’aurais dû, bien droite dans mes baskets, dire simplement la vérité. Au lieu de cela donc, mon visage s’empourprait et je bredouillais une suite de mots sans signification claire.

Curieusement ce fut Mlle Mathilde, interpellée, qui répondit :

– Oui ma Sœur.

Je ne relevais pas ce fait, empêtrée que j’étais dans mes dénégations puériles, mais je devais le comprendre bien plus tard dans mon année scolaire à Ste-Marie.

– Bien, continua Sœur Marie-Hortense. Christine, puisque vous êtes incapable d’avouer votre faute, je vais donc la résumer. La Sœur portière s’était gentiment mise à votre disposition afin de vous épauler suite à vos soucis urinaires…

C’était drôle comme la Préfète de discipline arrangeait l’histoire à sa manière grâce à une syntaxe appropriée. La sœur portière en devenait presque mon obligée ! Naturellement, je ne relevais pas cette inversion de rôles dans le récit qu’en faisait la Préfète de discipline.

Elle continua :

– Dans un premier temps vous avez refusé son aide et dans un second vous l’avez presque repoussée alors qu’elle vous assistait matériellement. De plus, je crois savoir que vous lui avez coupé la parole. C’est bien cela Christine ?

– Oui ma Sœur, répondis-je en baissant les yeux.

– La Sœur portière m’a tout de même précisé que vous lui avez spontanément présenté vos excuses, c’est un bon point à mettre à votre actif, Christine. Cependant et si je fais le bilan, votre passif demeure plus lourd.

– Oui ma Sœur, risquai-je.

– La Sœur portière m’a demandé une certaine indulgence eu égard au fait que fussiez incommodée par vos soucis urinaires, à Ste-Marie il n’est pas dans nos habitudes de tirer sur l’ambulance. Aussi j’ai décidé de ne vous infliger que du sursis pour une fessée de récréation, de vous mettre en retenue par des heures qui se cumuleront à celles que vous avez récolté hier et enfin de vous donner quelques claques car ici, à Ste-Marie, nous nous devons d’être justes et de marquer le coup. Mlle Mathilde en sera le seul témoin, je pense que ce sera là une bonne leçon à méditer.

Je ne compris pas la teneur de la dernière phrase de la Préfète de discipline. Il me semblait que la simple énumération des sanctions prises à mon encontre était largement suffisante à me faire réfléchir à mon avenir avant de réagir dans la précipitation. Mais nous n’étions pas en cours de philosophie et je n’allais pas me risquer à demander quelque explication aux citations métaphysiques de Sœur Marie-Hortense.

– Merci ma Sœur, lui répondis-je prudemment.

« Voilà maintenant que je remerciais une religieuse qui venait de m’annonçait qu’elle allait me fesser ». J’étais vraiment tombée bien bas pour m’avilir de la sorte, moi, Christine, une femme mariée de 36 ans et maman. En même pas deux journées de cours, j’étais comme conditionnée et étais devenue malléable à merci. Mais bien vite une petite lueur m’aida à reprendre le dessus. Je m’étais fait la promesse de réussir et de décrocher mon bac. Je connaissais, en m’y inscrivant, le règlement et la discipline en vigueur à Ste-Marie. Ce n’était pas au bout de 48 heures que j’allais tout laisser tomber. Il y avait des règles à respecter, je savais à quoi m’en tenir, point.

– Levez-vous Christine, s’il vous plaît, dit la Préfète de discipline. Relevez votre jupe et appuyez-vous sur le bureau.

C’est en femme responsable et avec une volonté retrouvée que je me levai et me plaçai telle que Sœur Marie-Hortense l’exigeait. Sans même attendre son ordre je baissai moi-même ma culotte au niveau des genoux et restais immobile et volontaire.

La Préfète de discipline dut se rendre compte de mon changement soudain d’attitude. Elle ne fit aucun commentaire mais je sentis dans sa façon de me fesser qu’elle respectait mon caractère retrouvé. Ce fut sûrement l’interaction mutuelle qui me procura ce sentiment. Contrairement aux punitions de la veille où j’étais crispée, j’avais aujourd’hui tout mon corps, jusqu’aux fesses, totalement décontracté.

J’avais comme l’impression que les coups donnés par la main de la Préfète de discipline se dissipaient en même temps qu’ils s’écrasaient. Mes fesses semblaient absorber la douleur. Pourtant les secousses perçues sur mes avant-bras témoignaient de la violence des claques. La fessée fut brève mais d’une rare intensité.

– Voilà, dit Sœur Marie-Hortense en me donnant une dernière claque vigoureuse.

Je me surpris moi-même. Je ne pleurais pas, je n’avais même pas le visage marqué ni de larmes aux yeux. J’avais accepté cette sanction en femme adulte mais plus encore que femme adulte, c’était le seul fait d’accepter qui m’avait fait me dépasser.

Cette attitude, qui n’était pas une défiante mais un courage retrouvé, fit un certain effet sur la Préfète de discipline.

– Christine, me dit-elle, je vous félicite pour votre comportement exemplaire. Vous venez d’assumer cette fessée car vous en avez compris la nécessité, aussi je vous dispense du coin.

Sœur Marie-Hortense venait là de toucher profondément ma sensibilité, peut-être plus encore que durant la fessée ; j’en aurais presque pleuré.

– Si tout le monde pouvait avoir ce même courage à Ste-Marie, poursuivit-elle énigmatiquement.

Une fois encore je ne saisissais pas vraiment les allusions pourtant directes de la Préfète de discipline. Mais je mis cela sur le compte de mes émotions et ne cherchais plus comprendre la teneur de ses propos. Sur ce, Sœur Marie-Hortense quitta la salle de classe et Mlle Mathilde reprit son cours de mathématiques.

Il était 12h30 lorsque la cloche sonna la fin des cours de cette matinée. Je retrouvais mes camarades dans la cour et m’approchais de Magali. Visiblement elle était encore sous le choc de ce qui semblait avoir été pour elle une sanction. Il ne fit aucun doute pour moi que sa remontrance du matin par la Sœur portière avait été suivie d’effet, tout comme pour moi, et prise en mains par la Préfète de discipline.

Effectivement Sœur Marie-Hortense était allée trouver Magali en plein cours et l’avait réprimandée. Ma camarade m’indiqua que la religieuse lui avait infligé une bonne fessée sur son postérieur déjà bien meurtri la veille, ajoutant de la douleur. Contrairement à moi, Magali s’était bien vite avouée vaincue et n’avait hélas trouvé d’autre issue pour se réfugier que dans les pleurs.

À mon tour, j’avais apaisé ses sanglots. Malgré ses 20 ans Magali était encore une adolescente et elle avait la chance insouciante de pouvoir passer en peu de temps des larmes au rire. La versatilité de son tempérament l’aidait à traverser de pareils moments. Même si elle semblait un peu «tête en l’air», Magali était une fille sympathique et attachante.

Tout comme le matin en arrivant, nous mîmes à profit, tous et toutes du groupe d’élève, cette dernière demi-heure pour mieux nous connaître. Il commençait à se créer entre nous une réelle ambiance.

Sachant que je n’aurais pas ma belle-mère sur le dos comme la veille et apprenant que la maman de Magali était en déplacement professionnel pour la journée, c’est tout naturellement que j’invitai ma camarade à la maison afin de mieux resserrer les liens que nous venions de tisser depuis ces deux journées passées à Ste-Marie en cours de vacances.


Après avoir récupéré nos cartes de correspondance respectives dans la loge de la Sœur portière ainsi que nos effets personnels, nous prenions Magali et moi le chemin de mon domicile à bord de ma voiture.


Pour suivre le fil de ce récit

Lire ou relire le premier épisode : introduction
et l'épisode précédent : chapitre 10
La suite, c'est le chapitre 12

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2 commentaires:

  1. votre récit me rappelle quelque chose, j'adore, vite la suite

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    Réponses
    1. Bonjour.
      "Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite."
      Voilà ce que je serais tenté de répondre, mais peut-être pouvez-nous en dire un peu plus sur ce que ce récit vous rappelle.
      Merci de l'intérêt que vous portez à ce feuilleton.
      Jeancla

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