jeudi 7 décembre 2017

Christine - chapitre 8

Avec ma belle-mère, nous rentrions enfin. Mais en ce qui me concernait, les épreuves qui m’attendaient étaient loin d’être terminées. Débutée tôt le matin, cette journée avait été jalonnée par ma rentrée à Ste-Marie en cours de vacances, la pause-repas imposée par et avec ma belle-mère et enfin l’achat aux Galeries de mon trousseau toujours en compagnie de ma belle-mère.

Loin d’avoir été une partie de shopping, ce passage aux Galeries avait été éprouvant. J’y avais été prise à partie par la vendeuse et mon comportement n’avait alors pas arrangé les choses. Afin d’aller plus vite cette vendeuse avait demandé à ma belle-mère de m’aider pour les essayages et j’avais pris cela pour de l’ingérence. J’avais tout d’abord argué du fait que j’étais grande et savais me débrouiller toute seule pour me déshabiller. Puis je ne souhaitais pas me montrer en sous-vêtements ni enfiler des collants de laine. Et enfin j’avais refusé d’être nue pour essayer culottes et soutiens-gorge.

Je n’avais pas voulu me laisser faire et j’avais répondu sur un ton sec et déplaisant. La vendeuse, un peu excédée par mon insolence y avait été de quelques claques sur mes fesses qui s’étaient révélées être une bonne fessée. Par défi, par rapport à mes 36 ans, je m’étais retenue de toute réaction mais l’humiliation publique subie avait été la plus forte. Car c’est dans et devant les cabines d’essayage que tout cela s’était déroulé aux Galeries.

C’est en pleurant à chaudes larmes, telle une gamine, que j’avais suivi ma belle-mère jusqu’à la caisse. Y revoir la vendeuse qui me toisait n’avait fait qu’entretenir et même renforcer mes sanglots.


Heureusement ces achats aux Galeries étaient à présent terminés. J’étais en voiture avec ma belle-mère et je reprenais peu à peu le dessus, ayant séché mes larmes. Elle n’avait toutefois pas jugé mon état compatible avec la conduite automobile et avait préféré m’embarquer avec elle plutôt que me laisser récupérer mon propre véhicule qui était toujours au parking proche de Ste-Marie.

Quelques dizaines de minutes plus tard nous arrivions devant la maison de ma belle-mère dans un quartier pavillonnaire des faubourgs. La rue était calme en ce mois d’août. Nous sortîmes les paquets du coffre. En pénétrant dans le pavillon, je n’avais qu’une envie, m’étendre et faire une bonne coupure, faire le vide dans ma tête. Ma belle-mère dut le sentir car c’est elle qui me proposa :

– Christine, allez faire une petite sieste, vous en avez bien besoin… je m’occupe de tout.

J’aurais dû me douter que ses paroles cachaient quelque chose, et surtout me demander ce qu’elle pouvait bien vouloir sous-entendre par « je m’occupe de tout ». Mais j’étais tellement fatiguée nerveusement que je n’eus pas le courage de penser ni réfléchir. Telle une masse, je  tombais sur le canapé et me laissais rapidement gagner par un sommeil réparateur. Au moins en dormant, j’oubliais tous les tracas de la journée et ceux à venir.

C’est ma belle-mère qui me tira de mes songes :

– Christine ! Réveillez-vous ! Revenez sur Terre ! Christine !

Sur la table basse du salon elle avait préparé du thé et quelques petits biscuits.

– Tenez Christine… même si c’est chaud, ça va vous rafraîchir… buvez…

– Merci belle-maman… cette petite pause m’a fait le plus grand bien…

– Profitez-en Christine, car bientôt, vous n’aurez plus ce privilège… vous aurez des cours l’après-midi.

C’est vrai que dans un mois, à partir de septembre, mon emploi du temps allait être bien rempli. Mais en attendant il m’était heureusement permis de profiter de ce mois d’août qui commençait même si mes cours de vacances à Ste-Marie occupaient bien mes journées. Revenue chez ma belle-mère après une bonne demi-journée plutôt agitée, je m’y sentais un peu comme dans un cocon. Après ce petit somme, ma belle-mère me choyait en me servant le goûter. Je savourais presque ce moment privilégié de partage entre deux femmes mais j’allais bien vite déchanter.

Entre deux gorgées de thé je vis sur la table de la salle à manger mon cartable ouvert et son contenu tout éparpillé. Mon sang ne faisant qu’un tour, j’interrogeai ma belle-mère :

– Belle-maman, que signifie cela ? dis-je, en montrant du menton la table. Vous avez fouillé dans mes affaires ?

– Oui Christine, me répondit-elle. Je me suis permis de regarder dans votre cartable et surtout de jeter un œil sur votre carte de correspondance… Je peux vous dire que je n’ai pas été déçue… Et vous qui dormiez sereinement pendant ce temps, comme si de rien n’était… Surtout après votre comportement aux Galeries… Christine, vous me décevez…

– Mais, belle-maman, risquai-je…

– Christine ! Cela suffit ! Quand donc alliez-vous m’annoncer la nouvelle… Au lieu de cela vous dormez puis buvez votre thé… Sachez que s’il y a un temps pour tout, il y a des priorités !

– Mais, belle-maman…

– Taisez-vous Christine ! N’oubliez pas que vous avez signé votre convention à Ste-Marie et que, de fait, vous avez accepté que je sois votre tutrice… Et qu’est-ce que vous faites le premier jour ? Je vous le donne en mille… Madame se prélasse, boit le thé… et passe sous silence ses obligations !

C’était comme un coup de poing. Je ne savais pas si c’était voulu et prémédité de sa part mais ma belle-mère, en soufflant le chaud puis le froid, avait trouvé le contraste saisissant et nécessaire pour m’ôter toute volonté de réaction. De l’amitié et la complicité entre deux femmes, le contexte en était d’un seul coup radicalement inversé. Ma belle-mère reprenait naturellement le dessus en sa fonction de tutrice sur l’élève que j’étais depuis le matin même à Ste-Marie.

– Vraiment Christine, vous avez un comportement puéril de gamine. Vous pensiez qu’en étouffant la vérité je n’aurais rien su ?

Enfin, j’allais pouvoir m’exprimer et donner mon point de vue sur le sujet. Il me fallut néanmoins beaucoup lucidité pour essayer de trouver les mots justes.

– Belle-maman, loin de moi l’idée de nier tout cela… Je comptais vous en parler tranquillement… Mais avouez que je n’ai pas trop compris quand j’ai vu que vous aviez fouillé dans mes affaires…

– Christine, c’est votre cartable donc vos affaires scolaires et comme tutrice je pense y avoir un droit de regard…

– Oui, c’est vrai belle-maman, je vous le concède.

– Bien Christine. Maintenant que vous voilà revenue à la raison, donnez-moi vos explications.

En faisant amende honorable j’avais réussi, sinon à calmer ma belle-mère, du moins à faire prendre à notre discussion une position moins autoritaire de sa part. Il me fallait à présent la convaincre de la futilité des choses et minimiser au maximum mes actes du matin à Ste-Marie.

– Belle-maman, les Sœur y sont allées un peu fort ce matin… C’était pour marquer leur autorité…

– Christine, coupa ma belle-mère, je ne vous demande pas votre point de vue ni votre interprétation. Je veux juste savoir les faits.

– Tout est noté sur ma carte de correspondance, répondis-je innocemment. En prenant le parti de fouiller dans mes affaires vous avez très certainement dû y tomber dessus…

– Christine, ne recommencez pas ! Vous savez très bien pourquoi j’ai regardé dans votre cartable, n’y revenons plus ! Et ne prenez surtout pas ma patience pour de la bonté… Alors, expliquez-moi tout s’il vous plaît !

Sans même m’en rendre compte et alors que cela n’était même pas noté sur ma carte de correspondance, je commençai à raconter à ma belle-mère mes premières minutes à Ste-Marie. Ce silence collectif, presque concerté de notre groupe, comme seule réponse à Sœur Marie-Joseph, la directrice qui nous adressait son bonjour. Cela amusa ma belle-mère.

– Les bonnes habitudes se perdent de nos jours, mais vous Christine, à votre âge… Ne pas répondre, c’est manquer de politesse…. Quand même ! Et Sœur Marie-Joseph a laissé passer cela ? me demanda-t-elle.

– Oh non, belle-maman. Elle nous a réprimandé et pour la peine et afin que cela rentre bien dans nos esprits, elle nous a donné cent fois à copier qu’il faut saluer une grande personne.

– Pourtant je ne vois rien de tel inscrit sur votre carte de correspondance ? me demanda ma belle-mère.

Je dus lui expliquer que ce gage nous ayant été infligé avant la remise effective de la carte de correspondance, dans sa bonté, Sœur Marie-Hortense, la Préfète de discipline, nous avait exonérés de son inscription dans la case prévue à cet effet. Ma belle-mère prit cette indulgence de la directrice pour de l’intelligence à notre égard bien qu’elle fût persuadée que notre groupe d’élèves n’en fût absolument pas conscient.

– Christine, comme vous parlez à la légère… En fait de gage, je vois plutôt là une punition… Vous n’en ressentez même pas les effets salutaires… C’est presque si vous me passiez ça sous silence…

– Oui, c’est vrai que les Sœurs sont très à cheval sur certains principes, répondis-je…

– Ces principes comme vous dites, sont la plus élémentaire des politesses. Ensuite, Christine ? interrogea ma belle-mère.

Alors que ce n’était une fois encore pas noté sur ma carte de correspondance, je livrais à ma belle-mère les remarques des Sœurs sur les bijoux que je portais.

– Sœur Marie-Hortense m’a également fait des réflexions sur mes boucles d’oreilles, mes bracelets et mon chouchou…

– Qu’avez-vous besoin de porter tout ça pour aller à l’école, Christine…  Est-ce que ça vous aide à assimiler vos cours ?

– Mais quand même, belle-maman, un peu de coquetterie féminine…

– Christine ! coupa ma belle-mère, je suis bien d’accord avec les Sœurs. Vous allez à Ste-Marie pour apprendre et étudier, par pour montrer ostentatoirement vos bijoux.

J’ajoutai aussi le conseil de la Préfète de discipline quant à mes mèches. À savoir, ne plus faire la moindre coloration fantaisie. Ma belle-mère émit une idée qui alla au-delà des préconisations de Sœur Marie-Hortense.

– Christine, je vais vous prendre rendez-vous chez ma coiffeuse avant la fin de la semaine. Elle vous reprendra votre coloration naturelle et vous fera une coupe plus nette. Demain, pour tenir vos cheveux je vais vous trouver une barrette.

Ma belle-mère continua son sermon :

– Christine ! Pour le moment, tout ce que vous m’avouez ne figure pas sur votre carte de correspondance… À sa lecture, j’imagine donc que le pire est à venir…

Ma belle-mère avait parfaitement raison. Pour l’instant, je ne me justifiais que des remarques des Sœurs qui n’étaient pas notées sur ma carte de correspondance. Maintenant il allait falloir que je m’explique sur ce qui semblait un peu plus concret aux yeux de ma belle-mère. Celle-ci poursuivit :

– Je constate que vous n’avez pas fait semblant, Christine. Premières heures à Ste-Marie et vous êtes déjà collée ! Je lis : objets prohibés… J’attends que vous me fassiez toute la lumière sur cela.

En premier lieu, il m’avait fallu minimiser l’affaire. D’ailleurs il ne s’agissait pas d’une grosse bêtise mais juste d’une erreur d’appréciation.

– Belle-maman, j’ai seulement commis la maladresse d’avoir pris dans mon cartable mes trousses de toilette et de beauté…

– C’est bien superflu tout ça pour aller à l’école, coupa ma belle-mère.

Je dus reconnaître que ceci ajouté au port de bijoux précédemment réprimandé m’avait valu cette retenue le samedi suivant. Ma belle-mère trouva cette sanction modérée juste et intelligente. Pour faire bonne mesure je déclarai que cette demi-journée supplémentaire ne me ferait pas de mal en regard de mes études. Ma belle-mère acquiesça.

Jusque là je réussissais à justifier mes explications en démontrant que ce qui m’avait été reproché était bénin. Je ne disais que la vérité et il me semblait que ma belle-mère pensait comme moi. J’arrivai donc à infléchir le cours des choses mais visiblement ma belle-mère ne l’entendait pas tout à fait de cette oreille.

– Dites-moi Christine, tout ce que vous racontez n’est rien avec ce qui suit sur votre carte de correspondance… Selon vous, ce ne sont que petites négligences, maladresses ou erreurs d’appréciation… Mais ce que je lis est sans commune mesure avec tout ça, hein !

– C’est pas ça belle-maman… c’est juste que… heu…

– C’est juste que quoi ? Christine ! Je sais lire, ne me prenez pas pour une idiote ! Fessée pour insolence… C’est bien ça que les Sœurs ont noté ?

Il fallait bien me rendre à l’évidence, la fessée que j’avais reçue ainsi que sa cause étaient bien inscrites noir sur blanc et il était vain pour moi de nier. J’allais donc m’employer à faire la démonstration que tout cela avait été un peu exagéré. Après tout, ma belle-mère n’avait pas été témoin direct de la scène et elle me croirait sur parole pour peu que je sois convaincante. Du haut de mes 36 ans je n’étais plus une gamine et mes explications posées auraient certainement un effet rassurant.

Je trouvai les mots justes. Je racontais à ma belle-mère l’insistance des Sœur à vanter les mérites de ces affreux dessous de coton blanc alors que nous étions en été et que, durant les cours de vacances, une lingerie moins sobre était permise. J’ajoutai que Sœur Marie-Hortense avait presque fait allusion à ce que je porte ces dessous immédiatement. J’expliquai à ma belle-mère que j’avais refusé, en argumentant que je n’étais plus une adolescente et je j’étais assez grande pour porter de la lingerie adaptée à mon âge.  

– Ainsi, Christine, à vous entendre ce serait la Préfète de discipline qui aurait exagéré… Pourtant je lis bien le mot insolence sur votre carte de correspondance ! Ne serait-ce pas le ton de votre refus qui a dérapé ? Je vous ai vue à l’œuvre aux Galeries et je sais maintenant ce dont vous êtes capable verbalement.

Penaude, je devais bien avouer que j’avais perdu mon calme en répondant un peu sèchement à Sœur Marie-Hortense et que le tarif en avait été de quelques claques.

– Quelques claques, voyez-vous ça ! Et comment expliquez-vous ces traces sur vos cuisses ? Moi, ce que je pense, Christine, c’est que vous avez bel et bien reçu une fessée comme c’est noté sur votre carte de correspondance et même des coups de règle ; tout cela en réponse à vos insolences vis-à-vis des Sœurs. Je m’en tiendrai à cela.

Je ne voyais pas trop où ma belle-mère voulait en venir ni le sort qu’elle souhaitait me réserver mais bien vite je fus fixée.

– Christine, vous connaissez le règlement de Ste-Marie. Vous connaissez également mon engagement. Toute sanction doit être doublée et donc répétée à la maison…

– Belle-maman, nous sommes deux femmes intelligentes… Nous n’allons pas tomber dans ces travers où veulent nous entraîner Ste-Marie et ses Sœurs… Ne trouvez-vous pas que j’en ai assez bavé comme ça ? J’ai 36 ans, je suis adulte, nous n’allons pas nous prêter à pareille comédie entre nous…

– Christine, coupa sèchement ma belle-mère, vous avez certes 36 ans mais vous êtes avant tout et depuis ce matin une élève de Ste-Marie. Vous avez signé votre convention et à ce titre vous devez obéissance aux Sœurs ainsi qu’à moi, votre tutrice.

Le ton employé par ma belle-mère était moins dispersé qu’à l’habitude. Elle parlait avec précision sans s’égarer ni se perdre dans des surenchères stériles. Elle continua :

– J’ai décidé plusieurs choses. Déjà vous me copierez 100 lignes comme ce matin. Par rapport à vos heures de retenue, vous resterez ici cette nuit, comme en retenue. Bien entendu je répèterai la fessée que vous avez reçue à Ste-Marie. Et enfin, je doublerai la mise en réponse à votre conduite inqualifiable aux Galeries.

– Belle-maman, répondis-je en implorant…

– Oui, Christine ? Vous trouvez que ma décision n’est pas assez lourde ?

Je ne voulais surtout pas la braquer au risque d’aggraver sa sentence. Je décidai de faire profil bas pensant qu’au fil de l’enchaînement des évènements, ma belle-mère serait plus clémente. Elle m’obligea à aller à la table et m’y asseoir. Je dus copier cent fois et pour la deuxième fois de la journée : Je salue une grande personne lorsque celle-ci m’adresse son bonjour.

– Bien Christine, dit ma belle-mère. Maintenant nous allons passer aux choses sérieuses. J’imagine qu’à Ste-Marie ce matin vous avez reçu une fessée déculottée n’est-ce pas ?

Interloquée, je ne savais quoi répondre. Je pensais que ma belle-mère insistait mais seulement pour marquer le coup et souhaitait juste me donner deux ou trois claques sur ma jupe de manière purement symbolique. Entre deux femmes adultes, le geste aurait été figuratif et l’honneur aurait été sauf vis-à-vis de Ste-Marie. D’une part j’aurais subi ce doublement de sanction et d’autre part ma belle-mère aurait tenu ses engagements.

– Déjà, Christine, vous allez me retirer cette jupe et aussi cette chemise… que j’y vois plus clair.

Telle un automate, je m’exécutais sans mot dire. Je commençais par faire glisser ma jupe qui tomba à mes pieds puis je déboutonnais lentement ma chemise. Je me retrouvai alors simplement en culotte et soutien-gorge, immobile ne sachant trop quelle contenance adopter. C’est ma belle-mère qui décida de la suite des choses. D’un geste sûr elle me descendit la culotte à mi-cuisses en en saisissant l’élastique de ses deux mains.

À ce moment précis, mon téléphone se mit à sonner. C’est ma belle-mère qui s’en saisit et prit la communication. C’était mon mari avec les enfants depuis la plage qui m’appelaient.

– Oui, c’est moi qui ai décroché, répondit ma belle-mère. Christine arrive, je te la passe.

Ma belle-mère me donna le portable. J’étais debout au milieu du salon, vêtue seulement de mon soutien-gorge et la culotte baissée à mi-cuisses, prête à recevoir une fessée. Il allait me falloir être forte pour tenir au bout du fil mon rôle d’épouse et de mère alors que les circonstances ne plaidaient pas en ma faveur. D’autant que ma belle-mère s’était plantée devant moi et scrutait mes gestes et paroles.

Je dus faire un gros effort et prendre sur moi pour demander à mon mari et aux enfants si tout allait bien pour eux, si l’eau de mer était bonne, bref, si leur premier jour de vacances se déroulait de la meilleure des manières. En réponse, je les rassurais sur mon sort de nouvelle recrue à Ste-Marie. Durant dix bonnes minutes je jouais à faire semblant.

Lorsque je raccrochai je pris immédiatement conscience de la réalité de ma situation et je fondis en larmes. Je ne pouvais que difficilement affronter ce contraste brutal. Ma belle-mère renchérit :

– Vous pleurez déjà ? Christine. Il vous fallait réfléchir avant.

Inflexible, elle me saisit et me plaqua sur ses genoux. Pour arriver à tenir mon équilibre et ne pas verser en avant je dus me tenir de mes deux mains au sol, mains que je n’avais plus pour parer d’éventuels coups. Durant un instant qui me parut interminable il ne se passa absolument rien. J’étais néanmoins loin d’étancher mes larmes.

Soudain une déferlante s’abattit avec force sur mes fesses exposées. J’entendis d’abord le bruit sec des claques ainsi que la secousse engendrée avant d’en ressentir l’atroce brûlure. Sur un rythme soutenu ma belle-mère me donnait la fessée d’une main largement ouverte. Méthodiquement elle visait tantôt ma fesse gauche, tantôt ma fesse droite. Sans répit je dus endurer une bonne vingtaine de coups.

L’effet fut immédiat. Je pleurais déjà et mes pleurs furent renforcés par des plaintes de détresse mêlées de hoquets. Les claques de me belle-mère faisaient mal et je le lui signifiais ainsi de manière bien sonore.

Aussi brusquement que la fessée avait commencé, elle s’arrêta. C’est à ce moment-là que je fis l’amer constat que mes fesses me cuisaient horriblement. Mes plaintes firent place à des sanglots mêlés de supplications incohérentes. Je risquai une main sur mes fesses pour en évaluer l’état et la chaleur. Mal m’en prit.

– Christine, me rappela à l’ordre ma belle-mère, enlevez cette main tout de suite !

À peine ma main fut ôtée qu’une frappe sèche me brûla le bas des fesses, là où la peau est la plus fine et fragile. Tout comme cela s’était passé à Ste-Marie le matin même, ma belle-mère souhaitait terminer sa sentence à la règle. C’est armée d’une vieille latte en bois qu’elle martelait la région de mes cuisses.

À chaque coup, j’avais l’impression qu’un trait de feu me cinglait la peau. L’impact était précis et j’y réagissais en de ridicules ruades désordonnées, lançant mes jambes seulement réunies par ma culotte descendue.

– Voilà, votre punition est terminée Christine, dit ma belle-mère sur un ton dépourvu de la moindre émotion. Vous pouvez vous relever.

Je me redressai non sans mal. C’était comme si toute la zone, allant de mes fesses jusqu’aux cuisses, avait été surchauffée. Je tremblais. J’avais tellement pleuré et supplié que j’en avais même bavé. Je restai debout sans esquisser le moindre mouvement. Je n’eus même pas la présence d’esprit de poser un regard sur l’état de mes fesses et de mes cuisses.

C’est ma belle-mère qui me conduisit au coin où elle me cala le front contre le mur et me croisa les bras dans le dos.

– Pas un mot, pas un geste Christine ! ordonna ma belle-mère. Sinon je double la mise.

Ma culotte avait glissé jusqu’à mes genoux n’aidant pas ma démarche. Je dus rester une bonne demi-heure à expier la fin de ma punition. Peu à peu mes pleurs se calmèrent, se transformant en sanglots de plus en plus espacés. De rares spasmes me secouaient encore lorsque je revoyais ma journée et surtout lorsque je repensais à mon mari et mes enfants. J’entendais bien ma belle-mère vaquer à ses occupations derrière moi mais je me gardais bien de me retourner, ne serait-ce que la tête, pour savoir ce qu’elle faisait exactement ni où elle se tenait.

Je sentais parfois sa présence toute proche mais elle restait silencieuse. Vers la fin de cette bonne trentaine de minutes je repris progressivement le dessus sur moi-même. Mes sensations, mises en sommeil par toute l’énergie que j’avais dépensée à faire face à l’administration de ma fessée, refaisaient surface dont l’une d’elle qui se faisait de plus en plus pressante.

D’immobile, je me mis à sautiller lentement d’un pied sur l’autre, essayant au maximum de me retenir. Je n’osais pas appeler ma belle-mère de peur d’essuyer une nouvelle fois ses foudres. Je pensais innocemment qu’elle comprendrait le message bien naïf que je croyais lui envoyer en me dandinant.


J’arrivais de plus en plus difficilement à me concentrer, jusqu’à perdre tout contrôle de ma vessie...


Pour suivre le fil de ce récit

Lire ou relire le premier épisode : introduction
et l'épisode précédent : chapitre 7
La suite, c'est le chapitre 9

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