Cette troisième journée de cours de vacances à Ste-Marie se
déroula sans encombre. J’avais bien assimilé les leçons cuisantes des deux
journées précédentes et en avais tiré profit. De fait je n’avais pas été punie.
En outre, j’avais eu le nez creux en pensant à éviter toute fantaisie sur
moi-même. J’avais pris soin d’effacer les traces de vernis sur mes ongles des
mains comme ceux des pieds.
Ma camarade Magali n’avait pas eu cette malice, oubliant que
toute coquetterie superflue n’était jamais bien vue à Ste-Marie. Elle avait
encore le vernis à ongles rouge vif qu’elle s’était passé la veille chez moi.
Si cela soulignait sa féminité, ça n’allait pas l’aidait pour suivre ses cours
de vacances. Magali s’était fait prendre par la patrouille, en la personne de
la Sœur portière, sitôt son entrée à l’école.
La sanction, bien qu’immédiate, avait été tempérée. Si pareille
fantaisie était proscrite à Ste-Marie, nous étions en période de cours de
vacances et les Sœurs affichaient une certaine souplesse. De plus, cela faisait
deux jours que les religieuses avaient bien posé leurs jalons, qu’elles avaient
marqué leur territoire.
Magali récolta tout de même d’heures de retenue et l’affront
d’avoir les ongles nettoyés en public. Ce fut d’ailleurs cette dernière action
qui l’atteignit principalement. Elle vécut très mal la dégradation imposée et
autoritaire de sa féminité par la Préfète de discipline.
Pour ma part, si j’avais passé cette troisième matinée en étant
une élève modèle, il n’allait pas en être de même l’après-midi. Tout commença
même durant la dernière récréation lorsque Sœur Marie-Hortense vint nous faire
un résumé de nos sanctions respectives et comment certaines allaient se
dérouler. La Préfète de discipline faisait principalement allusion aux retenues
du samedi dont toutes et tous avions été gratifiés.
Personnellement j’avais naïvement pensé que ce serait du temps
supplémentaire à mettre à profit pour revoir mes cours, parfaire mes connaissances.
J’avais simplement oublié que ces heures de retenue étaient avant tout des
sanctions et que toute sanction à Ste-Marie se devait d’être répressive. Je
compris rapidement qu’être collée n’était pas synonyme de simple temps passé en
classe d’études.
– Jeunes gens, annonça Sœur Marie-Hortense, je m’adresse
principalement à ceux qui sont retenus samedi.
En fait la Préfète de discipline usait d’un sens de l’humour
très pervers, puisque nous étions toutes et tous retenus à des degrés divers.
– Samedi donc, continua la Préfète de discipline, je vous ai
prévu 2 heures d’éducation physique et sportive pour bien débuter la matinée.
Vous penserez donc à prévoir un rechange pour vos sous-vêtements ainsi que
votre équipement sportif.
Ma belle-mère m’attendait à la sortie des classes. Je m’y étais
préparée puisqu’elle m’en avait informée la veille. Cette perspective ne
m’enchantait guère mais j’étais au moins sûre et certaine d’une chose, ce
matin-là je n’avais pas été punie à Ste-Marie, donc en toute logique je ne
devais pas être fessée en réponse par ma belle-mère. Depuis deux jours que
j’avais été comme abonnée à ces répliques de sanction de la part de ma tutrice,
je me trouvais, en cette troisième journée, comme soulagée.
Avec ma belle-mère nous allâmes prendre une salade au même snack
qui avait bénéficié de notre clientèle l’avant-veille. La conversation porta
d’abord sur la météo et la canicule qui pointait le bout de son nez en ce début
du mois d’août. Cela faisait belle lurette que toutes les deux nous ne parlions
de rien d’autre que de la pluie et du beau temps.
J’eus même le privilège de pouvoir longuement dialoguer avec mon
mari. Certes notre échange téléphonique fut parfois très contrasté, lui étant
en vacances avec les enfants au bord de la mer Méditerranée et moi comme
consignée à mes cours de vacances à Ste-Marie. Contrairement à la veille, je
n’eus point besoin de faire référence aux sanctions infligées par l’école et
répétées par ma belle-mère. Ce midi-là les fessées étaient comme la météo, au
beau fixe.
C’est ma belle-mère qui sonna le départ du snack :
– Allez Christine ! Il va bientôt être l’heure du
rendez-vous que je vous ai pris chez ma coiffeuse Madame Durand.
D’ordinaire j’allais chez ma propre coiffeuse dans un salon où
j’avais mes habitudes, là c’était ma belle-mère qui avait décidé. En effet,
suite aux recommandations plus qu’aux injonctions de la Préfète de discipline,
ma belle-mère souhaitait absolument me faire revoir la couleur de mes cheveux. J’avais
fait faire des mèches quelques semaines plus tôt et cette fantaisie capillaire
n’avait pas été du goût de Sœur Marie-Hortense. À mon sens, point n’était
besoin de se précipiter chez la coiffeuse pour remédier à cela. Mais ma
belle-mère avait décidé et je ne voulais surtout pas la contrarier d’autant que
cette décision avait été prise lors d’une fessée.
Je ne connaissais pas le salon de Madame Durand mais dès que
j’en découvris la devanture je compris qu’il avait le même âge que ma
belle-mère. Sans paraître vieillot, ce salon respirait la tradition de
l’artisanat d’antan. Madame Durand était une élégante personne mais plus proche
de la retraite que de l’obtention de son CAP coiffure.
– Bonjour Madame Durand, prononça clairement ma belle-mère.
– Bonjour Madame Farell, bonjour Christine… c’est bien ça ?
nous dit-elle.
– Bonjour Madame, répondis-je.
– Christine ! m’apostropha ma belle-mère, j’aurais aimé
qu’en pénétrant, la plus élémentaire des politesses vous pousse à dire bonjour
avant même qu’on ne vous salue ! Excusez-la Madame Durand…
D’un seul coup et pour une histoire de salut décalé ma
belle-mère redevenait désagréable. Je trouvais même sa remarque déplacée, nous
étions les clientes et à cet égard Madame Durand, sans nous devoir un respect
absolu, pouvait nous accueillir sans considération ni préséance. Le charme qui
avait opéré entre ma belle-mère et moi durant cette pause de midi venait
brusquement de voler en éclat. Je compris que la suite de l’après-midi serait
difficile.
Nous venions à peine de pénétrer dans ce salon de coiffure que
j’avais déjà perdu la main sur tout évènement qui pourrait s’y dérouler et me
concernant. D’autant que Madame Durand, la gérante, ne semblait pas commode
sous ses airs faussement sympathiques. D’ailleurs pour le moment elle n’était
sympathique qu’avec ma belle-mère à qui elle s’adressait exclusivement en
ponctuant ses phrases par un trop respectueux « Madame Farell ».
J’étais aussi « Madame Farell » mais je n’avais droit qu’à
l’appellation « Christine » ou « ma grande ». C’était un
peu comme si, à 36 ans, elle me faisait un insigne honneur d’être traitée comme
une grande dans un salon de coiffure pour adultes.
Ce salon était un peu différent des salons habituels que l’on
trouve actuellement. De nos jours, ils sont vastes, lumineux et fortement
éclairés, dotés de miroirs et généralement d’une grande vitrine à travers
laquelle on peut y voir l’activité depuis la voie publique. Contrairement à
cela le salon de Madame Durand était, certes très cosy, mais tout en discrétion
formé de divers box que séparaient des paravents. Au fond se trouvaient les
bacs à shampoing, puis deux box se faisant vis-à-vis pour les coupes et les
couleurs et enfin deux autres box avec les casques et autres lampes permettant
le séchage. Nous nous trouvions actuellement dans l’entrée où trônait un
comptoir à l’ancienne, quelques fauteuils et une table basse. Boiseries et
plantes vertes donnaient un certain cachet à ce salon.
Nous étions au mois d’août et Madame Durand était seule à
officier, son employée et son apprentie étaient en vacances. Seule une jeune
fille d’environ 16 ans venait lui prêter main forte et se faire de l’argent de
poche par l’intermédiaire de ce qu’on appelle un job d’été.
– C’est pour cette grande fille que vous avez pris rendez-vous,
n’est-ce pas Madame Farell ? dit Madame Durand.
– Oui, c’est bien cela, répondit ma belle-mère. Comme je vous
l’ai expliqué au téléphone, il lui faut une coupe classique et surtout une
couleur unie.
– Mais belle-maman, osai-je, je ne veux pas de coupe. Mes
cheveux sont bien comme ils sont.
– Christine ! coupa sèchement ma belle-mère, mettriez-vous
en doute les qualités professionnelles de Madame Durand ?
Cette seule phrase de ma belle-mère prononcée sous le regard
autoritaire de Madame Durand suffit à me faire taire. Ce fut la coiffeuse qui
embraya, expliquant comment elle voyait les choses.
– Rassure-toi ma grande, dit Madame Durand. On va garder cette
queue de cheval, je vais seulement mettre un peu de fantaisie dans ta coupe en
travaillant un peu les pointes.
Étant donné le caractère et l’ambiance du salon, il y avait fort
à parier que la coupe fantaisie promise par Madame Durand aurait tout l’air
d’un austère chignon tout triste. Je compris rapidement que je n’avais pas
droit à la parole. D’ailleurs pour bien montrer sa supériorité, Madame Durand,
en plus de me considérer comme « sa grande », me tutoyait telle une
gamine.
Heureusement je fus remise entre les mains de Charline, la jeune
fille en job d’été. Elle m’invita à enfiler une blouse que je trouvai très
agréable à porter. À l’inverse des habituelles blouses amples en nylon qu’on
rencontre dans la plupart des salons de coiffure, celle-ci était en coton fin
et portait l’écusson du salon de Madame Durand. D’ailleurs les serviettes aussi
étaient brodées du même blason.
Pour une adolescente de 16 ans, Charline s’exprimait peu et
semblait sérieuse. On sentait bien la rigueur qu’avait dû lui communiquer
Madame Durand. Les paroles de cette jeune fille se limitaient seulement à
quelques mots pour m’installer au bac à shampoing. Je pus juste lui soutirer
qu’elle se destinait à la coiffure et allait à la prochaine rentrée préparer un
CAP coiffure en centre d’apprentissage.
Madame Durand étant seule au salon pendant ce mois d’août, elle
ne prenait en rendez-vous qu’une cliente à la fois. Charline s’occupait des
shampoings, de la préparation pour les couleurs, du rangement et du balayage
entre chaque cliente ; elle pouvait aussi observer sa patronne et se faire
une idée sur ce qui serait à terme son futur métier.
– Venez, je vais vous installer dans le box, me dit Charline.
C’est Madame Durand qui va maintenant s’occuper de vous.
– Merci, lui répondis-je.
C’est la tête enturbannée dans une serviette que je m’assis dans
un moelleux fauteuil. Madame Durand était déjà dans le box à papoter avec ma
belle-mère. Charline régla la hauteur du fauteuil puis m’ôta la serviette de la
chevelure et resta en retrait, attentive aux ordres et aux gestes de sa
patronne.
– Alors ma grande, dit sèchement Madame Durand, tu vas faire ta
rentrée à Ste-Marie ? Il te faut donc une coupe adaptée pour l’école.
– Elle y est déjà en cours de vacances depuis deux jours,
répondit à ma place ma belle-mère, elle va passer son Bac et elle s’y est déjà
distinguée…
– Ah ! Ces bonnes vieilles méthodes, continua Madame
Durand, il n’y a rien de plus efficace. Et ça fonctionne à tous âges, je peux
vous le confirmer Madame Farell.
– Oh oui ! renchérit ma belle-mère, Christine pourra vous
le dire. Mais heureusement aujourd’hui, tout semble être rentré dans l’ordre.
C’est qu’à son âge, je reconnais que ce n’est pas évident mais d’un autre côté,
grâce à son âge, elle devrait se raisonner elle-même… N’est-ce pas
Christine !
Ma belle-mère commençait à étaler presque publiquement ce qui
résumait ma vie depuis trois jours que j’étais à Ste-Marie pour y suivre les cours
de vacances. Si Madame Durand semblait initiée aux coutumes disciplinaires de
cette école, c’était néanmoins une personne que je ne connaissais pas et je
trouvais déplacé qu’elle pût savoir certaines choses ou détails me concernant.
Pire encore, la présence de la jeune Charline n’arrangeait rien d’autant que
cette jeune fille allait ouvrir des yeux incrédules, preuve de sa totale
ignorance sur le sujet.
Ma belle-mère résuma mes écarts de conduite à l’école et les
sanctions en découlant. Elle raconta aussi comment elle s’y était prise pour
répliquer ces punitions à la maison et combien elle prenait son rôle de tutrice
à cœur. Madame Durand l’en félicita, ponctuant ses propos de formules très
conservatrices.
– Et vous savez ce qu’elle m’a fait hier, dit ma belle-mère,
elle m’a fait l’affront de porter un string…
– Oh la la ! répondit presque outrée Madame Durand, où
allons-nous Madame Farell ? Quelle époque !
Visiblement, pour Madame Durand, porter un string ou plus
généralement un sous-vêtement en dentelle était encore l’apanage d’une
prostituée sinon d’une débauchée ou d’une perverse et m’y assimila très
certainement. Cette coiffeuse ne vivait pas dans son époque ou s’y refusait.
Bien que les propos de ma belle-mère concernant mon string ne soient pas circonstanciés,
il n’y avait rien de choquant à ce que, de nos jours, une femme de 36 ans
portât un tel dessous.
Et ma belle-mère d’en rajouter en décrivant avec fierté son
geste victorieux :
– Heureusement j’ai réagi de la meilleure manière qui soit, je lui
ai découpé ce string aux ciseaux. Comme ça on n’en parlera plus !
– Vous avez bien fait Madame Farell, acquiesça madame Durand, il
fallait une solution radicale.
Le décor venait d’être planté. Madame Durand et ma belle-mère
devisaient de moi et en ma présence comme si je n’existais pas et Charline
avait bien saisi le sens des choses. Si je ne réagissais pas immédiatement, il
serait trop tard pour m’en sortir. Je m’étais certes engagée à suivre coûte que
coûte cette année scolaire à Ste-Marie avec tout ce que cela pouvait comporter
comme discipline mais cela n’induisait pas de devoir subir un tel affront chez
une coiffeuse passéiste et rétrograde. J’avais mon libre-arbitre et je me
devais de le faire connaître.
– Non ! C’est assez ! dis-je fermement en me levant.
Je commence à en avoir par dessus la tête d’obéir à des ordres débiles… Et
encore, je pèse mes mots. Quand j’ai signé mon inscription à Ste-Marie, ce
n’était pas pour être coiffée par une vieille folle qui se croit encore sous le
régime victorien… Excusez-moi Madame, je n’ai rien de particulier contre vous
mais il fallait que ça sorte. Faites comme vous voulez, continuai-je à
l’encontre de ma belle-mère, mais moi je m’en vais.
Je me levai et commençai à déboutonner ma blouse. Mon attitude
venait de jeter un froid. Charline semblait trembler dans son coin et je
pensais que, décontenancées, Madame Durand et ma belle-mère en resteraient
pétrifiées. Ce fut effectivement le cas, mais cela ne dura qu’un très bref
instant.
L’aller-retour fut sec et précis, ma tête partit d’abord à
droite puis à gauche. Cela ne dura qu’une fraction de seconde, je sentis
brusquement mes joues s’embraser et j’avais aussitôt l’index de Madame Durand
sur le centre de mon front.
– Christine ! gronda Madame Durand. Sache qu’ici tu es dans
mon salon et que c’est moi qui commande !
– Je suis vraiment désolée, dit ma belle-mère, je ne pensais pas
qu’elle serait aussi…
– Ce n’est rien Madame Farell, coupa Madame Durand. J’ai
l’habitude. Plus elles sont grandes, plus elles sont rétives. Mais je sais
comment m’y prendre Madame Farell, si vous le permettez…
– Oui, oui, faites donc, continua ma belle-mère.
Quelle stupide idée j’avais eu de vouloir me révolter ! Je
venais de le payer cash et la suite ne s’annonçait pas sous de bons auspices.
Madame Durand, sans se démonter, venait de m’envoyer une paire de gifles plus
magistrales que violentes. Cela eut pour conséquence de me pétrifier, effet
qu’elle amplifia en me domptant de son index au front. Bizarrement au lieu de
réagir ou à l’inverse de pleurer, je me mis en « mode déconnexion ». Je
me rassis dans le fauteuil totalement soumise.
– Voyez Madame Farell
comme cette grande fille apprend vite, dit Madame Durand. Charline s’il te
plaît, je vais commencer par un brushing… Tu me fais passer une brosse…
– Mais Madame Durand, interrogea Charline…
– Charline ! Tu es ici pour apprendre. Contente-toi
d’observer et de faire ce que je te demande !
– Oui Madame Durand, répondit Charline, en faisant passer une
brosse à sa patronne.
– Mais un brushing un peu spécial, expliqua Madame Durand.
Charline, s’il te plaît, peux-tu aider cette grande fille à retirer sa blouse.
Christine, lève-toi ! intima Madame Durand à mon intention.
Presque automatiquement je me levai et attendais, à la merci des
volontés de la coiffeuse. Charline s’approcha et termina de me déboutonner la
blouse qu’elle me retira avec délicatesse, mais je sentais qu’elle tremblait,
ne sachant sans doute pas où sa patronne voulait en venir ni quelles étaient
ses intentions. J’étais venue pour une couleur et une coupe, Charline le savait
et savait également qu’un brushing termine généralement cette suite de soins.
C’est à ce moment-là que je pus retrouver quelque lucidité. Je
me dis que j’avais été trop loin en impliquant directement Madame Durand et en
l’ayant traitée de vieille folle. Même si l’instant d’après je l’avais assurée
d’aucune attaque personnelle de ma part, les mots avaient été lâchés. Certes je
les regrettais encore mais la paire de claques que j’avais reçues remettait les
pendules à l’heure bien au-delà d’un simple retour à l’équilibre.
Si à 36 ans je devais le respect à une femme sexagénaire, cela
ne légitimait pas pour autant l’emploi d’une telle méthode de sa part. Mais
Madame Durand était avec moi pire que dans une épreuve de force, elle gérait
son autorité calmement et avec une organisation cohérente. Dans son salon, si
les clientes étaient reines, les autres dont je faisais partie étaient quantité
négligeable. Quand je dis les autres, ce sont celles qui, aux yeux de Madame
Durand n’ont pas droit à la parole, et ne sont donc pas considérées comme des
adultes ou des grandes personnes même si péjorativement elles sont qualifiées
de « grandes ».
– Madame Farell, dit Madame Durand, auriez-vous l’amabilité de
m’assister en ôtant la jupe de cette grande fille s’il vous plaît.
– Avec grand plaisir Madame Durand, répondit ma belle-mère.
Ce disant ma belle-mère allia le geste à la parole et me défit
l’attache de ma jupe qui tomba à mes pieds. Toujours debout je me trouvais
subitement seulement vêtue de ma chemise et de ma culotte. Bien qu’étant
entourée exclusivement de femmes, je me trouvai bête ainsi exposée. D’autant
que la suite qui se profilait n’augurait rien de bon.
Et ma belle-mère qui, comme pour mieux appuyer l’incongruité de
la situation, enfonça le clou gratuitement :
– Souhaitez-vous que je vous la déculotte ? proposa-t-elle.
– S’il vous plaît Madame Farell, répondit Madame Durand.
Ma belle-mère, sans même me laisser esquisser le moindre geste
de refus, me saisit l’élastique de la culotte de chaque côté et tira vers le
bas jusqu’aux chevilles. Ainsi entravée je ne pouvais plus bouger. Dépassant la
demande de Madame Durand, ma belle-mère me déboutonna ensuite la chemise
qu’elle m’enleva. Elle devait trouver que les pans risquaient de gêner l’action
punitive future de la coiffeuse. Enfin, dernière œuvre de ma belle-mère, elle
m’invita à lever un pied puis l’autre afin de m’ôter complètement la culotte.
J’étais à présent seulement vêtue de mon soutien-gorge et de ma
paire d’espadrilles, debout et pétrifiée telle une proie face à Madame Durand,
Charline et ma belle-mère. De ces trois personnes, seule Charline était celle
qui était la plus surprise et même choquée par la situation qui était en train
de se dérouler sous ses yeux. Jamais une adolescente de son âge n’aurait pu
imaginer qu’on pût ainsi déculotter une femme adulte en public, même en comité restreint.
Pour ma part, je n’étais pas en reste côté sensations. J’étais
complètement abasourdie et même anéantie étant incapable de toute réaction.
Cela ne ressemblait pas à mon caractère mais depuis trois jours que je suivais
les cours de vacances à Ste-Marie, faut croire que mon caractère avait changé
et évolué.
Sans plus attendre ni même me placer de manière précise, Madame
Durand leva son bras droit dont la main était armée de la brosse à cheveux. Tel
un levier, ce bras s’abattit brusquement et le dos de la brosse entra en
contact avec ma fesse gauche. Un claquement sec fendit le silence du salon de
coiffure. Aussitôt après et comme en écho je poussai un cri de douleur. La
brosse ne présentait pas autant de surface qu’une main, qu’une règle ou même que
les lanières d’un martinet et la concentration d’énergie me marqua
instantanément la peau déjà meurtrie par les fessées des jours précédents.
– Aïeee ! poussai-je plaintivement.
J’eus à peine le temps d’hurler mon cri qu’un second coup de
brosse à cheveux atteignit ma fesse droite. Instinctivement je mis mes mains en
parade devant mes fesses pensant les protéger d’un nouveau coup de brosse. Mal
m’en prit, Madame Durand visa ma cuisse gauche pour un troisième coup d’égale
puissance.
En même temps je poussai deux nouveaux cris de douleur :
– Aïeee ! Aïeee !
– Veux-tu ôter tes mains de là, ordonna Madame Durand. Madame
Farell, s’il vous plait, vous pouvez me la tenir.
Ma belle-mère ne se fit pas prier une seconde de plus. Elle
m’attrapa les poignets, les ramena à elle et garda mes bras devant moi, loin de
portée de mes fesses. Ainsi découvertes mes fesses étaient à nouveau
disponibles pour le brushing spécial que Madame Durand me réservait. Celle-ci
n’attendit pas et poursuivit sa correction à la brosse à cheveux.
La douleur que je ressentais à chaque contact était vive et
fulgurante. Ma concentration n’était même plus à savoir si l’attitude que je
présentais était empreinte de dignité, j’avais trop mal pour penser à cela.
À peine le cinquième coup de brosse encaissé, je me mis à
pleurer et à supplier :
– Aïeee ! J’ai mal ! Non, Aïeee ! Mes
fesses ! Mais pourquoi ? Je me suis pourtant excusée…
Loin d’apaiser les ardeurs de Madame Durand, mes supplications
eurent au contraire un effet dévastateur. La main de la coiffeuse me sembla
plus lourde et les derniers coups de brosse me furent extrêmement difficiles à
supporter. N’y tenant plus face à cette concentration de douleur je me mis à
sautiller comme pour dissiper les atroces brûlures que je ressentais.
Vaincue, je m’effondrai dans les bras de ma belle-mère et plaçai
ma tête sur son épaule droite. Même la punition terminée, mes fesses me
cuisaient de plus en plus et, par pur réflexe, tremblaient toutes seules. Mes
pleurs n’étaient seulement entrecoupés que des mes sanglots et bruyantes aspirations
d’air.
– Alors Charline, plaisanta Madame Durand, j’espère que tu as
apprécié ce brushing ! Au moins, aujourd’hui, tu auras appris quelque
chose…
Charline ne répondit pas, d’ailleurs la question de sa patronne
n’appelait aucune réponse.
Madame Durand se tourna vers ma belle-mère :
– Ce sont toutes les mêmes Madame Farell, elles se croient
grandes mais elles pleurent vite comme des petites filles. Croyez-moi, je sais
encore les mâter… Je n’ai pas encore perdu la main !
Madame Durand se félicitait de son procédé auprès de ma
belle-mère qui, conquise par une telle efficacité, trouva la méthode
performante. Ainsi châtiée et revenue à la raison, devait-elle penser, je
pourrais à nouveau me prêter à la science artisanale de la coiffeuse pour une
coupe et une couleur.
Quant à moi, je pleurais toujours à chaudes larmes toute ma
douleur, la tête posée sur l’épaule de ma belle-mère. Ce ne fut qu’à partir de
ce moment-là que je pris conscience de la punition que je venais de subir, une
magistrale fessée déculottée donnée à la brosse à cheveux. Ce qui me tracassait
le plus ce n’était pas la présence ni de Madame Durand ni de ma belle-mère,
elles étaient deux femmes plus âgées que moi et, de fait, je leur devais
respect et obéissance. En outre et concernant la coiffeuse, elle était en
quelque sorte liée par le secret professionnel même si généralement les salons
de coiffure sont plus connus pour leurs cancans que pour leur discrétion.
Non, ce qui me contrariait, c’était surtout la présence de
Charline, la jeune fille en job d’été. Comme toutes les adolescentes de son
âge, elle n’allait pas rester longtemps muette sur ce qu’elle venait de voir.
Il y avait fort à parier qu’elle saurait divulguer à son proche entourage, à
ses copines, la scène hallucinante dont elle avait été le témoin privilégié. Il
n’est pas commun d’observer dans un salon de coiffure une femme adulte de 36
ans se faire déculotter et fesser, c’est donc une information qu’on s’empresse
de partager, d’amplifier voire de déformer. J’espérais également que Charline
n’avait pas usé d’une pratique commune aux adolescents d’aujourd’hui, filmer la
scène avec son smartphone et la diffuser sur le net ; mais je me dis que
sa patronne l’aurait certainement remarquée et interdit, j’en fus donc relativement
rassurée.
Enfin remise de mes pleurs, consolée par ma belle-mère, je fus
invitée à simplement renfiler ma blouse et me rasseoir dans le fauteuil. Ce fut
un instant difficile tant mes fesses me faisaient mal et je dus me tortiller
pour trouver une position de confort. Madame Durand put ainsi faire étalage de
toute sa science et me reprendre couleur et coupe. Les craintes que j’avais
émises en pénétrant dans le salon furent finalement infondées. Madame Durand
était une excellente coiffeuse professionnelle et la couleur qu’elle me passa
me rendit les cheveux unis et proches de ma couleur naturelle. Quant à sa
coupe, elle s’occupa seulement des pointes ce qui améliora, selon elle, ma
silhouette.
Une fois son travail terminé, Madame Durand laissa le soin à
Charline de parachever le tout. Ma belle-mère suivit la coiffeuse jusqu’à la
caisse. Je me retrouvai seule avec l’adolescente en job d’été. Celle-ci me
défit la blouse et j’étais à nouveau nue. Je me protégeai en mettant
instinctivement mes bras devant mes seins et mon sexe mais après la punition
que je venais d’endurer, je ne faisais que sauver les apparences en croyant
masquer ma pudeur. Sans dire un mot Charline me renfila la culotte et m’aida à
me rhabiller complètement.
C’est en pleurnichant et toujours secouée de spasmes que je
regagnai la caisse. Une jeune femme d’une trentaine d’années attendait l’heure
de son rendez-vous assise dans l’un des fauteuils de l’entrée du salon. Avec
tous ces évènements, je n’avais même pas fait attention à sa présence ni à son
arrivée. Nul doute qu’elle n’avait rien perdu si elle était là depuis un bon
moment, la disposition du salon en box coupe la vue mais permet de tout
entendre. J’évitais de croiser le regard de cette jeune femme.
– Ah, Christine ! Enfin te voilà, dit Madame Durand. Madame
Farell, je pense que cette fessée déculottée nous a remis cette grande fille
dans le droit chemin. Regardez comme elle est resplendissante à présent…
– Merci mille fois, Madame Durand, répondit ma belle-mère. Je
savais que je pouvais sur vous. Tiens ma petite, enchaîna-t-elle en glissant un
billet dans la main de Charline, je pense qu’aujourd’hui tu en as appris
beaucoup sur la façon de faire un brushing !
– Merci Madame, répondit malicieusement Charline.
– Au revoir, continua ma belle-mère. Je dois encore la faire
voir par la doctoresse… Des problèmes d’incontinence… Christine, dites « au
revoir » s’il vous plaît !
– Au revoir, prononçai-je entre deux sanglots et d’une voix mal
assurée.
L’humiliation que je subissais était à son maximum, la fessée
déculottée déjà reçue et l’étalage de mon incontinence s’ajoutaient pour me
vexer. Comme souvent dans ce genre de cas, je voulais vite partir, être
ailleurs… mais cet ailleurs immédiat, c’était aller chez la doctoresse, une
bien belle perspective pas vraiment réconfortante !
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Lire ou relire le premier épisode : introduction
et l'épisode précédent : chapitre 13
La suite, c'est la semaine prochaine, encore un peu de patience !
La suite, c'est la semaine prochaine, encore un peu de patience !
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