Un épisode supplémentaire pour fêter cette nouvelle année. N'en prenez pas l'habitude, cela ne continuera pas. JLG.
« Bonjour Sœur Marie Madeleine.
« Bonjour Sœur Marie Madeleine.
– Bonjour Axel, que
voulez-vous ?
– Sœur Thérèse demande que Sœur
Marie Joseph me fasse un carnet de correspondance.
– Un carnet de
correspondance ! Se pourrait-il, mon garçon que vous ayez été
puni ? »
Je rougis et je baissais les
yeux.
« Oui, ma Sœur.
– Sœur Thérèse a raison. Vous
avez donc besoin d’un carnet à votre nom. Je vais voir si Sœur Marie Joseph est
disponible. »
Elle se rendit dans le bureau
contigu ou elle pénétra après avoir fermé la porte derrière elle. Elle revint
quelques instants plus tard.
« Patientez donc là. Sœur
Marie Joseph va s’occuper de vous dans un instant. »
L’expression utilisée était
ambiguë. De quelle façon voulait-elle s’occuper de moi ? Je n’avais aucune
envie d’accaparer son temps, surtout que j’en craignais la méthode. Sœur Marie
Joseph n’était pas connue pour son indulgence. Je m’assis sur le banc où
prenaient place les punis attendant leur comparution devant la directrice.
L’attente ne fut pas bien longue.
La porte s’ouvrit et Sœur Marie Joseph apparut.
« Axel, dans mon
bureau ! »
Elle se fit remettre un carnet de
correspondance que Sœur Marie Madeleine avait préparé. Elle contourna alors son
bureau et prit place dans son fauteuil. Je n’avais pas été invité à m’asseoir.
Je restais donc debout, face à elle.
« Voyons, Axel, que s’est-il
passé ?
– Sœur Thérèse m’a … m’a puni.
– Oui, il semble bien. Et comment
Sœur Thérèse vous a-t-elle puni ?
– Elle m’a … enfin elle a …
- Je n’ai pas toute la matinée à
vous consacrer, mon garçon ! Quelle punition avez-vous reçue ? »
Je voyais monter son irritation.
Il était temps de mettre de côté ma fierté déjà bien écornée.
« La fessée, ma Sœur.
– Je suppose que pour ce faire,
elle vous a déculotté.
– Oui, ma Sœur.
– Cela s’est passé devant toute
la classe ?
– Oui, ma Sœur.
– Bon, je reconnais bien là la
conscience professionnelle de Sœur Thérèse. Elle va toujours au bout de ce
qu’elle a décidé. Vous devriez être content d’en avoir bénéficié. »
Je m’abstins de commentaire. Etre
content n’était pas mon sentiment dominant.
« Je dois avouer, continua
Sœur Marie Joseph, que j’ai été optimiste. Je vous avais donné deux ou trois
jours avant de recevoir votre première fessée publique. Certaines Sœurs qui
avaient jugé que vous ne tiendriez pas une journée, ne se sont pas
trompées. »
J’étais stupéfait par cette
révélation. Chacun savait que j’allais être fessé. La seule question qui
comptait était « quand ? ». Je relevais la tête. Je ressentais
l’injustice de la situation, ce qui me redonnait un peu de combativité.
« Mais, protestais-je, vous
n’avez pas le droit.
– Que voulez-vous dire ?
– Vous ne pouvez pas … euh,
fesser que vos élève et je n’en suis pas un.
– C’est exact, vous n’en êtes pas
un. Cependant, vous nous avez donné l’autorisation de recourir à un tel
châtiment.
– Moi ? Pas du tout, je n’ai
jamais fait cela ! »
Sœur Marie Joseph me fixa des
yeux un bon moment sans bouger. Puis, elle sortit un dossier d’un des tiroirs
de son bureau dans lequel elle sélectionna une feuille de papier.
« Voyons voir »
Elle chaussa ses lunettes et elle
se mit à lire un document dont je reconnus tout de suite la teneur :
« Je soussigné Axel Fournier, chercheur
en sciences de l’éducation, m’engage, durant tout le temps que je passerai à
l’institution St Marie ou que je travaillerai sur cette institution à ne jamais
interférer dans l’administration d’une punition quelle que soit la personne qui
en bénéficie et quelle que soit sa sévérité. Je ne ferai aucun acte, je
n’élèverai aucune protestation de nature à mettre en doute leur légitimité ou à
empêcher leur administration. »
Sœur Marie Joseph reposa ses
lunettes.
« Ce document, que vous avez
signé, me semble clair. « quelle que
soit la personne qui en bénéficie ». Cette formulation ne semble pas
vous exclure du périmètre »
Je me préparais à objecter quand,
levant la main, Sœur Marie Joseph m’interrompit.
« Les fessées que vous a
administrées Sœur Gabrielle depuis quelques semaines ont bien montré qu’elles
ont permis d’améliorer votre comportement. Dois-je faire venir Sœur Gabrielle
pour écouter vos dénégations sur ce sujet ? »
Cette proposition n’ôta toute
envie de contester le raisonnement de Sœur Marie Joseph qui continua son
analyse juridique du document que j’avais signé.
« Il est clair pour tout le
monde que vous avez bénéficié de ces punitions. Mais là n’est pas l’important.
Si j’en crois la rumeur qui vous a précédé, vous avez contrevenu à la première
partie de ce que vous avez signé. Vous avez interféré avec l’administration de
votre propre punition, mais ça nous savons comment nous en occuper. Sœur
Thérèse s’en charge. »
Je me rendais compte maintenant
que la tournure utilisée pouvait être interprétée comme le faisait Sœur Marie
Joseph.
« Examinons plutôt la
deuxième partie : « Je ne ferai
aucun acte, je n’élèverai aucune protestation de nature à mettre en doute leur
légitimité ou à empêcher leur administration. » Mettriez-vous donc en
cause la légitimité que nous avons à vous fesser ? »
Je ne savais pas comment répondre
à la question.
« Laissez-moi vous expliquer
les conséquences que pourrait avoir votre réponse. Mettons-nous dans
l’hypothèse où vous contesteriez cette légitimité. Je me verrai dans
l’obligation de considérer que vous avez manqué à vos engagements, puisque la
première partie du document vous inclut, sans conteste possible, dans le
périmètre des « personnes qui bénéficient des punitions ». Dans ce
cas, je ne verrai qu’une solution : appliquer les règles de St Marie,
c’est-à-dire vous en punir sévèrement, ce que je ferai sans délai. »
Cela avait le mérite de la
clarté.
« Bien sûr, vous pourriez
contester cette lecture devant un tribunal. Il faudrait alors que vous leur
expliquiez les faits … y compris que vous décriviez les fessées que vous avez
reçues. Délicat, non ? De plus, je ne suis pas certaine que la professeure
Girard en serait ravie. De toute façon après vous avoir puni une première fois
pour manquement aux obligations que vous avez contractées, nous appliquerions
la deuxième hypothèse, celle où vous reconnaissez notre légitimité à vous
corriger quand vous l’avez mérité. »
Sœur Marie Joseph allait trop
vite pour moi. Je ne voyais pas de faille dans son raisonnement.
« Il faut vous prononcer maintenant.
Elevez-vous une protestation mettant en doute notre légitimité à vous
punir ? »
Je me sentais pris dans une nasse
qui se refermait.
« Je, … je, .. je ne …
attendez, …
– Je vais prendre votre
hésitation pour une absence d’accord. Je comprends donc que vous ne
reconnaissez pas notre légitimité à vous corriger.
– Non, attendez, …
– Venez ici, mon garçon !
– Non, attendez. Je ne proteste
pas, c’est que juste …
– Vous êtes donc d’accord pour
considérer que désormais vous serez puni comme le sont les élèves de St
Marie ? »
Je baissais la tête. Il ne me
restait plus qu’à accepter ma défaite.
« Oui, ma Sœur.
– Oui, quoi ? »
Il me fallait boire le calice
jusqu’à la lie.
– J’accepte d’être puni comme les
élèves de St Marie. »
Sœur Marie Joseph se renversa
dans son fauteuil.
« Nous y voilà ! Il en
a fallu du temps ! Je comprends. Ce n’est pas facile d’accepter de
recevoir la fessée, même si vous savez parfaitement Axel, que vous en avez
grandement besoin. Vous verrez, vous nous en remercierez. »
Je reconnaissais là le credo de
St Marie : la fessée, quand elle venait sanctionner un comportement
répréhensible, était un bien pour celui qui le recevait.
« Il nous reste un point à
éclaircir, mon petit Axel. Sœur Thérèse a-t-elle eut raison de vous
fesser ? »
Sœur Marie Joseph déroulait là un
grand classique de St Marie : pour que la punition soit efficace, il
fallait de j’en accepte le bien-fondé. J’avais décrit cette méthode dans
l’étude que je menais. S’y refuser menait tout droit à une nouvelle punition.
Je n’avais pas le choix, sauf à prendre des risques avec mes fesses.
« Oui, ma Sœur. »
Tout était dit. Sœur Marie Joseph
me renvoya vers Sœur Thérèse, muni du fameux livret.
« Ah, se ravisa Sœur Marie
Joseph, il va falloir que je vous trouve un tuteur dès ce soir. Je n’avais
prévu cela. Il faut que je m’en occupe. Il n’est pas question de déroger à
l’adage de St Marie : une fessée à l’école, une fessée à la maison. Pour
vous ce sera à l’internat, bien entendu. Filez, Sœur Thérèse vous
attend. »
Sur la couverture du carnet
figuraient le logo de St Marie. Mon nom y était tracé à la plume, avec des
pleins et des déliés comme je n’en avais plus vu depuis que, à l’école
primaire, le stylo-bille avait remplacé le porte-plume et l’encrier.
La première page était consacrée
à mon identité. Y figuraient tous les renseignements me concernant : mon
adresse et mon numéro de téléphone, mon âge et ma date de naissance, ma classe
et le nom de mon professeur principal. J’appris à cette occasion, qu’il
s’agissait de Sœur Thérèse. Le nom de mon tuteur avait été laissé en blanc.
Il y avait une double page par
semaine d’école. Une place était réservée au relevé de mes notes. Serais-je
noté comme mes autres camarades ? Il faudrait donc que je fasse les mêmes
devoirs surveillés qu’eux. Il y avait une colonne réservée pour les
appréciations des professeurs et une case pour la signature du tuteur.
Chaque semaine, toute une page
était consacrée aux punitions : leur date, leur motif, leur nature.
Chacune devait être contresignée par le tuteur. Le carnet prévoyait dix lignes.
Dix fessées en une semaine ! Cela semblait irréaliste. Je songeais alors à
Pauline et Antony et les dix autres élèves qui avaient reçu quinze fois la
fessée en une semaine, et des plus sévères. Il n’y avait pas assez de place sur
une page du carnet. Je fus un instant préoccupé par cet obstacle matériel,
jugeant que les Sœurs devaient bien trouver une solution.
J’ouvris mon carnet à la page de
la semaine. Dès que je l’aurai remis à Sœur Thérèse, les deux premières lignes
seraient remplies. Qui sera chargé de les contresigner, probablement après
m’avoir déculotté et fessé dès ce soir ? Heureusement, cela se passerait
dans ma chambre. Il était fort probable que mes voisins en entendraient les
échos, mais, si la curiosité de Mathilde ne la poussait pas à venir voir,
personne n’y assisterait. C’était une petite consolation.
« Vous avez été bien
long !
– C’est Sœur Marie Joseph qui m’a
retenu.
– Elle vous a retenu !
Avez-vous eu le droit à une fessée ?
– Non, ma Sœur. »
Je pris garde à ne pas lui
expliquer que j’en était passé à deux doigts.
« Montrez-moi votre
carnet ! »
Elle l’ouvrit à la page de la
semaine.
« Effectivement, pas de
fessée de Sœur Marie Joseph. Elle serait notée. Je serai donc la première à
l’étrenner. Allez vous mettre au coin, le temps que je le remplisse. »
Elle m’appela quelques instants
plus tard.
« Voilà, c’est fait. Les
deux fessées figurent maintenant sur votre carnet. J’ai également annoncé celle
de demain afin que votre tuteur soit au courant. Qui est votre tuteur ? La
case n’est pas remplie sur ton carnet.
– Je ne sais pas encore, ma Sœur.
Sœur Marie Joseph m’a dit qu’elle se chargeait de m’en trouver un.
– Hum, je vois bien de qui il
pourrait s’agir, mais je laisse la directrice s’en charger. C’est sa responsabilité. »
J’avais moi également une petite
idée qui s’inscrirait dans la continuité. Sœur Gabrielle avait déjà plus ou
moins assuré ce rôle.
« Vous me ramènerez votre
carnet signé dès demain.
– Oui, ma Sœur.
– Je vérifierai également que
vous avez bien fait vos devoirs et appris vos leçons. Vous êtes maintenant
soumis au même régime que vos camarades. Vous savez ce qu’il en coûte si votre
travail à la maison n’est pas bien fait ?
– Oui, ma Sœur.
– Ce sera pareil pour les devoirs
surveillés. Toute note en-dessous de la moyenne sera sanctionnée par une
fessée. Vous avez bien compris tout cela, j’espère. Je ne voudrais pas que vous
soyez pris par surprise.
– Oui, ma Sœur.
– Ce que je vous dis-là est
valable pour mes cours, mais également pour ceux de mes collègues. »
J’avais maintenant une réponse à
certaines des questions que je me posais. Comme tous les élèves, l’exigence à
mon égard se situait autant sur le comportement que sur le travail scolaire.
Aurais-je un niveau suffisant dans toutes les matières ? Pas seulement
celui que j’avais quand j’avais passé le baccalauréat, mais le plus haut
niveau, celui qui était demandé à St Marie. Il me faudrait suivre en
mathématiques, moi qui n’y avais jamais excellé. Pouvais vivre sur mes acquis
qui remontaient maintenant à plus de dix ans. Une montagne de travail s’était
érigée devant moi en quelques secondes.
« Faites bien attention à ce
que vous faites ces premiers jours. Il est important que vous compreniez au
plus vite toutes les règles de Sainte Marie. Nous serons donc très attentives à
sanctionner tout ce qui pourra l’être : comportement, travail. D’autant
plus que ce dernier mois, vous avez pris de mauvaises habitudes. Cela va vous
valoir certainement un nombre important de fessées, mais j’ai confiance en vous :
vous apprendrez vite. »
La sonnerie annonçant la reprise
des cours retentit sur cette dernière phrase de recommandation. Sœur Thérèse
assumait son rôle de professeur principal.
« Dépêche-toi de rejoindre
ta classe. Si tu es en retard, Sœur Marie Véronique devra te donner une fessée.
Je pense qu’avec l’état de tes fesses, tu n’y tiens pas.
– Non, ma Sœur. »
Elle me donna une petite fessée,
comme pour m’encourager. Bien qu’elle ait été assénée sur le fond du pantalon,
je fis une grimace. Rester assis toute la journée allait être une véritable
épreuve.
J’eus l’impression d’être sous la
surveillance attentive de chaque professeur. Je savais que le plus petit écart
m’amènerait sur l’estrade, devant la classe pour une fessée. Je me concentrais
comme je ne l’avais plus fait depuis longtemps pour suivre chacun des cours. Je
fus interrogé deux fois sur les contenus récemment abordés. Les deux fois, je
passais l’épreuve avec succès, non sans peur mais avec une certaine fierté.
Aucun professeur ne trouva motif à me punir durant la journée.
Mon changement de statut fut
confirmé aux yeux de tous dès le déjeuner. Il n’y avait pas de couvert mis à
l’endroit où je m’installais habituellement. Sœur Marie Joseph me désigna du
doigt les tables où déjeunaient les classes de terminales. Ma place n’était
plus avec les professeurs, mais avec les élèves.
Pour suivre le fil de cette histoire :
Pour comprendre le contexte : introduction
Le premier épisode : chapitre 1
L'épisode précédent : chapitre 22
Le prochain épisode : chapitre 24.
L'épisode précédent : chapitre 22
Le prochain épisode : chapitre 24.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un commentaire, une réaction, une proposition ? C'est ici. Une fois validé, le commentaire sera visible par tous les lecteurs du blog.
Si vous le souhaitez et pour des raisons de confidentialité, nous pouvons échanger par courriel. Seuls Huguette et moi verrons le message. Il vous suffit de cliquer dans le champ "pour nous contacter" en haut à droite de cette page.