Ce soir-là, maman a surgi dans notre chambre sans crier gare.
« Sœur
Marie-Zénaïde veut vous voir.
‒ Nous ?
‒ Ben
oui, vous ! Pas la Reine des neiges.
Elle
nous a fixées, l’une après l’autre.
‒ Qu’est-ce que vous avez encore fait ?
‒ Hein ?
Mais rien. Rien du tout.
‒ Mouais…
J’espère, parce que sinon…
Elle
s’est retournée sur le pas de la porte.
‒ Ah,
oui ! Ce sera vendredi soir. Dix-neuf heures. Elle vous attendra au local
du conseil des mères.
Quand
elle a été partie, on s’est regardées, abasourdies.
‒ Mais
qu’est-ce qu’elle nous veut, cette bonne sœur ?
J’en
savais pas plus qu’elle.
‒ Peut-être
que quelqu’un nous a dénoncées pour l’autre nuit, là…
‒ Si,
c’est ça… Oui, ben alors là, si c’est ça…
Qu’est-ce
ça pouvait être d’autre ?
On
s’est efforcées, trois jours durant, de se persuader qu’il y avait sûrement une
autre explication sans parvenir pour autant à en trouver une qui soit vraiment
satisfaisante. On a fini par renoncer.
‒ On
verra bien n’importe comment. Ça sert à rien de se prendre la tête à
l’avance. »
Le
vendredi, c’est la peur au ventre qu’on s’est rendues toutes les deux là-bas.
Sœur
Marie-Zénaïde était seule, son éternel fouet de discipline pendu à la ceinture.
« Ah,
vous voilà ! Vous êtes ponctuelles, c’est bien. Un bon point en votre
faveur. Mais approchez, mes petites, approchez ! Je ne vais pas vous
manger.
Elle
s’est assise, nous a laissées debout.
‒ Bien.
Alors… J’ai mené ma petite enquête et vous êtes, à ce qu’il semble, des
éléments difficiles. Ah, si, si ! Aussi bien à l’école qu’à la maison. Et,
comme mieux vaut prévenir que guérir, il m’a semblé opportun de vous faire
toucher du doigt ce à quoi vous vous exposeriez si vous vous écartiez par trop
du droit chemin.
Elle
a feuilleté un dossier en esquissant de temps à autre une grimace.
‒ Non,
parce que, d’après les éléments dont je dispose là, vous avez fait fort toutes
les deux, hein ! Et il a fallu vous administrer, à plusieurs reprises, de
vigoureuses fessées. C’est bien. C’est même très bien, mais c’est
manifestement, dans votre cas, insuffisant. J’ai bien peur que vous ne
finissiez par vous laisser aller à commettre des délits beaucoup plus graves
qui vous vaudraient, cette fois, la prison.
On
a protesté.
‒ Oh,
mais non…
‒ Il
y a pas de danger.
Elle
nous a sèchement remises à notre place.
‒ Je
sais ce que je dis. Les petites péronnelles dans votre genre, il m’en est passé
des dizaines, pour ne pas dire des centaines, par les mains. Et le seul moyen
de les empêcher d’aller y moisir, justement, en prison, c’est de faire en sorte
qu’elles voient, de leurs propres yeux, en quoi ce châtiment consiste
exactement. C’est pourquoi j’ai décidé que vous irez, à tour de rôle, y passer
une journée. Athina D., une surveillante très expérimentée vous y servira de
guide. C’est par toi qu’on commencera, Olga. Tu te présenteras, lundi prochain,
à neuf heures, à l’entrée de la prison, munie de la convocation que voici.
‒ Mais…
Et l’école ?
‒ J’en
fais mon affaire de l’école. Ne t’inquiète pas pour ça ! »
Une
fois dehors, on a sauté de joie : on n’avait pas été dénoncées. C’était
ça, l’essentiel. On n’avait pas été dénoncées ! Le reste…
« Aller
passer quelques heures en prison, en tant que visiteuse, moi, ça me pose pas
vraiment de problème.
À
moi non plus ça n’en posait pas. Aucun.
‒ Je
suis même curieuse de voir ça.
Maman,
elle, était ravie.
‒ Ça
vous fera le plus grand bien. À toutes les deux. »
Il
n’empêche. Il n’empêche que, quand je me suis retrouvée devant la porte de la
prison ce lundi matin-là, que j’ai vu ces hauts murs, ces miradors, j’ai été
prise de panique. Et j’ai été tentée de m’enfuir. Loin. Le plus loin possible.
C’est la crainte de la réaction de Sœur Marie-Zénaïde, ‒ elle n’aurait pas
manqué de me faire payer au prix fort ma désertion ‒ qui m’a finalement
décidée à sonner.
C’est
tout juste si la femme à l’air revêche qui m’a accueillie a jeté un coup d’œil
au papier que je lui ai tendu. Elle m’a désigné une porte d’un grand coup
décidé du menton.
« Entre
là-dedans. On va venir s’occuper de toi.
C’était
une petite pièce vide, sans fenêtres, sans la moindre chaise pour s’asseoir.
J’y ai fait les cent pas près d’une demi-heure durant. Jusqu’à ce que surgisse
une grande femme brune à l’allure décidée.
‒ C’est
toi, Olga ?
J’ai
bredouillé que oui.
‒ Moi,
c’est Athina. Bon, ne perdons pas de temps. Entrons dans le vif du sujet. Viens
avec moi.
Un
couloir. Un autre. Une petite salle aux murs blancs.
‒ C’est
ici qu’on accueille les délinquantes au tout début de leur incarcération. Et
qu’on les fouille à corps. Tu sais en quoi ça consiste, j’imagine.
Je
savais, oui.
Elle
a malgré tout précisé.
‒ On
visite, à la main, toutes les parties de son corps où une femme pourrait être
tentée de dissimuler quelque objet que ce soit.
Elle
a marqué un court temps d’arrêt.
‒ Sans
doute auras-tu l’occasion d’en faire un jour toi-même l’expérience.
‒ Hein ?
Ah, mais non ! Non.
Elle
a haussé les épaules.
‒ Oui,
oh ! On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et, en ce qui te
concerne, si j’en crois Sœur Marie-Zénaïde, il est plus que probable…
Elle
n’a pas terminé sa phrase.
On
a parcouru d’autres couloirs. Emprunté un escalier.
‒ Ici,
tu as l’infirmerie. Le royaume du docteur Pierre B.
Qui
était en train d’épiler une prisonnière allongée sur la table d’examen. Il m’a
jeté un long regard gourmand.
‒ Une
nouvelle pensionnaire ?
‒ Non.
Une simple visiteuse.
‒ Dommage !
‒ Oh,
mais peut-être un jour…
Décidément,
elle y tenait.
Le
médecin n’a pas répondu. Il a résolument arraché une bande de cire du pubis de
sa patiente. Qui a poussé un cri déchirant.
Il
a ri.
‒ Faut
souffrir pour être belle.
Pendant
qu’il parachevait son œuvre, Athina D. a expliqué.
‒ Toutes
les détenues y passent. Tous les deux mois. Épilation intégrale. Il y en a qui
aiment. Et d’autres, la majorité, beaucoup moins. Mais de toute façon elles
n’ont pas le choix. C’est le règlement. Viens, je vais te montrer la cour.
Et
on a entrepris un long périple dont elle a profité pour me parler en long et en
large du docteur Pierre B.
‒ C’est
le seul mâle de la prison. Il y en a pas d’autres. Et tu penses bien que les
détenues, quand elles sont enfermées ici depuis des mois, voire des années, il
les gratte quelque chose de rare, leur minou. Alors il rend service. Il refuse
jamais de rendre service. Et…
Elle
a baissé la voix.
‒ Les
gardiennes aussi, quelquefois, elles ont recours à lui. Surtout qu’il se
débrouille pas mal du tout…
Dans
la cour, il y avait une estrade avec toute une installation de poutres et de
chaînes. Et aussi des piloris.
Elle
a suivi mon regard.
‒ Ça,
c’est pour les fautes graves. C’est là qu’on fouette, toutes nues, les
récalcitrantes. Et qu’on les laisse ensuite entravées et exposées, plusieurs
heures durant, à la vue de toutes lorsqu’on estime que c’est nécessaire.
D’ailleurs justement à ce propos tu tombes bien…
Des
détenues, une dizaine, se sont alors précipitées vers nous, surgies du fin fond
de la cour.
‒ Gardienne !
Gardienne ! C’est quand qu’on la punit Lahna H. ? Aujourd’hui ?
‒ Aujourd’hui,
oui.
Elles
sont reparties en courant.
‒ Trop
génial !
Athina
D. a hoché la tête, les a regardées s’éloigner.
‒ Elles
vont se régaler. Faut dire que cette Lahna H., elles ne l’aiment pas beaucoup.
‒ C’est
qui ?
‒ Une
forte tête. Qui s’est fait remarquer dès son arrivée ici. C’est le genre de filles
qu’il faut tout de suite mater parce que, si on n’en vient pas très vite à
bout, ce sont des complications à n’en plus finir. La directrice a
l’habitude : elle a saisi le premier prétexte qui s’est présenté, une
bagarre entre elle et l’une de ses codétenues, pour la dompter. Quand la
sentence est tombée, qu’elle a su qu’elle allait recevoir soixante coups de
fouet devant toutes les autres détenues réunies, elle s’est littéralement
liquéfiée. Ça les calme, ça, c’est radical. Ça te transforme la louve la plus
féroce en gentille petite agnelle qui vient te manger bien docilement dans la
main. Bon, mais viens ! On va aller la voir. Tu pourras juger sur pièces.
Elle
était accroupie dans un coin de sa cellule. S’y est rencognée un peu plus
encore quand elle nous a vues. Nous a jeté un regard affolé.
‒ Vous
venez me chercher ?
‒ Non.
Discuter un peu.
Elle
s’est un peu rassurée.
‒ Tu
l’as bien méritée, avoue, cette punition…
Elle
a un peu hésité.
‒ Oui.
Oui, mais…
‒ Mais
quoi ?
‒ Je
me suis pas battue toute seule.
‒ Ah,
ça, c’est sûr !
‒ Et
elle est pas punie, l’autre ! C’est elle qu’a commencé pourtant.
Athina
D. s’est faite très sèche.
‒ Un
conseil : évite de remettre en question les décisions du conseil de
direction. Il pourrait t’en cuire.
Elle
s’est empressée de se reprendre.
‒ Oui.
Bien sûr ! Bien sûr !
Il
y a eu du bruit dans le couloir.
Elle
a sursauté.
Des
voix. Des rires. Des pas qui se sont rapprochés. Rapprochés encore.
Et
Sœur Marie-Zénaïde est entrée, accompagnée d’une autre gardienne.
‒ Alors ?
Comment ça va, ce matin ?
Lahna
H. n’a pas répondu.
Elle
lui a soulevé le menton. Du bout du doigt.
‒ Pas
trop bien, on dirait, hein ! Oh, mais ce n’est qu’un mauvais moment à
passer. Tu te sentiras beaucoup mieux tout à l’heure, tu verras, quand tu auras
expié tes fautes.
Elle
l’a fait lever.
‒ Tu
ne devais pas me demander quelque chose ?
‒ Si !
Pardon.
‒ Eh
bien, allez, alors !
Elle
s’est agenouillée.
‒ Je
vous demande pardon.
‒ Et ?
‒ Et
je vous demande d’avoir la bonté de me punir comme je l’ai mérité.
‒ Parfait !
Déshabille-toi !
Elle
a obéi. Comme une automate. Tout juste a-t-elle marqué un très court temps
d’arrêt avant de retirer sa culotte.
Sœur
Marie-Zénaïde l’a prise par le bras et Athina D. a fait la même chose de
l’autre côté.
‒ Allons-y ! »
Et
notre petite troupe s’est mise en marche.
Quand
on a fait irruption dans la cour, ça a été une véritable bronca.
Applaudissements. Cris. Rires . Sifflets.
« Ça
y est ! V’là la vedette !
‒ Comment
elle a la trouille !
‒ Tu
vas te pisser dessus, ma chérie.
‒ Sûr
qu’elle aura moins envie de la ramener maintenant.
Sœur
Marie-Zénaïde et Athina D. l’ont poussée sur l’estrade et m’ont fait signe de
les suivre. Elles l’ont attachée aux poteaux, dos au public, tandis que la
directrice de la prison réclamait un peu de silence.
‒ Lahna
H. va recevoir soixante coups de fouet devant vous.
Il
y a eu un concert d’acclamations.
‒ De
façon à ce que vous vous mettiez bien toutes dans la tête qu’un règlement ça se
respecte. À la lettre. Et que dès l’instant où on croit pouvoir en prendre à
son aise avec lui, on en paie inéluctablement les conséquences.
Elle
a fait signe à Sœur Marie-Zénaïde et à Athina D.
‒ Allez-y !
Et ne la ménagez pas ! Je veux l’entendre chanter. Et la voir gigoter.
‒ Oh,
alors ça, vous pouvez compter sur nous.
Le
fouet a sifflé et, avant même qu’il se soit abattu, Lahna H. a hurlé.
‒ Non !
Pitié ! Non !
Elles
n’en ont eu aucune. Elles ont cinglé, à pleines fesses, en y mettant toute leur
énergie. Lahna H. s’est époumonée, s’est cabrée, a tiré sur ses liens. De
toutes ses forces.
Les
autres prisonnières, en dessous, se réjouissaient ouvertement du spectacle. De
la voix et du geste, elles battaient des mains et encourageaient les deux
exécutrices.
‒ Plus
fort ! Plus fort ! Qu’elle braille ! Allez, plus fort !
L’autre
surveillante, elle, comptait imperturbablement les coups. D’une voix forte. À
vingt, c’est sur le dos que les cinglées se sont alors mises à tomber,
arrachant à Lahna H. des feulements désespérés. Elle se débattait, tirait tant
et plus sur ses liens sans autre résultat que de les resserrer.
‒ Quarante !
Elles
se sont interrompues. L’ont détachée. Le docteur Pierre B. est venu
l’ausculter. Il a fait signe que oui, c’était bon, on allait pouvoir continuer,
mais, auparavant, il lui a enduit tout le corps, en abondance, d’une épaisse
crème blanchâtre.
J’ai
interrogé la surveillante compteuse.
‒ C’est
pour apaiser ses douleurs ?
Elle
a éclaté de rire.
‒ T’as
qu’à y croire ! Ce serait plutôt l’inverse.
Et
on l’a à nouveau attachée, Lahna H., malgré ses supplications, face aux autres
détenues, cette fois, jambes et bras largement écartés. Elle était en larmes,
rouge, échevelée. Des gouttes de sueur lui ruisselaient tout au long du corps.
Sœur Marie-Zénaïde et Athina D. ont à nouveau brandi leurs fouets.
‒ Non !
Non !
‒ Il
y en a plus pour longtemps, va ! C’est le bouquet final.
Et
c’est reparti. Sur les cuisses. Sur le ventre. Sur les seins. Elle hurlait.
Chaque fois que les fouets s’abattaient, elle hurlait. Les autres détenues
aussi. De plaisir. De ravissement. Et elles y allaient tant et plus de leurs
encouragements.
‒ Allez !
Allez ! Faites-les lui danser les lolos…
‒ Et
faites-la beugler ! On l’entend pas.
Il
y en a une qui a crié.
‒ Regardez !
Ça y est ! Elle pisse.
C’était
vrai. Un jet dru, interminable, qui s’est étalé sous elle en flaque.
Elles
se sont esclaffées.
‒ Grande
dégoûtante ! Tu n’as pas honte ?
‒ Tu
pourrais te retenir quand même ! »
Quand
ça a fait soixante coups, elles ont arrêté. La directrice et Sœur Marie-Zénaïde
ont quitté l’estrade, se sont éloignées, ont disparu.
Athina
D. s’est approchée de moi.
« Alors ?
Ça t’a plu ?
Elle
avait encore le fouet à la main et était toute rouge d’excitation.
Je
me suis étonnée.
‒ On
la détache pas ?
‒ Pas
encore, non ! Que ses petites camarades puissent s’amuser un peu en la
regardant ! Parce que, même avec la meilleure volonté du monde, le docteur
Pierre B. ne peut pas toutes les satisfaire. C’est matériellement impossible.
Pour
s’amuser, ça, elles s’amusaient, difficile de prétendre le contraire. Leurs
mains moutonnaient furieusement dans les pantalons de leurs uniformes de
détenues. Il y en avait qui les avaient même carrément baissés jusqu’à
mi-cuisses, la culotte aussi, et qui, les yeux fixés, sur Lahna H., se hâtaient
éperdument vers leur plaisir, haletantes. Certaines gémissaient. D’autres
proclamaient à grand bruit leur jouissance.
‒ Oh,
que c’est bon ! Que c’est bon !
Athina
D. s’est penchée à mon oreille.
‒ Va
les rejoindre, va ! T’en crèves d’envie.
Et Iourievna ? On la connait
Il y a un début à cette série
et l'épisode précédent : chapitre 26
Bonjour François,
RépondreSupprimerOn fait un petit tour en prison et on voit comment sont punies les détenues qui osent se rebeller contre les surveillantes. Bien évidemment, il y aura des sanctions pour ce genre de comportements !
La détenue n'aura qu'à s'en prendre à elle-même et devra offrir son corps à la vue des autres et à la lanière.
Tout est fait pour calmer les plus récalcitrantes.
Amitiés.
Elena.
Bonjour Elena. Et bonjour à tous.
RépondreSupprimerNul doute qu'à la réflexion, Olga, après ce qu'elle a vu, y réfléchira à deux fois avant de se laisser aller à des comportement qui pourraient lui valoir de goûter à son tour de la prison. D'autant que, dans ce cas, Athina D. ne la "louperait" pas.
Amicalement.
François