Nous étions
le 1er août.
Ça y est,
c’était la rentrée… enfin la petite rentrée, une sorte de répétition, puisqu’il
ne s’agissait que des cours de vacances. Mais pour moi qui avais interrompu mes
études durant plus de quinze ans, cela avait été de très, très grandes
vacances !
Je
n’avais plus 18 ans, j’en avais à présent dix-huit de plus. Entre temps j’étais
devenue une femme, une maman. Je vivais ce moment avec une certaine
appréhension bien légitime. D’autant que mon parcours, les jours qui avaient
précédé, n’avait pas été de tout repos : le passage obligé chez le docteur
Wagner pour la visite d’aptitude à Ste-Marie, la mise en place chez mon gynéco
d’un stérilet, jugé plus sûr comme moyen de contraception et surtout, voir
partir mari et enfants sans moi vers les rives ensoleillées de la Méditerranée
pour y passer de merveilleuses vacances.
Mais je
m’étais résolue à mettre ma routine entre parenthèses durant l’année scolaire
qui s’annonçait. Le baccalauréat était au bout. J’étais prête.
J’avais
relativement bien dormi la nuit précédant cette rentrée. Six heures, coup de
fil de ma belle-mère pour vérifier si je ne m’étais pas oubliée. Appel bien inutile puisque j’étais debout avant
même que le téléphone ne sonnât. Rapide douche, petit déjeuner léger comme
toujours.
En fille
sérieuse et soigneuse j’avais préparé depuis la veille mes vêtements : un
ensemble coordonné culotte et soutien-gorge sage, seulement orné de dentelle
blanche, une jupe saharienne kaki, très classique, une chemise safari beige,
une paire d’espadrilles aux pieds, un chouchou tenant mes cheveux rassemblés,
une paire de créoles à chaque oreille, mon collier avec une discrète croix en
or, ma montre au poignet gauche et des bracelets fantaisie au poignet droit. Je
complétais le tout par un succinct maquillage.
Me voilà
parée.
C’était
l’été, le mois d’août qui plus est, aussi je n’avais pas rencontré de
difficulté à trouver une place sur le grand parking à deux rues de Ste-Marie.
Armée de mon petit cartable, j’arrivais devant l’imposant établissement où j’allais
devoir passer mes onze prochains mois.
J’allais
rattraper deux silhouettes lorsque l’une d’entre elles me sourit et me salua
alors que je me trouvais à sa hauteur. Je ne leur avais pas prêté attention
tant mon esprit était fixé par mon objectif principal qui était de ne surtout
pas rater ma rentrée.
Il
s’agissait de la maman croisée chez le docteur Wagner et de sa fille. Comme
moi, elle aussi faisait sa rentrée à Ste-Marie en cours de vacances. Elle
s’appelait Magali et allait donc être une de mes camarades.
La maman
embrassa sa fille qui me rejoignit, lui souhaita bon courage, et toutes les
deux nous passâmes la porte d’entrée de Ste-Marie. Nous nous présentâmes à la
Sœur portière qui prit nos identités et nous indiqua le chemin à suivre pour
retrouver les autres dans la cour. Nous n’étions pas les premières ni les
dernières à arriver. En tout nous devions être une bonne trentaine, filles et
garçons confondus.
À 8h
précises la cloche sonna et Sœur Marie-Joseph fit son apparition. Avec sa
grande robe noire, son tablier blanc et sa cornette elle en imposait. D’un
claquement de main elle réussit à attirer l’attention et faire régner le
silence dans la cour. Volontairement elle ne parlait pas fort afin que chacun
fît un effort pour mieux l’écouter :
« Jeunes
gens, bonjour… »
Après
quelques secondes de silence elle reprit d’un ton plus incisif :
«
Jeunes gens, bonjour… »
Elle
poursuivit :
« Je
n’entends rien… Vous seriez donc tous muets… Sachez qu’à Ste-Marie ou ailleurs,
lorsque quelqu’un vous salue, la moindre des politesses est d’y répondre… Je
répète donc, jeunes gens bonjour !
– Bonjour
Ma Sœur, lui fut-il répondu à l’unisson par tous les élèves dont je faisais
partie.
–
Premières minutes à Ste-Marie et première erreur, continua Sœur Marie Joseph, …
en plus c’est une faute collective… »
Un
frisson parcourut certains d’entre nous, notamment les anciens qui, mieux que
les nouveaux, savaient à quoi s’en tenir en pareille circonstance.
Mais Sœur
Marie-Joseph continua :
« Ce
sont les cours de vacances, il est d’usage d’y observer une certaine souplesse…
je serai donc indulgente… Malgré tout vous me copierez cent fois : Je salue une grande personne lorsque
celle-ci m’adresse son bonjour… Vous vous débrouillerez sur le temps
d’attente à votre appel ou durant la récréation… Vous remettrez ces lignes à
13h à la Sœur portière et vous ne quitterez Ste-Marie qu’à cette condition… »
Avec
Magali nous nous sommes regardées toutes penaudes. Nous n’avions encore rien
dit ni rien fait que nous étions déjà prises en défaut par la patrouille.
« Je
vais procéder à l’appel, annonça Sœur Marie-Joseph, À votre nom vous viendrez
me rejoindre dans la salle numéro quatre. Valentin, … Arnaud, … »
Mon
pragmatisme de femme adulte me dicta d’aller m’asseoir sur un banc, de sortir
une feuille de mon cartable, de prendre mon stylo plume et de commencer à y
écrire les lignes à copier. Sanction pour le moins abêtissante mais qui aurait
certainement l’avantage, dans le futur, de nous éviter d’oublier de manquer de
respect à une personne adulte à Ste-Marie. J’en étais à un bon tiers lorsque la
voix de la directrice retentit :
« Christine
Farell ! »
Je
rassemblais mes affaires et me dirigeais vers le couloir où je trouvais la
salle numéro quatre. La porte était ouverte.
« Entrez
Christine ! Refermez la porte derrière vous s’il vous plaît ! »
Outre
Sœur Marie-Joseph, deux autres religieuses étaient présentes dans cette salle. Spontanément
je les saluais :
« Bonjour
mes Sœurs ! »
Elles me
répondirent en chœur :
« Bonjour
Christine ! »
Sœur
Marie-Joseph pointant du doigt mon cartable :
« Que
venez-vous d’y enfermer lorsque je vous ai appelée ? »
J’en
sortis la feuille sur laquelle je venais d’entamer la rédaction de la prose
infligée par la directrice et répondis :
« Ce
sont les lignes à copier que j’ai avancées, ma Sœur…
– C’est
bien, c’est très bien Christine, lâcha Sœur Marie-Joseph en se tournant vers
ses collègues. Justement je leur exposais votre situation et leur disais tout
le bien que nous pouvions espérer de vous et je constate déjà que vous ne me
décevez pas. Je vous présente Sœur Marie-Hortense, notre préfète de discipline
et Sœur Marie-Véronique, professeur de sciences qui sera votre professeure
principale pour la session des cours de vacances. »
C’est
Sœur Marie-Hortense qui prit le relais :
« Ma
fonction ici à Ste-Marie est ce qu’on nommait autrefois Surveillante Générale
ou de nos jours Conseillère Principale d’Éducation… C’est à moi que Sœur
Marie-Joseph a confié la charge de la discipline. Je suis juste dans mes
décisions donc vous n’aurez jamais à les regretter et encore moins à les
contester ou vous y opposer. Je vois que vous avez suivi les consignes envoyées
au préalable avec le règlement assoupli du mois d’août, je tiens à vous en
féliciter… Cependant enlevez-moi tout de suite ces boucles d’oreilles, ces
bracelets et ce nœud dans vos cheveux… ils sont comment dire… par trop voyants…
Tenez, pour vos cheveux mettez cet élastique à la place… Pour demain je vous
conseille un élastique ou une barrette… Quant à vos mèches, ne renouvelez pas
l’expérience pour septembre… je préfère vous avertir. »
La
Préfète de discipline parlait sur un ton sec et autoritaire qui ne souffrait
aucune contestation. Je n’allais surtout pas me lancer à émettre quelque
interprétation sur le règlement. À contrecœur j’exécutais son conseil qui était
plutôt un ordre. Selon ses exigences, je dus lui remettre mes boucles créoles
et mes bracelets. La Sœur portière me les rendrait à 13 h à la sortie.
Elle
termina son monologue en disant :
« Durant
les cours de vacances, il n’y a pas de carnet de correspondance. Je vous remets
cette carte à faire viser tous les week-ends. Votre professeure principale y
inscrira ses commentaires hebdomadaires. Je pourrais être amenée à y noter vos
écarts de conduite également. Gardez-là toujours sur vous. Elle prend effet à
partir de maintenant, de sorte que votre impolitesse collective ou le port de
votre bijouterie clinquante n’y seront point mentionnés. »
Prudemment
je hasardais un timide :
« Merci
ma Sœur. »
Ce fut
ensuite au tour de Sœur Marie-Véronique de monopoliser la parole :
« Christine,
je suis votre professeure principale. À ce titre, c’est par moi que passeront
toutes les appréciations de vos divers professeurs et c’est à moi que vous
devrez rendre des comptes sur le plan scolaire. Vous allez me suivre, nous
allons nous installer dans la salle de classe qui sera la vôtre tout au long
des cours de vacances. »
Je me
levai et saluai à nouveau la directrice et la Préfète de discipline. Je suivis
Sœur Marie-Véronique et nous prîmes possession de la salle n°9.
« Christine,
vous serez toujours dans cette salle. À la sonnerie de 8h ou à celle des fins
de récréations, vous devrez vous y tenir prête. Lors des cours de vacances ce
sont les professeurs qui changent de classes, pas les élèves. Je suis votre
professeure de sciences et c’est donc moi que vous aurez le lundi de 8h à 10h…
Je vais vous communiquer votre emploi du temps. Il risque d’évoluer au gré de
vos résultats et progrès. »
Sœur
Marie-Véronique me tendit un imprimé. Le programme était conséquent et
personnalisé en rapport avec mes lacunes présumées à rattraper.
« Comme
vous le constatez, il y a principalement des heures de sciences et de
mathématiques. Nous avons pensé à un allègement des cours de français et
surtout de langue vivante du fait de votre aisance à pratiquer l’anglais grâce
à votre vie dans un pays anglo-saxon. Nous pourrons être amenés à renforcer
certaines matières et donc votre emploi du temps si nous constatons quelques
faiblesses dans votre niveau… mais nous n’en sommes pas encore là. »
Mes deux
premières heures de cours passées à Ste-Marie défilèrent très vite. Sœur
Marie-Véronique évalua mes acquis en sciences. C’était une excellente
enseignante et une pédagogue hors du commun. Je m’aperçus en fin de cours que
sous le prétexte de connaître plus en détails mon niveau, elle comblait mes
lacunes au fur et à mesure qu’elle les découvrait.
Préventivement
en juillet, j’avais mis à profit la
disponibilité des cours de première de ma fille Diane pour les bûcher. Tout
cela n’allait pas m’empêcher de devoir bien bosser durant ce mois d’août pour
atteindre le niveau requis en septembre.
À la
récréation de 10h je retrouvais tous mes camarades, y compris Magali. Sans me
laisser distraire, je repris ma position sur le banc et m’attachais à terminer
les 100 lignes à copier, la punition collective qui nous avait été infligée. En
bonne copine je recommandais à Magali d’en faire autant. Heureusement, pendant
les cours de vacances les horaires des récréations devenaient élastiques et
duraient 30 minutes. Plus qu’il ne nous en fallait pour boucler notre peine.
Magali
était peu bavarde, une jeune de maintenant, quoi, malgré ses 20 ans. Les
premières paroles qu’elle m’adressa furent :
« Ça
craint ici, ma mère m’avait bien avertie… mais je ne pensais pas que ça soit
aussi lourd avec les sœurs.
– Tu es
quand même au courant, répondis-je. Tu sais comment se passe la discipline
ici ?
– Oui, on
a reçu le règlement, et puis ma mère a été en classe ici dans le temps…Et toi,
tu reprends après un break ?
– Un
break, comme tu dis, de 15 ans… le temps de mettre au monde ma fille puis mon
fils… Ma fille va faire sa rentrée en terminale en septembre… en terminale C
comme nous…
– Ah
chouette ! répondit Magali, peut-être bien qu’on sera ensemble avec elle… »
Avec
Magali nous avons ensuite passé le reste de la récréation à découvrir des yeux
notre nouvel environnement ainsi que nos camarades de promo, ceux des cours de
vacances de ce mois d’août. Baccalauréat oblige, une échéance d’une importance
capitale, la majorité des élèves était formée de grands adolescents ou de
jeunes adultes. J’étais de loin la plus âgée du groupe.
En toute
logique Magali paraissait plus intéressée par les garçons. J’allais découvrir
qu’elle était de son époque, ne se privant pas de parler librement
« sexe » entre filles même si j’avais l’âge d’être sa mère.
Je me
surpris à penser qu’à l’époque où j’avais son âge, j’en faisais autant avec mes
copines et qu’il m’arrivait encore de parler crûment entre copines.
Elle
trouvait celui-ci mignon et celui-là bien foutu, espérant même qu’ils soient
bien montés et ou de bons coups.
« Tu
crois que cette doctoresse débile leur a fait comme à nous ? me
demanda-t-elle. Sûr qu’ils ont bandé si elle leur a touché la bite.
– Tu
pourrais le leur demander, lui répondis-je. Ce serait une drôle d’entrée en
matière ! Je suis persuadée qu’ensuite tu auras un ticket !
poursuivis-je en plaisantant.
– En tout
cas, ce n’était pas cool. En plus ma mère regardait. À croire que cette
doctoresse sortait du même moule que les sœurs… »
Avec son
innocence naturelle, Magali raisonnait juste. Elle avait, sans trop le savoir,
parfaitement compris le fonctionnement de Ste-Marie. Elle était insouciante et
une bonne dose de discipline lui ferait le plus grand bien et lui permettrait
sans nul doute d’obtenir son bac, diplôme qui lui échappait depuis deux ans par
manque de motivation.
Magali
était également, comme la plupart des filles du XXIème siècle, quelqu’un de
très connectée. Malgré l’interdiction absolue à Ste-Marie de tout téléphone
portable, elle n’avait pu se résoudre à se séparer de son smartphone. Elle
pensait que le mettre en mode silencieux lui épargnerait de le faire remarquer.
En toute fin de récréation, n’y tenant plus, elle sortit l’appareil du fond de
son sac afin d’en consulter les messages de ses copines.
Sortant
de nulle part, Sœur Marie-Hortense, la Préfète de discipline fondit sur ma
nouvelle camarade et la saisit par l’oreille, l’obligeant à se lever du banc.
« Jeune
fille, que tenez-vous là dans vos mains ?
– Mon
téléphone, bredouilla Magali. Je voulais juste voir mes messages, pas
téléphoner…
– Mon
téléphone qui ? , coupa sèchement Sœur Marie-Hortense.
– Heu… ma
Sœur… oui… ma Sœur… vous comprenez, je n’ai pas encore bien l’habitude…heu… ma
Sœur…
– À la
bonne heure jeune fille, je suis là pour vous inculquer ces habitudes. »
Sœur
Marie-Hortense à la cantonade :
« Écoutez-moi
tous. Durant les vacances, je peux comprendre que vous puissiez avoir des
activités l’après-midi sans repasser chez vous… dans ce cas, et c’était
expliqué dans le règlement particulier attaché aux cours de vacances, vous
confiez vos téléphones à la Sœur portière qui vous les restituera en sortant…
ce n’est quand même pas si compliqué que ça, non… »
Un groupe
s’était formé autour du binôme que formaient la Préfète de discipline et
Magali. La trentaine d’élèves présents dans la cour était là. Sœur
Marie-Hortense continua :
« Pour
cet oubli malheureux, votre camarade va être punie. Non seulement, cela va lui
servir de leçon, mais ce sera également salutaire pour vous tous. »
Pour
notre premier jour, la Préfète de discipline souhaitait plus marquer les
esprits que sévir exagérément comme nous allions pouvoir le constater quelques
semaines plus tard, après la vraie rentrée. La comparaison n’en serait que plus
rude.
Hormis
les rares anciens présents, nous n’avions, nous les nouveaux, en ce 1er
août aucune échelle de valeurs ne nous permettant de connaître l’intensité des
sanctions de Sœur Marie-Hortense.
« Étant
donné que vous êtes la première, je vais faire preuve d’une rare indulgence
jeune fille, dit Sœur Marie-Hortense… cela a parfois du bon d’essuyer les
plâtres ! »
Magali,
toujours tenue par l’oreille n’en retrouva pas pour autant le sourire. Sœur
Marie-Hortense continua :
« Jeune
fille, votre peine ne sera aujourd’hui qu’une fessée de seulement dix claques. »
Un
« Oh ! » se fit entendre dans l’assistance. Interloquée, je fis
partie de cette clameur d’indignation. Magali était blême.
« Relevez
votre jupe jeune fille, ordonna Sœur Marie-Hortense ! »
Paralysée
par l’angoisse et l’émotion, Magali ne bougea pas.
« Faut-il
que je le fasse moi-même jeune fille ? »
Alliant
le geste à la parole, la Préfète de discipline souleva la jupe de Magali
dévoilant, aux yeux de tous, une culotte de nylon bleu ciel.
« Et
tenez-la de vos mains, ne soyez pas gourde ! poursuivit-elle. »
Sans plus
attendre elle insinua ses deux pouces sous l’élastique de ce dernier rempart
d’intimité et d’un geste brusque le baissa. Magali était comme tétanisée par ce
geste improbable. Seules quelques larmes aux coins de ses yeux trahissaient sa
peur.
Elle
exposait aux regards de tous des fesses blanches qui contrastaient avec le
bronzage de ses reins ou de ses cuisses. Elle exposait également une abondante
pilosité brune et bouclée toute en triangle sur son pubis. Ses mains étant
occupées à tenir le bas de sa jupe relevé, elle n’en esquissa même pas une
défense visuelle de son sexe.
Il ne
fallut alors qu’un bref instant à Sœur Marie-Hortense pour basculer Magali sous
son puissant bras gauche. Et tout à coup la grêle s’abattit. Une série de trois
claques données vigoureusement par la Préfète de discipline.
Les
fesses blanches de Magali prirent une couleur rosée. Ma camarade étouffait de
petits couinements qu’elle espérait discrets.
« Oh !
Ouille ! Oh ! »
Sœur
Marie-Hortense fit une pause comme pour admirer son œuvre, en fait elle
fractionnait volontairement le déroulement de sa punition afin qu’elle fût
mieux perçue dans le détail par nous tous.
C’était
comme une leçon de choses que de voir étape par étape l’évolution d’une fessée,
la couleur des fesses qui change à vue d’œil, les plaintes allant crescendo de
la punie et la puissance progressive des claques.
La
Préfète de discipline reprit méthodiquement, sur un rythme régulier et plus
lent elle asséna quatre nouvelles claques sur les fesses de Magali. De rosée,
la couleur du postérieur ainsi meurtri passa vite au rouge soutenu.
Ma
nouvelle camarade n’était pas en reste et, malheureusement pour elle, de fort
mauvaise manière. Des larmes coulaient à présent de ses yeux. Tout son corps,
en grotesques ruades et battements de jambes intempestifs, essayait vainement
d’esquiver les coups reçus. Ses supplications se transformèrent rapidement en
un cri continu :
« Non…
s’il vous plaît… non… arrêtez… aïe… aïeeeeeee ! »
Sœur
Marie-Hortense observa une nouvelle pause qu’elle mit à profit pour passer sa
main avec douceur sur les fesses de Magali comme pour en évaluer leur
température ou le relief de la peau meurtrie. Elle allait reprendre lorsque,
dans un mouvement de désespoir, l’élève punie mit une main en protection et
clama très fort :
« Non !
– Jeune
fille, cingla Sœur Marie-Hortense. En temps normal cette impudence vous aurait
valu le doublement de la peine à purger… mais c’est le premier jour et vous
êtes la première… ne vous avisez pas de recommencer…et puis, soyez digne devant
vos camarades et pour votre amour-propre !
Résignée,
Magali déposa les armes. Sœur Marie-Hortense put alors terminer sa fessée. Les
trois coups restant furent lourds et puissants. On pouvait entendre
distinctement les sanglots de ma camarade répondant maintenant à la douleur qui
faisait maintenant suite à l’humiliation du début. Peu lui importait sa décence
et sa dignité envolées.
Je me
suis dit qu’en se levant ce matin-là, elle ne se doutait pas une seule seconde
que pareille chose pourrait lui arriver, la pauvre. Je me le suis tenu pour dit
au fond de moi, cela pourrait me servir de leçon.
On n’est
jamais à l’abri mais moi j’avais quand même un avantage, j’étais une femme
adulte et sortie depuis longtemps de l’adolescence. J’étais ce qu’on appelle
une grande personne, réfléchie et pondérée dans mes actions. Je n’étais pas
comme Magali. Même si je la connaissais à peine, elle me semblait être une
fille étourdie et irresponsable.
« Ce
n’est pas si difficile que ça d’éteindre son téléphone, de le confier à la Sœur
portière ou même de ne pas le regarder et de bien le laisser au fond de son
sac, pensai-je… au contraire, elle s’est tirée elle-même une balle dans le pied
et elle le paie au prix fort… quand même, les Sœur n’y vont pas avec le dos de
la cuillère »
Même si
j’étais plus ou moins persuadée qu’en fessant aussi violemment ma camarade,
Sœur Marie-Hortense voulait marquer son territoire, je trouvais la punition
disproportionnée. Notre groupe d’une trentaine d’élèves était constitué en
majorité de grands adolescents, de jeunes adultes et même d’une femme mûre,
moi.
Magali
dut être aidée par sa correctrice pour se redresser et retrouver son équilibre.
Ses fesses étaient d’un lugubre rouge sombre, elles devaient lui cuire. Son
visage témoignait de la rudesse de la punition. Il était barbouillé d’un
mélange de larmes, d’écoulement nasal et de maquillage. Immobile devant tout le
monde, Magali pleurait telle une gamine. Seule sa tête oscillait de bas en haut
au rythme de ses sanglots. Elle avait toujours sa culotte au niveau des genoux
et sa robe était restée relevée.
Elle
présentait au regard de tous deux côtés sombres, une pilosité brune et des
fesses couleur carmin. Les muscles de ses cuisses étaient tendus par l’émotion
qu’elle devait ressentir et cela accentuait certainement l’effet de la douleur.
Sœur
Marie-Hortense envoya Magali expier la fin de sa punition au piquet.
À
Ste-Marie, dans la cour, il y avait un large auvent, presque une marquise,
soutenu par de fins piliers métalliques et qui faisait office de préau les
jours de pluie. Ces piliers servaient idéalement de lieu de piquet.
Sans que
la Préfète de discipline lui en donnât l’ordre formel, c’est tout naturellement
que Magali gagna d’une démarche rendue ridicule par sa culotte lui entravant
les jambes le pilier le plus proche. Elle y fit face. Sœur Marie-Hortense
exigea d’elle une immobilité absolue :
« Les
mains sur la tête, lui ordonna-t-elle. Ne vous avisez pas de bouger sans un
ordre venant de moi… »
Puis, à
la cantonade à l’intention de nous tous qui étions tout autour :
« Regardez
bien votre camarade, continua-t-elle. C’est le sort que je vous réserve pour la
moindre incartade… Vous connaissez le règlement, il faudra vous y conformer…
Vous êtes nouveaux pour la plupart… Si vous avez le moindre doute sur la
compréhension d’une ligne de ce règlement, venez me consulter… Après, il sera
trop tard et je ne pourrai plus rien pour vous… Vous êtes grands tout de même,
non ? »
Son
sermon, suite à cette magistrale fessée, avait pour seul but de rentrer dans
nos esprits et je dois reconnaître qu’en ce qui me concernait, il y était
parvenu. Sœur Marie-Hortense fit ensuite quelques pas pour rejoindre Magali. Ce
jour-là, la pénitence du piquet ne dura que le temps de marquer le coup… pour
l’exemple.
La
religieuse apprécia d’une main l’état des fesses de Magali. De son autre main
elle prit la tête de ma camarade et la pencha sur son épaule comme pour la
consoler en guise de récompense pour avoir bravement encaissé le coup.
Magali pu
rajuster sa tenue, cela sonna la fin de sa punition. Elle dut néanmoins sortir
de son sac sa carte de correspondance et Sœur Marie-Hortense y inscrivit
quelques mots.
À la
suite de quoi je crus opportun d’aller rejoindre ma camarade pour la
réconforter. Je ne sus trop quels mots dire, aussi je m’employai à la soutenir
pour présenter à nouveau une apparence plus sereine.
À grand
renfort de lingettes démaquillantes trouvées dans son sac, je l’aidai à faire
disparaître toute trace de pleurs de son visage. J’y risquai même une bise qui
lui fit esquisser un semblant de sourire. Je saluai son courage et le lui dis.
Par
contre je n’enviais pas Magali pour les heures à venir, la position assise
allait certainement lui rappeler les rudes instants qu’elle venait de passer.
La cloche
sonna la fin de notre première récréation à Ste-Marie.
J’allais
faire la connaissance de ma professeure de littérature, Sœur Thérèse.
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