Mes deux
premières heures de cours de vacances à Ste-Marie ne s’étaient pas si mal
passées que ça, si l’on excepte bien sûr la mise au point de la directrice,
d’entrée, à 8h.
Le groupe
d’élèves que nous formions n’avait pas cru bon répondre au
« bonjour » que Sœur Marie-Joseph nous adressait et son rappel à
l’ordre s’était soldé par une punition générale de cent lignes à copier. Une
incivilité collective que la directrice avait tenu à sanctionner pour marquer
le coup.
À titre
personnel je n’en fus pas fière, mais diluées et partagées en trente élèves,
ces lignes me parurent insignifiantes ; seul mon amour-propre en avait été
écorné. La suite, à la récréation me rappela combien les écarts de conduite
n’avaient pas leur place à Ste-Marie.
Même lors
des cours de vacances, où la discipline y était assouplie, il ne fallait
surtout pas franchir la ligne. Ma nouvelle camarade Magali, elle, l’avait
franchie et elle devait le regretter amèrement. Pour avoir simplement voulu
consulter ses messages sur son smartphone, elle avait été corrigée d’une fessée
par la Préfète de discipline, Sœur Marie-Joseph.
La
mésaventure de Magali m’avait rappelé une chose que j’avais eu tendance à
prendre à la légère, la méthode d’éducation de Ste-Marie. Je n’étais quand même
pas ignorante de cela. Ma fille Diane était déjà élève dans cet établissement
et je savais que les châtiments corporels pouvaient être employés, en tout cas
étaient prévus au règlement.
Diane
était une élève exemplaire et elle était rarement prise en défaut quant à sa
conduite. Elle avait déjà été fessée pour quelques rares mauvais résultats. Etant
sa tutrice, j’avais appris cela grâce à son carnet de correspondance qu’il
m’avait alors fallu viser. La règle tacite dans ces cas-là était le doublement
de la peine à la maison par les parents, c’est du moins l’engagement qu’avec
son père nous avions pris vis-à-vis de la directrice lors de son inscription.
De
manière générale, je n’ai jamais été portée sur l’administration de la fessée
en ce qui concerne l’éducation de mes enfants. Mais force est de reconnaître
que chaque fois que cela s’est produit avec Diane, cela a porté ses fruits. Et
puis, lorsqu’on scolarise sa fille dans ce genre d’établissement, on en accepte
le fonctionnement.
J’ajoute
que les fessées que j’ai pu donner à Diane n’avaient pas autant de force que
celles données à Ste-Marie. Je m’attachai surtout à lui faire prendre en compte
la vexation plus que l’aspect purement physique du geste.
Mais
j’avais oublié tout cela. Inconsciemment je pensais que ce triste sort n’était
réservé qu’aux élèves les plus jeunes de Ste-Marie. Pourtant Diane n’y avait
été inscrite qu’à partir de la classe de seconde et elle allait rentrer en
terminale en septembre prochain, tout comme moi.
Avec
cette fessée donnée à Magali, une élève de 20 ans, autant dire que personne de
notre groupe n’était à l’abri. Je me disais quelque part que peut-être moi, en
raison de mon âge, de mon statut un peu particulier, pouvait être dispensée de
ce genre de sanction ultime. J’étais une femme mariée, une maman et certaines
des professeures étaient plus jeunes que moi.
Je
songeais à tout cela lorsque la cloche sonna le rassemblement. Je regagnais le
couloir donnant à la salle de classe n°9. Sans tarder, une Sœur
m’apostropha :
–
Christine ?
– Oui ma
Sœur répondis-je.
– Je suis
Sœur Thérèse, votre professeure de lettres, poursuivit-elle.
– Bonjour
ma Sœur.
– Entrez
et prenez place s’il-vous- plaît.
Sœur
Thérèse me sembla plus stricte que Sœur Marie-Véronique, ma professeure de
sciences. En tout cas elle était moins pédagogue.
– Alors
c’est donc vous qui reprenez vos études et avez la prétention d’obtenir votre
baccalauréat en juin prochain, me dit-elle sèchement.
– Oui, ma
Sœur.
– C’est
un énorme challenge… Et vous avez fait le bon choix en vous inscrivant ici.
– Merci
ma Sœur.
– Et puis
à Ste-Marie, nous saurons vous faire réussir.
Sœur
Thérèse venait de prononcer cette dernière phrase sur un ton sentencieux,
presque glacial. Elle semblait sûre de son fait. Sans plus de transition, elle
continua :
– Bon,
prenez une feuille de copie… Quoi de mieux qu’une bonne dictée pour évaluer
votre niveau en orthographe. Au fond de moi je me suis dit :
« Quand
même, je sais écrire sans faire de fautes ! »
Mais je
me suis vite ravisée. Il m’a souvent été donné de croiser des personnes de tous
âges bien fâchées avec l’orthographe. Sœur Thérèse ne connaissait pas mon
niveau et souhaitait s’en faire une idée précise. Du reste cette dictée ne
présenta point d’écueil insurmontable pour moi, il ne fut question que
d’accords et de mots peu difficiles. Néanmoins et par étourderie je buttais par
deux fois, deux pluriels laissés au passage... Je fis heureusement moins de
cinq fautes, limite admissible pour un bon niveau terminale selon ma
professeure de lettres.
On frappa
à la porte et Sœur Marie-Hortense apparut, un sac à la main. Spontanément je me
levai et je remarquais que Sœur Thérèse en faisait autant.
–
Asseyez-vous ! Excusez-moi Sœur Thérèse, dit la Préfète de discipline à sa
collègue.
– Je vous
en prie Sœur Marie-Hortense, lui répondit la professeure de lettres.
– Je dois
interrompre votre cours… Après ce qui s’est passé à la récréation, je veux bien
marquer les esprits en ce premier jour de rentrée de cours de vacances… Surtout
avec les nouveaux… Je viens procéder à un petit contrôle surprise…
– Faites
donc, Sœur Marie-Hortense ! répondit la professeure de lettres.
Sœur
Marie-Hortense donna l’explication de sa présence impromptue dans ma classe. Elle
désirait savoir si des élèves, malgré son injonction lors de la récréation,
possédaient toujours des objets interdits. Pour cela elle avait prévu une
fouille en règle. Elle farfouilla d’abord dans ma trousse puis s’adressa à
moi :
–
Donnez-moi votre cartable s’il vous plaît.
– Voilà
ma Sœur…
J’étais
sereine et tranquille, je savais qu’elle n’y trouverait rien de répréhensible. Mais
quand même, c’est un peu de moi et de mon intimité qu’elle voulait violer. Sans
trop de soin elle déversa tout le contenu de mon cartable sur le bureau.
S’y
trouvèrent étendus pêle-mêle : des feuilles de copie vierges, ma carte de
correspondance, la feuille où j’avais copié mes lignes, un cahier, mon emploi
du temps, le règlement de Ste-Marie, une bouteille d’eau. Deux autres objets
attirèrent son attention et aiguisèrent sa curiosité.
–
Qu’est-ce donc, Christine ? me questionna-t-elle.
– Une
trousse de toilette et un nécessaire de beauté, ma Sœur.
Sans me
demander la permission, la Préfète de discipline saisit la trousse la plus
grosse et l’ouvrit. Il s’agissait de mon nécessaire de beauté. Elle en sortit
son contenu : un miroir, une pince à épiler, une lime à ongle, un mascara,
une boîte de poudre à joues, un tube de rouge à lèvres, un autre de beurre de
cacao, des lingettes démaquillantes ainsi qu’une boîte contenant de petits
comprimés.
– C’est
quoi ça ? demanda-t-elle en brandissant ce qui lui semblait être des
médicaments.
– Ma
Sœur, il s’agit de cachets de Paracétamol…
– Et le
reste, vous croyez que vous avez besoin de tout ça pour suivre vos cours ?
Je ne
voulais surtout pas froisser la susceptibilité de la Sœur Préfète de discipline
et encore moins la contredire. C’est vrai que je n’avais pas besoin de faire
suivre avec moi en cours tous ces auxiliaires de beauté. Mais c’était pour moi,
femme coquette, une habitude et un réflexe que d’avoir à portée de mains de
quoi me refaire une mine présentable. D’un coup d’un seul, seuls le Paracétamol
et les lingettes me semblaient comme indispensables. Ce n’était même pas de
l’avis de Sœur Marie-Hortense qui continua :
– Tout
cela est bien superflu, Christine. Je vous le confisque.
J’allais
répondre mon mécontentement mais je me rappelai ce que m’avait valu de tenir
tête à la doctoresse. Je ne voulais surtout pas tenter le Diable, même s’il
avait l’apparence de Sœur Marie-Hortense en cet instant-là ! Je me ravisai
donc.
Elle
poursuivit sa fouille en ouvrant ma trousse de toilette. Il en tomba quelques
feuilles de papier toilette, des mouchoirs en papier, deux tampons hygiéniques,
deux protège-slips ainsi que des lingettes intimes.
–
Christine, pour toutes ces contingences d’hygiène, vous pouvez vous rendre à
l’infirmerie, dit sèchement la Préfète de discipline. Quant à la trousse de
beauté, vous savez parfaitement ce que j’en pense…
– Oui ma
Sœur…
Je
sentais Sœur Marie-Hortense prête à sortir de ses gongs, pourtant elle se
maîtrisait admirablement, une belle leçon de sa part.
– C’est
bien parce que ce sont les cours de vacances, pesta-telle. Pourtant je dois
marquer le coup.
– Oui ma
Sœur…
Prudemment
je répondais de manière neutre mais polie ne sachant trop à quelle sauce Sœur
Marie-Hortense allait me manger.
–
Christine, pour la peine vous viendrez samedi en retenue.
– Oui ma
Sœur.
Je sus
par la suite que ce jour-là j’avais échappé à une sanction bien plus grave en
raison de la fidélité que je portais à mon mari. Je m’explique : Sœur
Marie-Hortense avait trouvé sur d’autres élèves des préservatifs, je n’en avais
pas. Elle avait également trouvé des téléphones malgré le conseil indulgent
qu’elle avait donné suite à la punition de Magali. Voilà pourquoi elle avait
voulu établir des nuances dans ses décisions.
Je
pensais pouvoir m’en sortir relativement bien. Après tout, il ne me faudrait
revenir à Ste-Marie qu’un jour supplémentaire. Cela ne ferait pas de mal à ma
remise à niveau après tout. J’allais reprendre ma place mais la Préfète de discipline
m’apostropha :
– Non non
Christine, restez là s’il vous plaît.
« Que
pouvait-elle encore bien me vouloir ? » pensais-je.
– La
fouille n’est pas encore terminée.
Innocemment
je me demandais ce qu’elle pouvait encore bien vouloir fouiller. Tout mon cartable
venait d’y passer et, autant Sœur Marie-Hortense que Sœur Thérèse, en
connaissaient son contenu. Mais bien vite je compris que, de matérielle, la
fouille allait devenir corporelle.
– Levez
les bras s’il vous plaît, intima la Préfète de discipline.
Je
m’exécutais aussitôt, plaçant consciencieusement mes bras à l’horizontale. De
ses mains agiles, Sœur Marie-Hortense commença alors une palpation en règle. Ma
chemise safari comportait un nombre conséquent de poches et aucune ne fut
épargnée ni oubliée.
Heureusement
pour moi elles ne contenaient aucun objet illicite, simplement mon
porte-monnaie dans une et mes papiers dans une autre. Sœur Marie-Hortense
continua sa fouille en s’attaquant à ma jupe saharienne. Là aussi les poches y
étaient nombreuses et elles furent visitées, en vain car elles ne contenaient
strictement rien.
Je
pensais que c’en était terminé de la présence de la Préfète de discipline
durant mon cours de lettres, là encore je me trompais. Sœur Marie-Hortense
souhaitait une inspection complète. À l’adresse de Sœur Thérèse, mais surtout
pour que je l’entende aussi :
– Vous
n’imaginez pas ce qu’on peut dissimuler dessous, j’y ai trouvé de tout…
téléphones, paquets de cigarettes…
Je ne
comprenais pas trop où elle voulait en venir. Mais bien vite je saisis ses
intentions. D’un geste précis la religieuse défit un à un les boutons de ma
chemise. Elle n’eut alors qu’à la tirer par le col et je me retrouvais torse
nu.
– Tournez
sur vous-même s’il vous plaît m’ordonna-t-elle.
– Oui ma
Sœur.
Lentement
j’obéissais aux ordres de Sœur Marie-Hortense. Au moins elle pourrait constater
que je ne cachais rien dans mon soutien-gorge, d’autant qu’elle venait de me
palper l’instant d’avant. Mais la religieuse ne voulait pas en rester là. Elle
estimait sans doute sa fouille incomplète. Tout comme elle venait de le faire
avec ma chemise, elle déboutonna ma jupe. J’eus bien un mouvement de recul mais
ses mains me tenaient fermement au niveau de la ceinture. Elle haussa juste le
ton :
–
Christine, s’il vous plaît !
– Excusez-moi
ma Sœur.
Cela
suffit à m’immobiliser à nouveau. Ma jupe glissa le long de mes cuisses puis de
mes jambes. Je n’eus qu’à lever mes pieds, l’un après l’autre, pour m’en
débarrasser totalement. Sœur Marie-Hortense m’y aida en me tenant d’une main. On
se trouve toujours maladroite lorsqu’on est déshabillée, je ne savais plus quoi
faire de mes bras. Comme par coïncidence, c’est la religieuse qui donna réponse
à mes interrogations posturales :
– Les
mains sur la tête, Christine !
– Oui ma
Sœur.
Très lentement
mes bras se levèrent et je posai les mains sur ma tête. Je me sentais comme une
bête de foire face à un maquignon. Sœur Marie-Hortense poursuivit à l’intention
de sa collègue :
– Sœur
Thérèse, que pensez-vous des sous-vêtements de Christine ?
– Sœur
Marie-Hortense, même pour l’été et les cours de vacances, ils me paraissent
atteindre la limite de l’acceptable.
–
Effectivement Sœur Thérèse. Si l’étoffe en est opaque et qu’ils couvrent bien…
je note cependant la présence de dentelle sur les bords… je pourrais
verbaliser…
D’un coup
d’un seul, je rougis. Moi qui avais bien pris soin ce matin d’enfiler des
dessous que je prenais pour sages et conformes au règlement, voilà que je me
serais trompée ? Je pensais qu’un peu de fantaisie ajouterait une note de féminité
à mes dessous. Et puis des dessous, par définition, c’est pour les porter
dessous, hors de la vue des autres.
C’était
pourtant bien ce paradoxe qui faisait force de loi à Ste-Marie : si
personne ne pouvait les voir, alors pourquoi en abuser ; et par de-là
cette double inutilité devenait obligation.
Je sentis
mes jambes flageoler, presque se dérober sous mon poids. Je me mis à avoir la
chair de poule. Nul doute que cet état-là se voyait. C’est Sœur Marie-Hortense
qui m’en fit la remarque.
–
Qu’avez-vous Christine ? Vous ne vous sentez pas bien ?
Cet état
de fébrilité soudaine s’était également porté sur mes cordes vocales. Impossible
de sortir deux mots cohérents :
– Heu…
C’est que… Heu… ma Sœur... Heu… Je n’ai pas l’habitude.
– Allons
Christine, de quoi avez-vous peur ? me questionna la Préfète de
discipline.
J’étais
paralysée, plus aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche.
– Mais
Christine, je ne vous fait aucun reproche, continua Sœur Marie-Hortense.
Seulement une petite remarque…
Sœur
Marie-Hortense était très forte pour souffler le chaud et le froid. Elle
n’avait pas son pareil pour emmener ses interlocuteurs à culpabiliser même
lorsqu’il n’y avait strictement rien à craindre, ou si peu. De cette manière-là
elle pouvait facilement faire avouer des fautes qu’elle ne soupçonnait même
pas. Avec moi son petit stratagème avait parfaitement fonctionné. Il s’était
soldé par un résultat stérile car je n’avais rien à me reprocher ni commis la
moindre faute, tout au plus une légère erreur d’appréciation. Tout cela m’avait
fort logiquement déstabilisée.
Pour Sœur
Marie-Hortense c’était aussi une habile façon de tester mon caractère. Elle
savait à présent comment je me comportais lorsque j’étais suspectée à tort
d’une faute non commise. Je me hasardais :
– C’est
que, ma Sœur… je m’aperçois que ces dentelles sont peut-être un peu superflues…
– Ainsi
donc Christine, vous en reconnaissez l’inutilité ? poursuivit Sœur
Marie-Hortense.
– Oui ma
Sœur.
– C’est
bien Christine de faire votre autocritique alors que je ne vous en demandais
pas autant.
Sœur
Marie-Hortense se tourna vers Sœur Thérèse et d’un sourire complice
continua :
– Quelle
est votre opinion Sœur Thérèse ?
– Sœur
Marie-Hortense, il me semble que Christine nous donne la solution puisqu’elle
l’admet elle-même… ses sous-vêtements, bien que limite acceptables, ne sont pas
recommandés…
Je ne
comprenais pas trop où voulaient en venir les deux religieuses. Mais lorsque je
vis la Préfète de discipline saisir le sac avec lequel elle était venue,
l’ouvrir et en sortir des sous-vêtements de coton blanc très
« vintage », je manquai défaillir.
Les deux
Sœurs avaient l’intention de me faire porter les dessous de rigueur en vigueur
durant l’année scolaire alors que nous étions en période de cours de vacances. Il
me semblait que depuis le début de la matinée j’avais avalé assez de
couleuvres. Aussi, je pensais que ne pas me laisser faire et défendre mon
opinion sur le sujet serait la meilleure des solutions.
Sœur
Marie-Hortense et Sœur Thérèse comprendraient que j’étais une femme de
caractère et je forcerais leur respect. Il était grand temps que je me reprenne
après ces instants de déstabilisation. Je me risquai donc :
– Non mes
Sœurs… même si la présence de cette dentelle est superflue, pas recommandée,
mes sous-vêtements n’en sont pas négligés pour autant… Vous jouez avec les mots
et le règlement… Je ne mettrai pas cette culotte de « grand’mère »
qui n’est pas obligatoire aujourd’hui… Je me suis inscrite ici pour étudier,
pas pour me justifier sur autre chose que mon niveau scolaire…
Je
m’étais emballée, je venais de vider mon sac. Et comme souvent dans pareil cas,
les mots dépassent les pensées.
–
Christine, répondit calmement Sœur Marie-Hortense, qui vous parle aujourd’hui
de porter d’autres sous-vêtements que les vôtres ?
La
Préfète de discipline m’avait tendu un piège et j’étais tombée dans le panneau.
Je n’avais pas compris que durant son petit stratagème mon évaluation se
poursuivait.
– Par
contre rien ne vous autorise à devenir insolente, asséna-t-elle sur un ton beaucoup
plus sec. Vos 36 ans ne sont pas un blanc-seing à toutes les audaces,
Christine. Puisque vous m’y obligez, je vais sanctionner comme il se doit ce
lourd écart de conduite.
Je blêmis
d’un coup.
– Non ma
Sœur, je ne voulais pas… Je n’ai pas fait exprès…
– Et en
plus vous n’assumez pas, Christine ! Vous vous conduisez telle une gamine
prise sur le fait… Presque, vous nieriez l’évidence…
Sœur
Marie-Hortense prenant une nouvelle fois ma professeure de lettres à
témoin :
– Sœur
Thérèse, que feriez-vous pour ramener cette jeune fille à de meilleures
dispositions quant à son humeur ?
– La
question se pose à peine Sœur Marie-Hortense… une fessée !
J’étais
en train de basculer dans l’horreur.
Alors que
ce matin encore en me levant j’étais toute joyeuse de partir du bon pied et
pleine de bonnes résolutions, me voilà dans une salle de classe prête à être
corrigée par deux religieuses.
Pourtant
je m’étais appliquée à me vêtir de manière conforme au règlement et, à peu de
choses près, j’étais dans le vrai.
Je savais
qu’il fallait montrer de moi une apparence sans aspérité.
Mais
j’avais perdu patience et j’avais fait acte de rébellion.
J’essayais
vainement de me raccrocher à quelque chose.
Je
pensais à mon mari et à mes enfants qui devaient, à l’heure qu’il était, se préparer
à aller à la plage et j’eus une montée de larmes.
– Nos
conclusions se rejoignent Sœur Thérèse, répondit la Préfète de discipline.
Cette jeune fille insolente va recevoir une fessée déculottée que je terminerai
à la règle… pour mieux lui faire comprendre que, sous aucun prétexte, on ne
doit manquer de respect à une personne qui détient l’autorité à Ste-Marie.
J’étais
pétrifiée. Je me tenais toujours debout, seulement vêtue de ma culotte et de
mon soutien-gorge avec les mains sur la tête. Sœur Marie-Hortense crocheta
l’élastique de ma culotte et d’un geste vif me la baissa à mi-cuisses. Je
présentais aux religieuses un pubis épilé et des fesses blanches. C’est à peine
si leurs regards s’attardèrent sur mon intimité ou mon postérieur. Sœur
Marie-Hortense s’assit
–
Approchez Christine !
Sitôt à
sa portée, elle me saisit et me bascula en travers de ses genoux. D’une main
experte elle évalua la fermeté de mes fesses ainsi que celle de mes cuisses et,
sans la moindre pause, entama sa punition. Les claques commencèrent à pleuvoir
en coups précis centrés sur mes deux fesses.
Ayant
précédemment été témoin de la fessée de Magali, je m’étais dit qu’il suffisait
simplement de faire un effort pour pas se donner en spectacle en de ridicules
ruades. Du haut de mes 36 ans, je devais pouvoir me concentrer et rester
stoïque face aux religieuses et ne pas leur donner ce plaisir que de me rendre
grotesque.
Mais
c’était sans compter sur la morsure immédiate de la fessée, morsure autant
morale que physique. Déjà le contact de la main à cette vitesse, ça fait
mal ; l’impact étant amplifié par la contraction des muscles. Et puis, se
retrouver, à mon âge, être fessée comme une petite fille, ça détruit le peu de
volonté restante.
–
Aïe ! Aïe ! Non ! Aïe ! Non !
Dès le
début, je couinais au rythme des claques. J’essayais bien d’interposer une main
afin d’amoindrir la puissance des coups. Mais à chaque fois Sœur Marie-Hortense
la repoussait :
–
Christine, ôtez cette main ! Voulez-vous que je double le nombre de
claques…
Je ne
m’en aperçus pas tout de suite, mes jambes battaient une sarabande folle. Quel
tableau je devais donner de ma personne ! Heureusement et contrairement à
Magali cela se passait pour moi en comité très réduit et non en public. Seules
Sœur Marie-Hortense et Sœur Thérèse assistaient à l’application de ma punition.
Elles ne
semblaient en tirer aucun plaisir particulier. Leur attitude était neutre,
simplement en rapport avec la peine infligée. Ces deux religieuses ne faisaient
que leur travail et j’allais rapidement comprendre que c’était la norme à
Ste-Marie. Et cette norme était valable pour les deux parties en présence et
antagonistes. Les élèves aussi affichaient une certaine indifférence face aux
punitions. Cela faisait partie du quotidien, de la routine.
En attendant,
c’est moi qui étais en très mauvaise posture sur les genoux de la Préfète de
discipline. Après ses premières claques déjà appuyées, Sœur Marie-Hortense
accéléra la cadence. La puissance ressentie s’en trouva décuplée. Mes
gémissements du début, que je souhaitais étouffés, se transformèrent bien vite
en sanglots. Il n’était plus trop question pour moi de préserver ma dignité.
Toute mon
énergie était employée à la gestion de la douleur. Ma respiration avait du mal
à suivre, tant elle était gênée et perturbée par la puissance de mes cris de
détresse, par le hoquet de mes sanglots et par la déglutition de ma salive
produite en abondance.
Sœur
Marie-Hortense s’arrêta, je crus à la fin de ma punition. Malheureusement la
Préfète de discipline marquait une pause afin de saisir la règle que lui
présentait Sœur Thérèse.
L’avalanche
reprit. La morsure de la règle était plus précise. Les derniers coups
s’abattirent sur mes cuisses. Je pleurais maintenant à chaudes larmes,
implorant vainement quelque salut :
– J’ai mal…
Aïe… Aïe… J’ai trop mal… Je ne l’ai pas fait exprès… Je ne voulais pas…
Sœur
Marie-Hortense me saisit par le menton et me dit :
– Eh bien
Christine, vous êtes émotive ! Séchez-moi donc ces larmes… En plus vous
avez bavé… Allez vous mettre au coin, là-bas, face au mur ! Les mains sur
la tête !
Les
quelques mètres me séparant du coin me parurent bien longs. Entravée par ma
culotte toujours bloquée à mi-cuisses, je me dandinais. Je fis enfin face au
mur. Mon corps était toujours secoué de spasmes.
Durant des
minutes qui me semblèrent une éternité j’observais difficilement cette
immobilité obligatoire. Les fesses me chauffaient et il m’était extrêmement
pénible d’en faire abstraction.
Sœur
Marie-Hortense, avant de repartir, donna ses indications à ma professeure de
lettres :
– Sœur
Thérèse, je confie cette jeune fille à vos bons soins. Lorsque vous le jugerez
utile, vous pourrez reprendre votre cours avec elle.
Ce n’est
qu’au bout d’un long quart d’heure que je pus regagner ma place. Je dus faire
des efforts pour m’asseoir tant les fesses me cuisaient encore. Comme si de
rien n’était ma professeure reprit son cours. Pour elle, mon insolence venait
d’être sanctionnée donc absoute, on passait à autre chose. Pour moi, la journée
était loin d’être terminée.
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RépondreSupprimerVivement la suite avec le retour à la maison qui risque d’être cuisant
Merci pour vos encouragements, cela fait toujours plaisir.
RépondreSupprimerLa suite et les épisodes à venir ne devraient pas vous décevoir.
Jeancla
Une des plus belles séries...a quand la suite ?
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