Si les
trois punis avaient parfaitement conscience des conséquences futures de leur
punition d’aujourd’hui, les répercussions sur mon avenir m’avaient totalement
échappées. La mécanique était lancée elle ne s’arrêterait plus, comme un
engrenage entraînant les faits l’un après l’autre.
Le premier
arriva, en début d’après-midi, sous la forme d’une convocation signée de la
main de la directrice. J’étais attendu à seize heures quarante-cinq, dans la
salle du conseil. Je supposais que Sœur Marie Joseph souhaitait me faire part
de quelques ajustements dans les conditions de ma présence. Je ne savais pas
encore combien j’avais raisonné juste.
Je ne
prêtais pas attention à cet enchaînement si parfait de mon emploi du temps.
Seize heures quinze, fin des cours, comme chaque vendredi. Rendez-vous alors
avec Sœur Gabrielle, ce qui me laisserait le temps d’être à l’heure pour la
convocation. Je me réjouissais de pouvoir faire face à toutes mes obligations,
sans imaginer que d’autres y avaient également songé.
J’étais
surtout préoccupé de la lente publicité qui se faisait sur les fessées que me
donnait Sœur Gabrielle. Mathilde avait pu le constater de visu, mais je savais
sa discrétion acquise. Par contre, la rumeur courrait à St Marie, les élèves
s’en faisaient l’écho et je ne voyais pas comment la démentir. Les allusions de
Sœur Thérèse étaient claires. Elle avait été mise au courant du traitement que
m’avait réservé Sœur Gabrielle. Qui d’autre avait été mis dans la confidence ?
Quand
j’arrivais dans le gymnase, Sœur Gabrielle était occupée. Elle tenait un garçon
courbé sous son bras. Sa culotte baissée laissait voir ses fesses que Sœur
Gabrielle rougissait à tour de bras. Cette scène se déroulait dans le couloir
et les autres élèves circulaient autour, contournant l’obstacle que
constituaient les deux acteurs de la scène. Personne ne s’arrêtait, mais chacun
contemplait furtivement le tableau, conscient qu’il aurait pu en être l’un des
interprètes, mais certainement pas celui qui donnait la fessée.
Ces
circonstances m’inquiétaient. Puisqu’il s’agissait d’inspecter l’état de mes
fesses, je supposais qu’un déculottage était au programme. Je ne voyais pas ni
comment faire autrement, ni comment m’y soustraire. Je comptais bien que
celui-ci se déroulât en privé, dans le bureau de Sœur Gabrielle, où, si on
excepte la fenêtre donnant sur la cour, j’avais peu de risque d’être aperçu
dans une tenue impudique. Entraînée par son élan Sœur Gabrielle pourrait-elle
décider d’effectuer ce contrôle là où elle venait de déculotter le garçon que
se trémoussait sous sa main ?
Que mon
statut de grand garçon soumis à la discipline de Sœur Gabrielle se répande
comme une tâche d’huile, était ma hantise depuis les sous-entendus de ce matin.
J’acceptais, contraint et forcé, les punitions de Sœur Gabrielle. Les
attentions et exigences de sa part qu’elles mettaient en évidence, répondaient
à un besoin profond que je découvrais un peu plus chaque jour. Je m’accommodais
donc de ces fessées tant qu’elles restaient une affaire entre Sœur Gabrielle et
moi. Je n’imaginais pas comment je pourrai supporter qu’elles sortent de cette
intimité.
Son devoir
accompli, Sœur Gabrielle se tourna vers moi.
« Axel,
je vous attendais. Allez donc m’attendre devant la porte de mon bureau. »
Je n’étais
pas encore tiré d’affaire, mais cela prenait le bon chemin. Je stationnais donc
dans le couloir, devant le bureau, ce qui m’attirait des regards
interrogateurs. C’était un emplacement où aucun élève ne demeurait avec
plaisir. Attendre là, était souvent le signe d’une fessée programmée. Je
sentais bien les questions muettes de ceux qui passaient devant moi dans le
couloir. Ils s’abstenaient de les formuler, la curiosité, à propos des fessées
des autres, n’étant pas encouragée à St Marie. Je savais que cela relancerait
les spéculations et les rumeurs. Que pouvais-je faire d’autre que le
déplorer ? Prendre le risque d’une désobéissance ? La réponse était
évidente.
Le calme
revint dans le couloir et je respirais un peu mieux. Tout risque n’était pas
écarté. Je pouvais, par exemple, être questionné, sur ma présence à cet
endroit, par un professeur. Que lui répondre s’il demandait des détails ?
Se lancer dans un travestissement de la vérité ?
L’arrivée
de Sœur Gabrielle mit fin à toutes ces incertitudes. Elle me fit entrer dans
son bureau et referma la porte derrière nous. Les stores étaient baissés, ce
qui plongeait la pièce dans une semi pénombre. J’aurai donc le droit à un
espace intime.
« Quelle
heure est-il ? se demanda Sœur Gabrielle. Vingt-cinq, bon ça nous laisse
largement le temps pour arriver à l’heure au Conseil des professeurs. »
Je glanais
des informations. Ce n’était pas uniquement avec Sœur Marie Joseph que j’avais
rendez-vous, mais avec l’ensemble ses professeurs. L’affaire était peut-être
plus sérieuse que je ne l’avais imaginé.
« Je
pense que ta journée a été inconfortable. La position assise n’est pas de tout
repos après une bonne fessée. J’espère que tu as senti les impacts de la brosse
toute la journée.
– Oui, ma
Sœur.
– Voyons
cela. »
Elle
m’attira derrière elle en me tenant par la main jusqu’à une chaise placée près
de son bureau. Sans plus de cérémonie, elle baissa mon pantalon, puis ma
culotte. Je ne pus retenir la bouffée de honte qui m’envahit. Mon pénis nu
était juste sous ses yeux et je sentais l’air frais qui circulait sur mes
fesses et entre mes jambes. Son indifférence à ma pudeur montrait combien elle
dominait la situation.
Une
personne extérieure aurait pu croire à une situation ambiguë. Il n’en était
rien. Les éventuelles connotations sexuelles étaient balayées par la façon dont
Sœur Gabrielle me traitait. Il était évident qu’elle avait devant elle un
enfant ce qui l’autorisait, en tant qu’adulte, à avoir accès à son intimité.
« Tourne-toi
que je vois tes fesses ! »
Je
pivotais pour lui présenter mes fesses.
« Non,
pas comme ça, attends. »
Elle se
leva, ceintura ma taille de son bras et je me retrouvais courbé sous son bras.
Une fois placé dans cette position, je ne pouvais m’empêcher de ressenti une
petite crainte. La fessée pouvait tomber à n’importe quel moment. Il n’y avait
aucune raison de me punir et je faisais confiance au sens de la justice de Sœur
Gabrielle : elle ne m’aurait pas corrigé sans une bonne raison. Cependant,
je me posais forcément une question dont la réponse pourrait être douloureuse :
n’y avait-il pas un écart qui m’avait échappé ?
Sœur
Gabrielle me fit alors faire un quart de tour pour tourner mes fesses vers la
lumière. Elle y posa sa main pour en estimer la souplesse.
« Laisse-moi
faire, je n’y vois rien. »
Sœur Gabrielle
me souleva et elle s’approcha de la fenêtre. Elle remonta le store et la
lumière inonda le bureau. Il est des réflexes qu’on ne peut contrôler. Je
tentais de me relever et je mis ma main pour dissimuler mes fesses à un
éventuel passant de l’autre côté de la fenêtre. Les réflexes de Sœur Gabrielle
étaient aussi rapides que les miens. Elle enleva ma main qu’elle saisit dans la
sienne sous mon ventre, puis, de sa main libre, elle me donna une petite
fessée. Je gémis de la brûlure qu’elle avait réveillée.
« Sois
sage et laisse-moi faire ! »
Je
relâchais mes muscles, me soumettant à la position dans laquelle elle m’avait
placé. Je craignais une fessée plus sévère, mais elle ne vint pas.
« Que
se passe-t-il ?
– On
pourrait me voir.
– C’est
parce qu’on pourrait apercevoir tes fesses par la fenêtre ? La belle
affaire ! Tes fesses ressemblent à toutes celles des grands garçons et tu
sais qu’ici, on en voit à peu près tous les jours. Cela n’aveugle personne.
– Je sais,
mais ce sont tous des élèves, pas moi.
– Oui,
c’est d’ailleurs un problème. Je crois qu’il va falloir que je m’occupe de cela
également. »
Sur ces
paroles que je trouvais un peu énigmatiques, son examen reprit. J’aurais aimé
qu’il soit rapide, mais ce que faisait Sœur Gabrielle était toujours fait à
fond. Elle prit son temps.
« Hier
soir, je t’ai donné une vraie fessée. Tes fesses n’en sont pas encore remises.
Là où la brosse a frappé le plus fort, les marques ont tendance à se
transformer en bleus. Il faut s’en occuper. »
Elle me
souleva et m’emmena vers son bureau. Cela me convenait, nous n’étions
maintenant plus directement à la vue de l’extérieur. Sans me poser au sol, elle
me coucha sur ses genoux. Je n’étais pas particulièrement lourd, mais tout de
même. Elle me manipulait si facilement que j’avais l’impression de ne rien
peser entre ses mains, comme un enfant porté par un adulte. Cela m’incitait à
l’obéissance. Je savais qu’elle n’aurait aucun mal à m’imposer sa décision si
c’était nécessaire.
Sœur
Gabrielle ouvrit un tiroir, mais je ne voyais pas ce qu’elle faisait. Elle fit
quelques préparatifs, sans s’occuper de moi, gisant sur ses genoux. Puis je
sentis sa main sur mes fesses. Elle y étala une pommade qu’elle fit pénétrer
dans ma peau en longs massages circulaires. La sensation était mitigée. Sa
main, sur mes fesses douloureuses, intensifiait un peu la cuisson que je
ressentais à chaque contact. Puis je sentis l’effet apaisant de la pommade
presque tout de suite. Elle insista un peu plus sur le bord de la raie de mes
fesses, là où ma peau était le plus sensible.
« Ecarte
les jambes ! »
Elle passa sa main recouverte de
pommade sur le haut de mes cuisses. Quand elle l’étendit sur la peau entre mes
jambes, elle frôla à plusieurs reprises mes bourses, sans que cela ne produise
plus qu’un tressaillement de ma part.
Elle me reprit sous son coude et
vint me poser devant la fenêtre, là d’où nous étions partis. Elle prit le temps
d’examiner son travail, puis elle me laissa là. Elle se lava les mains, les
frottant longuement, puis elle les essuya. Je n’osais pas ni bouger ni couvrir
mes fesses. Je n’en avais pas reçu l’autorisation. Je restais donc là, exposé à
qui passerait devant la fenêtre. Fort heureusement, à cette heure, il n’y avait
plus grand monde dans l’établissement. Je ne vis personne, je supposais donc
que personne ne me vit.
Sœur Gabrielle revint vers moi et
me reculotta. Je sentis la boule qui était au creux de mon ventre à chaque fois
que Sœur Gabrielle était dans les parages, perdre de son volume. J’avais passé
cette épreuve avec succès, je pouvais me détendre. Il me restait un zeste de
prudence qui me maintenait vigilant en présence de la religieuse. Un moment
d’inattention et une erreur était si vite arrivé. Les conséquences pouvaient
être importantes avec Sœur Gabrielle.
« Je te laisse la pommade.
Tu t’en mettras deux fois par jour jusqu’à lundi matin. Une fois le matin après
ta toilette et une fois le soir juste avant de te coucher. Il faut faire
pénétrer la pommade dans la peau. Il faudra que tu t’appliques. En fait, ce
serait préférable que tu demandes à une autre personne de s’en occuper. Ce
serait certainement mieux fait. »
Je voyais mal à qui demander. Une
image que je repoussais immédiatement naquit dans mon cerveau. C’était Julie,
ma colocataire, qui, m’ayant déculotté et couché sur ces genoux massait mes
fesses avec sa main enduite de pommade. Compte tenu de sa tendance à vouloir
nous commander, Marc et moi, je la sentais bien capable de prendre cette
responsabilité. Je n’y tenais pas.
« Qui pourrait s’en
occuper ? insista Sœur Gabrielle.
– Non, je ne vois pas, … personne
je crois. Je le ferai moi-même.
– Voyons un peu … Tu ne rentres
pas chez tes parents, ils habitent trop loin. Un oncle ou une tante à
proximité ?
– Non, ma Sœur, personne.
– Et du côté de tes
colocataires ? »
J’étais obligé de lui en dire un
peu plus. Elle en tira elle-même ses conclusions.
« Marc, … mais ça ne semble
pas évident. Il faut essayer Julie. Telle que tu me la décris elle semble avoir
la tête sur les épaules.
– Oui, ma Sœur.
– Bon, tu demanderas à Julie.
Veux-tu que je lui téléphone ? »
En une fraction de seconde, je
vis Sœur Gabrielle expliquer toute l’affaire à Julie. J’étais à peu près
certain qu’elle accepterait de prendre soin de mes fesses. Cela lui donnerait
un ascendant sur moi dont je ne voulais pas prendre le risque.
« Non, non, ma Sœur, je vais
le faire.
– Très bien, faisons comme
cela ! »
Je m’en sortais bien. Je m’étais
vu piégé. Je pris vaguement conscience qu’il faudrait faire un peu
d’équilibrisme si Sœur Gabrielle remettait plus tard le sujet sur le tapis.
« Il est temps de nous
rendre au Conseil. Nous sommes attendus. Ne soyons pas en retard. »
Le Conseil des professeurs nous
attendait au grand complet. J’y avais déjà été auditionné, juste avant le
rentrée. C’est lui qui, in fine, avait donné son accord pour que je puisse
mener mon étude à Sainte Marie. Je gardais un mauvais souvenir de ce moment.
J’avais été sur la sellette tout au long de la réunion.
Les professeurs siégeaient tout
autour de la table ovale. Sœur Marie Joseph était assise à un bout. Elle en
assurait la présidence. On me désigna ma place, à l’autre bout. Comme la
dernière fois, j’avais l’impression d’être devant un tribunal. Cela me fut
confirmé dès l’ouverture de la séance.
« Monsieur Fournier,
commença Sœur Marie Joseph, votre présence dans la classe de terminale pose un
certain nombre de problèmes que nous voulons évoquer avec vous. Je vais laisser
les professeurs concernés exposer leurs doléances. Sœur Thérèse, voulez-vous
commencer ?
– J’ai accueilli bien volontiers
Monsieur Fournier dans ma classe. Je pense qu’il n’a pas fait les efforts
d’intégration nécessaires. Il a une attitude générale consistant à défier les
règles de la maison, ce que son statut au sein de l’établissement lui a permis
de faire. Il est présent durant les cours, mais il ne les suit pas. Son
attention à ce qui se passe en classe est défaillante. Ostensiblement, il
adopte une attitude nonchalante qui contraste fortement avec l’ambiance de
travail qui règne dans la classe. J’ajouterai qu’il s’est montré à la limite de
l’insolence à plusieurs reprises. A
chaque cours, j’ai donc dans le fond de la classe un perturbateur qui ne
suit que ses propres règles, au détriment de celles qui cimentent notre
communauté éducative. »
Sœur Thérèse donna de nombreux
exemples que je ne pouvais pas démentir.
« Sœur Marie Véronique,
reprit la directrice, quel est votre avis ? »
La religieuse interpellée se
tourna vers moi. Elle attendit que je baisse les yeux, puis se lança dans son
propos.
« Je ne peux, hélas, que
confirmer les propos de Sœur Thérèse. Tout ce qu’elle décrit s’est également
produit dans ma classe. »
Il y eut un murmure s’assentiment
qui parcouru le Conseil.
« Je dois rajouter que cela
a déteint sur les élèves. Je n’ai jamais eu à donner autant la fessée, pour des
raisons d’infraction aux règles, qu’en ce moment. Les autres élèves ont sous
les yeux l’exemple même de ce qu’ils souhaiteraient être si nous ne maintenions
pas un haut niveau d’exigence tant pour les aspects de comportement que de
travail. Je pense pouvoir affirmer qu’il est directement responsable de
certaines désobéissances qui ont valu une fessée à plusieurs élèves. »
Sœur Marie Véronique conta par le
menu plusieurs anecdotes. Elle commença par ce qui était arrivé à Fabrice en
début de semaine. Sœur Thérèse compléta par l’épisode de ce matin.
« Il est un objet de
distraction pour nos élèves qui sont intrigués par son positionnement :
pas du tout professeur, il n’en a pas la rigueur et pas non plus élève, il
n’est pas soumis aux règles qui leur sont imposées. »
Sœur Françoise et Sœur Dominique
abondèrent dans leur sens en l’illustrant par ce qui s’était passé dans leur
classe.
Il y eut un moment de flottement
pendant lequel les religieuses commentèrent en aparté ce qu’elles venaient
d’entendre. Il y eut de nombreux regards courroucés dans ma direction.
« Pour être tout à fait
complet, intervint Sœur Marie Joseph, il convient de rajouter l’épisode de la
pétition. Il semble bien que ce sont les échanges entre Monsieur Fournier et
les élèves qui soient à l’origine de cette idée scandaleuse. Des élèves,
habituellement irréprochables subissent une punition parmi les plus terribles
de notre arsenal répressif. Au moins moralement, Monsieur Fournier en porte une
part de responsabilité. »
Sœur Marie Joseph fit, des yeux,
le tour des professeurs.
« Rien d’autre à
ajouter ? »
Un silence approbateur lui
répondit. Puis ne voix s’éleva. C’était Sœur Gabrielle.
« Peut-être devrions-nous
écouter ce que Monsieur Fournier a à nous dire sur tous ces incidents ?
– Excellente idée, répondit Sœur
Marie Joseph. Monsieur Fournier nous vous écoutons. »
Je fus pris au dépourvu. Je n’avais
pas songé un seul instant qu’elles me laisseraient la parole.
« Et bien … je …,
bredouillais-je, je ne voulais pas … je ne croyais, … je vais faire attention,
…
–
Je crois qu’il vaut mieux que je vous questionne. Reconnaissez-vous
avoir fait tout à fait autre chose que suivre les cours quand vous étiez en
classe ?
– Je ne voulais pas …
– Ce n’est pas ce que je vous
demande. Répondez à la question ! Alors ?
–
Oui, ma Sœur, mais je n’ai pas …
– Nous avons compris, me coupa
Sœur Marie Joseph. »
Son regard noir me fit taire
instantanément.
« Avez-vous répondu à Sœur
Marie Véronique quand elle vous en faisait la remarque ?
– Euh … oui, ma Sœur.
– Pouvez-vous m’expliquer en quoi
cette attitude vous permettait de mieux analyser nos méthodes pédagogiques, puisque
que c’est ce que vous êtes censé faire ? »
Je ne voyais plus comment me
sortir de la nasse qui s’ouvrait devant moi.
« Non, ma Sœur, dis-je en baissant les yeux.
– Regardez-moi dans les
yeux ! Je veux savoir si vous essayez de me mentir. »
Je rougis jusqu’aux oreilles,
mais je levais la tête.
« Si je comprends bien,
votre attitude n’avait rien à voir avec la qualité de votre étude. Il
s’agissait juste de perturber notre fonctionnement … ce qui ne peut que nuire à
votre travail. Je ne sais pas ce qu’en pensera votre directrice de laboratoire.
– Non, s’il vous plait, ma Sœur,
ne le lui dites pas ! Elle m’expulserait du laboratoire et je ne saurai …
– Nous verrons. Taisez-vous
maintenant. Nous devons prendre une décision. »
Je baissais la tête. Je me doutais
qu’elles n’accepteraient plus de me voir dans leur classe. Si le contrat avec
St Marie était rompu par ma faute, cela faisait une source de financement
absolument indispensable pour le laboratoire qui disparaitrait. La professeur
Girard n’aurait pas d’état d’âme, elle mettrait fin à mon contrat, faute de
financement et je doutais de pouvoir trouver ailleurs une université qui
accepterai de m’accueillir, après avoir été renvoyé de la mienne. Ma directrice
était trop influente dans le milieu pour que d’autres universitaires prennent
le risque de se mettre mal avec elle, juste pour embaucher un post-doctorant
inconnu.
« Mes Sœurs, que
proposez-vous ?
– Cette étude, depuis le début,
est une mascarade. Nous savons tous qu’elle ne sert à rien. Nos méthodes donnent
d’excellent résultat, c’est évident. »
Sœur Thérèse venait d’énoncer
tout haut ce que chacun, dans cette salle pensait tout bas.
« Je ne serai pas aussi
affirmative que vous. Imaginons que les conclusions de ce jeune homme soient
tout à fait favorables à nos méthodes. Cela leur donnerait une caution
scientifique, appuyée sur l’autorité académique du professeure Girard. Ce n’est
pas rien. »
Sœur Marie Joseph avait un temps
d’avance sur tout le monde. Son analyse surprit tout le monde. C’était une stratégie
à laquelle personne d’autre n’avait pensé.
« Qui peut nous assurer du
sens dans lequel iront ces conclusions ?
– En fait, elles sont déjà bien
avancées. J’ai eu un échange téléphonique avec le professeure Girard. Toute la
matière recueillie va dans le sens que nous souhaitons. Je pense qu’il est
préférable de laisser cette étude aller jusqu’à sa conclusion. Il est possible
de Madame de Sainte St Foix ait une désagréable surprise à la fin de ce
travail. Il se pourrait que ce soit la dernière fois qu’elle essaye de nous
nuire. »
Je repris espoir un court
instant.
« Je propose donc, reprit
Sœur Thérèse, que nous laissions le travail de ce jeune homme aller jusqu’au
bout. Mais il n’est plus question qu’il puisse suivre ma classe avec une telle
attitude. Cela nuirait aux autres élèves que je me verrai contrainte de fesser.
Déontologiquement, nous ne pouvons faire cela. »
Cet argument avait porté. Je le
sentais bien.
« Il pourrait, par exemple,
proposa Sœur Marie Véronique, finir son travail dans son laboratoire, sans
revenir à St Marie.
– Cela pourrait se retourner
contre nous s’il apparait que nous avons mis des obstacles au bon déroulement
de l’étude. Cependant, je ne vois pas comment faire autrement. Il faut en
prendre le risque. »
Cette solution m’obligerait à
avouer au professeure Girard que mon attitude avait fait courir un risque à ma
position au sein de mon terrain d’étude. Ce n’était pas une bonne chose.
« Il y a peut-être une autre
solution, plus satisfaisante pour tout le monde. »
Sœur Gabrielle sortait du silence
qu’elle avait observé jusque-là.
« Axel, je crois que c’est
comme cela que nous l’appellerons désormais, mes Sœurs, si vous suivez mon
avis. Axel, donc, suit les cours d’éducation physique depuis trois semaines.
Cela ne provoque aucune perturbation. Il y a deux raisons à cela. La première
est qu’il se fond dans la masse des élèves. Quand il est en cours, plus rien ne
le distingue des autres. Il est habillé comme eux et il suit leur programme. La
deuxième est qu’il ne bénéficie d’aucun privilège. Je le traite comme n’importe
quel autre enfant. A ces deux conditions, il ne peut plus être un modèle
alternatif, dans la classe qui pourrait donner des idées aux autres. »
J’avais eu peur qu’elle aborde la
question des fessées. Heureusement, elle n’avait éludé cet aspect de mon statut
sous son autorité.
« De cette façon, il
pourrait continuer son observation de l’intérieur. Il ne pourrait nous être
objecté que nous avons mis de la mauvaise volonté. Quoi de mieux que d’être au
cœur de l’action pour la comprendre au mieux ? »
Il n’y avait plus que des signaux
d’approbation autour de la table.
« Je ne pense pas qu’un
élève de plus dans la classe pose un problème insurmontable. »
Sœur Thérèse et Sœur Marie
Véronique hochèrent la tête pour confirmer l’hypothèse de Sœur Gabrielle.
« Voici une solution à
laquelle je n’avais pas pensé, avoua Sœur Marie Joseph. Je vous remercie ma
Sœur. Il me semble que cette proposition résout favorablement la plupart des
questions que nous posions. »
Le Conseil des professeurs adopta
cette recommandation sans aucune restriction. Sœur Marie Joseph se tourna alors
vers moi.
« Axel, dit-elle, »
Il n’y avait plus de
« Monsieur Fournier ».
« Axel, vous avez une
alternative. Soit nous ne vous acceptons plus dans nos locaux, soit vous y êtes
accepté, mais vous perdez tous vos privilèges. Quel est votre
choix ? »
Je ne pris qu’une seconde pour
réfléchir avant de répondre.
« Je veux rester, ma
Sœur.
– Bien voilà qui clôt notre
Conseil. Axel, dorénavant vous porterez l’uniforme de Sœur Thérèse. Vous
resterez dans la classe de terminale qui vous accueille depuis deux bonnes
semaines. Vous y suivrez les cours comme tous les autres élèves. »
La séance fut levée sur ces
conclusions. Je me dirigeais vers la sortie, quand je fus rattrapé par Sœur
Marie Joseph.
« Axel, vous passerez voir
Sœur Marie Madeleine qui vous donnera un bon pour aller chercher votre
uniforme. »
La "normalisation" se précise pour Axel...
RépondreSupprimerCela nous promet de futurs chapitres très croustillants, la vie de cette école réservant chaque semaine aux lecteurs de bien agréables surprises.
Encore bravo pour ce feuilleton !
Jeancla
Merci Jeancla,
RépondreSupprimerEn ce qui concerne les surprises hebdomadaires à St Marie, vous en êtes l'un des créateurs avec votre récit "Christine".
Gageons que d'autres auteurs nous rejoindront pour enrichir cet univers où la fessée devient le norme.
Au plaisir de vous lire,
JLG.