jeudi 8 mars 2018

Christine - chapitre 21


J’étais à présent seule au réfectoire. J’y terminais mon petit-déjeuner. Volontairement, Sœur Marie-Hortense m’avait forcée à rester nue après la magistrale et cuisante fessée qu’elle venait de m’administrer. Je venais d’être punie en public en réplique à la fessée de la veille, reçue pour chahut collectif dans les douches. Sœur Thérèse, notre maîtresse de dortoir m’avait désignée comme seule et unique responsable en qualité de « capitaine de dortoir » et aussi parce que j’avais été la première à sa portée lorsqu’elle avait fait irruption dans les sanitaires en entendant notre brouhaha.

La fessée que venait de m’infliger la Préfète de discipline l’avait été à l’aide du martinet, les coups en avaient été cinglants. J’avais eu mal et malgré mes 36 ans je n’avais pu contenir ma douleur et j’avais pleuré. Comme pour mieux marquer cette sanction et parce que j’étais dans cette tenue la veille, Sœur Marie-Hortense m’avait fait mettre nue devant mes camarades et c’est toujours sans vêtements que j’avais dû aller au coin.

Ayant séché mes larmes, j’avais pu reprendre ma place à table. Ce fut en touchant à peine à mon chocolat au lait et en grignotant du bout des dents une tartine beurrée de confiture que je fis mon examen de conscience. Pour la première fois à Ste-Marie, mais également de ma vie, je venais d’être fessée en public, déculottée devant une assistance de femmes, de filles et de garçons. Sur le moment, je m’étais dit que c’était inéluctable et que, depuis mon inscription à Ste-Marie, il fallait en arriver là, forcément.


Puis, je me ressaisis et compris que si je me voyais en cible par rapport aux religieuses, c’est que je le voulais bien. Il n’y avait pas de fatalité, seulement un enchaînement de circonstances que j’avais involontairement accompagné. Je me dis qu’il existait toujours une solution, qu’il y avait un autre cheminement à prendre pour filer droit.

Mes pensées se bousculèrent aussi sur la conduite que j’avais adoptée en prenant tout sur moi lorsque Sœur Thérèse m’était tombée dessus. Il n’a jamais été dans mon caractère de dénoncer ni de me défausser, encore moins de vouloir me décharger sur les autres. Pour le cas précis du chambard dans les douches, expliquer à Sœur Thérèse que je n’étais pas la seule en cause n’aurait pas diminué ma peine ; cela aurait en plus nui aux autres filles sans m’épargner.

En fait, depuis mon inscription à Ste-Marie et plus encore depuis ma rentrée en cours de vacances, je m’étais fixé la barre trop haut. Non pas celle concernant mon but à atteindre, l’obtention de mon Bac mais plutôt celle de la méthode. En femme mûre je pensais pouvoir tout décider et c’était trop pour moi. Ste-Marie était une école où il fallait se laisser guider et ne donner le meilleur de soi-même que pour les études. J’y avais perdu de mon énergie et surtout de mon amour-propre à croire maîtriser mon comportement en devançant les attentes des Sœurs. Le constat était amer,  j’avais tout faux. Le règlement était clair, très simple ; vouloir être trop zélée avait exactement les mêmes effets que le combattre.  

Le petit-déjeuner me paraissait fade et sans saveur, mon esprit était occupé ailleurs. Je sentis derrière moi une présence, c’était Sœur Marie-Joseph. Je n’avais pas entendu la directrice de Ste-Marie arriver.

« Que pouvait-elle me vouloir ? N’avais-je pas assez donné ce matin pour qu’elle vînt en rajouter ? »

– Christine, dit Sœur Marie-Joseph, je vous félicite.

« Toujours le mot pour rire, les Sœurs ! » me dis-je intérieurement.

La situation était incongrue pour ne pas dire absurde. Moi, une femme mûre de 36 ans, nue, venant d’être fessée en public et qu’on félicitait ! Je n’avais même pas su rester digne et pourtant la directrice de Ste-Marie me faisait des éloges ; avec ses explications et beaucoup de psychologie, je compris pourquoi mon comportement m’avait grandie à ses yeux.

– Christine, poursuivit Sœur Marie-Joseph, en vous faisant nommer « capitaine de dortoir » je souhaitais vous tester mais j’avoue que vous avez tenu ce rôle au-delà de mes espérances. Vous n’avez pas dénoncé vos camarades en sachant ce que cela impliquait. Vous avez été sévèrement punie. Vous y avez gagné l’estime de tous, Sœurs et personnel enseignant compris.

– Merci ma Sœur, répondis-je timidement.

– Un bémol cependant, continua Sœur Marie-Joseph. Je suis attristée de constater que vous avez pris une part non négligeable à cette bousculade. Vous auriez dû calmer les ardeurs naissantes au sein de votre groupe au lieu de les accompagner, à croire que vous êtes aussi jeune que vos camarades. À l’avenir, pensez-y !

– Oui ma Sœur, dis-je.

– Rhabillez-vous et rejoignez vos camarades, termina Sœur Marie-Joseph.

Je remis ma culotte, rajustai mon soutien-gorge avant de renfiler ma jupe et reboutonner ma chemise. Je regagnai le dortoir où m’attendaient les filles. Magali fut la première à me serrer dans ses bras. Elle m’embrassa en ayant quelques mots de réconfort. C’est à ce moment-là que je fis le constat de l’extrême sévérité de la fessée que j’avais endurée au réfectoire. Sœur Marie-Joseph ne s’y était pas trompée, j’avais conquis le respect de mes camarades de dortoir ; elles me le manifestèrent toutes de leur sympathie.

Sœur Thérèse nous envoya nous brosser les dents. De retour au dortoir, nous fûmes priées de nous mettre en tenue de sport avant de nous rendre au gymnase. Comme bon nombre de mes camarades, j’avais complètement oublié ces fameuses deux heures de sport. Avec la chaleur de ce mois d’août je n’étais pas spécialement emballée pour aller transpirer en efforts musculaires et autres exercices physiques. Mais avec la fessée que je venais d’endurer, ces deux heures de dépense énergétique corporelle arrivaient à point nommé. Tel un break, cela me viderait la tête de toute idée sombre et j’en sortirai avec l’esprit ailleurs.

Dans mes affaires et en prévision de cette paire d’heures sportives j’avais prévu une tenue adaptée. J’enfilai donc un leggings court gris, une brassière assortie et une paire de joggings, panoplie que j’utilisais régulièrement pour courir. Sans être une athlète, j’étais assez sportive avec une certaine habitude de la pratique et donc des tenues à utiliser. Il en allait tout autrement pour Magali pour qui sport devait rimer avec corvée.

C’est Sœur Gabrielle qui allait nous encadrer pour ce créneau. D’ordinaire professeure d’éducation physique et sportive pour les garçons en section lycée, Sœur Gabrielle allait diriger une section mixte pour ce samedi de retenue. Sœur Gabrielle était une religieuse atypique en raison de son passé de sportive de haut niveau ayant rejoint les ordres mais de l’avis de tous, et notamment de ceux qui la connaissaient, elle était une personne autoritaire mais juste qui savait tirer le meilleur de chacun.

Avant même de débuter son cours Sœur Gabrielle sut lesquels d’entre nous avaient la fibre sportive et ceux qui l’avaient moins. Elle nous scinda en deux groupes, je fis partie des « sportifs ». Nous dûmes courir autour du gymnase tandis que les autres faisaient des assouplissements au centre. Magali, qui faisait logiquement partie du groupe des moins sportifs essayait tant bien que mal de toucher le bout de ses pieds sans fléchir les jambes mais elle était raide comme un piquet et, malgré les encouragements de Sœur Gabrielle, n’arrivait pas à accomplir les exercices souhaités. La religieuse avait l’œil sur tout le monde et parvenait à faire progresser les plus récalcitrants ou réfractaires.

Cette séance de sport se termina par une épreuve ludique, la balle aux prisonniers ; toutes et tous devaient y participer. Je fis équipe, entre autres, avec Magali. Je m’employai à la protéger des assauts de l’équipe adverse en bloquant nombre de ballons, le but du jeu étant de viser essentiellement les jambes. Vers la fin de la partie Nicolas, qui était en face, visa délibérément ma camarade, non pas à hauteur des genoux, mais au niveau de son buste. D’un mouvement de défense bien godiche Magali ne parvint pas à parer le coup, encore moins à se saisir du ballon.

– Aïeee ! cria Magali en se pliant en deux.

Tout le monde crut un instant que notre camarade avait eu le souffle coupé par la violence du choc mais son cri poussé nous informa du contraire. Magali était à genoux se tordant d’une douleur non feinte. Aussitôt je me portais à son secours, imitée par mes camarades les plus proches ainsi que Sœur Gabrielle qui prit les choses en main dans le calme et sans précipitation. Nous pûmes enfin comprendre ce dont souffrait Magali. Elle avait tout simplement pris le ballon envoyé par Nicolas sur son sein gauche. Un fois le choc passé elle en avait mal à en pleurer, se tenant la poitrine comme pour en évacuer le coup.

Sœur Gabrielle demanda une chaise et y assit Magali. D’autorité elle lui ôta son T-shirt et lui dégrafa son soutien-gorge. Le sein gauche de Magali était peu marqué, légèrement rosé. D’un ton imaginé Sœur Gabrielle fit une remarque juste mais bien cruelle pour ma camarade à la poitrine martyrisée :

– Heureusement que vous êtes une « laitière », dit Sœur Gabrielle. Au moins, votre forte poitrine a amorti le choc du ballon, sans cela vous auriez eu le téton écrasé.

Puis à l’encontre de Nicolas :

– Vous, jeune homme, nous règlerons cela lorsque votre camarade sera revenue de sa blessure.

– Mais ma Sœur, dit bien innocemment Nicolas, je ne voulais pas lui faire mal, je visais ses mains pour qu’elle attrape le ballon…

– Ça suffit jeune homme ! interrompit Sœur Gabrielle. Je viens de vous dire que nous réglerons cela plus tard, un temps pour tout ! Vous, jeune fille, emmenez votre camarade chez la Sœur portière. De la glace dans une poche durant cinq bonnes minutes, jusqu’à ce qu’elle ne sente plus son sein puis un massage à l’arnica.

Sœur Gabrielle s’adressait à moi pour prendre en charge Magali. Je saisis ses effets et soutins ma camarade jusque chez la Sœur portière. Telle une enfant Magali pleurait toujours et s’était recroquevillée sur elle-même empêchant tout soin. À force de persuasion la religieuse put enfin lui appliquer la poche de glace salvatrice qui fit retrouver le sourire à ma camarade. Un bon massage à l’arnica après et il ne paraissait presque plus pour Magali qu’un grand inconfort et un hématome à venir et à surveiller.

Retournant toutes les deux au gymnase je dis à Magali :

– Tu te rends compte Magali, c’est « ton » Nicolas qui t’a fait si mal.

– Je préfère que ce soit lui plutôt qu’un autre, me répondit Magali.

– Ah bon ! lui dis-je. Pourtant il t’a pas ratée. Comme quoi, l’amour peut parfois rendre maso !

Arrivant au gymnase, nous passâmes directement à la douche où Sœur Gabrielle nous donna les recommandations d’usage en matière d’hygiène sans toutefois nous contrôler. Nos camarades étaient déjà séchés. Ayant enfin retrouvé une tenue plus conventionnelle, Magali et moi rejoignîmes nos camarades à l’entrée du gymnase. Nicolas y était debout, immobile et déjà déculotté.

Sœur Gabrielle était en train de lui faire un procès en règle sur son comportement excessif lors du jeu de balle aux prisonniers. Elle lui reprochait surtout son acte volontairement violent envers Magali qui ne pouvait se terminer autrement que par une blessure. De plus la religieuse fit un sermon physiologique à Nicolas, lui expliquant que chez les filles la poitrine était une zone très sensible à ne viser sous aucun prétexte et qu’en conséquence, sa punition serait adaptée à la faute commise.

Nicolas semblait résigné, comprenant où sa fougue l’avait entraîné. Comme lui, nous nous attendions tous à ce que Sœur Gabrielle marque le coup d’une fessée comme il était d’usage à Ste-Marie en pareilles circonstances. C’était dans ce cas précis mal connaître cette religieuse au passé sportif, donc hautement équitable et pondérée dans ses jugements et prises de décision.

– Jeune homme, dit Sœur Gabrielle en s’adressant à Nicolas. Mettez vous en appui sur cette chaise et écartez vos jambes.

Le pauvre Nicolas obéit, cambrant son corps aux volontés précises de la religieuse. Il s’attendait à recevoir une grêle de coups et restait stoïque malgré un imperceptible tremblement dû essentiellement à ses jambes tendues et écartées. Sœur Gabrielle s’était curieusement armée d’une petite serviette dont personne n’imaginait la destination. Elle commença à fouetter le bas du dos de son supplicié, insistant sur les reins. Puis les coups se précisèrent sur les fesses, ébranlant Nicolas chaque fois un peu plus. Cette fessée ne semblait pas d’une grande sévérité, peut-être Sœur Gabrielle en modérait-elle volontairement les effets ; d’ailleurs Nicolas restait muet, preuve que la sanction le touchait peu et n’occasionnait qu’une douleur symbolique.

Ce ne fut qu’ensuite que nous comprîmes où souhaitait en venir Sœur Gabrielle. Ce n’était pas par hasard qu’elle avait fait un bref cours d’anatomie féminine en indiquant à Nicolas la fragilité des poitrines. Sa fessée était tout autant pédagogique que répressive. En punissant Nicolas elle voulait le sanctionner et l’atteindre sur une partie également sensible et fragile de son corps, le pendant des seins de Magali.

C’est pourquoi, après avoir débuté sa fessée mollement, Sœur Gabrielle s’employa à viser le bas des fesses, faisant remonter le bout de sa serviette entre les jambes de Nicolas et claquant sur ses bourses.

– Moi aussi je sais viser là où ça fait mal, dit simplement Sœur Gabrielle. Ce n’est pas compliqué et ça fait toujours mouche !

Deux coups suffirent à faire plier Nicolas. Il se tenait maladroitement les testicules de la main droite esquivant un troisième coup qui ne vint jamais. Il avait le souffle court. Sœur Gabrielle le saisit sous les bras, l’assit par terre et le souleva à plusieurs reprises puis le lâchant. Par ce geste répété elle voulait juste lui faire retomber les gonades dans le scrotum, ce qui soulagea Nicolas.

– Jeunes filles, dit Sœur Gabrielle, j’espère que vous aurez retenu cette leçon. Vous avez pu constater combien ces messieurs sont fragiles des attributs de leur virilité. Une simple chiquenaude et il n’y a plus personne.

Sans être féministe, Sœur Gabrielle venait de nous faire la démonstration que les garçons, sous leurs apparences robustes, avaient eux aussi leurs faiblesses. L’ancienne judoka qu’elle était n’avait d’ailleurs pas eu à forcer son talent pour venir à bout d’un Nicolas qui ne faisait pas le poids.

– Jeune homme, dit Sœur Gabrielle à Nicolas, pas besoin de glace ni d’arnica pour vous ! Rhabillez-vous !

La douleur sourde et lancinante que devait éprouver notre camarade eut raison de lui. Il essayait bien de paraître normal mais ses yeux rougis et embués trahissaient son émotion. Il s’en était toutefois tiré à bon compte mais savait qu’il y aurait un deuxième round le soir. La seule chose qui devait le réconforter était que la réplique lui serait donnée par Sœur Gabrielle qui était également la maîtresse de dortoir des garçons ; il la savait juste et mesurée dans ses décisions.

Après cet intermède je sentis Magali partagée. On venait de toucher directement à la virilité de « son » Nicolas. Je lui en fis part.

– On peut dire qu’il ne l’a pas volé, lui dis-je. Et Sœur Gabrielle t’a rendu justice.

– T’es folle ou quoi, me répondit Magali. Elle aurait pu le mutiler à vie !

Ma camarade était dans l’outrance, comme quoi l’amour rend parfois aveugle.

– Au moins, maintenant, ça te fait un bon prétexte pour l’aborder, expliquai-je à Magali. Vous partagez quelque chose ensemble. Propose-lui de lui masser les boules, il te massera les seins…

– Arrête ! me coupa Magali. Si c’était aussi simple… Toi tu parles comme un livre…

Avec ces quelques mots un peu épicés, j’avais réussi à faire retrouver le sourire à ma camarade et c’était bien là l’essentiel après ces deux heures de sport mouvementées. Nous n’avions pas encore entamé nos heures de retenue que nous avions déjà traversé épreuves et aventures. Moi qui au petit déjeuner avais eu une large et longue réflexion sur moi-même, je me posais à nouveau des questions.

Je m’étais résolue à me laisser aller et guider mais force était de constater qu’il fallait en faire et donner plus, se laisser entraîner ne suffisait pas. Il fallait faire face et s’adapter à chacune des circonstances qui se présentaient. Je compris que c’était la chose à laquelle Sœur Marie-Joseph faisait allusion, faire front, avoir confiance en soi et surtout ne pas avoir peur ni penser aux sanctions.

– Jeunes gens, en rang s’il vous plaît, dit Sœur Gabrielle en claquant des mains.

Cette journée de retenue tant redoutée allait enfin pouvoir commencer. Après ma première fessée publique du petit déjeuner au réfectoire et la séance sportive agitée, ces heures de colle me semblaient un répit bienvenu.


Pour suivre le fil de ce récit

Lire ou relire le premier épisode : introduction
Et l'épisode précédent : chapitre 20
La suite, c'est le chapitre 22

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2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Bon épisode , bientôt la fin de ce weekend a Ste Marie , le retour devant belle maman risque d’être aussi chaud avec peut être d'autres témoins ?

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    Réponses
    1. Merci pour vos encouragements.
      N'oubliez pas, à ce stade du récit nous sommes le samedi matin de ce week-end de consigne à Ste- marie.
      Pour le reste, l'avenir vous le dira.
      Jeancla

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