jeudi 23 avril 2020

Le journal d'Olga - chapitre 13 acte 2

Iourievna m’a rejointe devant la glace de la salle de bains. On s’est maquillées côte à côte. D’abord en silence. Et puis j’ai soupiré.
« C’est aujourd’hui pour Elena. C’est aujourd’hui. Comment j’aimerais pas être à sa place…
‒ Ah, ça, moi non plus ! Mais dis-moi ! Je voulais te demander un truc, là…
‒ Oui. Quoi ?
‒ Tu te rappelles la fois où Ekaterina s’était fait piquer son maillot pendant qu’elle se baignait ? Qu’elle avait été obligée de rentrer à poil ?
‒ Évidemment que je me rappelle…
‒ C’était le frère de Théo, Norbert, qu’avait fait ça. Même que sa mère, du coup, lui avait flanqué une fessée du feu de Dieu. Et que tu y étais.
‒ Oui. Et alors ?
‒ Alors, à vingt-six ans, c’est quand même sacrément la honte pour un mec, ça, non ? Surtout devant une fille. Et surtout quand elle a que dix-huit ans.
‒ Ah, ça, il était pas à l’aise ! C’est le moins qu’on puisse dire. Il aurait pu rentrer dans un trou de souris… Mais pourquoi tu me parles de ça ?
‒ Parce que… il en a reçu d’autres, depuis, tu m’as dit.
‒ D’après Théo, oui. Deux.
‒ Et ça recommencera ?
‒ Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ! Mais sûrement, oui.
‒ Non, parce que je l’ai vu samedi, au bowling. Il m’a un peu draguée. Je t’en avais pas parlé parce que c’était juste comme ça. Sans plus. Sauf que depuis il arrête pas. C’est SMS sur SMS. Encore quatre hier soir pendant que tu dormais. C’est pas pour me vanter, mais il a l’air sacrément accro. Alors peut-être bien que je vais me laisser tenter.
‒ T’es amoureuse ?
‒ Oh, non, non ! C’est en train de me passer, ça. Parce qu’à chaque fois, ça tourne en eau de boudin. Alors, c’est bon. J’ai pas envie de me prendre encore la tête. Par contre, je sortirais bien avec.
‒ Si le cœur t’en dit…
‒ Ben oui ! Oui. Ça doit être trop, ça, d’avoir un mec qui se prend des fessées. Qui fait tout pour pas que tu t’aperçoives qu’il vient d’y avoir droit. Mais toi, t’es pas dupe, tu parles ! Rien qu’à sa façon de marcher. Ou d’esquisser des grimaces. Alors tu veux. T’as envie de lui. Pour voir ça. Sauf que lui, il invente des prétextes. Qu’il est fatigué. Qu’il en est pas. Que je sais pas quoi. T’insistes. Et, évidemment, t’arrives à tes fins. Tu t’étonnes. Comment il a les fesses toutes chaudes ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ? « Fais voir ! Mais si, fais voir ! Hein ? Mais tu t’es pris une fessée. C’est pas vrai que tu t’es pris une fessée ! » T’examines. Tu commentes. Tu veux savoir. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Il est sur des charbons ardents. Tout penaud. Il bafouille. Il esquive. Mais tu le lâches pas. Tu prends trop ton pied, attends ! Il faut qu’il crache le morceau. Et tu compatis. Tu le consoles. Le pauvre ! Ou bien, au contraire, t’en rajoutes une couche. « Oh, ben non, attends ! Là, elle a eu complètement raison, ta mère ! T’avais amplement mérité. » Comment je vais me plaire, moi, t’imagines ? Sans compter qu’avec un peu de chance, c’est devant moi qu’un jour elle lui en flanquera une… Oui, je vais me lancer. Mais en attendant, faut absolument que j’aille changer de culotte ! Parce qu’à force de parler de ça… »

Elena était toute seule sous l’abribus.
« Comment tu te sens ?
Elle a haussé les épaules.
‒ Comme ça peut. J’essaie de faire le vide. De sortir de moi. De me dire que c’est pas à moi que ça va arriver, ce truc.
Elle a levé sur nous un regard tout brouillé.
‒ Mais bon ! Ça va bien être à moi quand même !
On était à peine montées dans le car que ça a commencé. Deux jeunes, juste derrière nous, deux petits cons, tout énervés, qu’étaient même pas de Sainte-Croix. En plus !
‒ On le sait, heu ! On le sait, heu ! Tu vas en avoir une. Et cul nu !
‒ Réponds pas ! Dis rien !
Elle a soupiré.
‒ Non, mais n’empêche que tout le pays est déjà au courant. Qu’est-ce que ce sera après !

À l’école, ça a été bien pire, mais ça, c’était couru d’avance. Ils étaient une bonne dizaine à l’attendre au portail, Aldison en tête.
‒ Alors, c’est le grand jour, ma chérie !
Et Clément.
‒ Depuis le temps que je rêve de voir ta chatte, moi ! Tu seras mignonne, hein, t’écarteras bien. Qu’on en profite à fond.
Et Baptiste.
‒ Moi, c’est tes nibards que je kiffe. J’espère qu’ils vont te les mettre à l’air. Et te faire pencher. Qu’ils pendouillent bien.
Elle est passée toute droite, impassible, le regard fixé au loin, mais on savait bien, nous, comment ça devait l’étrangler à l’intérieur.

À la récréation de dix heures, Léa est venue la chercher.
‒ Faut que tu viennes avec moi à l’infirmerie. Qu’on te prépare…
Dès qu’elle a été partie, il y a tout un tas de filles qui se sont regroupées dans un coin de la cour autour de Mylène. On s’est approchées. Elle pérorait.
‒ Oui, elle voulait pas au début, ah non alors ! Mais elle y est venue finalement ! Et c’est moi qui le lui ai raboté, son petit feuilleté d’amour.
Iourievna m’a poussée du coude.
‒ Tu crois que c’est vrai ?
‒ Bien sûr que non. C’est une mytho…
Il y en a une qui a ri.
‒ T’as dû te régaler.
‒ Ah, ben ça, vous me connaissez, hein, les filles ! Je m’en suis jamais cachée. Alors s’il y en a, parmi vous, qui veulent me confier leur petit trésor, c’est avec plaisir que je le leur mettrai à nu. Et plus, si affinités.
Elle était pas tentée, Emma.
‒ Non, merci. Sans façons.
Émilie non plus.
‒ Vous savez pas ce que vous perdez, les filles ! Parce que c’est pas pour me vanter, mais je sais y faire. Et je peux vous dire qu’elle a sacrément apprécié, Elena. Comment il passait la tête à la fenêtre, son bourgeon ! Et il était dur, mais dur ! Elle a pris un de ces pieds…
J’ai explosé.
‒ C’est n’importe quoi ! T’inventes…
Elle m’a toisée.
‒ T’es jalouse, c’est ça ?
‒ Pauvre conne ! »
Et j’ai tourné les talons.

Quand ça a été enfin l’heure, tout le monde a joué des coudes pour être devant. Dans une grande bousculade. Ça s’est précipité dans tous les sens. Ça a attendu. Ça a rigolé. Et puis ça s’est impatienté.
« Bon, alors ! Qu’est-ce qu’ils foutent ?
Il y a eu, d’un coup, comme un frémissement.
‒ La voilà !
Sur le pas de la porte. Quand elle a vu tous les élèves rassemblés, elle a fait un bond en arrière. Et elle n’a plus voulu avancer. Il a fallu la pousser pour l’y contraindre. Sous les huées. Elle avait les mains attachées dans le dos. Et elle sanglotait. La directrice l’a entraînée, de force, jusqu’à la barrière qu’on a surnommée entre nous « le gibet ». Elle l’y a liée par les poignets et par les chevilles, penchée en avant, les jambes bien écartées au large. Quel indécent et humiliant spectacle elle offrait là ! Je n’ai pas pu m’empêcher de frissonner en pensant que peut-être un jour, si je n’y prenais garde, si mon comportement ou mes résultats laissaient à désirer, ce serait moi qui me trouverais à sa place. Et je me suis bien juré, en mon for intérieur, que cela n’arriverait pas. Que cela n’arriverait jamais. Fabienne D. a confié à la coach de sport, Jessica T. et à la prof principale, Aline T, les deux martinets à sept longues lanières et le soin d’exécuter la sentence.
Emma, derrière moi, a murmuré.
‒ Oh, alors là, avec elles, elle va morfler.
Émilie était complètement de son avis.
‒ Et ce qu’il faut aussi regarder, c’est leurs têtes à elles. Elles adorent ça, cingler.
Elles étaient sur le point de commencer quand Elena s’est mise à hurler.
‒ C’est pas moi, je le jure ! J’ai rien fait.
Ce qui a déclenché un grand éclat de rire des garçons.
‒ Mais oui, c’est ça ! On va te croire…
Elle s’est débattue dans ses liens.
‒ C’est pas juste. Non, c’est pas juste.
La directrice leur a fait signe et les deux profs se sont mises à cingler. De bon cœur. Se stimulant l’une l’autre. Sans lui laisser le moindre répit entre deux fouettées. Elle a presque tout de suite crié. À pleins poumons. Sous les rires et les moqueries des élèves.
‒ Tu t’entraînes pour le Conservatoire ?
‒ Ah, ben tu vois… T’as le feu au cul finalement !
Maladresse ou volonté délibérée, mais plutôt volonté délibérée, les lanières sont allées la cueillir, à plusieurs reprises, et haut des cuisses et plus haut encore, là où on est femmes, lui arrachant des hurlements déchirants.
Clément était ravi.
‒ Je la lui vois, les gars ! Je la lui vois. Et bien ouverte en plus.
Baptiste aussi.
‒ Et moi, c’est ses mamelles que je mate. Comment elles battent bien la mesure ! »

La directrice leur a fait signe d’arrêter.
« Soixante ! C’est bon.
Elles l’ont détachée et elle s’est écroulée par terre en se massant vigoureusement le derrière.
‒ Aldison ! Viens ici !
Il ne se l’est pas fait répéter des fois.
Oh, non ! Elle n’allait pas lui imposer ça en plus ! Eh bien, si ! 
‒ Elena, demande pardon à ton camarade.
Qui ne se gênait pas pour lui laisser ouvertement traîner tant et plus les yeux dessus.
Elle l’a fait. Toute docile. Toute soumise.
‒ Plus fort ! On n’a pas entendu.
Et elle l’a répété. Elle l’a hurlé.
‒ Pardon, Aldison.
C’était fini.
On s’est précipitées, Iourievna et moi, pour l’aider à se relever. Pour l’accompagner à l’infirmerie. On a dû jouer des coudes pour lui frayer un chemin au milieu de tout un tas de garçons et de filles surexcités qui ricanaient, qui se moquaient d’elle, qui cherchaient à la toucher ou à lui balancer des claques.

Elle n’a pas voulu qu’on la laisse.
‒ Non ! Restez ! S’il vous plaît, restez !
‒ Mais oui ! On est là. On est là.
On lui a donné à boire. L’infirmière lui a pris le pouls, la tension.
‒ Ça va. T’inquiète pas ! Tout est normal.
Et lui a conseillé d’aller prendre une douche, dans le bac, juste en face.
‒ Tu es en nage.
On l’a aidée à se lever, Iourievna et moi. On l’a soutenue jusque là-bas. L’eau a coulé. Elle a fermé les yeux. À l’évidence, ça lui faisait du bien. Le plus grand bien. Tellement de bien que ses doigts se sont attardés entre ses cuisses, s’en sont éloignés, y sont revenus. Que son autre main est montée se solliciter les tétons. Et son plaisir a surgi, intense. Un plaisir qu’elle a doucement gémi en se mordant les lèvres. Elle a rouvert les yeux. A brusquement réalisé.
‒ Je suis désolée. J’ai honte. Je…
Oh, mais ça faisait rien.
‒ Mais oui ! Rien du tout.
‒ Quand même !
L’infirmière a dédramatisé la situation.
‒ C’est souvent que ça arrive. À beaucoup de monde. À presque tout le monde en fait. Parce que les zones qu’il touche, le martinet…
Et elle s’est lancée dans un long et savant exposé.
En attendant, en douce que ça devait bien l’arranger, elle, l’infirmière, que ça arrive à plein de monde. Parce que je lui avais discrètement jeté des petits coups d’œil pendant qu’Elena se caressait et elle suivait le déroulé des opérations avec un intérêt évident et même, une intense satisfaction.
Ce qu’Iourievna a confirmé quand on s’est retrouvées dehors.
‒ Moi aussi, j’ai vu. Elle se rinçait carrément l’œil, oui, tu veux dire !
Elle a haussé les épaules.
‒ N’importe comment elle, elle est connue pour ça, hein ! Elle a la bonne place, là. Et elle profite tant et plus de la situation. Chaque fois qu’elle le peut.
Ce qui préoccupait Elena, elle, c’était qu’on lui garde le secret.
‒ Vous le répéterez pas, hein, ce qui s’est passé. À personne. »
Ben, évidemment ! Pour qui elle nous prenait ?

Ce qui lui importait avant tout maintenant, c’était d’aller récupérer ses vêtements chez la directrice. On l’y a accompagnée. Elle ne nous a pas reçues tout de suite. Elle nous a fait attendre, plus d’un quart d’heure durant, dans la petite salle attenante. Il y avait, pendant ce temps-là, tout un tas d’élèves qui passaient, qui repassaient, qui regardaient, qui rigolaient. Sans arrêt.
« Entre !
Pas nous.
Et puis elle s’est ravisée.
‒ Venez aussi, vous deux. Vous en prendrez de la graine.
La porte de son bureau une fois refermée, elle a fait pivoter Elena sur elle-même. A longuement contemplé l’état de son derrière.
‒ Oui. Tu devrais t’en souvenir un bon petit moment. Et c’est tant mieux. Assieds-toi !
Elle l’a fait. Du bout des fesses. En grimaçant.
‒ J’espère que tu as conscience que c’est pour ton bien, tout ça ? Non ?
Elle a fait signe que si. D’un hochement de tête. Si.
‒ Tu n’es pas un mauvais élément. Loin de là. Tes résultats scolaires sont à la hauteur. D’une manière générale, tes professeurs n’ont pas à se plaindre de toi. Malheureusement ton caractère laisse on ne peut plus à désirer. Tu t’emportes pour un rien. Tu montes tout de suite sur tes grands chevaux. Tu uses de violence à l’égard de tes camarades. Et ça, c’est inacceptable. Il faut absolument que, de ce côté-là, tu parviennes à t’amender. Alors je vais être très claire. Nous ferons tout ce qu’il faut pour ça. Et, dorénavant, nous ne te laisserons absolument rien passer. La moindre incartade se payera cash. Chaque fois que tu auras mérité d’être punie, quelle qu’en soit la raison, tu le seras de la façon que tu l’as été aujourd’hui. Est-ce bien compris ?
‒ Oui, Madame.
‒ Nous allons avoir à cœur, l’équipe pédagogique et moi-même, de te rendre docile, Elena. On ne peut plus docile.
Elle s’est levée. Lui a rendu sa jupe et son tee-shirt. Elena a tendu la main dans la direction de sa culotte et de son soutien-gorge.
‒ Ah, non ! Non ! Tout à l’heure. Ce soir. Tu vas passer l’après-midi comme ça. Pour bien te pénétrer de l’idée que tu viens d’être punie. Que tu es encore punie.
Elle n’a pas protesté. Elle s’est rhabillée.
‒ Au revoir, Madame.
Elle a hésité. Une fraction de seconde.
‒ Et merci.
Dans le couloir on a croisé un Aldison hilare.


Et Iourievna ? On la connait

Je veux ! Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté,  voici le premier épisode de la série : le chapitre 1

Il y a un début à cette série

Le chapitre 1
et l'épisode précédent : chapitre 13 acte 2
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 13 - acte 1

Et la suite ?

François nous a écrit le chapitre 14

N'hésitez pas pour les commentaires

Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François ?

7 commentaires:

  1. Bonjour à tous,
    Bon, là, c'étais l'angoisse totale d'aller me faire fesser en public devant tout Ste CROIX. Les élèves en ont bien profiter. Penchée en avant, les cuisses écartées, en train de me tortiller dans tous les sens, les garçons ont dû se régaler... Et cet Adilson qui était au anges !
    Amitiés.
    Elena.

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    1. Et un faute, une : "Et cet Adilson qui était auX anges !"

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    2. Elena,
      J'aurais bien voulu rectifier cette faute, mais je ne la trouve pas.
      Au plaisir de vous lire.
      JLG.

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    3. Bonjour Josip,
      La phrase est la dernière de mon commentaire du 23 Avril à 17:25
      Amitiés
      Elena

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    4. Elena,
      S'il s'agit d'un commentaire, je ne peux rien faire.
      Au plaisir de vous lire,
      JLG.

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  2. Bonjour Elena et JLG. Bonjour à tous.
    Assurément, un très mauvais moment à passer. Et ce n'est pas fini. Le débat lancé sur la légitimité de la fessée par le professeur françois F. va encore vous donner l'occasion de faire des vôtres. Mais quand arriverez-vous à tenir votre langue?
    JLG, l'erreur recherchée se trouve dans le commentaire d'Elena ci-dessus.
    Amicalement.
    François

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  3. Ah, notre professeur principal François F. ! ! ! Sous ses airs de ne pas y toucher, il en prend du plaisir à regarder ses élèves se faire fesser... Surtout les filles, d'ailleurs ! A se demander s'il ne nous pousse pas à la faute pour avoir le plaisir d'assister à notre correction ?
    Amitiés.
    Elena

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