jeudi 18 juin 2020

Le journal d'Olga - chapitre 21

« Comment vous trouvez, les filles ?
Pas mal. Ça lui allait pas mal.
‒ Si, c’est vrai ! Et puis le bleu te va bien au teint.
‒ Sans compter que cette robe, elle te met bien les seins en valeur. Sans trop en montrer quand même.
‒ Je peux sortir comme ça, alors ?
‒ En boîte ? Oh, oui ! Oui. Sans problème.
C’est rare qu’Ekaterina se mette en frais vestimentaires comme ça. D’ordinaire, elle est plutôt jean basket. Alors, à tous les coups, il y avait un mec là-dessous.
‒ Comment il s’appelle ?
‒ Hein ? Qui ça ?
‒ Prends-nous bien pour des lapines de trois semaines.
Elle s’est bien fait un peu prier et puis elle l’a lâché.
‒ Jordan.
‒ On le connaît ?
‒ Oh, ben oui ! Oui. C’est Jordan C.
‒ Jordan C ? Celui qu’est au tennis avec nous ?
‒ Lui-même, oui.
‒ Eh ben dis donc ! Tu te mouches pas du pied, toi. Il est super canon comme mec. Petite cachottière ! Alors comme ça, tu sors avec !
‒ Oui. Enfin non. C’est en train de se faire en fait. C’est pour ce soir. Si tout se passe bien. Croisez les doigts pour moi, hein, les filles ! Croisez les doigts. »

Iourievna m’a appelée dans la nuit.
« Olga ! T’entends pas ?
Si ! Des pleurs. Des sanglots.
‒ C’est Ekaterina.
On s’est précipitées.
Elle était assise, en petite culotte et en larmes, sur le rebord de la baignoire. La belle robe bleue gisait à ses pieds.
‒ Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
‒ Quelle salope !
‒ Qui ça ?
‒ Kirsten.
Et elle nous a raconté entre deux sanglots qu’elle le lui avait soufflé, son Jordan.
‒ Elle s’est comportée comme une pute. Une vraie pute. Oh, mais elle me le paiera. Ça, elle va me le payer.

Kirsten, c’est une Allemande, inscrite à Sainte-Croix dans le cadre du projet Erasmus. En tennis, il faut le reconnaître, elle est particulièrement douée. Elle espère d’ailleurs pouvoir faire, dans ce sport, une carrière professionnelle. Et c’est souvent que, dans les compétitions, elle redresse, à elle toute seule, des situations absolument désespérées pour le club. Par contre, sur le court, elle joue les divas plus souvent qu’à son tour. Elle conteste systématiquement les décisions de l’arbitre. Elle s’en prend à ses partenaires, au public. Bref, elle est carrément odieuse et il est fréquent qu’elle se fasse copieusement siffler. Ce dont elle se moque royalement. Au contraire : elle en rajoute généralement une couche.
Les filles l’excusent. Elles disent que c’est le propre des grandes championnes que d’avoir mauvais caractère et que d’ailleurs, le reste du temps, quand elle n’a pas une raquette en main, elle est avec nous absolument charmante. Sympa. Rigolote et tout et tout. C’est l’impression qu’elle donne, oui. Mais moi, je ne crois pas que ce soit aussi simple que ça. Il y a un petit côté artificiel dans son attitude qui me met très mal à l’aise. Un peu comme si elle n’arrêtait pas de proclamer : « Je vous suis très supérieure. À toutes. Mais vous voyez, c’est pas pour autant que je la ramène. »

Le lendemain, Ekaterina s’était un peu calmée. Et elle a pu enfin nous expliquer ce qui s’était passé.
‒ Oh, ben l’autre, quand elle nous a vus tous les deux attablés, elle nous a carrément fondu dessus. Elle s’est immiscée et elle te me l’a dragué comme c’est pas permis, Jordan. À lui faire des yeux de velours. À se frotter tant et plus contre lui en dansant. Et l’autre, tu parles qu’il en pouvait plus. LA championne qui s’intéressait à lui. Il buvait du petit lait. Et ça s’est fini par une partie de jambes en l’air dans sa voiture.
‒ Ça n’aura peut-être qu’un temps tous les deux.
‒ Oh, ça, sûrement ! Dans trois jours, c’est fini. Mais c’est pas pour autant que je vais aller y remettre le nez. Je me contente pas des restes, moi ! »

Et, évidemment, après, ça a coincé entre elles. Elles ne s’adressaient plus la parole et se tiraient l’une à l’autre une gueule longue de dix kilomètres. Tant et si bien qu’à force de faire, ça a fini par exploser. Et, comme par hasard, le jour des demi-finales du championnat départemental. C’est parti d’un truc idiot. Ekaterina s’est assise, par inadvertance, sur le haut de survêtement de Kirsten.
« Non, mais faut pas te gêner !
‒ Quoi ! Je vais pas te le bouffer, ton truc !
‒ T’as rien à faire ici, n’importe comment ? T’es éliminée, non ?
‒ Oui, ben les vestiaires sont à tout le monde…
Elles se sont mesurées du regard et on a bien cru que ça allait partir à grands coups de baffes. Et puis Kirsten a eu son petit sourire par en dessous.
‒ Tu veux une info ? Eh ben, il baise super bien, Jordan.
Les yeux d’Ekaterina ont lancé des éclairs.
‒ Oui, oh, ben avec toi, il risque pas d’avoir envie de grand-chose d’autre.
‒ Ah, parce qu’avec toi, oui, pauvre tourte ? Si tu savais ce qu’il pense de toi ! Tu le fais trop rigoler. « Quand je pense qu’elle a traversé tout le pays à poil sur son vélo. Et qu’après ça, elle s’est ramassé une fessée cul nu par les gendarmes ! À vingt et un ans ! Non, mais t’imagines ! »
‒ Il y en a d’autres à qui c’est arrivé, hein !
‒ Oui, ben pas moi toujours.
Heureusement qu’Anne D., la coach, est venue les interrompre.
‒ Qu’est-ce tu fiches, Kirsten ? Allez, en piste ! C’est à toi ! »
Sinon, ça aurait vraisemblablement complètement dégénéré.

On a tout de suite vu qu’elle en était pas. Peut-être, en partie, à cause de l’altercation qu’elle venait d’avoir avec Ekaterina. Elle ratait des retours faciles. Elle expédiait un nombre inhabituel de services en dehors du court ou dans le filet. Elle a, malgré tout, remporté le premier set. D’extrême justesse. Le second, par contre, elle l’a, malgré nos encouragements, perdu en six jeux secs. Ça s’annonçait mal pour le troisième qu’elle a abordé extrêmement crispée, en sorte que, très vite, elle s’est trouvée en grande difficulté. Et, comme à son habitude dans ce genre de situation, elle s’est énervée. Elle s’est mise à contester systématiquement les décisions de l’arbitre, à accuser son adversaire d’antijeu, à servir « à la cuillère » sous les huées du public. Pendant les pauses, Anne D. s’efforçait de la calmer et de lui redonner confiance. Autant que faire se pouvait. Raynald B., le président du club, est lui aussi intervenu. Sans parvenir à y changer quoi que ce soit : elle était devenue complètement ingérable. La défaite, du coup, était inéluctable. Elle est survenue sous les applaudissements ravis des spectateurs qui avaient ouvertement pris parti contre elle. Folle de rage, elle a jeté sa raquette par terre, a quitté le court sans saluer ni son adversaire ni l’arbitre et a lancé, au passage, sa serviette à la figure de son entraîneuse.
Notre premier mouvement, à nous, ses coéquipières, a été de lui emboîter le pas pour tenter de la réconforter. Mais on a finalement pensé qu’il était plus judicieux d’attendre, dans le vestiaire voisin, qu’elle se soit d’elle-même un peu calmée. Anne D., elle, n’a pas eu ces scrupules. On l’a entendue surgir à côté.
‒ Alors ? T’es fière de toi ?
Et elle a enchaîné. Que son attitude était, à proprement parler, scandaleuse. Inacceptable. Que sa défaite, elle en était entièrement responsable.
‒ Toi ! Et personne d’autre.
Que si elle voulait vraiment faire carrière dans le tennis, elle avait tout intérêt à apprendre à maîtriser ses nerfs.
‒ Sinon, tu peux faire une croix dessus.
Qu’elle donnait une image exécrable du club. Et ça, c’était quelque chose d’absolument inadmissible.
Kirsten ne répondait pas. Ne disait rien. Mais elle devait arborer son petit air ironique et supérieur, ce qui a vraisemblablement eu le don d’exaspérer Anne D. parce que, d’un coup, on a entendu un bruit de claques. Et la voix indignée de Kirsten.
‒ Oh, non, pas ça, hein ! Pas ça !
‒ Si ! Une fessée ! Si ! Quand on se comporte comme une gamine, on ne mérite qu’une chose : être traitée comme une gamine.
Et c’est tombé. Une rafale de claques. À plein régime. À plein volume. Ça s’est brusquement arrêté.
‒ Enlève tes mains ! J’ai dit : « Enlève tes mains ! » Fais attention, Kirsten ! Fais bien attention !
Il y a eu un sanglot. Et ça a repris.
Iourievna a collé son oreille à la cloison.
‒ Comment elle couine ! Ah, ça y va ! Pour y aller, ça y va !
Ekaterina aussi.
‒ Comment on entend mieux comme ça !
Elle jubilait. Et encourageait Anne D. à voix basse.
‒ Plus fort ! Plus fort ! Vas-y ! Vas-y ! Qu’elle puisse pas s’asseoir d’un moment, cette salope !
Et, comme si elle l’avait entendue, la coach a encore accentué la force des coups.
Kirsten a crié. Elle a hurlé. Elle a supplié.
Mais Anne D. s’est montrée intraitable.
Pour le plus grand bonheur d’Ekaterina qui a enfoui sa main dans son short. Qui l’y a fait moutonner.
‒ Vas-y ! Gueule ! Gueule ! J’adore.
Et elle a joui. En se mordant la main. Les yeux perdus dans les lointains.
À côté, ça s’est arrêté.
Il y a eu tout un tas de petits reniflements. De petites plaintes. Et puis la voix d’Anne D.
‒ Pourquoi tu es vilaine comme ça ?
‒ Je sais pas. J’y peux rien.
‒ Mais si, tu y peux ! Bien sûr que tu y peux ! Tu vas faire des efforts. Tu me promets ?
‒ Oui.
‒ Allez ! Dépêche-toi de t’habiller. On t’attend pour la remise des récompenses.
‒ Anne ?
‒ Oui ?
‒ Je vous demande pardon. Je suis désolée. »

Tout au long de la cérémonie protocolaire, elle a été charmante. Aussi bien avec l’arbitre qu’avec son adversaire qu’elle a chaleureusement félicitée. Elle s’est ensuite excusée auprès des spectateurs qui, voyant qu’elle avait pleuré, ne lui ont finalement pas tenu rigueur de son comportement.
Nous non plus. Parce que le club y avait perdu, oui, bien sûr, mais, en fin de compte, c’était elle la plus punie. Elle avait perdu, par sa faute, un match qui était à sa portée. Elle s’était privée de la finale. Et elle s’était pris, en plus, une retentissante fessée.
On était sur le point de repartir, toutes les quatre, quand Raynald B. lui a fait signe.
« Viens ! J’ai à te parler.
Près de trois quarts d’heure ça a duré.
‒ Qu’est-ce qu’il te voulait ?
‒ Il m’a passé un savon. Je l’avais mérité, faut reconnaître. J’ai complètement déconné. Il voulait me virer du club, du coup.
‒ Il a pas fait ça !
‒ Il m’a laissé le choix. Ou la porte ou recevoir une fessée déculottée devant toutes les filles du club.
‒ Et t’as choisi quoi ?
Elle a haussé les épaules.
‒ La fessée.
‒ Ma pauvre !
‒ Oui, oh, c’est bien fait pour moi. Si j’avais pas été aussi idiote !
Ekaterina a demandé, d’un air faussement détaché.
‒ Et il y aura que les filles alors ? Pas les garçons ?
‒ C’est ce qu’il m’a dit, oui. »
Elle a essayé de le cacher, mais on voyait bien qu’elle était déçue.

Ça a été le lundi de la semaine suivante. À la reprise des entraînements. Il nous a réunies dans les vestiaires et nous a solennellement annoncé que Kirsten allait recevoir une magistrale fessée. On savait toutes pourquoi. Inutile d’épiloguer là-dessus.
Et Anne D. a pris les choses en mains.
‒ Tu te déshabilles, Kirsten. Le bas. Ta jupe et ta culotte.
Elle l’a fait. En jetant, de temps à autre, de petits regards à la dérobée sur Raynald B.
‒ Plie tes vêtements ! Les laisse pas en vrac !
Elle a obéi. Les a soigneusement pliés. Posés sur le banc.
Et, dès qu’elle lui a eu fait signe, elle est docilement venue s’étendre en travers de ses genoux.
Anne D. ne l’a pas ménagée. Elle lui a résolument claqué le derrière. Une fesse après l’autre. Elles ont rougi très vite. Kirsten a crié. Elle s’est trémoussée et elle a crié. De plus en plus fort. Et elle a cherché à se protéger de ses mains.
Raynald B. a exigé.
‒ Retire-les !
Elle l’a fait. Et les a presque aussitôt remises.
‒ Ou tu m’obéis ou je t’attache. Et on te finit à la ceinture.
Pour ne plus être tentée, elle a agrippé le banc. De toutes ses forces. Et elle a battu des jambes. Ce qui a tout laissé voir. On était entre filles, mais bon…
Iourievna a constaté.
‒ Elle mouille. Et pas qu’un peu !
Elena s’est discrètement passé une main entre les cuisses.
‒ Oui, ben ça, moi aussi !
Quant à Ekaterina, les yeux rivés au fessier et à la foune trempée de Kirsten, elle ne cessait de répéter, en leitmotiv.
‒ Dommage qu’il y ait pas les garçons ! Non, mais quel dommage qu’il y ait pas les garçons !
Pas très loin de moi, il y a une fille qui a haleté. Une autre a doucement gémi.
Raynald B. a fait signe à Anne D. que c’était bon. Ça suffisait.
Elle s’est relevée en se massant vigoureusement les fesses et en dansant d’un pied sur l’autre.
‒ J’espère que ça te servira de leçon.
‒ Oh, oui ! Oui !
‒ Et qu’on n’aura plus dorénavant à te reprocher quoi que ce soit.
Elle a promis. Elle a juré.
‒ Tu es une bonne fille au fond. Allez, reculotte-toi !

On l’a raccompagnée. À pied. Parce qu’être assise dans un bus quand on a les fesses encore toutes brûlantes d’une fessée toute neuve.
Mais alors, à notre avis…
‒ Oui ?
‒ Ça va se savoir à Sainte-Croix ?
Ah, ben ça, forcément ! Raynald B. allait en référer à la directrice. Obligé.
Elle a soupiré.
‒ Qui n’aura rien de plus pressé que de prévenir mes parents. Je peux m’attendre à m’en ramasser une autre quand je vais rentrer chez moi, là-bas, en Allemagne, pour les vacances. Il va pas apprécier mon père. Mais bon, je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même, hein !
Elle s’est perdue dans ses pensées.
‒ Il y a plein de monde qui va savoir en fait !
Elena a haussé les épaules.
‒ Ben, oui ! Elles vont raconter, les filles, tu penses bien… Faut pas se voiler la face. Peut-être même qu’elles sont déjà en train de le faire.
Et Ekaterina a enfoncé le clou.
‒ Jordan aussi va savoir, si c’est ça ta question…


Et Iourievna ? On la connait

Je veux ! Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté,  voici le premier épisode de la série : le chapitre 1

Il y a un début à cette série

Le chapitre 1
et l'épisode précédent : chapitre 20
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 20

Et la suite ?

François nous a écrit le chapitre 22

N'hésitez pas pour les commentaires

Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François ?

3 commentaires:

  1. Amis de la poésie, et du revers (de main) croisé le long de la raie des fesses... Bonjour.

    Toujours agréable cette construction de récit, autour d'un enchaînement de dialogues simples, naturels et percutants, qui rend la lecture fluide. Nous sommes à l'intérieur des conversations de jeunes gens, nourries d'expressions familières avec un langage parlé spontané, sans sans fioriture, ni friture sur la ligne. (de fond de court)
    On y cause franc du collier, aussi directement que les plongées humides dans les entrecuisses de ces demoiselles en chaleur, passablement énervées devant les fessées de la capricieuse tenniswomen. Chez "François fab" on dit les choses clairement. Pas de service à la cuillère, "Ace" direct sous la ligne de flottaison!

    Services volée, pas volés, et smatch en série sur les fesses de Kirsten, avec avec un deuxième set en public dans les vestiaires. On s'y met en tenue habituellement, cette fois ci on s'y déculotte carrément.
    Ici,on ne fesse pas au hasard. Chaque épisode introduit et justifie l'administration des punitions par une description précise des circonstances entraînant les mesures disciplinaires. Dans celui ci, l'auteur s'attarde, avec coquetterie, sur les réactions en chaîne des buissons ardents de ces demoiselles, en émoi devant l'excitant spectacle. Cyprinesque !
    Il n'y a pas que le plaisir de la lecture ...
    Cordialement
    Ramina

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    Réponses
    1. Bonjour Ramina et bonjour à tous,
      En effet, le ton est donné en début de texte. On y va franco ( et pas de port ). Les textes augmentent l'intensité de l'action où on sent que tout le monde est assez excité par ce qu'il se passe. Les tennis woman ont leur caractère mais il y a des limites à tout. L'esprit sportif ne doit pas être oublié et les entraîneurs sont là pour le rappeler.
      Amitiés.
      Elena.

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  2. Bonjour, Ramina. Et bonjour à tous.

    Merci de votre commentaire très fourni et très imagé. Assurément l'univers du tennis, dans lequel nous a entraînés Elena, se prête à ce genre de situations. Des joueuses "tout-venant" y côtoient des apprenties divas et quand viennent se mêler à ça des rivalités amoureuses entre filles...
    Amicalement.
    François

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