jeudi 12 mars 2020

Le journal d'Olga - chapitre 10 - acte 2

Dès le début de la séance suivante, Jessica T. a donné le ton.
« Vous le voyez, celui-là ?
Un martinet à cinq longues lanières de cuir. Qu’elle a brandi.
‒ Eh bien, si vous continuez à tirer au flanc, comme vous avez malheureusement cru pouvoir en prendre jusqu’ici impunément l’habitude, vos fesses dénudées feront intimement connaissance avec lui. Les filles comme les garçons. Je ne ferai pas de différence. Bien. Et maintenant vous allez vous mettre en tenue. Exécution !
Léa a émis un discret petit sifflement entre ses dents.
‒ Eh ben dis donc ! Ça a porté ses fruits la séance mouvementée de l’autre jour chez la directrice, on dirait.
Tout le monde s’est dirigé en maugréant vers les vestiaires. Où ça a un peu râlé. Où il y a des filles qu’ont trouvé que c’était vraiment pas juste et qu’il aurait fallu aller se plaindre en haut lieu.
Margaux a haussé les épaules.
 Et de quoi donc ? Elle va nous dire qu’on l’a bien cherché avec nos résultats calamiteux de l’autre fois. Ce qu’est pas complètement faux d’ailleurs !
Mylène l’a approuvée.
 On ferait qu’aggraver notre cas… »
Mais elles deux, de toute façon, plus il y a de fessées et plus elles sont ravies. À condition, s’entend, que ce ne soit pas elles qui se les prennent.

« Allez ! Pour commencer, course de fond.
Et, comme par hasard, nos temps de passage se sont nettement améliorés par rapport à ce qu’ils étaient les fois précédentes. À l’exception de ceux de quelques récalcitrants qui, soit mauvaise volonté soit paresse, traînaient un peu la jambe. Malgré leurs protestations scandalisées, Jessica T. les a alors gratifiés, chaque fois qu’ils passaient à sa hauteur, de quelques cinglées bien senties sur l’arrière des cuisses.
 Ça vous donnera un peu d’élan »

Augustin, lui, ne l’entendait pas de cette oreille. Et, aussitôt la course terminée, il a entrepris de démontrer à la coach que ces coups de martinet n’étaient absolument pas justifiés.
« On faisait ce qu’on pouvait.
 Non. Et si tu la fermes pas, tu vas t’en prendre une autre série.
Mais il n’avait pas du tout l’intention de se taire.
‒ N’empêche que vous êtes injuste.
Une remarque qui lui a aussitôt valu cinq ou six nouvelles cinglées, bien appuyées, sur les cuisses.
Il a sautillé sur place, de douleur, et il a explosé.
‒ Non, mais ça va pas ! Vous êtes complètement folle.
‒ Oh, alors là, mon garçon ! Alors là ! Tu vas y avoir droit ! Déculotte-toi !
Iourievna m’a donné un petit coup de coude dans les côtes.
‒ Chouette ! C’est celui à qui on voulait le plus la voir donner, la fessée, nous, les filles, et c’est lui qui va l’avoir.
Et elle m’a lancé un sourire ravi.
‒ Bon, alors tu te déculottes, oui !
Il n’en avait pas du tout l’intention.
‒ Vous pouvez toujours courir…
‒ Ah, oui ?
Elle a sorti son portable.
‒ J’appelle la directrice.
Ce qui a eu pour effet immédiat de lui faire rendre les armes.
‒ C’est bon… C’est bon…
Et il s’est déshabillé sous les regards attentifs et pleins de curiosité des filles qui ne se sont pas privées de lorgner sur son morceau de choix.
‒ Pas mal ! Pas mal !
Le martinet s’est aussitôt abattu sur ses fesses. Une vingtaine de coups qui l’ont fait danser d’une jambe sur l’autre, tournoyer sur lui-même, essayer sans succès de se protéger de ses mains.
Iourievna était ravi.
‒ Il est trop rigolo comme ça, avec son truc qui ballotte dans tous les sens.
Son truc, justement, à force de faire, il avait fini, bien malgré lui, par se dresser tout droit. Aussi, dès que Jessica T. a eu mis un terme à sa punition, s’est-il précipité sur ses vêtements pour le dissimuler.
Mais elle l’a arrêté.
‒ Non, non ! Tu te rhabilles pas. Tu vas aller faire un petit tour à l’infirmerie. Qu’on t’y épile…
‒ Hein ? Mais…
‒ Tu seras beaucoup moins tenté de te montrer insolent après ça. Allez, file ! »

Quand il est revenu, ça a été un éclat de rire général. Qui a interminablement duré.
« Oh, le beau petit bébé ! Il est tout mignon comme ça !
‒ Eh, mais c’est qu’on lui a talqué le cucul en plus !
Toutes les filles ont fait cercle autour de lui qui dansait d’une jambe sur l’autre. Qui s’efforçait de se dissimuler comme il pouvait. Et ça a été des réflexions à n’en plus finir.
‒ Mais c’est qu’il bande encore, ce salaud !
‒ C’est à cause de la honte. Ça fait faire ça, la honte.
La coach a mis un terme.
‒ Bon, allez ! En piste, les garçons ! Un petit deux cents mètres.
Elle a désigné cinq d’entre eux. Parmi lesquels Augustin, évidemment ! Augustin à poil. Augustin qui a raté son départ. Qui a fait tout son possible pour rattraper les autres. Qui y est partiellement parvenu. Pendant que nous, les filles, on l’encourageait de la voix et du geste, et qu’on rigolait à qui mieux mieux de voir sa queue et ses couilles brinquebaler dans tous les sens.
La coach a hoché la tête.
‒ Bon, ben c’était pas trop mal. En tout cas, t’as fait des efforts. Comme quoi, une bonne correction au martinet, il y a rien de tel pour dégourdir les jambes. Il y en a d’ailleurs, parmi les filles, qui devraient en prendre de la graine. »
Et, en disant ça, elle a ostensiblement regardé Léa et Iourievna.

Elle était furieuse, Léa.
« Pas à cause de la façon dont elle m’a regardée à la fin. Non, ça, j’en ai rien à battre. Elles me font pas peur, ses menaces. Non, mais parce que… je suis déléguée de classe quand même ! Et c’est mon rôle d’accompagner les élèves à l’infirmerie dans ce genre de situation. D’assister l’infirmière, si besoin est. De lui tenir la queue levée au type, si elle l’épile, pour qu’elle puisse bien lui passer partout. Et là, rien. Elle m’a complètement ignorée, la Jessica. Elle le savait pourtant que j’aurais dû l’accompagner. Elle l’a fait exprès. Je suis sûre qu’elle l’a fait exprès. Oh, mais ça, je peux te dire qu’elle l’emportera pas au paradis.
‒ Qu’est-ce tu vas faire ?
‒ Je sais pas encore, mais quelque chose, alors là ! Le moment venu. Quelque chose. Ça, elle peut s’y attendre. »

Iourievna, ça la tracassait pas trop non plus, la façon dont elle l’avait regardée, la coach.
« Suffira que je m’entraîne un peu avant le prochain cours. Et puis voilà ! On ira ensemble. Tu m’aideras. Parce que tu te débrouilles pas trop mal, toi, en sport. Et puis n’importe comment, peut-être que ça lui aura passé d’idée d’ici là.
En fait, elle était encore toute pleine du spectacle qu’Augustin nous avait, bien malgré lui, offert.
‒ J’ai drôlement apprécié, moi. Pas toi ?
‒ Aussi, oui.
‒ Surtout que ce soit lui. Depuis le temps que j’en avais envie. T’as vu ça, n’empêche, comment il était mal à l’aise ? S’il avait pu se faufiler dans un trou de souris… Mais c’est justement ça que j’aime, moi ! Quand ils savent plus où se mettre. Que la honte les déborde de partout. Parce qu’on peut bien dire ce qu’on veut, mais les garçons, c’est quand même beaucoup plus pudique que nous. Et de loin. Alors voir leurs queues, et leurs rouflignettes, oui, bien sûr, c’est pas désagréable du tout. Tu peux y repenser après. Et te dire que tu sais comment ils sont faits. Idem quand le martinet les fait gambiller, sauter en l’air comme des pantins ridicules en gémissant et en pleurnichant. Ça te fait de bons souvenirs. Mais le mieux, et de loin, c’est parce que tout ça, ça a lieu devant toi. Ça les mortifie que tu y assistes. Ils fuient ton regard, mais ils peuvent pas s’empêcher de le chercher quand même. C’est plus fort qu’eux. Et ils ont encore plus honte. Quatre fois, moi, je les ai eus, ses yeux, pendant que ça se passait, tout ça, tout à l’heure. Quatre fois. Et ce que j’y ai lu, wouah ! Tu peux pas savoir le pied que j’ai pris. Ça m’a tourneboulée d’une force !
Elle s’est assise au bord de son lit.
‒ Ce qu’il y a maintenant, malheureusement, c’est qu’il y aura sûrement plus droit.
‒ Ça, t’en sais rien du tout…
‒ Oh, ben si ! Si ! Ça l’aura vacciné. Il va faire attention à pas s’en reprendre une, tu parles ! Alors, à moins qu’on trouve une solution pour qu’il y attrape à nouveau…
Elle a haussé les épaules.
‒ Seulement je vois pas laquelle… »

Le lendemain et les trois jours suivants, elle a voulu qu’on aille courir toutes les deux.
« Faut que je travaille mon souffle…
Mais elle s’arrêtait tous les vingt mètres, rouge, en sueur, hors d’haleine.
‒ Attends ! J’ai un point de côté.
Et elle en profitait pour me parler, une fois encore, d’Augustin.
‒ Tu crois qu’il les a encore, les marques ?
‒ Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ? Peut-être encore un peu, oui. Pas beaucoup.
‒ Et les poils ? Tu crois qu’ils ont commencé à repousser, les poils ?
‒ Oh, ça, sûrement, oui ! Ça va vite.
Elle s’est brusquement élancée vers la maison.
‒ Viens ! Viens ! J’ai une idée. »

Et, aussitôt rentrée, elle s’est jetée, comme une meurt de faim, sur son ordinateur.
« Qu’est-ce tu fabriques ?
‒ J’en étais sûre. Bon, je t’explique… Il est juste à Sainte-Croix pour un an, Augustin. Après, il retourne à Angers. Là d’où il vient.
‒ Je sais, oui. Et alors ?
‒ Et alors il en a gardé plein des copains et des copines là-bas. J’en trouve au moins une quarantaine, là, sur Facebook. Et, à mon avis, il aimerait pas trop que tous ces gens-là soient mis au courant des mésaventures qui lui sont arrivées ici. Parce que quand il va les retrouver…
‒ Ce serait dégueulasse…
‒ On n’aura pas à le faire. Parce que rien que de l’en menacer, il va se montrer très conciliant, Augustin. Et en passer docilement par tout ce qu’on voudra.
‒ C’est-à-dire ?
‒ Ben, dans un premier temps, il va gentiment accepter qu’on lui rafraîchisse la tonte. Tu m’as bien dit que Léa, l’autre jour, elle avait très mal vécu de ne pas avoir assisté l’infirmière au cours de l’opération ?
‒ Ah, pour ça, oui !
‒ Et donc, elle demandera sûrement pas mieux qu’il y ait une petite séance de rattrapage dans son bureau ?
‒ Tu penses bien que oui !
‒ Eh bien voilà ! Tu t’occupes de la prévenir ? Moi, pendant ce temps-là, je vais aller entamer les négociations avec ce cher Augustin.
Lesquelles négociations ont abouti le soir même.
‒ Ça a pas été sans mal, mais bon, j’y suis quand même arrivée. Il avait pas trop le choix n’importe comment ! »

On l’a attendu, toutes les trois, le lendemain, plus d’une demi-heure durant, dans le bureau de Léa.
« Alors ? Qu’est-ce qu’il fout ?
‒ Vous allez voir qu’il viendra pas !
Mais Iourievna était convaincue du contraire. Et elle avait raison : il a fini par passer la tête, tout penaud.
‒ Ben, entre ! Reste pas planté là…
Il a, presque aussitôt, tenté de nous amadouer.
‒ Dites, les filles, est-ce qu’il serait pas possible de…
Mais Iourievna lui a sèchement coupé la parole.
‒ Il est possible de rien du tout. On en a assez parlé hier soir, non ?
‒ Oui.
‒ Eh ben alors ! On va pas encore recommencer à discuter. Parce que je reviendrai pas sur ce que je t’ai dit. Et donc, tu te déshabilles…
Il a dégrafé sa ceinture, nous a tour à tour regardées, Léa et moi, dans l’attente d’un hypothétique secours. Qu’on ne lui a pas apporté.
Iourievna s’est impatientée.
‒ Qu’est-ce t’attends ? On l’a déjà vu, ton machin, n’importe comment. Alors un peu plus un peu moins…
Et il s’est déshabillé. De trois quarts. Sans jamais lever les yeux sur nous.
Elle l’a agrippé par le bras, amené jusqu’au pied du bureau.
‒ Ben, vas-y ! Grimpe !
Ce qu’il s’est employé à faire. Fort maladroitement. L’occasion, pour nous, d’entrevoir longuement son petit trou de derrière dans toute sa vérité.
Elles l’ont fait allonger, lui ont disposé un coussin sous la tête.
‒ Là ! Tu seras bien comme ça !
Ça avait effectivement repoussé. Pas beaucoup, mais, malgré tout, de façon assez significative.
Léa a enduit de mousse, rasé. Sa queue s’est aussitôt dressée. A battu sur le ventre.
‒ Attends ! Je vais la lui tenir en l’air. Que tu puisses passer dessous.
Et Iourievna a joint le geste à la parole. Elle la lui a même décapuchonnée.
‒ Faut bien qu’il prenne un peu l’air, le bout ! Il est toujours caché, ce sournois !
Léa a essuyé, enduit de crème adoucissante, lui a expédié une petite claque sur la cuisse.
‒ Là ! Tout beau, tout neuf. Qu’est-ce qu’on dit ?
‒ Merci.
D’une toute petite voix.
Elles l’ont aidé à descendre. Il s’est empressé vers ses vêtements, a entrepris d’enfiler son boxer.
‒ Qu’est-ce tu fais ?
‒ Ben… Je me rhabille.
Iourievna le lui a retiré des mains.
‒ Il n’en est pas question. On n’en a pas fini avec toi. Parce que tu te rends compte de ce que tu as fait ?
Il a levé les yeux sur elle, interloqué.
‒ Ce que j’ai fait ?
‒ Ben, oui ! On était là, toutes les trois, en train de discuter. Tranquillement. Et toi, tu te pointes. Et tu te désapes, sale vicieux que tu es…
‒ Hein ? Mais…
‒ Mais quoi ? T’as pas honte de t’exhiber comme ça devant nous ?
‒ Non, mais alors là, c’est la meilleure. C’est vous qui…
‒ Et menteur en plus ! Ah, elle va être contente, madame la directrice, quand elle va apprendre ça ! Tu peux t’attendre à une sacrée fessée, oui ! Et devant tout le monde.
Il n’a rien répondu. Il est devenu tout pâle.
‒ Vaudrait mieux qu’on règle ça entre nous alors plutôt, non, tu crois pas ? Allez, donne-moi ta ceinture !
Il a poussé un immense soupir. Et il la lui a tendue.
Elle l’a fait mettre à genoux, lui a ordonné de relever son tee-shirt.
‒ Maintiens-le bien relevé. Que ton dos aussi, il y attrape.
Et elle a cinglé. Ça s’est inscrit en longues traînées rougeâtres. Sur les cuisses. Sur les fesses. Sur les reins. Sur les omoplates. Il est tombé en avant. Sur les coudes. Et il y est resté. Il a geint. Il a gémi. Et il a crié. Comment il a crié !


Et Iourievna ? On la connait

Je crois, Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté,  voici le premier épisode de la série : le chapitre 1

Il y a un début à cette série

Le chapitre 1
et l'épisode précédent : chapitre 10 acte 1
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 10 acte 1

Et la suite ?

François nous propose l'acte 3 du chapitre 10.

N'hésitez pas pour les commentaires

Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François ?

2 commentaires:

  1. Bonjour François,
    Très beau texte, comme d'habitude. J'adore les échanges entre les protagonistes, ça mets du rythme dans l'action. Un bon complément des textes originaux. Bravo !
    Amitiés.
    Elena.

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  2. Bonjour Elena. Et bonjour à tous.

    À force de vivre pratiquement au quotidien avec vos personnages, je finis par avoir l'impression qu'ils existent vraiment, qu'ils font partie de ma famille. Quand cette série va prendre fin ce sera un véritable déchirement pour moi.
    Amicalement.
    François

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