On était toutes les deux dans notre chambre, Iourievna et moi, en train de mettre nos fiches à jour.
« Ça
nous en fait pas mal, hein, finalement.
Tu parles que ça en faisait pas mal ! Une bonne trentaine. Au bas mot. Huit sur les profs. Leurs petites manies. Leur façon d’expliquer. De s’habiller. S’ils étaient craquants ou pas. Plein d’autres trucs aussi.
Elle a
soupiré.
‒ Ce
qu’il faudrait un jour, c’est qu’eux aussi on les voie se faire corriger devant
tout le monde. Ce serait trop le top. Mais bon, les probabilités pour que ça
arrive…
Et plus
d’une vingtaine sur les élèves. Les filles comme les garçons. Surtout les
garçons. Leur façon de se comporter quand ils étaient punis. S’ils criaient.
S’ils gigotaient. S’ils se débattaient. S’ils bandaient. S’ils spermaient,
certains. Enfin tout, quoi !
On était sur
le point de finir quand Théo m’a appelée en catastrophe.
‒ Vide
ton ordi !
‒ Hein ?
Ben, pourquoi ?
‒ Ça
s’est su, le truc de donner des notes à tout le monde. Ça fait tout un
remue-ménage. Et demain matin, à Sainte-Croix, il va y avoir une fouille
générale des ordinateurs. »
On s’est
dépêchées de tout balancer sur une clef USB qu’on a mise en lieu sûr, sous la
latte du plancher qui se soulève, dans le coin près de la fenêtre, et on a
effacé toute trace de quoi que ce soit sur notre disque dur.
Ils étaient
onze à s’être fait prendre. Quatre garçons : Clément, Lucas, Thomas et
Yohan. Et sept filles : Emma, Alicia, Sixtine, Mélodie, Tiphanie, Chelsea
et Lucia. Pourquoi eux ? Parce qu’en réalité c’était près de la moitié des
élèves de Sainte-Croix qui s’étaient livrés un jour ou l’autre à ce petit jeu.
Alors oui, pourquoi spécialement eux ?
Margaux,
elle, avait une explication.
« Vous
avez pas remarqué ?
‒ Non.
Quoi ?
‒ Ben,
comme par hasard, ces onze-là ils ont eu, à un moment ou à un autre, maille à
partir avec Léa.
Léa !
Mais bien sûr ! C’était lumineux. Évident. C’était elle qu’avait balancé.
‒ Quelle
garce !
On savait à
quoi s’en tenir maintenant du coup : elle était résolument du côté des
profs et de la direction.
‒ Mais
on s’est rendu compte de rien, hein ! On continue à faire semblant de
croire qu’on est copines avec exactement comme avant. Qu’elle finisse par nous
faire un coup de pute par-derrière à nous aussi. »
Dès le début
des cours de la matinée, Mary P., la secrétaire, est venue demander aux élèves
suspectés de bien vouloir lui remettre leurs ordinateurs. Quand elle les leur a
rapportés, trois quarts d’heure plus tard, elle était accompagnée de Léa et de
la directrice. Qui a exigé.
« Venez
ici !
Tous les
onze en ligne sur l’estrade.
‒ Là !
Et maintenant vous vous déshabillez.
Chelsea a
tenté de protester.
‒ Oh,
ben non, hein !
‒ Tu te
tais. Et tu obéis. Vous obéissez. Tous.
Ils se sont
tus. Ils ont lentement, très lentement, commencé à se désaper pendant que Mary
P. et Léa fouillaient leurs sacs.
La
directrice s’est impatientée.
‒ Bon,
vous vous dépêchez ? On va pas y passer la journée.
Ils ont un
peu accéléré le mouvement. Quand ils ont enfin été en sous-vêtements, ils se
sont arrêtés, se sont regardés les uns les autres.
‒ Eh
bien ! Qu’est-ce que vous attendez ? Tout, j’ai dit ! Vous
enlevez tout.
C’est Yohan
qui s’y est décidé le premier. En tournant le dos à la classe. Elle l’a
aussitôt rappelé à l’ordre.
‒ Ah,
non, non ! Tu assumes tes sottises.
Et il nous a
fait face. Il n’a pas eu le choix. Il a baissé son slip. Jusqu’en bas. Sans
regarder personne.
Iourievna
m’a poussée du coude.
‒ Pas
mal, hein ! J’en ferais bien mon quatre heures, moi !
À voix
basse.
Les autres
aussi se sont décidés. Un par un. Avec tout plein de réticences et
d’atermoiements. Parmi les filles, c’est Mélodie qui a été toute nue la
première. Elle s’est aussitôt cachée en bas avec ses mains.
‒ Toi
aussi, tu assumes.
D’un ton qui
ne souffrait pas la moindre réplique.
Et elle les
a retirées.
Yohan lui a jeté
très vite un petit coup d’œil de côté. Il n’a pas pu s’empêcher. Puis un autre.
Et il s’est mis à bander. Une superbe érection. Bien tendue. Bien dressée.
Vigoureuse.
Iourievna a
discrètement fait claquer sa langue.
‒ Ah,
tu vois ! Qu’est-ce que je te disais… Je vais peut-être bien jeter mes
filets de ce côté-là, moi ! On sait jamais. Qui tente rien n’a rien
n’importe comment.
Ça a mis pas
mal de temps, mais ils ont quand même fini par être tous à poil. Sauf Lucas,
Sixtine et Lucia. Qui sont restés là tous les trois, bras ballants, à danser
d’un pied sur l’autre. La directrice a alors fait signe à Léa. Qui s’est
approchée. Et qui, d’un coup sec, avec un plaisir manifeste, a descendu le slip
de Lucas. Jusqu’en bas. Sur les chevilles. Lui aussi, il s’est mis les mains
devant. Léa les lui a résolument retirées, mises sur le côté. Sur les flancs.
Puis elle est passée à Lucia. Qui a poussé un petit cri quand elle l’a
déculottée, qui a eu geste pour se dissimuler, mais qui y a renoncé. Sixtine ne
lui a pas laissé le temps d’arriver jusqu’à elle. Elle a baissé d’elle-même son
string. La directrice s’est approchée.
‒ Qu’est-ce
que c’est que ça ?
Sixtine a
levé sur elle un long regard interrogateur.
‒ Quoi ?
‒ Ça,
là…
Le doigt
pointé sur sa foisonnante toison brune.
‒ Tu
n’as pas honte ? Il y a un minimum d’hygiène à respecter tout de même,
non ?
Et elle a
passé toute la rangée en revue. Il y avait deux filles, Emma et Mélodie, qui
étaient intégralement épilées. De frais. Une autre, Lucia, qui l’avait été
récemment, mais ça avait commencé à repousser. Tiphanie et Alicia, elles,
avaient juste conservé un petit échantillon châtain frisé juste au-dessus de
leurs fentes. Quant à Chelsea, comme Sixtine, elle avait laissé tout ça à
l’abandon. Ça proliférait dans tous les sens.
‒ Vous
vous négligez, Mesdemoiselles ! Vous vous négligez complètement. Quant à
vous, Messieurs, même si cela ne revêt pas autant d’importance pour vous que
pour elles, ce ne serait pas du luxe non plus. Oh, mais on va mettre bon ordre
à tout ça. L’infirmière va vous rendre présentables. Allez ! »
Et Léa les a
emmenés, à l’exception, évidemment, d’Emma et de Mélodie qui sont restées là,
face à la classe, encombrées d’elles-mêmes tandis que Mary P. fouillait
consciencieusement les vêtements abandonnés sur l’estrade.
Sur le
chemin du retour à la maison, Iourievna était tout excitée.
« Non,
mais je disais pas ça complètement en l’air tout à l’heure pour Yohan,
hein ! Il me plaît bien. Et puis au moins lui, tu l’as vu comme moi, il
bande. Et ça fait pas semblant. Alors c’est décidé, je me lance. Opération
commando.
‒ Il a
peut-être une copine.
‒ Oh,
ça se saurait… Et puis n’importe comment, ça, c’est un domaine où c’est chacun
pour sa pomme. Et que la meilleure gagne ! Non, la question que je me
pose, c’est plutôt celle de savoir quelle est la meilleure stratégie à adopter
avec lui. Qu’est-ce t’en penses, toi ?
‒ Je le
connais pas assez.
‒ Oui,
t’as raison. D’abord on va le placer sous haute surveillance. Histoire de voir
ce qu’il a dans le ventre. Et puis… action. En attendant, ce qu’on peut aussi,
c’est mettre nos fiches à jour, hein,
parce qu’il y en avait plein dans le tas, là, tout à l’heure on avait
encore jamais eu l’occasion de les voir obligés de se déshabiller devant nous.
Et ces airs qu’ils avaient… C’était trop drôle. Non, faut qu’on mette ça noir
sur blanc. Tout de suite. À chaud. Parce qu’après le souvenir commence à
s’estomper et c’est bien plus compliqué. Et beaucoup moins parlant.
‒ C’est
peut-être pas le moment de prendre ce genre de risques, non ?
‒ Oh,
tu parles ! Suffit de faire attention. De bien la laisser planquée, la
clef. Et puis voilà…
À la maison
papa et maman nous attendaient. Sur le pas de la porte. Tous les deux.
‒ Il se
passe quoi au juste à Sainte-Croix ?
‒ Oh,
rien ! Enfin, si ! Il y en a qui se sont amusés à donner des notes,
aux profs, aux élèves, tout ça… Et ils se sont fait prendre.
Papa a
froncé les sourcils.
‒ J’espère
que vous n’êtes pas impliquées là-dedans, toutes les deux, au moins !
On s’est
récriées ensemble.
‒ Hein !
Mais jamais de la vie ! »
Le mercredi,
on a attendu Léa à la sortie du conseil de discipline.
« Vaut
mieux rien changer à nos habitudes. Qu’elle se doute pas qu’on l’a percée à
jour.
Et elle ne
s’est évidemment pas fait prier pour nous faire un compte-rendu extrêmement
détaillé de la séance.
‒ Ah,
ils en menaient pas large. Tous autant qu’ils étaient. Surtout quand on leur a
annoncé le verdict. Vous auriez vu leurs têtes ! Il y en a même qui se
sont carrément effondrés.
‒ Ah,
oui ! Qui ça ?
‒ Sixtine,
Chelsea et Alicia. Elles ont été lamentables. À gémir. À sangloter. À supplier.
C’en était proprement écœurant, ce manque de dignité. Et pour ce que ça leur a
servi !
‒ Et
c’est à quoi alors qu’on les a condamnés ?
‒ Ça a
été fonction de ce qu’on a trouvé sur leurs fiches. Emma et Clément ont
finalement été mis hors de cause. Tiphanie, elle, ce sera dix coups de canne.
Mélodie, Alicia et Lucia, vingt coups. Et les autres, les trois garçons, plus
Sixtine et Chelsea, ils auront droit à trente. Cela étant, il y en a beaucoup
d’autres qui auraient mérité autant qu’eux.
Elle nous a
lancé un petit regard entendu.
Et elle a
tout de suite enchaîné.
‒ Ah,
oui, à propos Anne-Sophie C. de V., l’adjointe pour la sécurité publique et
Mélissa M., l’adjointe pour la jeunesse et l’éducation, viendront assister aux
corrections des fautifs. Elles y tiennent beaucoup.
Et elle
s’est enfuie avec un petit geste de la main.
‒ Je
file. On m’attend. Et j’ai plein de trucs à faire.
On s’est
regardées, Iourievna et moi. Qu’est-ce qu’elles venaient fiche là, les deux
autres ?
‒ Après
ce qui lui est arrivé l’autre jour à la gendarmerie, Anne-Sophie C. De V., faut
vraiment pas manquer d’air.
‒ C’est
de la provoc…
‒ Sûrement
un peu. Et puis elles veulent se rincer l’œil.
‒ Elles
auront le film pour ça.
‒ Sans
doute qu’elles trouvent que c’est mieux en live… »
La matinée
du vendredi s’est interminablement traînée en longueur et, quand midi a sonné,
on s’est tous précipités à la cantine où « l’exécution » devait avoir
lieu pour occuper les meilleures places, celles de devant. Seulement, comme
tout le monde voulait faire pareil, le résultat, ça a été une grande bousculade
qui a obligé les surveillants à intervenir pour rétablir l’ordre.
« S’il
y en a qui tiennent absolument à goûter de la canne, eux aussi…
Personne n’y
tenait vraiment, non. Et, quand Fabienne D. est arrivée, avec les deux
adjointes de la mairie, on était tous assis. Et à peu près calmes. Ce qui n’a
pas duré, parce que, dès qu’on a vu arriver les neuf punis, à la queue leu leu
sur l’estrade, ça a à nouveau été tout un charivari. Les garçons étaient
devant, tous avec les mains sur leurs trucs et les filles derrière qui
faisaient pareil. Sauf qu’en plus, elles essayaient de se cacher les seins avec
leurs bras. Et elles pleuraient. Elles pleuraient toutes. Quant aux garçons,
ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour se retenir, ça se voyait, mais ils
étaient à deux doigts de faire la même chose.
Fabienne D.
leur demandé, d’un ton sec, de mettre leurs mains derrière leur dos.
‒ Exécution !
Non, mais qu’est-ce que c’est que ces manières ?
Ils ont
obéi, tête basse. Ils avaient été complètement épilés. Tous. Ça leur faisait
des grandes plaques rouges tout autour.
C’était trop
rigolo, les garçons.
‒ On
dirait vraiment des bébés.
Quant aux
filles, Mylène était aux anges.
‒ Super !
T’as plus rien qui fait barrière. J’adore.
Ensuite la
directrice a pris la parole.
‒ La
façon dont vos camarades se sont comportés, en se permettant de noter leurs
professeurs et leurs camarades est absolument inadmissible. Et ils vont être
punis pour cela devant vous. Cela étant, je ne me fais pas d’illusions. Je sais
qu’il y en a beaucoup d’autres, parmi vous, qui se sont livrés à la même
activité. Ils ont eu la chance de passer, pour le moment, entre les mailles du
filet. Ce ne sera pas toujours le cas.
Il y a des
têtes qui se sont baissées, des regards qui se sont faits absents. Elle a
laissé planer un long moment le silence et puis elle a demandé à Tiphanie de
venir se mettre en position.
‒ C’est
par toi qu’on commence…
Tiphanie a
fait trois pas en avant, un en arrière et elle s’est arrêtée.
‒ Allez !
Mais elle
n’a pas bougé. Mère Jolanta et Sœur Weronika se sont approchées.
Elle a
encore reculé.
‒ Non !
Non !
Elles l’ont
empoignée. Elles l’ont forcée à se courber sur la table et elles l’ont
attachée. Par les poignets. Par les chevilles.
Un garçon a
murmuré.
‒ Joli
panorama.
Il y en a
d’autres qui ont ri.
‒ Ça va
être lune pourpre dans un moment.
La
directrice a appelé Léa.
‒ Vous
êtes déléguée de classe. Alors c’est vous qui allez appliquer la sanction. En
compagnie de Sœur Weronika.
Léa s’est
précipitée.
Iourievna
m’a poussée du coude.
‒ Regarde-la !
Non, mais regarde-la ! Elle jubile.
C’était
vrai. Elle est venue se pencher, avec un large sourire, sur Tiphanie dont elle
a remis une mèche en place. Elle lui a murmuré quelques mots à l’oreille et
elle a rejoint Sœur Weronika. Elles ont toutes les deux levé leurs cannes et
elles les ont abattues en même temps.
Tiphanie a
poussé un cri déchirant.
Les autres
coups. Aussitôt. Sans lui laisser le moindre instant de répit. Elle s’est
raidie. Elle a encore crié. Et elle éperdument a sangloté.
Ce n’était
pas long dix coups et ça a été très vite terminé. Mais de longues traînées
écarlates s’étalaient malgré tout au large sur ses fesses et sur le haut de ses
cuisses.
On l’a
détachée et elle a dû, à genoux, les mains sur la tête, demander pardon à tout
le monde. Professeurs, élèves et personnel de service.
La
directrice a soupiré.
‒ En
espérant que vous saurez en prendre de la graine… Bon, mais aux suivants !
Allons, Mesdemoiselles, on vient prendre place.
Mélodie, Alicia
et Lucia se sont avancées, l’air tout penaud.
À ce
moment-là, le téléphone de Melissa M. a sonné. Elle a répondu, elle s’est levée
et elle est venue dire quelques mots, en aparté, à Fabienne D. qui a aussitôt
interrompu la séance.
‒ Bien.
Bien. Ces dames de la mairie doivent malheureusement pour le moment nous
quitter. En urgence. Mais, pour ne pas les priver de cet intéressant spectacle,
j’en reporte donc la suite à ce soir. Vous pouvez disposer. »
Et Iourievna ? On la connait
Il y a un début à cette série
et l'épisode précédent : chapitre 42 2ème partie
Bonjour François,
RépondreSupprimerAh, Léa, en bonne déléguée de classe, elle met son grain de sel partout et fait régner l'ordre pour son plus grand plaisir, lorsqu'il s'agit d'assister à des punitions. Elle irait même jusqu'à inventer des prétextes ou les mettre en exergue pour que ça se sache bien, tout en faisant tout pour qu'on ne s'aperçoive pas que c'est elle qui ire les ficelle.
Pour nos héroïnes, il vaut mieux ne pas se la mettre à dos, celle-là. C'est ce que l'on appelle la diplomatie...
Pour les punis, c'est rasage réglementaire, hygiène obligatoire et histoire de les rabaisser un peu plus, avant la punition publique.
Et voilà que les nanas de la Mairie débarquent à Ste CROIX. Faut dire aussi que lorsque des garçons vont se faire rougir les fesses, ça peut les mettre en émoi...
Et cette chère directrice, qui reporte le restant de la séance pour que ces dames puissent profiter à plein du spectacle. D'ici à penser que la directrice à des intérêts à la Mairie, il n'y a pas des kilomètres... Sa promotion pourrait-elle passer par des manœuvres machiavéliques ?
Amitiés.
Elena.