samedi 28 décembre 2019

Madame Caroni - chapitre 26

Madame Caroni entrait chez elle, Clémence sous son bras. Elle se dirigea tout droit dans le séjour, et elle s’assit sur le canapé. Elle replaça Clémence entre ses jambes, l’immobilisant comme elle l’avait fait précédemment.
« Non Madame, s'il vous plait, s'il vous plait, je vais obéir, je vais être sage.
– Bien sûr, ma chérie, nous verrons cela. Mais cela ne te dispensera pas de la fessée que du as largement méritée. Si tu es punie, c’est pour ce que tu as fait avant. Si tu cesses tes écarts, je n’aurai plus besoin de te punir. Tu vois, nous n’avons pas encore fini notre conversation et tes fesses sont en première ligne.
– Non, non ! »
La fessée reprit, avec la règle bien entendu. Clémence cria, pleura, mais elle ne tenta pas de fuir la correction que Madame Caroni lui imposait. Cela ne lui semblait plus si incongru que cela. Les raisons qu’avait évoquées Madame Caroni commençaient à lui sembler raisonnables et adaptées à la situation, y compris en tenant compte de son âge.
Elle ne pouvait cependant éviter de se tortiller dans la limite du peu de mouvement que lui permettait Madame Caroni. C’était des réflexes qu’elle ne pouvait maîtriser mais qui ne gênaient pas la bonne application de la fessée. D’ailleurs, Madame Caroni ne lui en faisait pas le reproche.
Il sembla à Clémence que la fessée dura une éternité. Elle n’y croyait plus quand la règle cessa de meurtrir ses fesses.
« Vas-tu aller te mettre sagement au coin ? »
Il fallut deux ou trois respirations avant d’arriver à répondre.
« Oh oui, Madame, je vais obéir !
– Bon, encore quelques coups de règle pour être certaine d’avoir le compte et nous allons vérifier cela.
– Ah non, s'il vous plait… »
La suite de la phrase fut perdue dans les sanglots qui rendirent les paroles incompréhensibles.

« Ah, nous avons toujours le même problème, il manque des coins pour y mettre tous les punis. Béatrice, cède ta place à Clémence ! »
Les deux femmes se croisèrent en évitant de croiser le regard de l’autre. Elles avaient toutes les deux les fesses nues, tenant de leurs bras croisés dans leur dos, le vêtement qui couvrait le haut de leur corps, dévoilant également leur pubis. Chacune avait honte de se montrer dans une tenue aussi impudique à l’autre qu’elle ne connaissait que pour l’avoir croisée occasionnellement dans le hall de l’immeuble. Mais qu’y faire ? Cela faisait partie de la punition et la légitimité de celle-ci ne se discutait pas.
Béatrice ne se faisait plus d’illusion. En quelques jours, elle avait compris que sa vie serait désormais rythmée par les corrections qu’elle recevrait à son travail et chez elle, de la main de son autoritaire voisine. Elle se faisait peu à peu à cette idée, faute de trouver comment éviter ces moments humiliants et douloureux, mais dont elle reconnaissait qu’ils lui étaient imposés à juste titre.
« Alors, Béatrice, faudra-t-il te donner encore la fessée la prochaine fois qu’on te donnera le bain ?
– Oh non, Madame ! J’ai compris.
– Nous verrons, mais si c’est nécessaire… »
Madame Caroni n’avait pas besoin d’être plus explicite. Elle remonta la culotte de pyjama de Béatrice.
« Rentre chez toi et n’oublie pas que c’est le jour de faire un ménage à fond. Je viendrai vérifier si tu as fait suffisamment d’efforts. »
Béatrice se promit que Madame Caroni n’aurait rien à lui reprocher d’ici la fin de la journée.

Clémence ne voyait pas aussi loin. Elle avait l’exposition au coin pour tout horizon. Elle avait pu voir, en entrant dans la pièce, l’effet que cela faisait de trouver trois punies exposant leurs fesses nues, chacune dans un coin. Encore quelques secondes et elle en serait une des protagonistes en compagnie de deux jeunes filles qu’elle ne connaissait pas.
Elle essayait de deviner quelle impression cela ferait de se trouver dans cette position qui la ramenait à un statut d’enfant. Encore que, même quand elle était petite, elle n’avait jamais eu à subir une telle humiliation, mais elle avait assisté de nombreuses fois à la mise en pénitence de plusieurs de ses camarades. Aucun n’avait jamais eu la culotte baissée. Les fessées se limitaient à une claque sur le fond de la jupe ou du pantalon, ce qui était prolongé par une mise au coin quand la première sanction n’avait pas suffi.
Elle en avait été menacée une fois, en terminale au lycée. La professeure de maths lui avait demandé si elle avait besoin de passer un moment au coin pour se calmer. Elle n’avait pas su si son enseignante aurait été au bout de la menace qui l’avait ramenée immédiatement à un comportement exemplaire.
Elle n’eut pas le temps de pousser plus loin ses investigations avant de devoir enfoncer son nez dans le coin et s’immobiliser, les mains croisées dans le dos. Sa première impression fut la sensation de chaleur qui émanait de ses fesses et les élancements douloureux qui les parcouraient sans cesse, de droite à gauche et dans l’autre sens, de haut en bas et inversement. Elle n’était finalement pas fâchée de ne rien avoir sur les fesses qui aurait pu être en contact avec sa peau. Rien que d’y penser, elle frissonna.
La douleur lui semblait bien plus forte que ce qu’elle avait ressenti lors de son court déplacement pour venir au coin, maintenant qu’elle avait tout le temps d’y penser. Elle semblait s’être réveillée. Son esprit était accaparé par la souffrance qu’elle éprouvait. Elle ne lui laissait pas le temps de penser à autre chose.
Cela lui rappelait en permanence l’obligation de se tenir au coin comme Madame Caroni l’exigeait. Elle avait eu, de sa part, les trois ou quatre consignes nécessaires. Elles étaient extrêmement simples et il suffisait de jeter un œil à ses compagnes de pénitence pour les comprendre. Elle s’efforçait maintenant de les appliquer à la lettre, ne tenant pas à « revenir faire un tour sur les genoux » de sa tutrice, comme cela lui avait été annoncé si son comportement au coin n’était pas exempt de tout reproche.
Puis, le temps passant, les élancements se faisant moins vifs, elle s’interrogea sur le tableau auquel elle contribuait. Bien sûr, sa pudeur en prenait un coup. Mais elle ne savait plus si d’avoir le dos tourné et de ne rien savoir de ce qui se passait derrière elle, était une bénédiction ou le contraire. Cela lui évitait de devoir faire face aux personnes qui l’apercevaient dans cette tenue, mais d’un autre côté, elle ne savait pas qui pouvait la voir.
« Aucune importance ! De toute façon, il n’y a que ma tutrice qui peut me voir. Après m’avoir si magistralement fessé, elle en a le droit ou tout du moins, c’est un moindre mal. Voir mes fesses nues au coin n’est pas une découverte pour elle. »
Bien qu’elle essayât de s’en convaincre, Clémence n’était pas dupe. Cela ne lui était pas du tout égal d’être au coin. C’était mortifiant. Une autre version du renard et des raisins. Mais elle était certaine que si une autre personne l’apercevait dans cette position, elle en mourait. Il y avait déjà bien trop de gens au courant de sa déchéance. Si elle ne comptait ni Madame Caroni, ni Benoît, cela faisait… deux, non trois personnes, plus Madame Abramov qui en avaient connaissance.
Presque tous étaient logés à la même enseigne qu’elle et elle avait cru comprendre qu’il y en avait d’autres encore. Elle faisait partie, sans l’avoir demandé, des pupilles de sa voisine. Ce n’était pas pour la réjouir.
Pourtant, c’était Madame Abramov qui l’inquiétait le plus. Il était entendu que Madame Caroni avait toute légitimité pour la punir. Compte tenu de ce qui s’était passé ce matin, il faudrait un plan très solide pour éviter les fessées de sa tutrice. Comment faire si Madame Abramov décidait d’en faire autant ? Résister ? Peut-être en serait-elle physiquement capable, mais ce serait aller ouvertement contre une consigne de Madame Caroni. Clémence en devinait les conséquences. Que faire ?
Puis, l’ennui s’installa.
« Depuis combien de temps suis-je là ? »
Elle avait perdu toute notion d’heure et rien dans l’environnement sonore de la pièce ne lui donnait des indications pour se repérer dans le temps.
« Ce n’est sans doute pas fini. Les deux autres y sont depuis bien plus longtemps que moi. »
Cette observation était fort juste. Ce n’était pas pour lui remonter le moral. Son découragement fut distrait par l’animation, déclenchée par Madame Caroni, qui se mit en place dans son dos.

« Mailis et Camille, vous venez ici. »
C’était une bonne nouvelle de pouvoir sortir du coin. Les deux jeunes filles s’y ennuyaient ferme et Camille voyaient venir les crampes avec appréhension. C’était aussi risqué pour qui, comme elles deux, savait que sa punition n’était pas achevée.
« Allez vous habiller, puis vous reviendrez ici pour la suite de votre punition. Ah ! Rien de chichiteux : une culotte toute sage, des chaussettes, un chemisier et une jupe. Rien d’autre ! N’oubliez pas que vous êtes encore punies. »
Maïlis avait déjà fait trois pas vers la sortie. Elle pensait à ce qu’elle pourrait bien trouver, dans sa garde-robe qui pourrait bien correspondre à ce que Madame Caroni avait demandé. Camille n’avait pas bougé.
« Qu’y a-t-il Camille, ce n’est pas le moment de rester plantée là !
– C’est que je ne sais pas…
– Cesse ces atermoiements ! Parle !
– Je ne sais pas quoi mettre. Je n’ai que mon pantalon et ça. »
Elle désignait le tee-shirt que Maïlis lui avait prêté pour passer la nuit.
« Ah oui, c’est vrai. Tu n’as plus rien de mettable. Je vais venir voir avec vous ce que l’on peut faire. On y va ! »

Clémence se retrouva seule dans l’appartement. Elle songea, dans un premier temps, à en profiter pour s’enfuir et se réfugier… où pourrait-elle se réfugier ? Chez elle ? Ce serait le premier endroit où Madame Caroni la chercherait. C’était une cachette peu efficace. Ses fesses en avaient payé le prix !
Elle songea à la fessée que cela lui vaudrait, n’osant imaginer de quelle façon Madame Caroni la rendrait encore plus sévère que la précédente.
« Et si ce n’était qu’un test, se dit Clémence ? Madame Caroni est peut-être derrière la porte à surveiller si elle prenait des libertés avec son séjour au coin. Ou elle risquait de revenir à n’importe quel moment et si elle n’était pas parfaitement en position… »
Clémence pesa le pour et le contre. Elle n’avait aucune envie de rester là, d’autant plus que sa tutrice lui avait dit que sa punition n’était pas achevée. Cela annonçait d’autres fessées. A cette pensée, il lui sembla que ses fesses recommençaient à chauffer.
C’était ennuyeux, vexant, désagréable, douloureux, humiliant… de recevoir la fessée, mais ce que Madame Caroni lui reprochait était justifié.
« Peut-être est-ce ce qu’il me faut pour arriver à éradiquer tous ces comportements dont je n’arrive pas à me débarrasser ? N’y a-t-il pas une autre façon qu’avec une fessée ? »
Clémence grimaça. Ce ne serait pas facile. Elle décida de rester sagement au coin. C’était la voix de la raison.

Dès qu’elles furent entrées dans la chambre, Madame Caroni enleva à Maïlis son pyjama, puis à Camille sa chemise de nuit. Les deux filles étaient mal à l’aise dans cette tenue d’Eve, mais Madame Caroni y était indifférente. Qu’elles soient nues pendant quelques minutes alors qu’il fallait enlever ses vêtements de nuit pour mettre ceux qu’elles porteraient dans la journée, était de peu d’importance alors que les deux filles se regardaient à la dérobée, très gênée de devoir exposer leur corps, même si ce n’était qu’en petit comité.
« Voyons ce que je vais pouvoir vous mettre. »
Madame Caroni fouilla dans le placard où Maïlis rangeait ses vêtements. Il n’y avait pas grand-chose d’utilisable. Elle finit par trouver ce qu’il lui fallait comme sous-vêtements : deux culottes en coton, une rose et une bleue, qui n’avaient qu’une discrète dentelle et deux paires de chaussettes blanches. Elle en habilla les deux filles.
La culotte était un peu petite pour Camille, mais elle dut s’en contenter.
« Nous trouverons mieux quand nous passerons chez toi pour y prendre tes affaires. »
Camille pensa à demander des explications sur cette nouvelle information. Pourquoi y aurait-il besoin de prendre des vêtements chez elle ? Ce qu’elle aurait sur le dos aujourd’hui suffirait pour la journée. De quoi avait-elle besoin d’autre ? Habillée seulement d’une petite culotte et de chaussette, elle se dit que ce n’était pas le moment de poser trop de questions.
Madame Caroni eut du mal à trouver un corsage et une jupe qui convenait. Elle choisit un chemisier vert pour Maïlis. Elle lui passa une robe pas trop ajustée qui n’étaient pas serrée en bas et dont l’échancrure sur la poitrine fut dissimulée par tee-shirt porté à même la peau.
« Pour toi, ça ira comme ça pour aujourd’hui. Mais il va falloir renouveler ta garde-robe ! »
Maïlis n’était pas de cet avis, mais c’était le genre de point de vue qu’on gardait pour soi quand c’était Madame Caroni qui était votre tutrice.
« Par contre, je ne vois pas ce que je vais pouvoir mettre à Camille. »
Elle fouilla encore, mais il n’y avait rien à sa taille.
« Je me demande si Lorena n’aurait pas quelque chose à te prêter. Allons voir ! »
Lorena comprit tout de suite que Madame Caroni avait l’intention de lui faire descendre les trois étages avec une culotte pour tout vêtement.
« Je peux remettre ma chemise de nuit, Madame ?
– Inutile, ma grande, nous trouverons de quoi finir de t’habiller parmi les affaires de Lorena. Allons, en route ! »
Madame Caroni tenait grande ouverte la porte de l’appartement. Maïlis les attendait sur le palier mais Camille ne voulait pas sortir.
« Encore un caprice ? »
Au ton de voix de sa tutrice, Camille comprit que la fessée était imminente. Cela la décida à passer la porte. Elle s’attendait à la claque sur les fesses quand elle dut passer devant Madame Caroni. Elle laissa échapper un cri. La culotte constituait une protection insuffisante pour amortir le piqué sur les fesses que produisait la main de Madame Caroni.
« Je ne supporterai plus tes caprices. Désormais, une hésitation à obéir, un début de bouderie, une mauvaise humeur visible… ce sera la fessée ! »
Madame Caroni gronda Camille et lui fit la morale tout le temps où elles furent dans l’ascenseur. Camille en retint une chose : elle devait cesser de faire des caprices.


Clémence n’en pouvait plus. La position immobile devenait intenable.
« Ce n’est pas possible, elle m’a oubliée ! »
Cela la mettait en colère, mais il n’y avait rien pour subir sa rage. Ce n’était pas simple de faire savoir aux autres, quels autres, l’énervement que leurs actions provoquaient chez elle quand on est au coin. Elle se sentait abandonnée.
« La moindre des choses qu’elle pourrait faire, c’est m’accorder un peu d’attention, vérifier de temps en temps que je me tiens bien, que je ne bouge pas, que mes fesses soient bien dégagées… ce genre de choses ! »
En même temps, elle priait pour que Madame Caroni cesse de s’occuper d’elle de trop près. C’étaient ces souhaits contradictoires qui la mettait en rage, bien plus que l’immobilité forcée. Elle ne savait plus ce qu’elle voulait exactement. Continuer sa vie comme elle l’avait fait jusqu’à maintenant ou bénéficier de la supervision scrupuleuse de sa voisine ?
Les deux options ne présentaient que des inconvénients. Elle savait bien que la voie sur laquelle elle s’était engagée, elle comme Benoît, ne menait qu’à des ennuis qui ne feraient que croître. Devant leur consommation abusive de boisson alcoolisée, certains de leurs amis avaient espacé leurs contacts et ils commençaient à avoir quelques soucis d’argent, pas important, mais il fallait financer l’achat des bouteilles et cela avait un coût qu’ils ne pourraient pas assumer encore bien longtemps. Sans compter ses sautes d’humeur qui commençait à se remarquer. Sa cheffe lui en avait fait la remarque dans la semaine.
Elle savait qu’ils ne s’en sortiraient pas tout seul, mais elle n’avait pas la volonté de demander de l’aide à des personnes dont c’était la fonction. Peut-être avait-elle trouvé l’aide dont elle avait besoin mais qu’elle ne voulait pas tout en la souhaitant ? Clémence n’alla pas jusqu’à imaginer que l’autre soir, en abordant Madame Caroni et en lui demandant de prendre en charge la discipline de son mari, elle parlait alors également de la sienne. Et pourtant.
Elle avait mis le doigt dans l’engrenage et elle ne maîtrisait plus rien.
« C’est peut-être mieux comme ça. »
C’était une décision. L’avoir prise la calma un peu. Elle senti la tension redescendre.
« Oui, mais il y a surement d’autres moyens que la fessée. Elle ne peut me baisser la culotte quand elle le veut et me corriger comme si j’étais encore une petite fille ! »
C’était pourtant ce que Madame Caroni avait fait et Clémence n’avait pas trouvé comment l’éviter. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. C’était la première personne qui arrivait à lui imposer sa volonté depuis… depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvenait. Clémence ne pensait plus à s’opposer à elle frontalement. Elle avait compris que c’était voué à l’échec. En fait, elle ne pensait plus du tout à contester les décisions de Madame Caroni.
C’était une femme qu’il fallait prendre en considération. Elle dégageait une autorité naturelle qu’elle avait vite fait de vous imposer. Dans la tête de Clémence, sa voisine avait acquis un statut particulier. Elle n’y jouait pas exactement le rôle d’une maman de substitution, mais c’était assez proche. On avait à la fois envie de s’émanciper de sa tutelle, tout en cherchant son approbation et son affection. Elle avait une légitimité incontestable qui lui donnait le droit de punir.
C’est ce qui était arrivé à Clémence. Elle avait été punie en réponse à ce qu’elle avait fait. Elle en était donc responsable. Cela se produirait d’autres fois.
« Oui, mais elle ne peut pas me laisser là toute seule dans son appartement pendant qu’elle s’occupe de ces… de ces… »
Elle ne trouvait pas de mots assez forts pour qualifier les deux jeunes filles qui accaparaient l’attention de Madame Caroni alors qu’elle aurait dû lui consacrer toute son attention.
« Puisque je suis toute seule, je n’ai pas à obéir ! »
Cette petite vengeance lui sembla une excellente idée.
« Si elle veut que je reste sagement au coin, elle n’a qu’à être là pour me surveiller ! Puisque c’est comme ça, je n’ai aucune raison d’y rester »
Clémence commença par laisser un peu tomber sa chemise de nuit sur ses fesses. Il n’y eut pas de réaction. Elle la laissa tomber complètement. Rien. Pas un bruit.
« Je suis donc bien seule, j’en étais sûre. »
Elle songea à quitter le coin, mais la prudence l’emporta. Il ne fallait pas trop s’en éloigner. Elle devait pouvoir y retourner à la moindre alerte. Cela ne demanderait pas plus d’une seconde ou deux. Pas assez de temps pour se faire prendre.
Clémence glissa une main sous sa nuisette et elle se massa précautionneusement les fesses. Il n’y avait plus les douleurs vives qu’elle avait ressenties immédiatement après la fessée, mais sa main réveillait des contusions qui étaient bien présentes sous la peau. Cela soulageait.
« Madame Caroni a bien fait son travail ! »
Cette pensée surprit Clémence. Elle ne songeait pas à Madame Caroni comme à une personne qui avait abusé de la situation, non, plutôt comme à quelqu’un qui avait pris soin de la tâche qu’elle avait à accomplir en lui donnant la fessée. C’était agaçant de donner raison à la personne qui l’avait corrigée. Clémence ne voulait pas arriver à cette conclusion. Elle ne pouvait pas continuer sur ce chemin. Il fallait se montrer qu’elle n’était pas totalement sous la coupe de sa voisine.
« Je n’ai aucune raison de rester là ! »
Clémence se retourna. Face à elle, négligemment appuyée contre le chambranle de la porte du séjour, il y avait une jeune fille qui avait croisé les bras sur sa poitrine.
« Ben voyons, dit-elle, ne nous gênons pas ! »
La jeune fille fondit sur elle.
« Mais qui est-ce, se dit Clémence ? Alors je n’étais pas seule. »
Lorena, observait Clémence depuis un petit moment. Quand elle l’avait vue laisser tomber la nuisette sur ses fesses, elle avait attendu pour savoir jusqu’où elle oserait aller. Elle fondit sur Clémence et elle la prit par l’oreille.
« Suis-moi ! »
Les conséquences de sa nouvelle désobéissance sautèrent aux yeux de Clémence. Elle allait avoir le droit à une fessée. Madame Caroni serait furieuse. Elle pouvait s’attendre à une correction monumentale. La catastrophe qui l’attendait dès le retour de sa voisine l’empêchait de songer à ce qui se passait sur l’instant. Elle suivait la main qui tenait son oreille sans se préoccuper de là où on l’emmenait.
Elle enregistra vaguement le détour que fit la jeune fille pour prendre la règle. Ce ne fut que quand elle se trouva à plat ventre en travers de ses genoux qu’elle prit conscience que la fessée n’attendrait pas le retour de Madame Caroni.
« Non, pas cette gamine ! »
Ce n’était pas la même chose d’être fessée par Madame Caroni qui avait l’âge et l’autorité pour la punir, mais tout à fait autre chose de l’être par cette adolescente. Clémence poussa sur ses bras et elle réussit à se relever. Lorena la rattrapa par le bras.
« Je te conseille de réfléchir à ce que tu fais ! »
Clémence arrêta le geste qui l’aurait libérée de la prise de Lorena.
« Je pense que Maman va être furieuse quand elle apprendra les libertés que tu t’es permises, mais si en plus je dois lui dire que tu as refusé de prendre la fessée dont tu avais besoin, je ne donne pas cher de la peau de tes fesses pendant toute la semaine prochaine. »
Un doute passa dans le regard de Clémence. Ce que Lorena disait était censé.
« D’autant plus qu’elle m’a expressément demandé de te punir si tu n’étais pas sage. »
Clémence se dit qu’elle rajoutait de la désobéissance à la désobéissance. Que devait-elle faire ? Lorena décida pour elle. Elle tira sur la main qu’elle tenait et Clémence retomba à plat ventre en travers de ses genoux. Elle ne lui laissa pas le temps de respirer. Elle releva la nuisette, plaça son bras en travers du dos de Clémence et elle abattit la règle.
Clémence cria, elle raidit tous ses muscles, mais elle ne chercha pas à se relever, ni à protéger ses fesses de sa main.

Clémence hoquetait entre deux sanglots. Elle était de retour au coin. La règle, quand elle était manipulée par Lorena était tout aussi efficace que quand c’était Madame Caroni qui s’en servait. Elle n’osait imaginer l’état de ses fesses. Elle ne songeait plus à Lorena comme à une gamine, mais comme à une personne qui avait autorité sur elle et à qui il était préférable d’obéir. La prochaine fois, elle ne s’y laisserait pas prendre.
Nul doute qu’elle avait le droit de la punir. A travers elle, c’était l’autorité de Madame Caroni qui s’exerçait. Clémence se demandait comment elle avait pu en douter. La différence d’âge lui semblait maintenant une question secondaire.
Lorena l’avait remise au coin. Elle n’avait plus du tout l’intention d’en bouger avant qu’on lui en donne le droit. Quelle folie cela avait été.
« Pourvu que Madame Caroni ne juge pas utile de m’en punir une seconde fois. »
L’angoisse lui nouait les entrailles.


Vous avez loupé le début de l'histoire ?

Pas de problème, voici comment tout cela a commencé : le chapitre 1
 ... et ce qui s'est passé juste avant : le chapitre 25
On peut tous les retrouver sur la page "mes récits"

Il y aura une suite, bien sûr !

C'est le chapitre 27.

Les commentaires...

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2 commentaires:

  1. Amis de la poésie et de la multiplication des séjours au coin après la fessée... Bonjour !

    Voilà un chapitre qui vous en bouche un coin et même plusieurs. Car, vu le nombre de fessées distribuées et celui, équivalent, de punis à devoir exposer leurs fesses rouges au coin, y en aura t il assez dans une pièce pour mettre tout le monde au piquet?
    Ouawwww! Zat iz ze big quouestion, frappée au coin du bon sens, posée avec pertinence par notre claivoyant JLG, qui n'hésite pas à l'enfoncer... le coin... pas le clou !

    Personne ne l'avait vu venir mais la cuisante réalité du problème s'impose comme une claquée sur les fesses de Clémence!
    Faudrait il renoncer à administrer des fessées, à cause d'une dramatique pénurie de coins qui rendrait impossible la mise au piquet d'un trop grand nombre de punis. Manquerait plus que des piquets de grève et toute le dispositif éducatif serait remis en cause!!!

    Il faut se rendre à l'évidence, une pièce normale, n'a pas assez de coin pour satisfaire les mesures disciplinaire d'une madame Caroni en pleine forme et Lorena, qui claquent les déculottées à tour de bras. Il faut dire qu'elles ont affaire avec un escadron de jeunes femmes désobéissantes qui multiplient les occasions de se faire rougir le derrière.
    Il faudrait inventer des pièces à cinq ou six coins pour y caser toutes les paires de fesses en pénitence!
    On voit d'ici se dessiner les petits sourires en coin. Mais il faut bien admettre que la pratique intense de la fessée peut avoir, à la longue, une incidence directe sur l'architecture intérieure des habitations... Le petit coin étant trop petit pour fesser à l'aise et les petits coins tranquilles trop rares.
    Resterait à passer une annonce sur le bon coin ou, en dernier recours, à utiliser les coins de rue, beaucoup plus nombreux, mais présentant l'inconvénient d'angles saillants plutôt que rentrants. Pas pratique pour y mettre le nez.
    A réfléchir au coin, s'il reste de la place, les fesses bien chaudes pour rafraîchir les idées.
    Amicalement
    Ramina

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    Réponses
    1. Ramina,
      Vous avez mis le doigt sur un problème crucial : y aura-t-il assez de coins ?
      Au plaisir de vous lire,
      JLG.

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