Elle se marre, Léa.
« Évidemment
que tu lui plais. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure !
‒ Ben oui,
mais…
‒ Mais
quoi ? Il te tente pas ? Mignon comme il est, il y a des tas de
filles à ta place, elles hésiteraient pas une seule seconde. Elles
fonceraient. »
Je sais bien, oui.
Mais je sais pas en fait. Je sais pas si c’est de lui que je suis un peu
amoureuse, et même pas mal amoureuse, ou si c’est de l’idée qu’il l’est de moi.
Et que ça me flatte.
Elle a levé les
yeux au ciel.
« Non, mais
qu’est-ce tu vas chercher ! Tu te poses beaucoup trop de questions, je
t’assure ! »
On était restées un
peu en arrière des autres pour pouvoir parler, mais il y a eu tout un tumulte à
l’entrée de la salle de cours, des tas de cris, des grands
« Oh ! », des grands « Ah ! », des « C’est
quoi, ce bordel ! », des « Qui c’est qu’a fait ça ? »
On s’est approchées du coup et on a regardé par-dessus tout le monde. C’était
tout blanc de neige carbonique. Partout il y en avait. Sur les murs. Par terre.
Sur les tables. Plein nos affaires. On était en train d’essayer de les nettoyer
du mieux qu’on pouvait quand madame D, la directrice, est arrivée. Elle a fait
lentement le tour de la salle et a déclaré, d’un ton sec, que les coupables
seraient punis comme ils le méritaient.
Mais personne n’y
croyait vraiment.
« On saura
jamais qui c’est, tu parles ! »
Mais on les a
retrouvés. Dès le lendemain.
Et Léa savait qui
c’était.
« Je te le
donne en mille.
‒ Ben,
dis ! Dis ! Me fais pas languir.
‒ Paul et
Arnaud.
‒ Non !
‒ Eh,
si ! On a des preuves. Ils vont passer en conseil de discipline du coup.
Et le conseil de discipline, moi, j’y suis ! On me demande toujours mon
avis. Et je peux te dire que ces deux-là, je vais te les soigner quelque chose
de rare. Après tout ce qu’ils t’ont fait. Et tout ce qu’ils m’ont fait. Ce
qu’ils ont fait à tout le monde, d’ailleurs. »
Je l’ai attendue en
bas. Pour savoir. Une éternité. Parce que près de trois heures il a duré, le
conseil. Quand elle m’a enfin rejointe, elle était toute rouge, tout échevelée.
Et avait l’air ravi.
« Alors ?
‒ Ben alors,
on va se régaler. Cinquante coups de martinet chacun. Dans la cour. Devant tout
le monde. Profs et élèves. Elle est pas belle, la vie ?
‒ Et
comment !
‒ Et tu sais
pas la cerise sur le gâteau ? À poil on va leur faire. Complètement à
poil.
‒ Non ! C’est
pas vrai !
‒ Eh,
si ! Il y en avait plein qui voulaient pas, des profs. Ils disaient que ça
allait les traumatiser, qu’ils auraient des séquelles, tout ça. Les balivernes
habituelles, quoi ! Seulement elle m’a donné la parole, madame D. Et alors
là ! Je te leur ai taillé une de ces vestes à tous les deux. Qu’ils
mettaient une salle ambiance dans la classe. Qu’ils arrêtaient pas de se moquer
des profs derrière leur dos. Et que c’était proprement scandaleux, la façon
dont ils se comportaient avec les filles. Et tutti quanti. Ça a bien résisté un
peu, mais à force de batailler, j’ai quand même réussi à emporter le morceau.
Le martinet. À poil dans la cour. Alors ? Qu’est-ce qu’on dit à sa copine
Léa ?
‒ J’imagine
déjà leurs têtes !
‒ Et pas que
leurs têtes. »
Quatre jours ça
faisait à attendre jusqu’au vendredi. Quatre longs jours avant qu’ils y
passent. Je les regardais. Je ne pouvais pas m’empêcher de les regarder. En
classe. En récré. Partout où je pouvais. Et j’étais pas la seule. Tout le monde
les regardait. Ah, ils la ramenaient moins. Plus du tout même. Profil bas. Ils
rasaient les murs, tentaient de se faire oublier, se voulaient transparents.
Sans y parvenir vraiment. Parce que si les garçons, pour la plupart, les
laissaient tranquilles, solidarité masculine oblige, les filles, elles, s’en
donnaient à cœur-joie.
« Alors ?
On fait moins les fiers, hein !
‒ Oui. Quand
elle manie le martinet, Isabelle S, la prof de Maths, à ce qu’il paraît que ça
envoie du lourd.
‒ La prof
principale aussi. Peut-être même encore pire.
‒ Ah, ça, vous
pouvez vous attendre à ce qu’elles vous fassent danser en beauté.
‒ Et chanter.
Et elles lançaient
tout un tas de trilles haut perchées en sautillant sur place.
‒ Ouille !
Ouille ! Ouille ! »
Et elles éclataient
de rire.
Ils ne disaient
rien. Ils baissaient la tête. Ils serraient les poings. Mais on voyait bien
qu’ils avaient la rage.
J’aimais bien.
Après tout ce qu’ils nous avaient fait subir, oui, j’aimais bien. Beaucoup. Je
les regardais encore et encore. Sans jamais me lasser. Je les imaginais se
contorsionnant sous les coups et je mouillais. Je ne cessais quasiment pas de
mouiller. Toute la journée. Aussi le soir n’avais-je rien de plus pressé, une
fois mon dessert avalé, que de me précipiter dans ma chambre.
« Tu regardes
pas un peu la télé ? »
Je regardais pas la
télé, non. J’allais m’enfouir avec volupté sous les draps et je me pianotais en
laissant venir mes images. Eux. Eux tout nus, se tortillant, grimaçant tandis
que le fouet leur mordait les fesses, s’y imprimait en longues stries
rougeâtres. Eux gémissant. Eux suppliant. Eux hurlant. Les miens, de cris, je
les étouffais dans l’oreiller.
Iourievna était
aussi impatiente que moi de les voir se ramasser leur fouettée.
« Alors là,
eux, je vais me délecter, c’est sûr. »
Et elle aussi, elle
se le faisait. Dans l’autre lit près de la fenêtre. Souvent. Longtemps. Ça me
réveillait. Je les faisais revenir du coup, gigotant, pleurnichant et piaulant.
Et je recommençais.
Ça a enfin été le
grand jour. Enfin ! On nous a fait descendre dans la cour, tout le monde
mélangé, profs et élèves, et il y a des filles, en attendant qu’ils arrivent,
qu’ont discuté pour savoir lequel c’était des deux qui devait avoir la plus
grosse queue. Elles pensaient presque toutes que c’était Arnaud.
« Vu comment
il est baraqué !
Mais il y en avait
quelques-unes qui disaient que ça voulait absolument rien dire, ça, que c’était
pas forcément proportionnel. D’ailleurs, elle avait connu un type, Mylène,
elle, une vraie armoire à glace, eh ben il en avait une toute petite.
‒ Mais
vraiment minuscule, hein !
Alors peut-être
que, si ça se trouvait, là, c’était pareil et que Paul au contraire, avec son
air de pas y toucher, il en avait une qui tenait sacrément la route.
Chloé a coupé
court.
‒ Pas la peine
de tirer des plans sur la comète. On va pas tarder à savoir n’importe
comment. »
Quand ils ont fait
leur apparition, tout le bataclan à l’air, encadrés par la prof de Maths et la
prof principale, de notre côté à nous, les filles, ça a été un long
frémissement de plaisir, et tout un tas de petits rires étouffés. La proviseure
a fait un discours que personne n’a vraiment écouté. On était bien trop
occupées à leur examiner leur truc. Surtout qu’ils bandaient. Et pas qu’un peu.
Ce qu’ils ont essayé de cacher de leurs mains piteusement ramenées devant eux.
Et ce que madame D. leur a aussitôt interdit de faire.
Mylène a insisté.
« Vous voyez,
il est pas si phénoménal que ça, celui d’Arnaud, finalement ! »
Phénoménal, non.
Mais dans une très honnête moyenne quand même. Celui de Paul aussi.
C’est avec Arnaud
justement que ça a commencé. La proviseure l’a obligé à s’agripper à une barre
et à se pencher honteusement en avant.
Le temps que Manon
commente avec gourmandise.
« Belles
balloches, n’empêche ! »
Et les martinets se
sont abattus. Des deux côtés. Elles tapaient en rythme, les deux profs, et
elles faisaient pas semblant. On voyait que ça leur déplaisait pas. Sûrement
qu’elles aussi, elles avaient jugé quel sale type c’était et qu’elles
agissaient en conséquence.
Lui, en tout cas,
il était lamentable. Pitoyable. Exactement comme j’avais imaginé qu’il serait.
Il chougnait, il suppliait, il essayait de mettre les mains pour se protéger,
il pleurait, il implorait pitié. Aucun courage. Aucune tenue.
J’ai lâché entre
mes dents.
« Quel pauvre
type !
Autour de moi on a
approuvé.
‒ Ah, ça, oui,
alors ! »
Et puis, ça a été
au tour de Paul. Qui voulait pas y aller. Mais alors là, pas du tout. Qu’a
résisté tant qu’il pouvait. Qui n’a cédé que lorsque madame D. l’a menacé de
dix coups supplémentaires. Alors il y est allé, oui, mais il en a pissé de
trouille par terre. Une grande flaque qui a déclenché des fous rires et des
moqueries à n’en plus finir. Elles l’ont fait mettre en position et elles y
sont une nouvelle fois allées de bon cœur, les deux profs. Elles y avaient
manifestement pris un peu plus goût encore : elles étaient toutes rouges
et leurs yeux brillaient. Mais lui, il ne criait pas, il ne se tortillait pas.
Il restait impassible. On voyait qu’il avait décidé de tout faire pour ne pas
se donner en spectacle. Pour ne pas leur faire ce plaisir. Pour ne pas nous
faire ce plaisir. Ce qui a eu pour effet de les déchaîner complètement. Il
plierait. Il supplierait. Elles le voulaient. Et elles sont parvenues à leurs
fins. Il a crié, il a hurlé et il s’est écroulé de douleur en geignant.
On les a emmenés.
C’était terminé.
On est restées là,
dans la cour, à discuter et à commenter, par petits groupes, tout excitées
encore par ce qu’on venait de voir.
Nous, avec les
copines, on avait été derrière, avec vue sur les fesses et les martinets, mais
celles qui s’étaient trouvées de l’autre côté, face à eux, elles disaient qu’il
avait spermé, Arnaud.
« C’est pas
vrai !
‒ Eh,
si ! Et pas qu’un peu.
Dire qu’on avait
loupé ça !
‒ Oui, mais
voir leurs culs gigoter et rougir sous les claquées, c’était pas mal non
plus ! »
Mieux, même, dans
un sens.
Il y avait tout un
va-et-vient permanent de filles qui allaient aux toilettes, qui en revenaient
tout en sueur, les joues écarlates. Moi aussi, j’avais envie. Et la culotte
trempée. Mais non ! Je préférais attendre d’être rentrée. Pour être seule.
Et pouvoir prendre tout mon temps. Savourer.
Quand ça a sonné,
pour le cours d’anglais, Manon a surgi tout essoufflée.
« Vous savez
quoi ? Paraît qu’ils vont être obligés de rester tout nus pendant tout le
cours. Qu’ils aient bien honte. Et que ça leur serve de leçon. »
C’était vrai. Même
que la prof, elle les a fait mettre à genoux devant leur table. Que tout le
monde les voie bien. Et qu’après, elle les a envoyés l’un après l’autre au
tableau. Ils étaient mal à l’aise, mais mal à l’aise ! Ça nous faisait
trop rire, nous, Iourievna, Manon, Chloé et moi. On se fichait ouvertement
d’eux, on faisait nos petits commentaires en rigolant pour qu’ils le soient
encore plus mal à l’aise et en même temps on en profitait pour examiner leur
matériel de plus près. Surtout qu’ils s’étaient remis à bander. Et comme il
faut ! Ça a fini par l’agacer à force, la prof. Si bien qu’elle nous a
menacées, si on continuait, de nous mettre une fessée cul nu devant tout le
monde. Ça, ça calme. Mais moi, comme une idiote, je continuais, sans vraiment
m’en rendre compte, à arborer un petit sourire béat.
« Ça t’amuse
ce que je viens de dire, Olga ?
‒ Oh, non.
Non. Alors là, pas du tout.
‒ Et insolente
en plus ! Viens ici !
Mieux valait
obtempérer.
‒ Plus près.
Encore ! Là. Et maintenant penche-toi sur le bureau.
‒ Oh, non,
M’dame ! S’il vous plaît…
‒ Et tu te
dépêches ou ce sera cul nu. »
Cul nu ? Oh,
non, non !
Je me suis
empressée d’obéir.
Et je me suis pris
cinq grands coups de paddle en bois sur le cul. Comment elle m’a fait mal, la
garce !
Je suis retournée à
ma place, tête basse, en me massant les fesses. Et c’est là, juste comme je
m’asseyais, que j’ai croisé le regard de Théo. Tout triste. Tout attendrissant.
Il avait mal pour moi, le pauvre !
Je lui ai souri. Et
il m’a rendu mon sourire.
Au-dehors, sur le
trottoir, après les cours, il m’a rattrapée.
« Tu vas par
là ?
Ben, oui, j’allais
par là, oui. Vu que c’était par là que j’habitais.
Il a désespérément
cherché quelque chose à dire. Quelque chose, n’importe quoi, qui empêche le
silence de s’installer. Et il a fini par lancer.
‒ Je t’ai vue
cet après-midi pendant qu’on les punissait, les deux autres.
Et il a aussitôt
piqué un fard monumental. Quelle bourde il venait de faire ! Il m’avait
vue, ça voulait dire qu’il m’avait épiée, surveillée. Et ça voulait surtout
dire qu’il s’était forcément aperçu que j’avais pris un incontestable plaisir à
voir Paul et Arnaud se faire fouetter.
Il a essayé de se
rattraper aux branches. Comme il a pu. Et s’est enfoncé un peu plus encore.
‒ Oh, mais il
y a pas que toi, hein ! Moi aussi, j’aime bien ça, voir des fessées.
Surtout quand c’est des filles qui se les prennent.
Il s’est rendu
compte qu’il aggravait son cas. Parce que tout à l’heure en anglais… Décidément,
dès qu’il ouvrait la bouche. Et il a précipitamment voulu corriger.
‒ Mais enfin,
pas quand c’est toi. Quand c’est toi…
Il a renoncé. Il
s’est tu. A soupiré.
‒ Je suis nul,
hein !
Je lui ai posé la
main sur le bras.
‒ Mais non,
t’es pas nul. Non.
‒ Je t’aime
beaucoup, Olga. Énormément.
Et il s’est enfui à
toutes jambes. Sans me laisser le temps de lui répondre quoi que ce soit.
Le soir, dans mon
lit, j’ai fait venir Arnaud. J’ai fait venir Paul. Je leur ai voluptueusement
imposé de m’offrir une nouvelle fois le spectacle du martinet s’abattant
furieusement sur leurs fesses, celui de leurs queues insolemment dressées au vu
et au su de tout le monde. Mais j’ai aussi fait venir Théo. Qui m’a doucement
caressée. Doucement, mais passionnément. Pour mon plus grand plaisir.
Ah oui, François, on connait déjà
C'est lui qui a écrit la série "mes premières fessées"
Cela a commencé de cette façon : chapitre 1 et on attend la suite... pour une deuxième saison.
Et Iourievna ? On la connait
Je crois, Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté, voici le premier épisode de la série : le chapitre 1
Il y a un début à cette épisode
Le chapitre 1
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 2
Et la suite ?
La voici : le journal d'Olga - chapitre 3
N'hésitez pas pour les commentaires
Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François.
Bonjour François,
RépondreSupprimerJ'adore. Ca donne une belle suite à mes fictions. Merci pour continuer ce que je n'ai pas su faire. Là, on verse sur une belle histoire de tendresse naissante. Sûr que ça va aboutir. Le point de vue des filles donne un caractère tout particulier à l'histoire.
Nous attendons la suite...
Amitiés.
Elena.
Bonjour, Elena. Et bonjour à tous.
SupprimerMerci à vous de m'avoir donné l'occasion de me faufiler dans le personnage d'Olga qui jette sur les situations que vous avez créées son regard à elle. Et qui va sans doute, au fur et à mesure qu'elle va se sentir plus assurée, vouloir prendre du champ par rapport au récit initial, même s'il restera toujours la matrice incontournable de son regard.
Amicalement.
François