jeudi 24 septembre 2020

Le journal d'Olga - chapitre 30

 Une heure. Plus d’une heure que j’essayais désespérément de l’appeler, Théo.

« Mais qu’est-ce qu’il fout ? Qu’est-ce qu’il fout ? Faut pas six mois pour recevoir une fessée quand même !

Iourievna a suggéré.

‒ Il est peut-être en train de baiser Léa…

‒ Ah, c’est malin !

‒ Mais non, oh, je rigole.

Elle s’était lancée, sans perdre de temps, dans la rédaction du compte-rendu de la punition que j’avais reçue de la main de maman.

‒ Faut battre le fer tant qu’il est chaud.

Sollicitait constamment mon avis.

‒ Tu crois qu’il faut que je raconte en détail comment tu te trémoussais et que tu pleurnichais ?

Je jouais les indifférentes.

‒ Tu fais bien ce que tu veux. C’est toi que ça regarde.

‒ Je sais pas. C’est comme Théo. J’en parle là ou pas ? Parce que, vu que maman lui en a flanqué une ici en même temps qu’à toi et que j’y ai assisté, normalement je devrais faire un truc à part pour son dossier à lui. Sauf que Léa me l’a pas demandé. Elle a dû oublier. Faudra que je lui pose la question. Quoique… c’est pas forcément un bon plan. J’ai pas trop intérêt à attirer l’attention sur moi en ce moment. Parce que la fessée que j’ai reçue à cause du dessin de Mylène, elle y a pas fait la moindre allusion. Apparemment qu’elle était pas au courant. C’est que maman a pas dû la signaler au secrétariat, que ça lui est sorti de la tête et que, du coup, je vais sûrement passer à travers les mailles du filet.

La porte s’est ouverte.

‒ Ne rêve pas, ma chérie ! Ton tour viendra. Chaque chose en son temps. »

 

Je n’ai pas réussi à m’endormir. Aucune nouvelle de Théo. Je tombais systématiquement sur son répondeur. J’étais morte d’inquiétude. Il se passait quoi, là, au juste ?

Il était plus de minuit quand enfin… Mais ce n’était pas son numéro.

« C’est moi quand même. Je t’appelle avec le portable de ma mère. Le mien, elle en a retiré la puce. Que je puisse pas te contacter. « Vous seriez bien capables de nous mijoter encore un petit coup en douce ». Mais comme maintenant elle dort et que le sien traînait sur la table du salon… Suffira juste que j’efface les traces et le tour sera joué.

‒ Et alors, Théo ? Alors ?

‒ Oh, ben, tu te doutes bien, j’y ai eu droit. Et puis tu sais pas ce qu’elle est allée imaginer ? Elle a voulu que ce soit Léa qui me la donne.

‒ Léa !

‒ Léa, oui. Soi-disant que, comme c’est ma déléguée de classe, ça porterait bien davantage ses fruits.

‒ Et elle a accepté, elle ?

‒ C’était à moi de la prendre, la décision. « Ou c’est elle qui te punit et le tarif sera de quarante. Ou c’est moi et il sera de quatre-vingts. À toi de choisir. » Il y avait pas à hésiter.

‒ C’est à la main qu’elle te l’a fait ?

‒ Non. Non. Au martinet. Pas trop fort au début, ce qui a agacé ma mère au plus haut point. « Tu le caresses, là. Tu le caresses. Dix coups de plus ! » Et même qu’elle se soit alors mise à cingler nettement plus corsé, ça lui a pas été quand même. « Encore dix coups de plus ! » Si bien qu’elle a fini par y aller à fond, Léa. Pour qu’il continue pas à s’en rajouter, des coups. Je te dis même pas comment j’ai dégusté.

‒ Mon pauvre !

‒ Mais je lui en veux pas. Parce que, si elle l’avait pas fait, c’est ma mère qu’aurait pris elle-même les choses en mains. Et j’aurais vraiment pas gagné au change.

On n’a pas trop prolongé notre conversation.

‒ Parce que si elle se réveille et qu’elle me tombe dessus…

‒ Oui, oui. Prends pas de risques, Théo. Surtout prends pas de risques. Bonne nuit. Je t’aime…

Et on a raccroché.

Iourievna ne dormait pas.

‒ Tu me racontes ?

‒ Il y a rien à raconter.

‒ C’est Léa qui l’a corrigé. C’est ça, hein ?

Je l’ai admis. À contre-cœur.

‒ Comment elle a dû prendre son pied ! Parce que la connaissant… Et lui aussi, si ça tombe, que ce soit elle qui lui fasse, il a aimé.

‒ N’importe quoi !

‒ Peut-être même qu’il a bandé, va savoir ! Oui, sûrement ! Et, au bout du compte, ça lui aurait fait couler son machin que ça m’étonnerait même pas.

‒ T’as pas d’autres idioties à dire ?

‒ Mais ça, c’est le genre de choses qu’il va pas aller te raconter, tu parles ! Pas fou.

‒ Tu me saoules, Iourievna, tu me saoules vraiment.

‒ En attendant que, dans la foulée, sûrement qu’elle a pris tout un tas de photos pour le dossier qu’il va falloir qu’elle constitue sur lui. Toutes fraîches. On peut pas faire plus frais. Peut-être même qu’elle te les montrera, qui sait ? »

Je n’ai pas répondu. Il y avait que ça à faire.

 

Le lendemain, Ruxandra nous a appelées. C’est souvent qu’on se téléphone les unes aux autres avec ce confinement. C’est le seul moyen qu’on ait de se prendre un peu un bol d’air. Et de savoir ce qui se passe à droite et à gauche. Ruxandra, c’est une fille de notre classe qui n’a pas sa langue dans sa poche, qui n’hésite pas à dire les choses telles qu’elles sont et qui adore quand il y a des fessées à Sainte-Croix. Surtout quand ce sont des filles qui y attrapent.

« Les garçons, c’est pas mal non plus, non, on peut pas dire. Ça permet de les voir d’un autre œil. Mais avec les filles moi, je peux m’imaginer que je suis à leur place sans que ce soit vraiment le cas. J’ai la fessée sans l’avoir. Sans avoir mal. Vous pigez ?

Très bien, oui. C’était on ne peut plus clair.

Et là, elle avait un scoop.

‒ Je vous le donne en mille.

‒ Comment veux-tu qu’on sache ? Vas-y ! Raconte !

‒ Oh, ben, il y a des gendarmes stagiaires, quatre filles, des jeunes, qui sont venues en renfort dans la région. Et qu’en ont pris tranquillement à leur aise.

‒ Comment ça ?

‒ Ceux qu’étaient pas en règle, qu’avaient pas leur dérogation, au lieu de leur coller l’amende de 135 euros, elles leur demandaient une petite pièce. Et quand je dis petite… Pour solde de tout compte. Ce qui leur a permis de se constituer un joli petit pactole avec lequel elles s’offraient de joyeuses soirées bien arrosées.

Seulement ce qui devait arriver était arrivé. Le pot-aux-roses avait été découvert. Gros scandale. Et tout de suite, en haut lieu, on s’était efforcé d’étouffer l’affaire : pas question de ternir l’image de la gendarmerie. Il avait été bien évidemment question de les licencier sur-le-champ, mais, suite à un certain nombre d’interventions sur la nature desquelles il valait mieux éviter de s’interroger, il avait finalement été décidé de leur accorder une seconde chance. Mais, par contre, elles seraient punies. Elles l’avaient amplement mérité.

‒ Vous imaginez ? Devant toute la caserne au garde-à-vous on leur a annoncé ça. Qu’elles seraient fessées à la palette, le cul à l’air, le vendredi d’après. Comment elles devaient être dans leurs petits souliers ! Moi, je l’aurais été, ce qu’il y a de sûr. Surtout avec tout le temps que ça faisait à attendre jusque-là. Et à appréhender. Sans compter qu’en plus les gendarmes hommes, à ce qu’il m’a dit mon cousin qu’est adjudant là-bas, ils se privaient pas de rigoler chaque fois qu’ils les croisaient dans les couloirs et de leur répéter encore et encore, en se moquant, qu’ils allaient bien apprécier de les voir se tortiller à poil sous les claquées. Elles, elles baissaient la tête, elles rougissaient sans répondre tout honteuses, et elles s’éclipsaient, le plus vite possible, en rasant les murs. Ça, eux, ils adoraient. Et puis le grand jour est arrivé… Ça vous dirait ?

‒ Quoi donc ?

‒ De voir comment ça s’est passé.

‒ On pourrait ?

‒ Oh, ben oui, oui. C’est mon cousin qu’a été chargé de filmer. C’est obligatoire, ça, maintenant pour les archives, à la préfecture. Il a pas le droit, évidemment, d’en faire des copies, mais bon, comme il m’a dit : « Avec toi, je suis tranquille. Je sais que t’en parleras pas. À personne. » Alors ? Ça vous dit ?

Iourievna s’est précipitée sur l’occasion.

‒ T’as de ces questions, toi !

‒ Bon, ben allez ! Je vous envoie ça ! »

 

Trois minutes. À peine trois minutes et elle avait tenu sa promesse.

Ça a commencé par une voix d’homme, une voix manifestement habituée à être obéie : « Et vous regardez droit devant vous ! » Droit devant elles, c’étaient leurs collègues qui arboraient des sourires ironiques et qui se régalaient manifestement du spectacle qui leur était offert. Qui se repaissaient de leurs corps. Qui plongeaient avec délectation leurs yeux dans les leurs. Le cousin de Ruxandra a longuement balayé l’assistance, une quarantaine de gendarmes, hommes et femmes, et puis il s’est lentement tourné vers les quatre coupables. Il s’est d’abord concentré sur leurs visages, capturés l’un après l’autre, en gros plan. Il s’y lisait de l’appréhension, de la peur, du désarroi, de la honte, mais aussi, pour deux d’entre elles, une certaine forme de résignation. L’une des filles était au bord des larmes. Une autre avait les lèvres et le menton qui tremblaient. Il s’est ensuite emparé de leurs seins que les tee-shirts uniformément blancs, tout légers, qu’elles avaient revêtus ne cachaient pas vraiment. Bien au contraire : ils les moulaient au plus près et les révélaient par transparence.

Iourievna a supposé.

« Sûrement que c’est ce qu’on les a obligées à mettre.

La première, tout au bout de la rangée, avait une poitrine toute menue qui offrait un contraste saisissant avec celle, généreuse et opulente, de sa plus proche voisine.

‒ Eh ben dis donc moi, j’en aurais une plantureuse comme ça, ça me complexerait plutôt qu’autre chose.

Les deux dernières, il les a escamotées. Juste le temps d’apercevoir d’une part deux aréoles brunes qui s’étendaient au large sur des seins qu’on devinait en poire, de l’autre deux pointes roses orgueilleusement dressées et il est descendu.

‒ Ben tiens, ça le pressait trop d’aller les reluquer en bas.

Il s’est longuement et complaisamment attardé sur leurs encoches toutes lisses. Il sautait de l’une à l’autre, revenait en arrière, repartait, recommençait.

‒ Il prend son pied.

Un ordre a soudain claqué.

‒ Tournez-vous !

Elles ont obéi.

Une voix d’homme, tout à côté du cousin de Ruxandra, a constaté.

‒ Mignons comme tout, ces petits croupions, il y a pas à dire.

Deux femmes gendarmes se sont avancées. Elles leur ont lié les mains aux poteaux. À tour de rôle. En prenant tout leur temps. Et puis elles ont brandi les palettes de correction.

‒ Par qui on commence ? Par toi ?

Celle aux petits seins, tout au bout de la rangée.

‒ Hein ? Qu’est-ce t’en dis ?

La fille s’est crispée. Elles lui ont effleuré le derrière. Elle s’est dressée sur la pointe des pieds avec un gémissement.

‒ Et puis non. Non. Toi, on va te garder pour la bonne bouche. Non. Une autre.

Et elles ont remonté toute la rangée, s’arrêtant ici, stationnant là.

‒ Celle-là ? Elle doit brailler à pleins poumons, je suis sûre.

‒ Ou celle-là plutôt, non ?

Elles ont recommencé dans un sens, dans l’autre. Deux fois. Trois fois. En faisant semblant de ne pas parvenir à se décider. Et puis elles sont finalement revenues à la toute première. Sur le derrière de laquelle il y en a une qui a brusquement lancé un grand coup de palette. La fille a hurlé.

‒ Mais faut pas crier comme ça !

Un deuxième coup. Un troisième. Elles se sont approprié chacune une fesse et elles ont tapé en cadence. En alternance. La fille trépignait, tirait sur ses liens, se distordait dans tous les sens. Et elle criait. Elle criait éperdument. Elle criait sans discontinuer.

Iourievna a murmuré.

‒ Comment j’aimerais pas être à sa place !

Et elle a ajouté.

‒ Ni à celle des trois autres d’ailleurs ! C’est peut-être encore pire dans un sens. Entendre ta copine hurler, entendre les coups tomber dessus et te dire qu’après ça va être ton tour…

À vingt-cinq elles se sont arrêtées.

‒ Les vingt-cinq autres tout à l’heure…

Et elles sont passées à sa voisine. Sur les fesses de laquelle elles s’en sont donné à cœur-joie. Qu’elles ont fait chanter. À pleins poumons. Et gigoter tant et plus.

‒ Elles prennent leur pied, toutes les deux ! Non, mais regarde comment elles prennent leur pied.

Et ça a été au tour de la troisième. Puis de la quatrième. À nouveau la première. Et puis encore les autres. Une orgie de gémissements, de lamentations, de supplications. De coups de palettes de punition. De fesses rougies, écarlates, sur toute leur surface.

Ça s’est arrêté. On les a détachées. Elles se sont frotté vigoureusement les fesses. En grimaçant et en sautillant un bon moment sur place. Et puis il leur a fallu traverser la cour au milieu de collègues hilares entre lesquels elles avaient tout juste la place de se faufiler. En se dissimulant de leur mieux de leurs mains et de leurs bras ramenés tant bien que mal devant elles. Sous les rires et les quolibets.

‒ Pas la peine de vous cacher ! On a déjà tout vu.

‒ Ah, oui, alors ! Et bien en détail.

‒ Et pour en profiter, on en a profité, ça !

‒ En attendant, faut reconnaître… On se rend pas vraiment compte sous l’uniforme, mais vous êtes pas si mal fichues que ça, hein, finalement !

‒ En tout cas, merci. Merci. C’était super, ce petit spectacle. On a bien apprécié. Ah, si, si !

‒ Et si vous voulez remettre ça, hésitez pas, hein, surtout ! Ce sera avec plaisir.

Elles ont disparu par une porte dans le fond. Et l’écran est devenu tout noir.

Iourievna s’est relevée. En nage. Les yeux brillants. S’est mise à arpenter la pièce de long en large.

‒ Non, mais comment c’était trop ! T’as vu ça ? Non, mais t’as vu ça ? Ah, pour de la correction, ça, c’est de la correction, on peut pas dire…

La seule chose qu’elle regrettait.

‒ C’est qu’il se soit pas attardé un peu plus sur le public, le cousin, pendant que ça leur tombait sur le derrière. Ou plutôt non. Tu sais ce qu’il aurait fallu ? C’est qu’il y en ait deux qui filment. Un, les filles punies et l’autre les spectateurs.

Elle a soupiré.

‒ Mais rien peut jamais être parfait.

Ce qu’elle se demandait aussi, c’est ce qu’il s’était passé après. Juste après. Et puis aussi les jours suivants.

‒ À ton avis ? Parce que ça a dû y aller les réflexions. Et puis peut-être d’autres trucs. Sûrement même… Faudrait qu’on sache.

‒ Le mieux…

‒ Ce serait de demander à Ruxandra. Évidemment, oui ! Je l’appelle.

Elle est tombée sur son répondeur.



Et Iourievna ? On la connait

Je veux ! Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté,  voici le premier épisode de la série : le chapitre 1

Il y a un début à cette série

Le chapitre 1
et l'épisode précédent : chapitre 29
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 29

Et la suite ?

François nous la prépare pour la semaine prochaine

N'hésitez pas pour les commentaires

Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François ?

2 commentaires:

  1. Bonjour à tous,
    Là, c'est la déléguée de classe, Léa, qui prend les choses en main. C'est un peu normal car elle doit tenir ses camarades pour éviter que les choses ne dégénèrent davantage et c'est Théo qui en a fait les frais, pour le coup.
    Et puis en second lieu, la fessée des stagiaire gendarme qui s'amusaient à détourner de l'argent des infraction. Elles s'en sont pris pour leur grade, c'est le cas de le dire...
    Amitiés
    Elena

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    Réponses
    1. Bonjour Elena. Et bonjour à tous.
      Et Léa prend son travail à cœur, c'est le moins qu'on puisse dire. Et on imagine bien avec quelle jubilation elle doit se multiplier un peu partout. Quand le confinement sera terminé, ses camarades la verront d'un autre œil. Elle aura pris le pas sur eux.
      Quant aux quatre stagiaires gendarmes, gageons qu'elles auront compris la leçon. Quoique...
      Amicalement.
      François

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