jeudi 21 novembre 2019

Mes premières fessées - chapitre 15

Amélie m’a rejoint dans la salle de bains.
– Alors ? Hier soir ? Ça s’est passé comment ?
– Ça s’est passé.
– J’ai eu des échos. Elles ont eu du renfort, à ce qu’il paraît. Deux charmantes petites camarades. Et elles n’ont pas été très tendres avec toi, toutes ces nanas, à ce qu’on m’a également dit. Tu fais voir ?
J’ai baissé mon pantalon de pyjama, lui ai docilement présenté mon derrière.
– Ah, quand même ! Quand même ! Effectivement ça a donné, dis donc ! Elles t’ont soigné.
Il y a eu un bruit de pas dans le couloir.
– Maman ?
– Oui.
– Tu peux venir voir, là ?
Madame Dubreuil a passé la tête.
– Hou là ! Eh ben dis donc ! Ça, c’est de la correction, on peut pas dire.
– Tu veux que je te raconte ?
– Ce n’est pas nécessaire, non. C’est ton problème maintenant. C’est toi qui gères. Tu as tout pouvoir. Et tu te débrouilles pas si mal apparemment. Parce que j’ai jeté un œil sur ses résultats universitaires : ils sont plus qu’honorables. Quant à son comportement par ailleurs, il n’y a vraiment rien à redire. Du moins pour le moment. Non, t’assures. T’assures vraiment. Continue !
Et elle a tourné les talons.
Amélie s’est rengorgée.
– Douée, la fille, hein !
Elle m’a lancé une petite claque sur les fesses.
– Tu sais pas ? J’ai eu une idée, du coup. Parce que ce serait dommage de pas garder trace de tout ça. Alors on va faire un album. Une sorte de journal où on va désormais répertorier, au jour le jour, toutes les fessées que tu seras amené à recevoir. Avec photos, récits et commentaires. Hein ? Qu’est-ce t’en dis ? C’est trop génial, non ? Allez, tout de suite on commence. Attends-moi là ! Je reviens.

En brandissant triomphalement un appareil photo.
– Ça va rendre nettement mieux qu’un smartphone, ça, tu vas voir !
Elle m’a mitraillé à tout-va.
S’est absorbée dans la contemplation du résultat.
– Pas mal ! Pas mal du tout ! Regarde ! Tu trouves pas ?
Et elle m’a fait défiler sous le nez, une à une, en prenant tout son temps, une douzaine de photos de mon postérieur meurtri. Avec un petit sourire en coin. Sans me quitter un seul instant des yeux.
– Hein ? Qu’est-ce t’en penses ? Une réussite, non ? Je vais nous scanner tout ça. Toi, de ton côté, tu vas nous rédiger un joli petit récit de ta soirée. Les filles aussi. Je vais les mettre à contribution. Toutes les quatre. Je te dis pas le résultat. On va se régaler.
Elle m’a posé la main sur le bras.
– Et puis tiens, tu sais pas ? J’ai encore une autre idée. On va aussi les envoyer à Clotilde. Ça lui occupera ses longues soirées d’hiver. Et ça lui permettra d’attendre patiemment l’occasion de t’en flanquer une pour de bon. Parce qu’il va forcément arriver un moment où tu vas te relâcher dans tes études, les prendre beaucoup moins à cœur. Ne serait-ce qu’à cause de cette Estelle…
J’ai paniqué.
– Je peux aller la voir, hein ? Tu m’as dit oui hier. Tu m’as promis.
– Mais oui, tu peux. Mais oui. No stress. À tes risques et périls quand même. Parce que, te connaissant, tes études vont très probablement en pâtir. Mais bon, à ce moment-là, on fera ce qu’il faudra.

Estelle était déjà là, attablée tout au fond du café. On s’est fait la bise. On s’est souri.
– On pense la même chose, je suis sûr…
– Oui. Que ça fait un peu comme quand on se retrouvait tous les deux après les cours.
– Que tous les deux. Dans notre bulle.
– Qu’est-ce qu’on a pu en passer des heures à se faire nos confidences !
– Et à se répéter, sur tous les tons, qu’on n’était pas amoureux l’un de l’autre. Ah, non, alors ! Amis. Seulement amis.
– Ce que j’ai dû te saouler avec mon Martin !
– Non, tu crois ?
– Tout ça pour qu’au final on se déchire et on se sépare, lui et moi…
– Et maintenant ?
– Quoi, maintenant ?
– T’es toute seule ou t’as quelqu’un ?
Elle a poussé un profond soupir.
– C’est compliqué. Très.
– T’es pas obligée de m’en parler, mais si t’en as envie…
– Disons que je me suis mise dans une situation impossible. J’ai le chic pour ça… Une situation dont il faudrait, pour toutes sortes de raisons, que je m’extirpe au plus vite. Seulement je n’y arrive pas. Enfin, si ! Deux jours. Trois. Et puis… J’ai aucune volonté, en fait.
– Il est marié, je suppose.
– Il est marié, oui ! Mais si c’était que ça…
Elle s’est absorbée, un long moment, dans ses pensées. Et j’ai bien cru, un court instant, qu’elle allait lâcher le morceau, me dire qu’il s’agissait du mari de sa sœur. Elle a hésité. Et puis non. Non.
– Parle-moi de toi, tiens, plutôt !
– De moi ? C’est pas important, moi.
– Ben, voyons !
– Disons que, dans un sens, je suis un peu dans la même situation que toi.
– Comment ça ?
– J’ai aucune volonté. Je me suis laissé entraîner, cet été, à faire des conneries. Mais, heureusement, je suis tombé sur une femme très bien. Qui a su faire la part des choses. Et qui s’est efforcée de me remettre dans le droit chemin. Qui s’y efforce toujours. Avec plus ou moins de succès.
Je n’ai pas précisé davantage. Pas encore. C’était prématuré. Et elle n’a pas posé de questions.
On a parlé de choses et d’autres. Des choses indifférentes. En nous contentant de savourer simplement le plaisir d’être ensemble.
En se quittant, on s’est promis de se revoir. Le plus vite possible.
– Demain ?
– Demain.
Avec un petit signe d’au revoir de la main.

Le soir, quand je suis rentré, après les cours, Clotilde était à la maison. En pleine discussion avec Amélie.
– Ah, ben tiens, le voilà justement ! Ben, approche ! Reste pas planté là comme ça. Tu sais ce qu’on était en train de se dire ? Que ce serait drôlement sympa de se faire un selfie tous les trois pour notre album souvenir. C’est le moment ou jamais : rutilant comme t’as le derrière, après ta petite séance à la planche à découper d’hier soir, ça va être du plus bel effet. Allez, perdons pas de temps. Tu te déshabilles…
Ce que j’ai fait, résigné.
– Tout ! T’enlèves tout !
Et j’ai été entre elles. Moi, de dos. Et elles, de face.
Elles ont longuement contemplé leur œuvre.
– Génial, le contraste !
– Et comment il paraît encore beaucoup plus à poil, comme ça, à côté de nous habillées.
Elles ont voulu en refaire une autre.
Qu’elles m’ont laissée voir cette fois. Elles y pointaient l’une et l’autre leur index d’un petit air vainqueur vers mon postérieur tuméfié.
– Allez, une dernière !
– Mais toi aussi de face avec nous, ce coup-ci !
– Qu’on voie ta tronche !
– Et pas que ta tronche !
J’ai marqué un court temps d’hésitation.
– Ah, mais si ! Si ! Qu’on sache à qui appartient ce petit cul rougeoyant.
Amélie s’est toutefois voulue rassurante.
– T’affole pas comme ça ! On les montrera pas. Enfin, si ! Mais pas à n’importe qui… Bon, mais allez, tu nous laisses maintenant ! On a à causer.

J’ai regagné la chambre.
Philibert y marchait de long en large.
– Ça y est !
– Quoi, ça y est ? Qu’est-ce qui y est ?
– On s’est fait gauler, mais ça, c’était couru. Il était pourri, leur plan.
– Ah ! Et ça va donner quoi pour toi ?
– Pas grand-chose. Enfin, je crois. J’étais qu’un second couteau moi là-dedans. Et puis, de toute façon, on n’est pas passés à l’acte. On n’a pas eu le temps. Alors apparemment ça va s’étouffer. Ça ira pas aux flics. D’autant qu’il est pas trop net, le propriétaire du dépôt : il tient pas à ce qu’on vienne mettre le nez dans ses affaires. Et d’autant aussi qu’elle est là-bas, ma mère, en train d’essayer d’arranger le coup. Bon, mais ce qu’il y a, par contre, c’est que je peux m’attendre à en ramasser une. Et une sévère.
– Toi qui te plaignais de plus en recevoir…
– C’est pas que je me plaignais, c’est que j’avais peur. Parce que pas la peine que je me raconte des histoires : si on me recadre pas en permanence, je pars complètement à la dérive. J’accumule connerie sur connerie. La preuve ! Non. Faut que je me fasse une raison : toujours je serai comme ça. Et même, tiens, je vais te dire : elle est pas assez sévère avec moi, ma mère.
– Dis-lui !
– C’est ce que je vais finir par faire, oui ! Que j’arrête de me mettre comme ça sans arrêt en danger.

Madame Dubreuil l’a appelé, du bas de l’escalier.
– Philibert ! Descends ! Immédiatement !
Je lui ai emboîté le pas.
Elle lui a lancé une gifle. À toute volée.
– T’es content de toi ? Hein ? T’es content de toi ?
– Je te demande pardon.
– Oui, oh, tu peux ! Tu peux !
D’une grande bourrade dans le dos, elle l’a poussé dans le séjour où il s’est trouvé nez à nez avec Clotilde et Amélie, arborant, l’une comme l’autre, un petit sourire de satisfaction impatiente.
– Maman !
– Quoi ?
– Est-ce que ? Le type, là, il va porter plainte ?
– Vous mériteriez tous, toi et tes copains, qu’il le fasse.
– Mais il va pas le faire ?
– Sans doute pas. Mais ce n’est pas encore absolument certain. Ce que toi, par contre, tu vas faire, c’est te déculotter.
Amélie a soufflé à Clotilde.
– Le quitte pas des yeux. Que ça le mette mal à l’aise.
Mais il s’est détourné.
Madame Dubreuil a haussé les épaules.
– Comme si ta sœur t’avait jamais vu à poil… Quant à Clotilde, elle va pas en perdre la vue, va, t’inquiète pas !
Il a fait comme s’il n’entendait pas.
Il a retiré son pantalon. Son boxer. Sans se retourner vers nous.
– Laisse pas tes affaires en boule sur le fauteuil n’importe comment comme ça. Plie-les correctement !
Il a obéi.
– Et tant que tu y es, retire aussi le reste.
Le pull. La chemise.
– Je reviens.
Et elle l’a laissé là, tête basse, bras ballants, dansant nerveusement d’un pied sur l’autre sous les regards moqueurs de Clotilde et d’Amélie qui lui fixaient les fesses.
Elles ont chuchoté. Pouffé. Encore chuchoté.
– Chiche !
– Allez !
Et Clotilde l’a contourné. Elle l’a fixé avec amusement et insistance en bas. Il a aussitôt précipitamment ramené ses mains en coquille devant lui.
Elle l’a imité, singé, se couvrant, dans un grand éclat de rire, le bas-ventre de ses bras.
Il a renoncé, dans un soupir, a retiré ses mains, s’est laissé regarder.
Elle s’est esclaffée.
– Eh ben dis donc, toute cette comédie pour ça ! Il y a vraiment pas de quoi !
Et elle a ajouté, persifleuse.
– Il bande même pas ! Ce serait quand même la moindre des politesses, non ?

Madame Dubreuil est revenue sur ces entrefaites, s’est installée sur le canapé.
– Bien. Alors à nous deux, mon garçon ! Viens ici !
Il a trottiné jusqu’à elle.
Elle l’a saisi par les poignets, fait basculer en travers de ses genoux.
Il s’y est docilement laissé caler.
– Tu n’as rien à me dire ?
– Je suis désolé.
– Ça me fait une belle jambe.
– Je recommencerai pas, je te promets !
– Oui, oh, j’ai déjà entendu ça des centaines de fois.
– Non, mais cette fois, c’est vrai, je t’assure ! C’est vrai !
– Tu ferais mieux de te taire, va !
Et elle a lancé une première claque. Une autre. Une troisième. D’autres encore. Elle tapait énergiquement, méthodiquement, une fesse après l’autre. Ses doigts s’enfonçaient, laissaient sur la peau leur empreinte rosée.
Amélie arborait un sourire moqueur.
Clotilde, elle, dérivait discrètement et progressivement vers le fauteuil à haut dossier de l’entrée derrière lequel elle a fini par trouver refuge.
Quant à madame Dubreuil, elle tapait. Imperturbablement. Les fesses de Philibert rougissaient à vue d’œil.
Il s’est lamenté.
– Ça fait mal ! Oh, que ça fait mal !
Elle ne s’en est pas interrompue pour autant. Bien au contraire. Elle a tapé plus vite. Plus fort.
Les doigts de Philibert se sont crispés sur les coussins du canapé, les ont griffés, torturés.
Beaucoup plus vite. Beaucoup plus fort.
Du coin de l’œil, je surveillais Clotilde. Qui ne me prêtait pas la moindre attention, tout occupée qu’elle était à regarder s’empourprer les fesses de Philibert. À l’abri du dossier du fauteuil, son bras et son épaule ont imperceptiblement bougé.
Il s’est mis à crier. À pleins poumons. Sans retenue. Sans pudeur.
– Oh, s’il te plaît ! S’il te plaît !
Ce qui n’a pas apitoyé sa mère le moins du monde.
– Tu vas t’en souvenir, mon garçon ! Je peux te dire que tu vas t’en souvenir !
Et elle a tapé de plus belle. Il a crié comme un perdu. Il a promis. Il a supplié.
Le bras de Clotilde a bougé plus vite. Sa bouche s’est entrouverte.
Il s’est contorsionné. Il a battu des jambes. Gigoté tant et plus. Ses boules ont ballotté entre ses cuisses.
Et Clotilde a joui, en se mordant les lèvres, le souffle court, les yeux rivés à lui.
– Là !
Et madame Dubreuil l’a lâché, aidé à se remettre sur ses jambes.
– File !
Il ne se l’est pas fait répéter deux fois.

Dans la chambre, couché sur le ventre, il a longuement gémi.
– C’est la première fois…
– Que quoi ?
– Qu’elle tape aussi fort. Et aussi longtemps. Ça brûle, mais ça brûle ! J’ai l’impression d’avoir des milliers d’aiguilles enfoncées dans le derrière.
Il a soupiré.
– Si je faisais pas autant le con aussi !
Il a voulu changer de position. Ce qui lui a arraché un cri.
– Hou ! La vache ! Je vais déguster un moment, je sens !
Il s’est tu.
Il y a eu des rires dans la chambre d’Amélie.
– C’est cette fille… Clotilde… Elle est encore là.
Des rires qui ont redoublé.
– J’ai été ridicule, hein ?
– Dans ce genre de situation, on l’est tous forcément. Au moins un peu.
– Oui, mais au début… Me cacher comme ça ! J’ai été bouffon. Il y a pas d’autre mot. Au-dessous de tout. Qu’est-ce qu’elle doit penser de moi maintenant !
– Tu t’en fous !
– Oui. Enfin non ! Je sais pas. Elle me trouble en fait. Tu la vois, toi, à la fac ?
– Moins qu’en début d’année. Mais je la vois, oui.
– Tu pourrais pas la sonder un peu ? Essayer de savoir si j’aurais éventuellement mes chances ?
– En principe, a priori, elle a quelqu’un.
– Ah ! C’est râpé, quoi !
– Je peux quand même tenter le coup. Ça coûte rien.
À côté, il y a encore eu une salve de fous rires.
Et la voix de Clotilde.
– Arrête ! Arrête ! J’en ai mal dans le ventre.


Pour les distraits qui auraient loupé ce qui s'est passé précédemment

Tout a commencé comme ça : chapitre 1
Et la semaine dernière, le chapitre 14
Et tous les autres chapitres sur la page "les auteurs invités"

Et la suite ?

Ce sera le chapitre 16.

Les commentaires sont les bienvenus

François Fabien doit-il continuer dans cette direction ? Doit-il écrire un prochain épisode ?

2 commentaires:

  1. Amis de la poésie et de la fessée en famille bonjour!
    Bonjour François-Fabien.

    Récit très vivant, dont la qualité réside en grand partie dans la dynamique des dialogues qui en constituent l'essentiel. Le langage simple, direct avec un vocabulaire familier en rend la lecture facile et agréable.
    La spontanéité de l'expression apporte une touche d'authenticité à l"histoire dont le réalisme aurait tendance à faire oublier qu'il s'agit d'une fiction...
    Les femmes semblent avoir définitivement pris le dessus sur le garçon qu'elles se plaisent à humilier et ridiculiser par les fessées mais aussi des petits stratagèmes bien avilissants. L'ironie et le sarcasme donnent le ton, comme l'idée des comptes-rendus et de l'album photos souvenir...
    Et pas besoin de masquer le naturel qui revient au galop, Clotilde prend son pied, derrière ceux du fauteuil, en regardant le frère de sa copine prendre, lui, sa fessée sur les genoux de sa mère. Astucieuse mise en miroir des trémoussements jouissifs de la jeune femme avec les contorsions douloureuses du jeune homme gigotant sous les claquées.

    La vie c'est simple comme une bonne déculottée... Pourquoi s'en priver quand le bonheur est à portée de main? Ici on fesse et on jouit en famille. Et bientôt le roman photo des fessées... des familles, pour occuper les longues soirées d'hiver... Athmosphère, atmposphère !!
    Amicalement
    Ramina

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  2. Bonjour, Ramina. Et bonjour à tous.

    Merci de votre commentaire qui fait chanter ce chapitre.
    Assurément, les filles ont clairement pris l'ascendant sur la gent masculine qu'elles prennent un plaisir évident à punir, rabaisser et ridiculiser, réduits à l'impuissance qu'ils sont.
    Reste qu'il peut y avoir (et qu'il y aura très vraisemblablement) un retour de bâton dont les garçons, à leur tour, tireront d'intenses satisfactions.
    Amicalement.
    François

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