Elle a éclaté de rire.
– Ben, alors, tu me reconnais pas ?
– Si ! Si ! Bien sûr ! Évidemment !
On s’est jetés dans les bras l’un de l’autre.
– Tu es magnifique ! Absolument magnifique.
Quant à Estelle, qui est arrivée en retard…
– Comme d’habitude ! Mais bon, vous me connaissez
depuis le temps…
C’était la même Estelle. L’Estelle de toujours. Pétulante.
Rieuse. Spontanément séduisante. Celle par qui je m’étais senti invinciblement
attiré, dès la toute première fois que je l’avais aperçue, et par la présence
de laquelle j’ai été tout aussitôt à nouveau profondément remué. Comme avant.
Et beaucoup plus encore qu’avant.
On a passé un long moment à évoquer, tous les quatre, nos
souvenirs communs. Avec jubilation.
Et puis… Bon, mais c’était pas tout ça ! C’était bien
beau le passé, mais on devenait quoi, là, les uns et les autres ?
Hein ? Dans notre vie d’aujourd’hui ? On faisait quoi ? On en
était où ?
Oh, ben, Sonia, elle, elle s’était mariée. Il y avait un peu
plus d’un an. Avec un ophtalmo.
– Une monumentale connerie ! Ah, parce que j’ai la
sécurité matérielle, ça, c’est sûr ! Mais qu’est-ce que je peux
m’emmerder ! Si vous saviez !
Sylvain a suggéré.
– Ça existe, le divorce !
– Je sais bien, oui ! Mais c’est pas aussi simple
que ça !
Estelle était de son avis. C’était pas simple.
– Parce que moi aussi, je me suis très vite rendu compte
que ça pourrait pas le faire avec Martin. Mais pour m’en dépêtrer, ça a été
tout un tas de complications à n’en plus finir. Comment il savait me faire
culpabiliser, ce salaud ! Ah, j’en ai bavé ! Mais c’est du
passé ! Me reste plus qu’à trouver le bon maintenant.
Et elle m’a jeté un rapide petit coup d’œil par en dessous.
– Et vous, les garçons ?
Oh, nous ! Sylvain se consacrait tout entier à un grand
projet dont il ne voulait pas encore parler.
– Tant qu’il y a rien de vraiment consistant…
Quant à moi, j’ai éludé. Je poursuivais sagement mes études.
Et puis voilà !
Il a bien fallu finir par se quitter. En se promettant de se
revoir. Bientôt. Très bientôt. Estelle habitait à quatre ou cinq cents mètres
de là. J’ai bien évidemment été tenté de la raccompagner. Je ne l’ai pas fait.
En invoquant une excuse bidon.
Philibert a ouvert de grands yeux étonnés.
– Hein ? Ben, pourquoi ?
Pourquoi ? Il demandait pourquoi ?
– Mais parce que, tiens ! Il se serait passé quoi,
à ton avis, si je l’avais fait ? Elle m’aurait proposé de monter boire un
verre. Forcément… Et une fois là-haut, de fil en aiguille… D’autant qu’on en
avait autant envie l’un que l’autre, ça crevait les yeux. Seulement avant-hier,
ta sœur m’a flanqué une mémorable fessée, je te rappelle. Dont j’ai encore les
marques. Bien incrustées et bien visibles. Alors c’était tout juste pas
possible. Va expliquer un truc pareil à une nana, toi ! Elle m’aurait ri
au nez, oui !
– Vu comme ça, effectivement…
– Et ça me bouffe la tête ! Parce que j’ai vraiment
envie qu’il se passe quelque chose avec elle. Seulement s’il faut que je
navigue à vue entre les fessées, que je surveille en permanence mon derrière
pour voir s’il est présentable, ça va vite être la galère. D’autant qu’elle
risque de pas comprendre pourquoi certains jours j’en suis et pas d’autres.
– D’autant aussi qu’elle a beau en avoir rien à fiche de
toi, ma sœur, dès qu’elle aura compris qu’il y a une autre nana sous roche,
elle va faire tout ce qu’elle peut pour te mettre des bâtons dans les roues,
ça, c’est sûr. Je la connais depuis le temps.
– Je suis pas obligé de lui parler d’Estelle non plus…
– Tu penses bien qu’elle le saura. Ton copain Sylvain,
maintenant qu’elle a mis la main dessus, va falloir qu’il passe à la question
plus souvent qu’à son tour. Et même si lui, il ne dit rien, elle trouvera le
moyen d’être au courant quand même. D’une façon ou d’une autre. Non, la seule
solution, pour toi, c’est de jouer cartes sur table. Aussi bien avec Amélie
qu’avec Estelle.
– Avec Estelle ! Non, mais alors ça, c’est juste
pas possible.
– Ou alors de t’extirper vite fait d’ici, de tout ça. Ce
qui est absolument exclu. Elle a barre sur toi, Amélie. Et pas seulement à
cause de ce qui s’est passé cet été. Quand bien même il y aurait rien eu, t’es
complètement sous son emprise maintenant à ma sœur. C’est pas vrai
peut-être ?
Je n’ai pas répondu.
Elle a exigé.
– Arrive ! Je t’emmène…
On venait de finir de dîner.
– Où ça ?
– Tu verras bien.
Elle s’est installée au volant.
– Alors ? Ton après-midi ?
– Oh, bien. Très bien. Génial.
– Tant mieux ! J’ai bien fait de te laisser aller
t’amuser un peu, alors ! Ça t’aura changé les idées.
On est passés devant la bibliothèque. Elle a pris à droite,
vers la gare, puis presque aussitôt à gauche vers les Ormeaux.
– Tu te demandes bien où on va, hein ? Finir la
journée en beauté. Avec les deux jumelles, là, Gwenaëlle et Hortense, tu sais
bien, les filles d’hier soir. J’ai passé l’après-midi avec elles. On a beaucoup
parlé. Et sympathisé. Tu te doutes bien de quoi essentiellement. Et presque
exclusivement. Elles m’ont avoué qu’elles crèvent d’envie de te voir recevoir
une bonne fessée et même, encore mieux, de te la flanquer elles-mêmes. Voilà un
vœu qui n’est pas bien difficile à exaucer. Je leur ai promis qu’il le serait.
Avant ce soir… On peut bien leur faire ce petit plaisir, non ?
– Hein ? Mais…
– Mais quoi ? Tu vas pas commencer à ergoter.
Qu’est-ce tu vas me dire ? Que c’est pas mérité ? Et alors ! La
belle affaire ! Il peut bien y avoir une fessée, comme ça, de temps en
temps, qui soit donnée sans raison, non ? En à-valoir, en quelque sorte,
sur une prochaine qui, elle, sera pleinement justifiée. Oh, et puis de toute
façon, j’ai pas de comptes à te rendre. J’ai décidé que ce serait comme ça, ce
sera comme ça, un point c’est tout. Le débat est clos.
Elles ont échangé toutes les trois quelques mots à voix
basse. Ponctués de deux ou trois fous rires. Et puis Amélie s’est dirigée vers
la porte.
– Je vous le laisse. Comme convenu. Faites-en bon
usage !
– Oh, ça, tu peux compter sur nous !
Hortense s’est frotté les mains.
– Sûr qu’on va bien s’amuser…
Sa sœur a pris un air sévère.
– À ce qu’il paraît qu’elle a été obligée de t’en coller
une sacrément corsée, Amélie, vendredi soir, en rentrant de boîte, vu que
t’avais picolé comme un trou. Ça doit encore se voir sur ton cul, non ? Ça
fait que deux jours ! Eh bien, réponds ! Ça se voit ?
– Un peu.
– Ça veut rien dire, ça, un peu.
Elle a haussé les épaules.
– Le mieux, c’est encore qu’on se fasse notre opinion
par nous-mêmes.
Et elle s’est résolument emparée de la boucle de ma ceinture.
J’ai, d’instinct, repoussé sa main. Elle m’a menacé du doigt.
– Ah, ça, tu devrais pas. Tu devrais vraiment pas. Parce
qu’alors là on risque de se montrer très très sévères avec toi tout à l’heure.
J’ai renoncé. Je me suis laissé faire. De toute façon…
Et elles m’ont déculotté. À quatre mains. Avec conviction.
– Eh, Hortense, c’est derrière que ça se passe !
– Oui, mais devant, ça commence à grimper.
– On verra ça après. Viens là, plutôt !
– Hou là ! Toutes ces traînées que ça a fait !
Et comment elles sont rouges !
Elles en ont épousé les contours. Du bout des doigts.
– Ça fait mal ?
– Pas trop.
Elles y ont enfoncé leurs ongles.
– Et là ?
J’ai serré les dents. Elles ont appuyé plus fort. J’ai gémi.
– C’était largement mérité n’importe comment. Se saouler
la gueule comme ça !
– Sans compter tout le reste. Tout ce qu’elle nous a
raconté, Amélie.
Hortense m’a contourné.
– Il recommence à bander. Comme tout à l’heure.
Effleuré la queue.
– Oh, là, cette fois, ça y va ! Non, mais
regarde-moi comment ça y va.
– C’est tous des gros cochons de pervers, les mecs,
n’importe comment. Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ?
Mais rien ! J’avais rien dit.
– Ça vaut mieux ! Parce que tu sais ce qu’il m’a
fait, il y en a un, il y a pas longtemps ? Eh ben, il a pris des photos de
moi à poil pendant que je dormais et il les a fait circuler parmi ses copains.
Ah, c’est beau, ça, hein ! Et Hortense, elle, de son côté, son dernier
mec, il avait fait un trou dans la cloison de sa chambre, un trou qu’on pouvait
pas voir si on le savait pas. Un trou pour que ses potes puissent se rincer
l’œil pendant qu’il la baisait. Vous êtes tous des gros dégueulasses. Des
enfoirés de première. Tous autant que vous êtes !
J’ai tenté de protester. J’y étais pour rien, moi, dans
toutes ces histoires…
– Parce que t’as pas eu l’occasion. T’aurais eu
l’occasion…
– T’as fait bien pire, si ça tombe. Sûrement, même. Tu
le portes sur toi n’importe comment que t’es un pervers ! Oh, mais on va
te remettre d’aplomb, tu vas voir ! Une bonne correction, il y a rien de
tel. On y voit beaucoup plus clair après. Si ! Si, je t’assure !
Elles se sont concertées.
– On lui fait avec quoi ?
Gwenaëlle, elle, ce qui la tentait, c’était la planche à
découper. Celle qui avait servi à punir son frère la veille.
– C’est sacrément efficace. Comment il braillait !
Et comment il gigotait !
Hortense a fait la moue.
– Moi, c’est à la main que je préférerais. Pour sentir
ses fesses devenir toutes chaudes sous mes doigts. Pour les voir rougir. Et
puis, c’est encore plus vexant comme ça, je trouve, pour un type. Ça le rend
petit garçon.
– Eh ben, commence alors ! Fais-toi plaisir. Je
prendrai le relais.
Elle ne s’est pas fait prier. Elle a tiré une chaise au beau
milieu de la pièce, s’y est assise, la mine gourmande, m’a fait signe d’approcher.
– Allez, viens là !
En travers de ses genoux. Elle m’y a calé et j’ai pris appui
sur le sol, des deux mains bien à plat.
– Prêt ?
J’ai vaguement acquiescé.
– Quoi ? J’ai pas entendu. Prêt ?
J’étais prêt, oui.
Elle a négligemment laissé traîner ses doigts sur mes fesses.
Longtemps. Et puis, brusquement, elle a tapé. Un grand coup sec. Lancé de très
haut. À pleines fesses. Le second s’est fait attendre. Le troisième aussi. Et
puis une multitude d’autres plus rapprochés, à intervalles réguliers, secs, énergiques,
toujours au même endroit. Sur un terrain déjà endommagé par la toute récente
correction que m’avait infligée Amélie, c’était particulièrement douloureux.
Insupportable. Et je ne parvenais pas, malgré tous mes efforts, à retenir mes
cris. Des cris de plus en plus déchirants qui, bien loin de l’apitoyer,
semblaient au contraire la stimuler davantage.
– Tu recommenceras ? Hein ? Tu recommenceras à
me jeter en pâture à tes copains ?
– Mais c’est pas moi, c’est…
– Réponds ! Je veux que tu répondes. Tu
recommenceras ?
Et elle a encore accentué l’intensité des coups. Qui m’ont
fait battre pitoyablement des jambes.
J’ai promis. J’ai juré. Tout ce qu’elle voulait. Tout. Mais
que ça s’arrête ! Que ça s’arrête !
Elle m’a repoussé.
– Mais c’est qu’il m’en aurait presque fait faire mal
aux mains, ce salaud !
Elle s’est relevée, m’a regardé, en riant, me frotter
vigoureusement les fesses.
– Oh, sûr que ça va te cuire un sacré moment ! Tant
mieux ! Ça t’apprendra…
Gwenaëlle m’a saisi par le bras.
– Allez, à mon tour !
– Tout de suite ?
– Ben oui, tout de suite. Pas dans dix ans. Faut battre
le fer tant qu’il est chaud. On t’a pas appris ça à l’école ? Allez,
viens !
J’ai poussé un profond soupir. Il me faudrait donc boire le
calice jusqu’à la lie ?
– Allez, viens, j’te dis !
Dans la cuisine. Où elle s’est emparée de la planche à
découper qu’elle a allègrement brandie.
– Ah, celle-là, tu vas m’en dire des nouvelles !
J’ai intérieurement frémi. Une correction, par-dessus les
précédentes, avec cet instrument, ça allait être, à proprement parler,
insupportable.
– Va là-bas ! Contre la porte du frigo. C’est le
meilleur endroit. T’as bien vu hier avec mon frère.
Hortense est venue lui chuchoter quelque chose à l’oreille.
Elle a ri. D’un petit rire complice.
– Ah, oui ? Eh, ben vas-y !
– Tu m’attends ?
– Évidemment !
Elle s’est enfuie en laissant la porte largement
entrebâillée.
Gwenaëlle s’est servi un grand verre d’eau. M’en a tendu un.
– T’as de la chance. Tu vas pouvoir bénéficier d’un
petit moment de répit. Mais profites-en bien ! Parce qu’à mon avis il va
être de très courte durée.
D’à côté, de la pièce où elle venait de me fesser, nous sont
presque aussitôt parvenus des halètements, des gémissements.
– Tiens ! Qu’est-ce que je disais !
De plus en plus prononcés. De plus en plus libérés.
Ça a été instantané. Une érection. À plein volume. J’ai voulu
aussitôt me détourner.
– Ah, non, non ! Tu me tournes pas le dos. C’est
pas poli.
Et elle m’a tranquillement fixé la queue en bas.
– Eh ben dis donc ! C’est d’entendre ma sœur qui te
met dans des états pareils ? C’est bien ce qu’on disait. T’es vraiment
rien qu’un sale vicieux.
À côté, Hortense s’est envolée. En grandes trilles de plaisir
éperdues. En longues plaintes amoureusement arpégées.
Et puis le silence.
Elle est revenue, échevelée, les joues rouges, les yeux
brillants.
– Comment ça fait du bien !
Elle ont encore échangé quelques mots, à voix basse.
Et Gwenaëlle m’a envoyé me rhabiller.
– Bon… Pour aujourd’hui on va en rester là. Il ne faut
pas abuser des bonnes choses. Jamais. Elles perdent de leur saveur sinon. Cela
étant, tu perds rien pour attendre.
Elle a tapoté, du bout des doigts, la planche à découper.
– Tu feras intimement sa connaissance à celle-là. Et pas
plus tard que demain. Même lieu, même heure. Allez, file !
Je n’ai pas demandé mon reste. J’ai dévalé l’escalier.
Elle a crié, par-dessus la rampe.
– Et
tâche de pas oublier !
Amélie m’attendait dans la voiture.
– Alors ? Tu t’es bien amusé ? Tu vas me
raconter ça !
Pour les distraits qui auraient loupé ce qui s'est passé précédemment
Tout a commencé comme ça : chapitre 1
Et la semaine dernière, le chapitre 12
Et tous les autres chapitres sur la page "les auteurs invités"
Et tous les autres chapitres sur la page "les auteurs invités"
Et la suite ?
C'est le chapitre 14
Les commentaires sont les bienvenus
François Fabien doit-il continuer dans cette direction ? Doit-il écrire un prochain épisode ?
Bravo pour ce récit très vivant avec une langue tout à fait moderne et adaptée. On attend qu'Amélie fesse Raphaël en public et qu'elle se fasse fesser à son tour .
RépondreSupprimerCordialement .
Serge
Bonjour, Serge. Et bonjour à tous.
RépondreSupprimerIl y aura encore beaucoup de rebondissements de toute sorte. On n'en a pas fini avec les aventures de ce pauvre (mais pas si malheureux que ça) Raphaël.
Bonne journée.
Amicalement.
François
Bonjour à tous,
RépondreSupprimerSuperbe texte en effet. Tous les ingrédients sont là pour nous tenir en haleine jusqu'au prochain épisode. Nous espérons tous que les fessées sont être cinglantes soit pour l'un soit pour l'autre ou pour les deux, et c'est ça qui est intéressant. Une belle série.
Amitiés.
Elena.
Bonjour Elena. Et bonjour tout le monde.
SupprimerIl va y avoir encore et encore des fessées, ça, c'est sûr! Et peut-être bien qu'à force de faire les filles vont, elles aussi, finir par y attraper. Quant aux retrouvailles avec les anciennes camarades de lycée, elles risquent de complètement changer la donne.
Amicalement.
François
Bonjour, quel est le blog dont vous nous parlez cher auteur ? Par ailleurs, j'attends la suite des déboires du jeune Raphaël avec une grande impatience.
RépondreSupprimerCordialement .
Serge
Bonjour, Serge. Et bonjour à tous.
RépondreSupprimerLa suite est en ligne. Et la suite de la suite en cours de rédaction. En ce qui concerne le blog auquel vous faites allusion, il s'agit d' "Autres fessées". Il est référencé ici dans les liens de JLG
Excellent journée à vous.
François