Et ils n’en mènent pas large. D’autant que nous, les anciens, on est là à les examiner tranquillement comme des bêtes curieuses.
Iourievna
se passe la langue sur les lèvres.
« Oh,
mais c’est qu’on est gâtées, cette année. Il y a trois ou quatre types, là-bas,
contre le mur, dont je ferais bien mon quatre heures. Bon, mais faut pas se
précipiter non plus. On a tout notre temps. Je vais attendre de voir comment
ils sont faits au juste. Dans leur intégralité.
Mylène,
elle, elle n’attend rien du tout. Elle repère une fille qui lui plaît et elle
lui fond dessus comme la misère sur le monde.
‒ Ben
oui, attendez, si je me mets pas tout de suite sur les rangs, je risque de me
la faire souffler.
Quant
à Margaux, elle se délecte d’aller leur brosser un tableau le plus
apocalyptique possible de ce qui les attend, les filles comme les garçons, le
jour où ce sera à leur tour d’assurer le spectacle.
‒ Et
vous faites pas d’illusions, hein ! Personne y échappe. À un moment ou à
un autre tout le monde finit par y passer.
Quand
elle revient vers nous, elle a les yeux qui brillent.
‒ J’aime
trop ça voir leurs têtes, quand je leur dis… »
Il
n’y a pas que parmi les élèves qu’il y a des nouveaux. Parmi les profs aussi.
Et, cette année, on en a trois : François F., le prof de philo, qui fera
également office de prof principal, vu que celle d’avant, Aline F., est en
congé maternité. À vue de nez, comme ça, il a pas l’air trop mal, mais bon, on
n’en est qu’au tout début de l’année. C’est à l’usage qu’on se rend compte.
Alain L., lui, c’est le français. Il est complètement dans les nuages. Pierrot
lunaire. Et c’est dangereux un prof comme ça. Parce qu’en général, ils arrivent
pas à tenir leur classe. C’est vite le bordel. Et qui dit bordel dit sanctions
venues d’en haut. Auquel cas on n’est jamais à l’abri d’une balle perdue. Reste
Yulia N., la prof de russe. C’est avec elle qu’on s’est tout de suite senties
le plus à l’aise, Iourievna et moi. Parce qu’elle a à peine plus âgée que nous
et que c’est pour ainsi dire une compatriote. Alors les cours de seconde langue
avec elle, en petit comité, on va se régaler.
Sans
doute avaient-ils reçu des directives d’en haut, ces nouveaux profs, parce
qu’ils se sont crus obligés de nous faire la morale. Et tous les trois à peu
près dans les mêmes termes. Tout manquement se paierait cash. Il ne fallait pas
qu’on s’attende à ce qu’ils fassent preuve de la moindre mansuétude à notre
égard. C’était hors de question. Et blablabla… Et blablabla… On connaît la
chanson.
« D’ailleurs…
Et
François F. a longuement laissé planer son regard sur la classe.
‒ D’ailleurs
le premier sujet que vous allez avoir à traiter est « La fessée dans la
société d’aujourd’hui. » Vous vous attacherez plus spécifiquement, puisque
c’est ce qui vous concerne au premier chef, à la fessée dans le cadre scolaire.
J’attends de vous que vous nous prépariez un exposé circonstancié sur la
question, que vous affûtiez vos arguments et que vous soyez capables de
soutenir votre point de vue lors du débat contradictoire qui s’ensuivra. »
Iourievna
tapait tant et plus sur son smartphone.
« Qu’est-ce
tu fabriques ?
‒ Rien !
Enfin si ! Je réponds au bonhomme.
‒ Quel
bonhomme ?
‒ Celui
de la plage, là, tu sais bien, qui nous a donné ce qu’il a filmé quand ils se
sont fait fouetter, les trois autres.
‒ Le
vieux ? Fais attention quand même !
‒ Oui,
maman !
‒ Non,
mais on sait jamais. Qu’est-ce qu’il te veut ?
‒ Oh,
rien ! Que je lui raconte les fessées qui se donnent à Sainte-Croix. Je
lui dois bien ça, qu’il dit, en échange du service qu’il nous a rendu.
‒ Mouais…
Et il va finir par te demander des photos, c’est couru. Bon, mais à propos de
fessée justement, t’as préparé quelque chose, là, pour l’exposé de philo ?
‒ S’il
m’interroge, je dirai que je trouve ça génial quand c’est les autres qui s’en
prennent et absolument scandaleux quand c’est moi.
‒ Non,
mais sérieusement !
‒ Ben,
c’est bien un peu ça, non ? Et pour tout le monde. Absolument tout le
monde. Tu verras… Tu verras, je te parie que t’auras, d’un côté, ceux qui font
passer la peur panique d’être eux-mêmes fessés avant le plaisir, qu’ils
éprouvent pourtant, de voir les autres gigoter sous les claquées. Ceux-là, ils
vont être contre. Forcément. Et ils vont t’habiller ça avec des grandes
phrases. Que c’est barbare comme procédé. Que c’est trop la honte. Que ça peut
provoquer des tas de séquelles. Et que, de toute façon, ça sert pas à
grand-chose. C’est même contre-productif. Et puis, en face, de l’autre côté,
t’auras les autres. Ceux pour qui ce qui compte avant tout, c’est l’intense
satisfaction de voir leurs camarades le cul à l’air, surtout s’ils sont de
l’autre sexe, de les regarder se débattre en vain, de les entendre crier et
supplier. Bien sûr, ils savent que ça peut leur arriver à eux aussi. Ils
espèrent que non. Ils feront tout pour que ce ne soit pas le cas. Mais il y a
quand même un risque. Un risque qu’ils sont prêts à assumer : c’est
tellement jubilatoire, pour eux, d’assister à une fessée. Alors ceux-là,
évidemment, ils vont soutenir que c’est la seule méthode efficace pour remettre
les coupables dans le droit chemin. Que la honte est bénéfique. Qu’après on n’a
pas envie d’aller y remettre le nez. Que même pour les spectateurs c’est une
bonne chose : plus la correction sera sévère et humiliante et moins ils
auront envie de s’y trouver à leur tour confrontés. »
Elle
n’avait pas complètement tort parce que la première à passer, ça a été Margaux.
« Oh,
ben alors là, elle, la connaissant…
Et
que Margaux, elle s’est bien évidemment lancée dans un éloge sans nuances de la
fessée. Qui avait, à son avis, toutes les vertus. Il aurait même fallu, à son
sens, la remettre au goût du jour, dans la société, comme alternative à la
prison.
‒ Déjà,
parce que les délinquants, quand ils sortent de prison, ils passent, aux yeux
de leurs copains, pour des héros. On
leur fait des haies d’honneur. On les acclame. Si, en lieu et place, on les
corrigeait publiquement, ils feraient moins les fiers. Parce que c’est pas vraiment
gratifiant, une fessée. Surtout quand il faut que vous soyez tout nu pour la
recevoir.
Par
ailleurs, c’était redoutablement destructeur, la prison.
‒ Ça
vous désocialise complètement. Vous perdez votre boulot, vos amis. Souvent
votre femme vous quitte. Quand vous en sortez, vous n’avez plus rien. Si !
Les adresses d’autres délinquants vers lesquels vous vous tournez par la force
des choses. Et qui vous entraînent dans des « coups » qui foirent
lamentablement. Et qui vous ramènent en prison. C’est une spirale infernale.
François
F. a fini par l’interrompre.
‒ C’est
très intéressant ce que vous nous dites là, mais il faut aussi que les autres
aient le temps de s’exprimer. »
Le
suivant, ça a été Paul qui, lui, s’est montré farouchement opposé à la fessée.
Iourievna
m’a poussée du coude.
« C’est
le contraire qu’aurait été étonnant. Vu ce qu’il s’était pris.
Il
a bafouillé. Il s’est lamentablement emmêlé les pinceaux. Il s’est énervé. De
plus en plus. Et François F. l’a renvoyé à sa place.
‒ Tu
retravailleras tout ça !
Et
il a appelé Aldison. Qui a pris tout son temps pour s’installer au bureau. Qui
a étalé ses papiers. Qui s’est éclairci la gorge à trois ou quatre reprises.
Qui s’est enfin lancé. Et qui a pris d’emblée Elena pour exemple.
‒ Parce
que tout le monde a encore à l’esprit ce qui lui est tout récemment arrivé.
Hou
là là ! Fallait redouter le pire, là !
Et
le voilà d’expliquer doctement que la punition qu’elle avait reçue lui avait
fait le plus grand bien. Qu’elle l’avait incontestablement calmée. Que c’était
nécessaire.
‒ Parce
qu’elle s’en prenait à tout le monde. C’était devenu insupportable.
Que
cela avait d’ailleurs permis à notre petite camarade de renouer avec sa nature
profonde. Qui était faite, en réalité, de docilité et de soumission.
Les
yeux d’Elena lançaient des éclairs.
Et
il a conclu en disant que la décision du conseil de discipline était on ne peut
plus justifiée et la fessée qu’elle avait reçue, toute nue devant tout le
monde, on ne peut plus méritée.
Pour
elle, trop, c’était trop. Elle a bondi et elle s’est mise à hurler que c’était
un véritable salaud, qu’il savait pertinemment que c’était lui le responsable
de tout ça, qu’il avait tout fait pour qu’elle se mette dans son tort et
qu’elle soit punie à sa place.
Et
ça a été un grand brouhaha, tout le monde voulant donner son avis là-dessus en
même temps.
François
F. a imposé le silence. Et il s’est avancé vers elle, la mine sévère.
‒ Ainsi
donc, tu contestes la décision du conseil de discipline ?
Elle
a bredouillé qu’elle ne contestait pas vraiment, non…
‒ Mais
n’empêche que c’était pas juste !
‒ Très
bien !
Et
il a envoyé Léa chercher la directrice. Qui s’est un long moment entretenue
avec François F. à voix basse. Puis s’est tournée vers Elena.
‒ Les
décisions du conseil de discipline sont prises en toute impartialité et ne sont
pas susceptibles d’être remises en cause. Alors j’attends des excuses.
Elle
s’y est résolue. D’une toute petite voix.
‒ Excusez-moi,
Madame !
Mais
elle s’est empressée d’ajouter.
‒ Il
n’empêche… Il n’empêche… Le conseil s’est trompé.
La
directrice s’est redressée de toute sa hauteur.
‒ Tu
n’es qu’une petite insolente. On va voir si le conseil s’est trompé. Tu te
déshabilles.
Elena
est devenue toute pâle.
‒ Oh,
non, Madame, s’il vous plaît ! Non !
‒ Ton
jean !
Elle
l’a retiré, le plus lentement possible, les larmes aux yeux.
‒ Là !
Ta culotte maintenant !
Elle
a chuchoté quelque chose et la directrice a claironné.
‒ Et
alors ! Je vois pas en quoi le fait d’avoir ses règles serait incompatible
avec une fessée.
Les
garçons ont pouffé.
Adilson,
quant à lui, était manifestement ravi du sale tour qu’il lui jouait. Il
jubilait.
‒ Penche-toi
sur le bureau !
Elle
l’a fait. En grimaçant.
Et
la directrice a cinglé. À grands coups de martinet. Elle, elle a bien essayé de
garder les cuisses toutes serrées, mais finalement, à force qu’elle gigote dans
tous les sens quand la douleur s’est faite insupportable, ça a tout montré.
Pour le plus grand plaisir des garçons. Et pas seulement eux parce que…
Iourievna
m’a donné un petit coup de coude.
‒ Regarde !
Il bande, le prof.
C’était
vrai. Il y avait une sacrée bosse dans son pantalon.
Elena,
elle, elle mouillait. De peur. De douleur. D’humiliation.
‒ Oh,
alors ça, comment c’est la honte !
D’un
coup elle s’est relevée tellement elle en pouvait plus et elle s’est tournée,
face à la classe, pour soustraire son derrière aux morsures du martinet. Mais
la directrice n’avait pas du tout l’intention d’en rester là. Elle a demandé à
François F. de la remettre en place et de venir lui tenir solidement les mains
de l’autre côté du bureau. Et elle a visé les cuisses, malgré les hurlements
déchirants et les supplications d’Elena.
Quand
ça s’est enfin terminé, qu’il l’a lâchée, elle est tombée à genoux, en larmes,
aux pieds de Fabienne D. en lui demandant pardon et en lui promettant de ne pas
recommencer.
‒ Il
vaudrait mieux que tu recommences pas. Parce que, cette fois, ce serait dans la
cour. Devant toute l’école.
Elle
l’a fait relever et lui a intimé l’ordre de rester toute la journée les fesses
à l’air.
‒ Que
tout le monde voie bien ce qu’il t’est arrivé… »
Et
elle est partie.
Le
reste du cours, Elena l’a passé debout à côté du bureau de François F. en
tirant tant et plus sur sa chemise. Mais elle avait beau faire, elle était trop
courte. Et les garçons ne se gênaient pas pour en profiter. Tant qu’ils
pouvaient. Mylène aussi, évidemment.
Quand
ça a sonné, Aldison s’est approché d’elle.
‒ Alors ?
T’en as pensé quoi de mon exposé ? Tu as aimé ? Tu m’as pas dit.
Et
il a éclaté d’un rire moqueur.
Léa
a absolument tenu à l’emmener à l’infirmerie.
« Qu’elle
vérifie ! On sait jamais.
‒ Oui,
mais l’infirmière…
‒ A
les mains baladeuses, oui, je sais ! Mais tant pis ! Faudrait pas que
tu sois blessée. Et que ça s’infecte.
Je
les ai accompagnées.
Il
a d’abord impérativement fallu qu’elle s’arrête aux sanitaires.
‒ J’ai
trop envie, les filles ! J’ai vraiment trop envie…
Toutes
les cabines étaient prises. En provenaient des râles, des gémissements
étouffés. À l’évidence, il y avait là-dedans tout un tas de filles qui se
donnaient allègrement du plaisir.
‒ Ben,
tiens ! Il y a de quoi, attends !
C’était
Margaux, surgie derrière nous d’on ne savait trop où. Margaux qui a enfoncé le
clou.
‒ T’as
assuré ! Si, c’est vrai, hein ! Comment t’as piaulé ! J’adore
ça, moi. Et comment t’as bien tout fait voir. C’était trop génial. Parce qu’on
se rendait compte que tu faisais tout pour essayer de t’en empêcher, mais que
tu y arrivais pas.
Léa
a pris Elena par le bras.
‒ Viens !
Il y a des toilettes à l’infirmerie.
Mais
elle n’a pas eu le temps d’arriver jusque-là.
‒ J’en
peux plus ! J’en peux plus !
Et
elle s’est accroupie au pied d’un arbre. Le jet a fusé entre ses cuisses. Ça a
ruisselé. Ça s’est élargi en flaque, provoquant les rires et les quolibets des
élèves d’une autre classe qui sortaient de cours.
‒ Non,
mais comment elle est dégoûtante, cette fille !
Son
portable a sonné.
‒ Regarde
ce que c’est, toi, Olga.
C’était
sa mère. Qui venait d’être mise au courant par la directrice de la fessée
qu’elle avait reçue. Qui lui reprochait son comportement. Et qui lui annonçait
qu’il fallait qu’elle s’attende à en recevoir une autre en rentrant.
Elle
a soupiré.
‒ Je
m’y attendais. Ça, je m’y attendais.
Et Iourievna ? On la connait
Je veux ! Elena nous l'a longuement présentée mais si vous êtes passés à côté, voici le premier épisode de la série : le chapitre 1
Il y a un début à cette série
Mais si vous voulez lire ce récit d'un autre point de vue : les rebelles chapitre 16
Et la suite ?
François nous a écrit le chapitre 17
N'hésitez pas pour les commentaires
Tout le monde les attend : que pensez-vous de cette série croisant l'imaginaire d'Elena et celui de François ?
Bonjour cher associé,
RépondreSupprimerTiens ! de nouveaux personnages pour cette rentrée scolaire à Ste CROIX, dont un qui me rappelle quelqu'un, mais je n'arrive pas à dire qui... Une idée, peu-être... ?
Il est vrai qu'il a dû prendre du plaisir en me voyant me faire fesser, devant tout le classe... comme la majorité des garçons, d'ailleurs, et surement des filles.
Bravo pour ce texte.
Amitiés.
Elena.
Bonjour, Elena. Et bonjour tout le monde.
SupprimerMoi aussi, il y en a un dans cette histoire qui me rappelle quelqu'un, mais j'arrive pas non plus à me rappeler qui. ;) Mais quand même! Cette pauvre Elena! Son incapacité à se maîtriser lui joue bien des tours. Et Aldison sait très exactement où il faut qu'il appuie pour la faire mettre dans son tort.
Amicalement.
François
Et une faute d'orthographe, une !?!?
Supprimer"Une idée, peuT-être... ?"
Désolée
Elena
Bonjour Elena,
SupprimerJe ne trouve as cette faute. Où est-elle ?
Au plaisir e vous lire,
JLG.
Bonjour JLG,
SupprimerLa faute se trouve dans mon premier commentaire ( 14 Mai à 14:29 ), mais vous ne pouvez pas le modifier, c'est la raison pour laquelle j'ai apporté moi-même la correction dans un complément de commentaire.
Amitiés.
Elena.
Bonjour Elena oui la fessée toute nue et au coin après hi hi hi
SupprimerTrès beau récit merci
RépondreSupprimerBonjour Caroline,
SupprimerMerci de votre lecture et de votre commentaire. Ravi que ce texte, inspiré de celui d'Elena, vous plaise.
Amicalement.
François