jeudi 26 septembre 2019

Mes premières fessées - chapitre 8

Sylvain me relançait constamment.
– Quand est-ce qu’on se voit ?
Je ne savais pas. Un de ces jours. Je lui dirai.
Il insistait.
– Maintenant qu’on s’est retrouvés, on ne va tout de même pas se reperdre de vue aussi sec. Ce serait quand même idiot, avoue !
Oui. Bien sûr. Évidemment.
Et j’ai joué franc jeu avec madame Dubreuil. J’ai sollicité son autorisation. Qu’elle m’a tout aussitôt refusée.
– Il n’en est pas question. Tu as cru bon de voir ce garçon en cachette. Sans doute y avait-il de bonnes raisons à cela. Sans doute n’était-il pas très fréquentable.
Je me suis récrié.
– Pas fréquentable, Sylvain ! Mais pas du tout ! Pas du tout ! Au contraire. C’est quelqu’un d’on ne peut plus sérieux. Qui consacre le plus clair de son temps à son travail et qui…
Elle m’a sèchement coupé la parole.
– Quand je dis non, c’est non. Et tu ferais beaucoup mieux de te consacrer, quant à toi, à tes études. Tes résultats, en ce moment, laissent pas mal à désirer, que je sache !

Sylvain, lui, ne désarmait pas.
– Alors ? On se voit quand ?
– Bientôt.
J’étais piégé. Lui expliquer qu’accepter de le rencontrer, c’était, outre les difficultés que cela présentait, m’exposer à une retentissante fessée ? Et déculottée. C’était absolument inenvisageable. Il n’était pas question que je me donne ce ridicule à ses yeux.
Seulement, à force de différer et d’éluder, je le sentais sur le point de se vexer.
– Dis-le carrément, si t’as pas envie de me voir.
– Mais non ! Mais pas du tout ! Qu’est-ce que tu vas chercher !
Et, pour m’efforcer de le convaincre du contraire, je passais de plus en plus de temps au téléphone avec lui.
Ce que Clotilde n’avait pas manqué de remarquer.
– On dit qu’on est bavardes, nous, les filles, mais faut reconnaître que t’es pas mal non plus, toi, dans ton genre.
Elle avait saisi, à plusieurs reprises, des bribes de conversation et avait parfaitement compris avec qui je m’entretenais aussi longuement.
– C’est ce type, hein !
C’était lui, oui. Un ami de très longue date. Avec qui j’avais vécu une infinité de choses et que j’étais en train de perdre, faute qu’on puisse se voir.
– Ça, il y a toutes les chances, oui.
Et j’ai tenté le tout pour le tout.
– Écoute, Clotilde, les cours du mardi, tu sais comme moi qu’ils ne sont pas vraiment importants. Et puis, de toute façon, je pourrai toujours rattraper, c’est pas un problème.
– Ce que t’es en train de me dire là, en fait, c’est que t’as l’intention de sécher.
– Non. Enfin, si, oui. Dans un sens.
– Et tu comptes sur moi pour te couvrir ? Oui, ben alors là, t’as tout faux.
– Suffirait juste que tu t’aperçoives de rien…
– Et puis quoi encore ? Non, mais tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Elle me fait confiance, ta mère de substitution. Elle attend de moi que je t’ai à l’œil, que je t’empêche de faire n’importe quelle idiotie qui te passerait par la tête. Et toi, tu voudrais que… Non, mais alors là, c’est la meilleure. C’est hors de question. Et je comprends même pas que ça ait pu te venir à l’idée.
Elle était furieuse.
– Ce que tu mériterais, tiens, c’est que j’aille le lui dire. Tu te prendrais encore une bonne fessée. Que t’aurais pas volée. Estime-toi heureux que je le fasse pas.

Philibert à qui j’ai, le soir même, fait part de mes déboires a compati.
– On est dans la même situation tous les deux finalement ! Toi, avec Sylvain et moi, avec Clarisse.
Qu’il était malgré tout arrivé à revoir.
– Une fois. Juste une fois.
Dont il n’avait pas vraiment profité.
– Ni elle non plus. Parce qu’on était sur le qui-vive tous les deux. Et que Jérôme avait beau faire le guet, si sa mère nous était tombée dessus, on était morts. Sans compter que la mienne aurait pu avoir la mauvaise idée de vérifier où et à quoi j’avais passé mon après-midi.
Ce qu’elle n’avait heureusement pas fait.
– Je me serais encore embrouillé. Je sais pas comment je fais, mais moi, quand je mens, je m’emmêle systématiquement les pinceaux. Je me contredis, je m’en rends compte, je bafouille et, évidemment, je m’en ramasse une.
Il a soupiré.
– Non, c’est moche. C’est vraiment moche. Parce que je l’ai dans la peau, cette fille. Et qu’on va quand même être obligés de mettre un terme. C’est trop compliqué à vivre. On n’en profite pas vraiment. Alors ça va finir. C’est obligé que ça finisse.
Il avait les larmes aux yeux.
– Je m’en veux ! Tu peux pas savoir comme je m’en veux. Parce que tout était redevenu normal. J’avais à nouveau les coudées franches. T’as bien vu, cet été. On sortait comme on voulait. On s’amusait. Elle s’occupait pas de ce qu’on faisait, ma mère. Et puis il y a eu cette nuit-là. Qu’a tout foutu par terre. Et quand je pense que je t’ai entraîné là-dedans. En plus ! Non, mais quel idiot je fais !
J’ai haussé les épaules.
– Ce qui est fait est fait. On peut pas revenir dessus.
– Oui, mais en attendant, par ma faute, tu peux pas voir ton copain.
– Je trouverai bien une solution, va, t’inquiète pas !
Il voyait vraiment pas laquelle. Moi non plus.

Amélie était complètement imprévisible à mon égard. Autant elle pouvait être odieuse, cassante, moqueuse, imbuvable en un mot, autant, à d’autres moments, elle pouvait se montrer absolument charmante. Tant et si bien que je ne savais jamais sur quelle Amélie j’allais tomber. En fonction de la façon dont elle se comportait avec moi, je traversais des périodes où je voguais sur un petit nuage, où je voyais tout en rose, où je nous imaginais finissant par filer le parfait amour tous les deux et d’autres où je lui en voulais à mort, où je prenais plaisir à l’humilier, où je l’imaginais recevant à son tour une magistrale fessée devant moi. Quelle satisfaction j’y trouvais ! Comment il rougissait son derrière ! Comment elle se trémoussait ! Comment elle battait des jambes ! Comment elle laissait bien tout voir ! Comment elle piaulait ! Je jubilais. Et je ne me faisais pas faute de le lui faire savoir. À grands coups de rires narquois et de réflexions bien senties.

L’Amélie de ce matin-là, au petit déjeuner, était absolument adorable. Souriante. Complice. En sorte que je me suis quelque peu laissé aller aux confidences. Et que je lui ai parlé de Sylvain.
– Il comprend pas, le pauvre, pourquoi diable je le fuis avec autant d’insistance.
– Surtout que vous faites pas grand mal, tous les deux. Oh, mais elle est comme ça, ma mère, quand elle a décidé quelque chose pour arriver à la faire changer d’avis…
Elle s’est absorbée dans ses pensées.
– Il y aurait bien une solution…
Une solution ? Je me suis fait tout ouïe.
– Laquelle ?
– Si c’est avec moi, elle te laissera sortir. T’as bien vu l’autre jour ! Alors ce qu’on pourrait, c’est que je t’emmène. On inventerait un prétexte quelconque. N’importe quoi. T’irais le voir, ton Sylvain. Et moi, pendant ce temps-là, je t’attendrais quelque part avec Floriane. Qu’on rentre ensemble. Parce que sinon… Qu’est-ce t’en dis ?
Ce que j’en disais… Ce que j’en disais, c’est que c’était génial comme idée. Absolument génial.
Je lui ai sauté au cou.

Et, le samedi suivant, on a quitté la maison ensemble.
– T’as bien compris ? Au Balto on t’attendra avec Floriane. À six heures. Sans faute.
Au Balto. Oui. Oui. Pas de problème. Au Balto.
Sylvain était ravi.
– Alors, vieux lâcheur !
On est tombés dans les bras l’un de l’autre.
Et on a passé notre après-midi à évoquer, une fois encore, nos vieux souvenirs de lycée.
– Et Armelle ? Tu te souviens d’Armelle ?
– Il y avait un cas, là !
– Quand même pas autant que Virginie.
– Oui, oh, alors elle !
– Tu te souviens la fois où elle s’est carrément dépoilée en cours de gym parce que le prof lui avait fait une remarque sur sa tenue ?
– Cette partie de rigolade !
On les a toutes passées en revue. Les types aussi.
– C’était le bon temps.
– Ce qu’il faudrait, c’est savoir ce qu’ils sont devenus, tiens ! Tous autant qu’ils sont.
– Ça devrait être possible. Suffirait de se pencher sur la question.
À cinq heures un quart, je me suis levé.
– C’est pas tout ça, mais faut que j’y aille…
– Déjà !
– Oh, mais je reviendrai.
– Oui, hein ! Tu me refais pas le coup de disparaître pendant des éternités.
J’ai promis. De toute façon, maintenant, je pourrais compter sur Amélie.

À six heures moins le quart, j’étais au Balto.
Pas elles. Je ne me suis pas vraiment inquiété. On avait dit six heures.
Mais à six heures, elles n’étaient toujours pas là. À six heures un quart non plus. Et impossible d’appeler. Comme un imbécile, j’avais oublié mon portable. J’ai tenté de me rassurer. Comme j’ai pu : pour une raison ou pour une autre, elles avaient été retardées. Elles allaient arriver. À six heures et demi, toujours personne. Mais qu’est-ce qu’il se passait ? On avait bien dit le Balto. Et il n’y en avait qu’un de Balto, j’en étais sûr. Alors ? C’était incompréhensible. J’ai échafaudé toutes sortes d’hypothèses, toutes plus farfelues les unes que les autres. Et j’ai paniqué. Plus le temps passait et plus je paniquais. Et plus il me fallait me rendre à l’évidence. Elles ne viendraient pas. Il s’était passé quelque chose, mais quoi ?

À sept heures et demi, je me suis enfin décidé. J’ai repris, la mort dans l’âme, le chemin de la maison. Je n’avais pas d’autre solution.
C’est Amélie qui m’a ouvert.
– Non, mais ça va pas de nous faire des coups pareils !
– Hein ? Mais…
Floriane en a aussitôt rajouté une couche.
– Ben oui ! Disparaître comme ça. Sans prévenir. On s’est inquiétées, nous !
Madame Dubreuil a surgi, bras croisés sur la poitrine.
– Tu peux m’expliquer ?
Amélie ne m’a pas laissé le temps d’en placer une.
– Comme je te l’ai dit tout à l’heure, on buvait un diabolo, à la terrasse d’un café, avenue Diderot. Il a voulu aller aux toilettes. Ça a duré un temps fou. On l’a cherché du coup. Et il s’était volatilisé.
– T’étais passé où ? On peut savoir ?
Pas question de le lui dire. J’aurais considérablement aggravé mon cas.
– Mais nulle part ! Je me suis promené, comme ça, n’importe où. Au hasard.
– Ben, voyons !
Amélie a suggéré.
– Peut-être qu’il est allé voir ce type, là, ce Sylvain ?
Quelle garce ! Non, mais quelle garce !
– Probable, en effet !
J’ai protesté.
– Ah, mais non ! Non, pas du tout !
– On va vérifier, c’est facile. T’as bien son numéro ?
Pas question qu’elle l’appelle, alors là ! Pas question qu’elle entre en contact avec lui. La connaissant, elle était capable d’aller lui balancer qu’elle me flanquait des fessées. Et ça !
Alors j’ai avoué. J’ai tout avoué. J’étais allé chez lui, oui.
– Je te l’avais interdit. Je te l’avais pas interdit ?
– Si !
– Et donc ? Il va se passer quoi maintenant ?
– Je vais…
– Dis-le ! Eh bien ? J’attends.
– Je vais recevoir une fessée.
– Tu vas recevoir une fessée, oui ! Et celle-là, je peux te dire que tu vas t’en souvenir ! Parce que j’ai une sainte horreur qu’on me désobéisse.
J’ai brièvement croisé le regard de Floriane. Elle jubilait.
Madame Dubreuil est allée s’asseoir.
– Tu sais ce qu’il te reste à faire. Tu commences à avoir l’habitude depuis le temps.
Je l’avais, oui !
J’ai tourné le dos aux deux filles et je me suis déshabillé. Elles ont chuchoté. Il y a eu un rire étouffé. Un autre.
Quand j’ai été nu, je n’ai pas attendu qu’elle m’en donne l’ordre. Je suis venu, de moi-même, prendre position sur les genoux de madame Dubreuil. Qui m’a solidement immobilisé les jambes entre les siennes. Et qui m’a tout aussitôt vigoureusement claqué la fesse droite. J’ai tout de suite su que ce serait une correction bien plus éprouvante encore que celles qu’elle m’avait infligées jusque-là. Beaucoup plus que les autres fois. Parce qu’elle était réellement en colère. Parce qu’elle tapait avec une force inégalée. Toujours au même endroit. Obstinément. Très vite la brûlure s’est faite vive. De plus en plus intense. Insupportable. Sous l’effet de la douleur, j’ai essayé de me dégager. En vain. Elle a resserré son étreinte.
– Tu vas te tenir tranquille, oui ?
Avant de me lancer, toujours au même endroit, à plein régime, une nouvelle volée d’une dizaine de claques qui m’ont arraché des hurlements déchirants. Dont elle n’a pas tenu le moindre compte. Et puis elle est passée à la fesse gauche. À laquelle elle a fait subir exactement le même régime. À grands coups de gigantesques claques retentissantes.
Je m’étais juré de ne pas le faire, de ne pas leur donner ce plaisir, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. J’ai levé la tête. Elles étaient là, toutes les deux, côte à côte, et profitaient à qui mieux mieux du spectacle. J’ai détourné mon regard. Et fixé obstinément le plancher.
Ça a duré, mais duré ! Insoutenable. J’ai crié comme un perdu. Et encore essayé, d’instinct, de me dégager.
– Je t’ai dit de te tenir tranquille. Si tu continues, la prochaine fois je t’attache. C’est compris ?
C’était compris, oui. Je n’ai plus bougé, mais j’ai continué à crier, à pleins poumons, tant la douleur était insoutenable.
Elle a marqué un long temps d’arrêt. Et je me suis pris à espérer que c’était fini. Mais non ! Elle est revenue à la fesse droite qu’elle a martelée tant et plus. Encore la fesse gauche.
Et puis ça s’est enfin définitivement arrêté. Une dernière claque, en point d’orgue, et elle m’a laissé me relever.
– Mais on n’en a pas fini…
Pas fini ? Comment ça, pas fini ?
Elle s’est levée, m’a énergiquement saisi par l’oreille.
– Vous me faites mal !
– Je sais, oui.
Entraîné devant les deux filles.
– Ton comportement, à leur égard, a été inqualifiable. Alors tu vas t’excuser. Allez !
– Excusez-moi !
– Non. Pas comme ça. L’une après l’autre.
J’ai marqué un temps d’hésitation. Elle m’a pincé l’oreille plus fort.
– Excuse-moi, Amélie !
Elle a plongé ses yeux droit dans les miens, avec un petit air de dire, par derrière :
« Je t’ai bien eu. »
J’ai éprouvé une soudaine envie de meurtre.
– À Floriane…
– Excuse-moi, Floriane.
Floriane qui m’a fixé tranquillement en bas, avec un petit sourire ironique.
– Parfait ! Et maintenant un petit séjour au coin. Histoire de réfléchir un peu à tout ça. Ça te fera le plus grand bien…
J’ai obéi.
Madame Dubreuil est partie.
Quant aux deux autres, je les ai entendues s’installer, en grands raclements de chaises, à la grande table, juste derrière.
Il y a eu la voix de Floriane.
– Il a pris cher, n’empêche !
Puis celle d’Amélie.
– Oui, mais il l’a bien cherché.
Et elles ont éclaté de rire.


Pour les distraits qui auraient loupé le début

Tout a commencé comme ça : chapitre 1
Et la semaine dernière, le chapitre 7
Et tous les autres chapitres sur la page "les auteurs invités"

Et la suite ?

C'est le chapitre 9

Les commentaires sont les bienvenus

François Fabien doit-il continuer dans cette direction ? Doit-il écrire un prochain épisode ?

2 commentaires:

  1. Bonjour François,
    Encore une bien bonne fessée devant les filles. De quoi le ridiculiser, entièrement nu, les fesses rouges et son intimité à la vue de tous. Pas de quoi pavoiser, ni faire le fier, après ça.
    Tenir un jeune adulte doit être stricte si on ne souhaite pas qu'il dérive avec des fréquentations douteuses. Les horaires sont les horaires.
    Amitiés.
    Elena.

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    Réponses
    1. Bonjour, Elena,
      Il prend cher, effectivement. Et sa vie est complètement quadrillée. Il est en permanence sous haute surveillance. Et même lorsqu'il croit pouvoir enfin bénéficier d'un bol d'air, c'est pour se faire rouler dans la farine par Amélie et Floriane qui lui ont tendu un piège. Ah, elle lui coûte cher, cette nuit à Saint-Raphaël! Mais, en même temps, c'est tout bénéfice pour lui. Il peut profiter d'une éducation efficace et constructive.
      Amicalement.
      François

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